Par Tom Luongo – Le 23 janvier 2019 – Source tomluongo
Plus je suis les détails de l’histoire du Brexit, plus je sens une panique totale dans le camp qui veut rester dans l’Union européenne.
Le vote de la semaine prochaine en faveur de l’accord Plan B du Premier ministre Theresa May verra l’adoption d’une série d’amendements visant à lui lier les mains d’ici au 29 mars [date limite du Brexit]. Ceux-ci font la une des journaux suscitant l’espoir chez les anti-Brexit, et plus particulièrement à Wall Street, qu’un Brexit « No Deal » (sans accord) n’aura pas lieu.
Les gros titres ne sont tous que du théâtre Kabuki.
Comme je l’ai expliqué dans un article pour Strategic Culture Foundation, la véritable affaire est le comportement autodestructeur des anti-Brexit. Ils sacrifient tout leur capital politique pour empêcher un Brexit que les citoyens veulent (après avoir voté pour) avec des positions qu’ils ne peuvent pas défendre dans des termes précis.
Le point de discussion qui se répète ad nauseum ad infinitum est qu’une sortie « No Deal » serait horrible. Cela implique l’hypothèse que les gens ne savent pas ce qui est bon pour eux.
Mais en réalité, une issue « No Deal » est horrible pour ceux-là même qui s’y opposent. En politique, chacun défend ses intérêts.
L’erreur de conception du Labour Party
Ce serait un avantage politique immense pour le parti travailliste de soutenir la position du « No Deal ». Le moment de le faire était l’automne dernier, lorsque les détails de l’horrible accord conclu en mai avec le « No-Brexit Brexit » (Brexit sans Brexit) ont été rendus publics. La parti aurait pu et dû s’engager dans le camp opposé, en défendant un Brexit plus dur.
Il aurait obtenu l’appui de la population et forcé May à quitter ses fonctions.
Le fait que le parti travailliste soit si impuissant contre le Brexit, quelle que soit sa signification, montre à quel point il est déconnecté, corrompu et arrogant.
Mais il a mal interprété les sondages d’opinion en les considérant comme une réfutation du Brexit, et non de la manière dont le gouvernement l’a traité.
Maintenant, il panique vraiment.
Donc, encore une fois, avec un autre amendement, la porte-parole, Yvette Cooper, tente de saper l’action du chef du parti travailliste Jeremy Corbyn en le forçant à soutenir des positions auxquelles il ne croit pas : deuxième référendum, report de l’article 50, etc.
Mais c’est tout ce que ça peut faire. Parce que son amendement, et les cinq autres, sont simplement des lignes directrices.
Comme le drame de la semaine dernière, ces amendements ne sont rien d’autre que des protestations vertueuses. Du journal The Guardian :
Les amendements ne sont pas juridiquement contraignants, mais si l’un d’entre eux obtenait le soutien de la majorité, le gouvernement subirait une pression considérable pour qu’il agisse conformément à la volonté des députés.
Tous les amendements seront laissés à la discrétion du Président et on ne sait pas combien il en autorisera à passer au vote.
Mais Theresa May a clairement indiqué lundi qu’elle se moquait bien de ces amendements, car la loi qui invoquait l’article 50 entrera en vigueur le 29 mars, malgré les pleurnicheries des députés anti-Brexit.
Si chacun déplace les chaises longues sur son Titanic personnel, ce sont bien les anti-Brexit qui refusent d’abandonner leur rêve de saborder le Brexit.
Peur et gémissements à Westminster
Rappelez-vous, Theresa May avait organisé une élection flash pour que chacun puisse acter son soutien au référendum sur le Brexit de 2016 et maintenant toutes ces personnes font le travail de Bruxelles pour le saborder.
May elle-même tord politiquement le bras de son cabinet et de ses chanceliers en les exhortant à voter contre ces amendements. Elle les oblige à soutenir ouvertement un défi constitutionnel contre son autorité.
Une autorité qu’ils viennent d’affirmer en votant la semaine dernière, peut-on ajouter. C’est la bonne chose à faire pour elle. Plus de défections dans son cabinet à ce stade seraient en sa faveur.
Je pense qu’il est clair, à ce stade, que May réalise les enjeux et ne peut survivre que si elle reste la seule personnalité politique majeure du Royaume-Uni soutenant pleinement la volonté de la population d’honorer le référendum et d’organiser un Brexit réel, en faisant planer sur le Parlement la possibilité d’un « No-Deal ».
Même si elle ne croit pas que ce soit l’issue optimale.
C’est pourquoi ces amendements sont des gestes de panique. Le projet d’effrayer, en menaçant d’un Brexit difficile, a échoué. Car attendre dans les coulisses est le genre de crise politique et économique qui ébranlera les fondements de l’Europe jusqu’en son cœur.
La plus grande inquiétude d’un Brexit dur est la révélation du manque de pouvoir de négociation de l’UE sur ses États membres. Bruxelles continue à se présenter comme invincible et indispensable, mais cette image est brisée par un Brexit « No-Deal » que toute la classe politique européenne s’est acharnée à empêcher.
Tom Luongo