Par Joseph Thomas – Le 20 aout 2017 – Source New Eastern Outlook
Les menaces de cyber-terrorisme tiennent le devant de la scène politique états-unienne avec les craintes de « pirates russes » pouvant tout perturber, des élections aux réseaux électriques. Et pourtant, alors que les décideurs américains brandissent ces menaces de cyber-terrorisme pour promouvoir une liste déjà longue et encore croissante de contre-mesures et de prétextes pour envenimer le conflit avec Moscou, ils financent simultanément un véritable cyber-terrorisme à l’échelle mondiale.
Le pire est que tout cela est fait sous le couvert de « l’activisme ».
Le Carnegie Endowment for International Peace a récemment publié un article intitulé Le cyber activisme est en pleine expansion en Thaïlande.
Les lecteurs pourraient attendre d’un tel article une description détaillée de la façon dont les activistes locaux indépendants utilisent les technologies de l’information pour informer le public, communiquer avec les décideurs et s’organiser de manière plus efficace.
Au lieu de cela, les lecteurs vont plutôt y trouver une liste d’« organisations non gouvernementales » financées par les États-Unis et engagées dans la subversion, y compris dans des attaques menées contre les sites internet du gouvernement thaïlandais et cherchant à les paralyser, le dévoilement d’informations privées sur des citoyens ordinaires et la coercition des décideurs afin qu’ils adoptent ce financement étranger et le programme de subversion qui va avec.
Un cyber-terrorisme soutenu par les États-Unis
Le document cite les pétitions créées par le réseau Thai Netizen, financé par les États-Unis et hébergé par le site étatsunien Change.org, ainsi que des attaques ciblées de déni de service (DDoS) visant à affaiblir les principaux sites internet gouvernementaux, une campagne présentée par Thai Netizen comme étant de la “désobéissance civile virtuelle”.
Le document prétend :
La contre-mesure la plus innovante fut une série d’attaques de déni de service (DDoS) : un groupe anonyme, le Thaïland F5 Cyber Army, a déclaré une cyber-guerre contre le gouvernement thaïlandais en encourageant les internautes à visiter les sites officiels nommés et à appuyer continuellement sur la touche F5 de leurs claviers pour rafraîchir les pages. L’objectif étant de submerger les serveurs internet et de provoquer un effondrement temporaire des sites du ministère de la Défense, du ministère de l’Information, des Technologies et de la Communication, de la Maison du Gouvernement de Thaïlande, de l’Assemblée législative nationale et du Commandement des opérations de sécurité interne. Le groupe a diffusé des instructions détaillées sur l’opération à ses militants anonymes. Il a ensuite exigé que la junte [L’armée thaïlandaise dirige toujours le pays, NdT] annule sa proposition de Passerelle unique [Un passage unique pour les données internet arrivant dans le pays, permettant une meilleure surveillance, NdT].
La plupart des attaques ont été couronnées de succès. Les militants voulaient démontrer l’incapacité technologique du gouvernement et son incapacité à gérer la Passerelle unique. Arthit Suriyawongkul, coordinatrice du réseau Thaï-Netizen, a décrit la campagne comme une désobéissance civile virtuelle, une version en ligne de la résistance non violente pratiquée par les groupes de défense des droits civils aux États-Unis.
Dans un autre cas, un groupe de militants appelé Anonymous a lancé une campagne #BoycottThailand sur Twitter et aurait piraté les sites Web du gouvernement, saisi des informations confidentielles provenant de bases de données officielles et les aurait partagé en ligne.
Le réseau Thai Netizen est financé par le Département d’État américain via la National Endowment for Democracy (NED), Freedom House, ainsi qu’Open Society de George Soros, le criminel financier condamné, et un certain nombre d’autres gouvernements étrangers et de fondations financées par des entreprises.
Un tel effort de coordination, financé par l’étranger, pour porter atteinte à la sécurité nationale de la Thaïlande, y compris par la promotion du cyber-terrorisme et de la “désobéissance civile”, a de fortes et nombreuses implications. Que les États-Unis soient l’État étranger qui fasse la promotion de ces activités en Thaïlande détruit ses propres efforts pour définir et combattre le cyber-terrorisme chez lui.
Qu’est-ce que le cyber-terrorisme?
Le cyber-terrorisme est décrit dans le site internet du Bureau fédéral des enquêtes (FBI) des États-Unis comme suit :
… l’utilisation d’outils du réseau informatique pour bloquer des infrastructures nationales critiques (par exemple, l’énergie, les transports, les opérations gouvernementales) ou pour contraindre ou intimider un gouvernement ou une population civile.
S’attaquer à des sites gouvernementaux dont des millions de personnes en Thaïlande dépendent pour obtenir des informations et des services tout en volant les informations personnelles de milliers de citoyens ordinaires correspond clairement à la définition non seulement du cyber-terrorisme, en raison des motivations politiques impliquées, mais aussi de la criminalité malveillante en général.
Contrairement aux présumés pirates russes qui ont divulgué des courriels détaillant les irrégularités de comportement de certains politiciens américains, les informations pillées par des pirates états-uniens en Thaïlande comprenaient l’information personnelle de millions de citoyens ordinaires utilisant les services gouvernementaux dans le cadre de leur vie quotidienne.
Le journal Bangkok Post va donner des informations manquantes, omises intentionnellement dans le document de la Carnegie Endowment, en indiquant :
Les fichiers postés par Anonymous et examinés par le Bangkok Post semblent provenir du système judiciaire, comme l’ont prétendu les annonces d’Anonymous.
Un fichier de base de données SQL de 1,1 giga octets contenant des milliers de noms, numéros de carte d’identité, photos, adresses courriel, numéros de téléphone personnels et plus encore – tout en texte clair.
En dévoilant toutes ces informations sur le réseau, les pirates états-uniens ont ciblé les citoyens ordinaires, compromettant leur vie privée et les exposant à des criminels du monde entier impliqués dans le vol d’identité.
Le cyber-terrorisme états-unien n’est pas un « activisme »
Le document de la Carnegie Endowment a été rédigé par Janjira Sombatpoonsiri, professeur adjoint de science politique à l’Université Thammasat en Thaïlande. Elle est également citée comme membre du réseau d’activisme civique de la Carnegie Endowment’s. Elle n’est pas qu’un membre actif de l’opposition soutenue par l’étranger, elle est aussi impliquée dans un groupe de réflexion étranger financé par des entreprises étrangères.
Le Carnegie Endowment comprend parmi ses sponsors, indiqués dans son rapport annuel 2016, Le gouvernement des États-Unis, les géants pharmaceutiques, dont Gilead, les monopoles pétrochimiques, dont Chevron, British Petroleum et Shell, les vendeurs d’armes, dont Lockheed Martin et plusieurs constructeurs d’automobiles, y compris Ford.
Comme dans beaucoup d’autres épisodes d’interférence politique états-unienne, pouvant aller jusqu’à l’intervention militaire, l’ingérence américaine en Thaïlande est faite pour les intérêts des entreprises cherchant à étendre leur hégémonie à la fois régionalement en Asie, vis-à-vis de Pékin, et à l’échelle mondiale. Cette ingérence se fait sous la bannière de la protection des droits, tant par les groupes de réflexion et les fondations qui la financent que par ceux qui, en Thaïlande, reçoivent de l’argent étranger.
L’utilisation par les États-Unis du cyber-terrorisme, en Thaïlande et ailleurs, ne devrait pas être une surprise. Elle s’ajoute aux efforts déjà entrepris par l’opposition soutenue par les États-Unis pour déstabiliser et en finir avec l’ordre politique thaïlandais, allant jusqu’à utiliser le terrorisme armé.
Plus récemment, une série d’attentats à la bombe a touché Bangkok, dont un ciblant un hôpital. À diverses occasions pendant le conflit politique thaïlandais, la partie de l’opposition soutenue par l’étranger a poussé ses militants à descendre dans les rues. En 2010, près de 100 personnes sont mortes au cours de plusieurs semaines de manifestation culminant dans des pillages à l’échelle de la ville qui ont transformé des zones entières de la capitale thaïlandaise, Bangkok, en zones de guerre.
Voir des auteurs parrainés par les États-Unis tentant de promouvoir le cyber-terrorisme comme une activité “militante” n’est également pas une surprise. Lorsque l’opposition thaïlandaise se lance dans le terrorisme armé, les groupes de réflexion, les médias et les politiques parrainés par les États-Unis tentent souvent de déformer l’information [comme pour le Venezuela actuellement, NdT]. D’autres formes de subversion plus traditionnelles sont également régulièrement défendues par les États-Unis et leurs innombrables proxys, ceux qui se font passer pour des « activistes » défenseurs des droits de l’homme.
Comprendre que ce n’est pas de l’« activisme » mais, selon la propre définition états-unienne, du cyber-terrorisme, aidera à désarmer cette campagne malveillante se faisant passer pour de la « désobéissance civile » et de l’« activisme » et permettra à des pays comme la Thaïlande de se défendre, tant grâce à des mesures de sécurité technologique accrue que par la législation.
Joseph Thomas
Traduit par Wayan, relu par Wayan pour le Saker Francophone