Par Moon of Alabama – Le 27 janvier 2019
Les grands médias américains découvrent soudain le Venezuela. Sans aucune connaissance réelle du pays, toutes les saloperies que leurs journalistes peuvent imaginer sont lancées contre le gouvernement légitime de ce pays. Ne vous attendez pas à ce qu’ils se basent sur des faits pour écrire leurs articles. La plus grande partie n’est que propagande pour justifier une guerre.
Dans ce rapport de la NPR par exemple, « Amid Chaos Venezuelans Struggle To Find The Truth, Online », [Au milieu du chaos, les vénézuéliens cherchent désespérément la vérité, sur internet] la première ligne est directement un scandaleux mensonge :
« Au Venezuela, où les médias sont contrôlés par le gouvernement, il a toujours été difficile de discerner vérité, rumeurs ou propagande. »
Non. Les médias au Venezuela ne sont PAS contrôlés par le gouvernement. Il existe de nombreux journaux et chaînes de télévision privés. Bon nombre d’entre eux s’opposent au gouvernement. Les médias privés ont même un auditoire plus large que ceux contrôlés par le gouvernement. Bien qu’il existe, comme ailleurs, des lois qui permettent une certaine censure, leur utilisation n’est pas courante.
Le secrétaire d’État Pompeo, ainsi que d’autres personnes, prétendent que Cuba est impliqué au Venezuela. Le NYT en fait même la une d’une de ses éditions : « With Spies and Other Operatives, a Nation Looms Over Venezuela’s Crisis: Cuba » [A l’aide d’espions et autres agents, l’ombre d’une nation plane sur la crise vénézuélienne : Cuba]. Mais tous les experts cités réfutent l’affirmation de Pompeo :
Cette affirmation selon laquelle Cuba contrôle le Venezuela existe depuis que Chávez a été au pouvoir, déclare David Smilde, professeur de sociologie et expert sur le Venezuela à l’Université de Tulane. « C’est vraiment exagéré. »
…
Alors que d’anciens responsables militaires ayant fui le Venezuela ont révélé l’implication de Cubains au sein des forces de sécurité et de renseignement, les experts affirment que son ampleur reste mystérieuse. …« Il y a eu beaucoup de spéculations à ce sujet, des rumeurs sur les chiffres et la proximité de ces agents avec Maduro « , déclare Ted Piccone, un éminent chercheur en politique étrangère à la Brookings Institution. « Mais je n’ai jamais vu de déclaration fiable. » …
Selon les analystes, le nombre de professionnels cubains travaillant dans ce pays d’Amérique du Sud a diminué ces dernières années, et les relations entre M. Maduro et les dirigeants cubains actuels ne sont plus aussi chaleureuses qu’elles ne l’étaient avec leurs prédécesseurs. …
Les conseillers politiques ont toujours l’oreille des hauts fonctionnaires de l’administration Maduro, bien que Smilde dise : « Les Cubains se plaignent souvent que Maduro ne les écoute pas. »
Cuba entretient de bonnes relations économiques avec le Venezuela. Plusieurs milliers de médecins cubains travaillent dans ce pays. Mais c’est à peu près tout.
L’ambassadeur britannique à l’ONU a répété hier que Maduro avait remporté l’élection présidentielle en » remplissant les urnes « . Le Venezuela n’a pas d’urnes. Il utilise un système électronique mis au point par une société britannique, un système très apprécié :
En septembre 2012, l’ancien président américain Jimmy Carter déclarait que « le processus électoral au Venezuela est le meilleur au monde ».
Les électeurs s’identifient avec une carte d’électeur et une empreinte digitale et votent sur un écran tactile. Maduro a été dûment élu président. Deux fois. Certains partis et candidats de l’opposition, mais pas tous, ont boycotté les dernières élections, ce qui a entraîné une participation plus faible que d’habitude. La non-participation est un droit dont l’opposition peut se prévaloir. Ce n’est pas la faute du gouvernement.
Certains médias prétendent que la » communauté internationale « a accepté la revendication du gars parrainé par les États-Unis et qui prétend être le président légal. C’est un mensonge. Les États-Unis ont essayé de trouver des alliés pour leur attaque contre le Venezuela, mais n’ont pas réussi à obtenir l’appui de la communauté internationale, sauf de quelques-uns de leurs caniches. Hier, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas adopté de résolution contre le Venezuela parce qu’il était évident qu’elle échouerait. Même à l’Organisation des États américains (OEA), les tentatives américaines de faire pression pour obtenir une résolution contre Maduro n’ont pas réussi à obtenir une majorité simple :
Jeudi, une bataille diplomatique à l’Organisation des États américains eut lieu, quand le secrétaire d’État, Pompeo, et le secrétaire de l’OEA, Almagro, ont poussé cette organisation à reconnaître Guaidó. Ces efforts n’ont pas été couronnés de succès, et n’ont obtenu que 16 voix favorables sur les 34 pays, les alliés américains que sont la Guyana, Santa Lucia et la Jamaïque s’étant abstenus.
Une autre affirmation fréquemment entendue est que la mauvaise gestion économique est à l’origine des problèmes du Venezuela. Mais c’est la chute des prix du pétrole et, plus important encore, les sanctions américaines qui ont entraîné des milliards de pertes de revenus pour le gouvernement et causé les difficultés économiques. Les sanctions ne fonctionnent pas contre les gouvernements comme on le prétend souvent, mais appauvrissent la population. Déjà en 2014, Maduro les avait identifiés comme étant utilisés pour tenter de renverser le gouvernement. Le Congressional Research Service a énuméré toutes les sanctions et averti (pdf) qu’elles frappent surtout les plus pauvres. Même le gars parrainé par les États-Unis a reconnu que les sanctions américaines faisaient partie d’un plan pour » changer de gouvernement « :
Guaido a également félicité les pays qui avaient imposé des sanctions contre le Venezuela, soulignant que les « sanctions ont fonctionné » et ont joué un rôle dans l’état dans lequel est le pays aujourd’hui.
La République bolivarienne du Venezuela n’est pourtant pas autant désorganisée que ses voisins. Malgré les problèmes actuels, l’Indice de développement humain de l’ONU classe le Venezuela en meilleur position que beaucoup d’entre eux.
Tous les médias » occidentaux « répètent l’affirmation selon laquelle le gars parrainé par les États-Unis a revendiqué la présidence sur la base de l’article 233 de la Constitution. Mais aucun d’entre eux ne réfute cette affirmation manifestement fausse. L’article 233 de la Constitution (pdf) du Venezuela détaille les procédures à suivre en cas d’« indisponibilité permanente » du président, ce qui n’est évidemment pas le cas de Nicolas Maduro. De plus, si le président devenait indisponible, c’est le vice-président, et non le chef de l’Assemblée nationale, qui doit prendre sa place. Le gars n’a donc aucune base légale pour prétendre à la présidence.
Une autre revendication est que le gars parrainé par les États-Unis est une figure reconnue dans le pays. Ce n’est pas le cas :
Félix Seijas, analyste politique et directeur de l’agence de sondage Delphos, a déclaré que, quelques semaines auparavant, peu de Vénézuéliens connaissaient le nom de Guaidó.
Ce type n’est qu’un remplaçant de Leopoldo López, un politicien de l’opposition, un criminel, qui a déjà tenté à deux reprises des coups d’État violents :
Né dans une famille aisée ayant des liens avec le monde des affaires et le secteur pétrolier, López, 46 ans, a fait ses études aux États-Unis et est titulaire d’une maîtrise de l’Université Harvard. …
Dans un câble classifié publié en 2009 par Wikileaks, le conseiller politique de l’ambassade des États-Unis à Caracas, Robin D. Meyer, écrivait que López était devenu un « personnage de division au sein de l’opposition ».
« Il est souvent décrit comme arrogant, vindicatif et avide de pouvoir, mais les responsables du parti reconnaissent aussi sa popularité, son charisme et son talent d’organisateur », écrivait le diplomate américain.
Aux États-Unis, le véritable homme derrière la tentative de coup d’État est le sénateur anti-cubain Marco Rubio :
Rubio a attendu moins d’un mois après l’entrée en fonction de M. Trump pour entreprendre un long effort dans le but d’attirer l’attention du président sur le Venezuela. En février 2017, M. Rubio et M. Pence ont pistonné Lilian Tintori, une activiste politique vénézuélienne et vedette de télévision, pour qu’elle puisse rencontrer Trump. Elle a parlé au président de son mari, Leopoldo López, un chef de l’opposition assigné à résidence.
Rubio et d’autres néoconservateurs ont depuis comploté pour convaincre Trump de confronter le peuple du Venezuela. L’ancien fonctionnaire de la CIA Ray McGovern pense, comme moi, que Trump est en train de tomber dans un piège catastrophique :
Ray McGovern @raymcgovern – 16:47 utc – 25 jan 2019
Le Venezuela pourrait être la Baie des Cochons de Trump, avec Bolton jouant Alan Dulles de la CIA et Pompeo, John Foster Dulles. Eux et les militaires américains ont essayé de piéger JFK avec l’assurance trompeuse qu’il n’y aurait pas besoin d’une action militaire américaine. Est-ce que Trump les affrontera, comme JFK l’a fait ?
Voila quelques-unes des fausses affirmations idées circulant au sujet du Venezuela. Veuillez utiliser les commentaires pour faire connaitre et réfuter tous les autres mensonges que vous trouverez.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker Francophone
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