Les enlèvements de l’EI
sont-ils une propagande de l’Observatoire syrien des droits de l’homme?

Par Shawn Helton – Le 28 février 2015 – Source 21WIRE

GUERRE PSYCHOLOGIQUE 

Les enlèvements de l’État islamique sont des instruments de propagande de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme

Les derniers racontars sur les enlèvements d’EI tirent leur origine d’une source unique, l’Observatoire syrien des droits de l’homme, une organisation financée de façon importante par l’Union européenne…

Il y a eu ces derniers jours un flot de rapports sur les militants sunnites masqués, connus sous le nom d’EI. Une organisation activiste financée par l’Union européenne et basée au Royaume-Uni, l’Observatoire syrien des droits de l’homme a distribué ces rapports prétendant que 220 chrétiens assyriens issus de 11 villages, avaient été enlevés dans la campagne de Tal Tamir à al-Hasakah en Syrie, par les ninjas croquemitaines tout de noir vêtus.

L’histoire arrive après des articles révélant, apparemment, que des combattants des Peshmergas ont été retenus captifs dans des cages (voir la vidéo plus loin).

Les «lunettes» de l’Observatoire syrien des droits de l’homme

Les articles sur les enlèvements atteignent maintenant une masse critique suffisante pour qu’ils soient envisagés comme faisant partie d’un stratagème, destiné à pousser plus avant l’Occident dans une campagne de guerre ouverte en Irak et dans la guerre décidément pas civile en Syrie. Une des organisations impliquées dans l’histoire d’EI est l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Comme cela est évoqué plus bas, le groupe apparemment soucieux des droits de l’homme a un arrière-plan controversé.

Rami Abdul Rahman travaille « main dans la main » avec le gouvernement britannique.

Dans un article de 2013 intitulé Le terrorisme pro-démocratique: L’Observatoire syrien des droits de l’homme est une vitrine de propagande financée par l’Union européenne, le chercheur international et écrivain Tony Cartalucci fournit un contexte historique pour analyser les dernières affirmations quant aux revendications d’enlèvements par des membres d’EI:

«En réalité, il y a longtemps que l’Observatoire syrien des droits de l’homme a été révélé comme étant, en fait, une vitrine de propagande absurde dirigée par Rami Abdul Rahman depuis son domicile champêtre en Angleterre.»

Selon une dépêche Reuters de 2011 intitulée Coventry, la demeure improbable d’un important activiste syrien, Abdul Rahman admet être membre de la soi-disant opposition syrienne et il cherche à renverser le président syrien Bashar Al-Assad :

Après trois courts séjours dans une prison en Syrie pour activisme pro-démocratique, Abdulrahman est venu en Angleterre en 2000, redoutant un quatrième séjour, cette fois plus long, en prison .

«Je suis venu en Angleterre le jour où Hafez al-Assad est mort et je retournerai là bas quand Bashar al-Assad sera parti», a dit Abdulrahman, parlant de Hafez, le père de Bashar qui l’a précédé, lui aussi en autocrate.

Après que Cartalucci a souligné les liens controversés entre les soi-disant rebelles syriens, l’Occident et Rahman (en bas à gauche sur la photo), les récents enlèvements de 2015 sont à considérer dans une plus large perspective:

« Abdulrahman n’est pas un  activiste pour les droits de l’homme. Il est un propagandiste rémunéré. Il n’est pas différent de la troupe de traîtres et de menteurs obstinés et peu fréquentables, qui avaient trouvés refuge à Washington et à Londres durant la guerre contre l’Irak et lors de la débauche plus récente en Libye, dans le seul objectif de fournir aux gouvernements occidentaux un bruit permanent de propagande et des rapports de renseignements intentionnellement falsifiés et spécifiquement conçus pour justifier les desseins hégémoniques de l’Occident. »

«Parmi les contemporains d’Abdulrahman, on trouve le célèbre transfuge irakien surnommé « Curveball » [balle courbe, NdT], qui se vante maintenant publiquement d’avoir inventé les accusations au sujet de la possession par l’Irak d’armes de destruction massive, le casus belli d’une guerre occidentale de dix années qui a finalement coûté la vie à plus d’un million de gens, dont des milliers de soldats occidentaux, et qui à laissé l’Irak jusqu’à aujourd’hui, dans la pagaille la plus totale. Il y a aussi, moins connu, le Dr Sliman Bouchiguir de Libye, qui avait conçu la base pour le racket des droits de l’homme pro-occidentaux à Benghazi, et qui se vante ouvertement, rétrospectivement, de ce que les racontars sur les atrocités du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi contre son peuple avaient été eux aussi inventés, afin de fournir à l’OTAN la raison qu’elle cherchait pour intervenir militairement.»

Le rapport affirme aussi que l’Observatoire de Rahman est un organe de propagande fortement biaisé, alors que l’on a pu voir l’ONU utiliser l’organisation OSDH, pourtant fortement compromise, comme source principale pour déterminer le besoin d’une intervention occidentale. On voit clairement ici, les actes fourbes de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme en se référant à la propagande à laquelle ils ont été associés par le passé.

La réalité est que l’OSDH coordonne ses efforts avec le Bureau du ministère des Affaires étrangères britannique et qu’il est un agent clé pour le changement de régime, menant une guerre de relations publiques pour renverser le gouvernement de Bashar al-Assad en Syrie.

Battre le tambour – des activistes vus à Chicago, protestant contre les enlèvements récents et brandissant des posters de l’ONU. (Photo link suntimes.com)

Préparer la scène

Dans une vidéo diffusée le 21 février et prétendument intitulée Guérir la poitrine de ceux qui croient, nous voyons à nouveau des hommes retenus prisonniers dans des cages similaires à celle du pilote jordanien prétendument « brûlé» Moaz al-Kasabeh, vêtus des mêmes combinaisons de saut orange du style de Guantánamo Bay, très en vogue dans la propagande d’EI. La scène paraît avoir été produite intentionnellement pour avoir l’air floutée et granuleuse, alors que des membres d’EI exhibaient dans la rue les prétendus combattants kurdes à l’arrière de pick-ups Toyota blancs, devant une foule de badauds, lors d’un cortège automobile flamboyant.

La nouvelle vidéo présente 21 prisonniers exhibés dans des cages; elle est présentée comme étant le second épisode avec des combattants kurdes, avec un nombre de victimes supposées correspondant à celui des exécutions des Égyptiens, produite et mise en scène la semaine dernière.

Les prises de vue les plus récentes s’harmonisent avec une autre vidéo supposée montrer 17 combattants kurdes exhibés à travers la province irakienne de Kirkouk, comme l’a rapporté le douteux chien de garde du terrorisme SITE, situé à quelques kilomètres seulement du quartier général de la CIA.

Il y a moins d’une semaine, Veryan Khan, le directeur éditorial du Consortium d’analyses et de recherche sur le terrorisme, a conclu que les les trucages qui apparaissent lors des exécutions orchestrées ont révélé qu’il y avait «différentes erreurs techniques dans la vidéo, démontrant qu’elle a été manipulée».

Avant même que des experts ne donnent leurs conclusions au sujet de la récente production vidéo d’EI, 21WIRE avait souligné nombre des irrégularités et des contradictions du film, prouvant que celui-ci était en effet fortement mis en scène, pour obtenir un effet maximum.

Regardez le clip Youtube ci-dessous et remarquez le mélange de prises de vue avec une imagerie légèrement améliorée pour obtenir un effet dramatique.

Il est possible que les critiques importantes au sujet de la haute qualité de production aient amené les producteurs de la propagande d’EI à changer de style, afin que les images paraissent crédibles…

https://www.youtube.com/watch?v=awptM9rN9TU

Voici une série d’images issues du dernier morceau de propagande ridicule et produites par un organe médiatique lié à EI

« Télé Terreur ». Un autre enlèvement mis en scène par des supposés membres d’EI. (Photo link alarabiya.net)

« Le calme prisonnier » et l’acteur, un entretien apparemment mené par un autre nouveau terroriste présentateur. Remarquez les vêtements en parfaite état, les coupes de cheveux impeccables et le rasage de près des acteurs « prisonniers ». (Photo link dailymail.co.uk)

 

«Etalage théâtral» – Des prétendus combattants Kurdes apparemment encagés et exhibés par EI. Il y a là une scène fortement floutée et déformée, suivant de nombreuses vidéos de haut niveau de production réalisées par le groupe terroriste. (Photo link breitbart.com)

«Mis en cage pour faire de l’effet» – Des cages d’apparence légère et sans fond, qui pourraient être renversées simplement en les poussant de l’intérieur, sont exposées. Les bords de la photo ont été digitalement trafiqués pour obtenir un effet de «capture» dramatique. (Photo link dailymail.co.uk)

«Les Forces obscures» – une image volontairement floutée avec un ombrage digital sur les côtés, alors que des homme d’EI vêtus proprement escortent, soi-disant, des combattants condamnés. (Photo link dailymail.co.uk)

C’est comme si chaque semaine fournissait un nouveau crime dramatique au public occidental, poussant à chaque épisode les États-Unis et les partenaires de sa coalition plus avant sur le théâtre de guerre en Irak et en Syrie. Même les production vidéos exagérées de prétendues exécutions n’ont pas totalement tué la narration sur l’EI, car il y a constamment une nouvelle histoire, prête à faire la Une en prime time et impliquant des desperados en noir. Il est difficile d’ignorer la hausse récente des activités d’EI, alors que les profiteurs de guerre et les cyber-corsaires ont œuvré à pleine vitesse, depuis début février, propulsant la marque terroriste EI dans une boucle de médiatisation 24/24 et 7/7.

Mettre en scène un crime

Bien que se ne soit en aucune façon une nouvelle histoire, nous devrions garder en mémoire le fait que les vidéos de décapitation d’EI semblent avoir été fortement influencées par le téléfilm turc intitulé Kurtlar vasidi:Pusu. La traduction du titre du programme, Vallée des loups : embuscade, annonçait à un certain degré, les prétendues exécutions d’EI, dans la mesure où les vidéos saisissent en embuscade la perception du téléspectateur et ont été filmées plusieurs mois avant leur date réelle de diffusion.

La section décrivant la scène de décapitation d’EI se trouve entre la 61e et la 62e minute du téléfilm, révélant la programmation prédictive, destinée à préparer la population à ce qui allait arriver. Regardez le téléfilm turc par vous même et remarquez les similarités (à partir de 1:01:00).

 

Traduit par Lionel, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

   Envoyer l'article en PDF