Par Dmitry Orlov − Le 2 Avril 2025 − Source Club Orlov
L’accord proposé sur les terres rares que l’administration Trump tente de négocier avec le régime de Kiev (ou « terre brute », comme l’a parfois dit Trump lui-même) a suscité beaucoup d’attention.
Au départ, Zelensky a proposé que les États-Unis aident l’Ukraine à exploiter ses gisements de terres rares. Pour étayer son affirmation selon laquelle l’Ukraine recèle d’abondantes terres rares, Zelensky a présenté une carte papier de l’Ukraine sur laquelle les gisements de terres rares étaient délicatement ombrés à l’aide de crayons de couleur.
Il s’est avéré que cette carte provenait d’une très ancienne étude géologique de l’époque soviétique. Les géologues russes avaient reçu l’ordre de partir à la recherche de terres rares et, ô surprise, ils en ont trouvé. Cela signifie-t-il que ces gisements sont économiquement viables ? Non, pas du tout ! Cela signifie simplement que des traces d’éléments de terres rares peuvent être trouvées dans la terre d’une région donnée à un niveau d’environ 1 partie par million, ce qui équivaut à 1 gramme de terres rares pour chaque tonne de terre ou de roche excavée, broyée, tamisée et soumise à un processus d’extraction chimique. Mais la concentration utile pourrait être bien moindre et la roche en question est dans certains cas du granite, qui n’est pas un matériau facile à broyer en une poudre fine.
De plus, l’un des gisements les plus intéressants, celui de lithium, se trouve sur ce qui est aujourd’hui le territoire russe. Et négocier avec les Ukrainiens pour l’exploiter revient à demander à un ours de rendre un parapluie que vous auriez oublié dans sa tanière. Certes, les Ukrainiens et les Américains ne reconnaissent pas ce territoire comme russe, mais cela ne signifie pas qu’ils ne seraient pas massacrés s’ils s’y aventuraient à la recherche de lithium.
Métaphores d’ours mises à part, le sang sacré des Russes a été versé pour défendre cette terre, ce qui la rend sacrée pour les Russes. Si l’expression « terre sacrée » n’a aucun sens pour vous, alors sortez une carte du monde, trouvez la Russie dessus (ce qui n’est pas du tout difficile !) et appréciez sa taille impressionnante. Il va de soi que la Russie n’est pas devenue aussi grande parce que les Russes ont joué le jeu avec ceux qui ont tenté de leur prendre une partie de leur territoire. Par conséquent, il faut considérer que peu importe que vous pensiez ou non qu’une parcelle de terre particulière appartient à la Russie ; tout ce qui compte, c’est que les Russes le pensent.
Quoi qu’il en soit, les Américains ont mordu à l’hameçon de Zelensky et le mois dernier, Zelensky s’est envolé pour Washington pour la cérémonie de signature d’un accord « terre brute » avec Trump. La Maison Blanche a annoncé que tout était prêt pour la signature, mais Zelensky s’est ensuite comporté comme un crétin lors de la conférence de presse précédant la signature dans le bureau ovale et a été expulsé sans ménagement de la Maison Blanche. Ce fut un scandale retentissant. Les responsables de Zelensky l’ont rapidement emmené à Londres, où ses flatteurs européens, si reconnaissants pour ses services en tant que blanchisseur d’argent de Biden, ont redonné à son ego déprimé sa taille démesurée habituelle et il se comporte comme un idiot depuis.
Pendant ce temps, l’administration Trump, peut-être après avoir consulté Poutine, a décidé de suivre la stratégie de négociation habituelle de Poutine. La première offre de Poutine est toujours la meilleure. Si elle est rejetée, l’offre suivante est considérablement pire. Si elle est également rejetée, des offres de plus en plus mauvaises conduisent à l’inévitable accord en une seule clause : vous faites exactement ce qu’on vous dit. Si cela est également inacceptable, alors — boum ! — vous êtes mort. Trump a ensuite tenté quelque chose de similaire, et le projet actuel de l’accord « terre brute » comprend non seulement la poussière supposée magique, mais aussi des ports, des pipelines, des centrales nucléaires et bien d’autres choses encore, le tout devant être administré par un conseil d’administration contrôlé par les Américains jusqu’à ce que les dettes de guerre ukrainiennes (ce que Trump pense qu’elles sont) aient été entièrement remboursées. Essentiellement, cela placerait l’ancienne Ukraine sous administration coloniale américaine pour une durée indéterminée.
Note du Saker Francophone
Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.
Soutenez mes efforts sur https://boosty.to/cluborlov.

Il vient d’être réédité aux éditions Cultures & Racines.
Il vient aussi de publier son dernier livre, The Arctic Fox Cometh.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone