Les propositions de l’Eurogroupe : Fantasmes d’austérité depuis une autre planète


Les propositions de l’Eurogroupe pour sauver la Grèce sont un non-sens scandaleux. Le pays court à la dépression – et les sauveteurs européens demandent la libéralisation des horaires d’ouverture des magasins. Les mots nous manquent…


Le 12 juillet 2015 – Source : Deutsche Wirtschaftsnachrichten

 

Dimanche 12 juillet 2015: le Grec Euclid Tsakalotos et le Finlandais Alexander Stubb (Photo: dpa)

Pour la majorité des ministres des Finances de la zone euro, les dernières propositions de réforme présentées par les Grecs ne sont pas considérés comme suffisantes et nécessitent d’être rediscutées le dimanche. Les ministres voient un besoin d’amélioration dans plusieurs domaines. Voici une liste des exigences les plus importantes.

Voici les propositions des ministres des Finances de la zone euro (résumées par Reuters) – et à quel point elles sont sensées/insensées :

* Les recettes de l’État doivent être augmentées par un renforcement de la TVA et l’élargissement de l’assiette fiscale.

Une absurdité totale. La TVA frappe les plus pauvres. Une augmentation des impôts dans une dépression c'est l’administration de cyanure à un mourant.

* La réforme des retraites doit être plus ambitieuse. À cet effet, le gouvernement grec doit préciser comment il entend amortir les effets d’une décision de justice de juin dernier contre la réforme des retraites de 2012.

Faillite constitutionnelle : ce ne sont plus les lois qui s’appliquent, mais les désirs des créanciers.

* L’indépendance de l’organisme statistique Elstat doit être renforcée.

Haha, haha, haha!

* Pour l’économie nationale, le gouvernement grec doit entreprendre davantage de libéralisations et appliquer les recommandations de l’OCDE. Cela vaut notamment pour les boulangeries, les heures d’ouverture des magasins le dimanche et la vente de médicaments.

Non-sens: les gens doivent économiser, ils auront moins d’argent – et pour cela il faut ouvrir les magasins plus longtemps ? Qu’est-ce que c’est que cette folie?

* Le gouvernement d’Athènes doit accélérer les privatisations, notamment celle du fournisseur d’électricité Admie. Entre parenthèses est indiqué l’alternative que le gouvernement trouve d’autres sources de recettes. La proposition émise samedi par le gouvernement fédéral allemand de créer un fonds fiduciaire avec les biens de l’État grec, à hauteur de 50 milliards d’euros, est également entre parenthèses. Dans l’idée du gouvernement allemand, en vendant ses biens nationaux, la Grèce pourrait réduire sa dette.

Et là, nous nous rapprochons du cœur de l’affaire: il s’agit du pillage de la richesse nationale grecque par les grandes sociétés multinationales. Maintenant que l’économie grecque est quasiment ruinée par la fermeture des banques, les étrangers peuvent se servir. Aucune entreprise grecque n’a de chance d’accéder à la vente.

Et ce qui va avec : la Royal Bank of Scotland (RBS) fait diffuser des informations de Reuters dans le cadre de la réorientation stratégique de ses affaires en Grèce. Sa succursale locale pour les crédits à la navigation doit être mise en vente. La grande banque britannique est depuis des dizaines d’années l’un des plus grands bailleurs de fonds pour la navigation internationale. Sa filiale en Grèce, avec ses quelque 60 collaborateurs, y joue un grand rôle. Le portefeuille de la succursale s’élève à 5 milliards de dollars. Ce qui veut dire : la marine marchande en Grèce sera asséchée. Un des concurrents des Grecs s’en réjouira, bien qu’il ne soit pas du tout à la table des négociations : la Grande-Bretagne pourra améliorer sa position sur le marché. (Tout sur le pillage dans le livre de Michael Maier. Il a très minutieusement prévu la catastrophe – le livre ici)

* Le marché du travail doit être libéralisé davantage. Dans le projet actuel, les négociations des conventions collectives et le droit des entreprises à procéder à des licenciements massifs sont mentionnés entre parenthèses. Il ne faut pas qu’il y ait un retour aux anciennes règles, qui vont à l’encontre d’une croissance durable.

On ne comprend pas comment les médias peuvent encore écrire qu’il s’agit de réformes. Le droit aux licenciements massifs comme but suprême de l’Eurozone – il n’est pas nécessaire de commenter davantage.

* Le gouvernement grec doit appliquer pleinement les règles de l’UE pour un meilleur contrôle du secteur financier.

L’UE comme contrôleur? Nous proposons quelque chose de beaucoup plus efficace: envoyez Goldman Sachs, eux ils savent comment on réintègre la Grèce dans l’euro.

* Également entre parenthèses, l’exigence que les modifications législatives intervenues en 2015 qui ne sont pas en accord avec les institutions soient abrogées ou remplacées.

Mieux vaudrait mettre la totalité de la politique incompétente et perverse de l’UE (Union des égoïstes) entre parenthèses et la faire disparaître dans un tiroir.

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

   Envoyer l'article en PDF