Le Kosovo sera libéré


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Par le Saker – Le 8 décembre 2017 – Source The Saker

Le général Radko Mladić, âgé aujourd’hui de 75 ans, a été condamné la semaine dernière à la prison à vie par le tribunal bidon connu sous le nom de Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Il convient de mentionner ici que, comme le président serbe Slobodan Milošević, Mladić a été identifié et livré à ses bourreaux de l’OTAN par les autorités serbes. Cela nous dit tout ce que nous devons savoir sur l’actuel statut de colonie de la Serbie et sur la nature compradore du régime au pouvoir à Belgrade.

Pour l’Empire anglosioniste, il s’agit d’humilier la nation qui a osé le défier. Car ne vous y trompez pas, c’est le péché vraiment impardonnable dont les Serbes sont coupables et pour lequel ils sont aujourd’hui humiliés : ils ont osé défier l’Empire anglosioniste et ils l’ont fait seuls, sans aucun soutien significatif de la Russie. En effet, seuls les Serbes de Bosnie ont osé défier les États-Unis, l’Union européenne et l’OTAN, non seulement sans le soutien de la Russie, mais même sans le soutien des autorités yougoslaves à Belgrade (Slobodan Milošević a imposé des sanctions à ses frères serbes de Bosnie !). En faisant ainsi, les Serbes de Bosnie ont montré au monde un niveau de courage que l’Européen moderne typique ne peut même pas commencer à imaginer, et encore moins comprendre. De même, la guerre en Bosnie a été largement mal comprise lorsqu’elle s’est produite et elle est maintenant presque oubliée. Je dirais pourtant que cette guerre a joué un rôle absolument essentiel dans la forme qu’ont prises les décennies suivantes. Alors remémorons-nous plusieurs choses qui se sont passées à ce moment-là.

Tout d’abord, il s’agissait d’un cas hallucinant d’hypocrisie monumentale, de trahison et de lâcheté. Hypocrisie parce qu’on a donné un ordre aux Serbes, « vous ne ferez pas sécession » alors qu’on donnait l’ordre exactement inverse aux Slovènes, aux Croates, aux Bosniaques musulmans et, plus tard, aux Albanais : « Vous ferez sécession » en transformant les frontières administratives en frontières nationales. Trahison parce que la Yougoslavie était membre fondateur du Mouvement des non-alignés mais que tous les censément non-alignés se sont totalement alignés sur l’Empire et contre la Yougoslavie. Et lâcheté, parce que personne, pas un seul pays, n’a eu le courage de dire la vérité sur l’histoire du génocide des Serbes en Croatie et en Bosnie pendant la Seconde Guerre mondiale, tout en versant, au même moment, des flots de larmes de crocodile à propos du Cambodge, du Rwanda et, bien sûr, de l’obligatoire « Holocauste ». Tout le monde regardait ailleurs, et ceux qui ont commis hier des atrocités indicibles (les Croates et les Allemands en particulier) ont dit « généreusement » à leurs victimes serbes que le passé devait être du passé et que cette histoire n’avait pas d’importance. Et lorsque, pour finir, le droit international a été ouvertement et odieusement violé quand les « démocraties occidentales » ont utilisé leur puissance aérienne pour soutenir les terroristes et les voyous de l’UÇK, pas un seul juriste ou politicien n’a eu assez d’intelligence pour comprendre que ce qui mourait, le jour où la première bombe est tombée sur la Serbie, c’était l’ensemble de l’ordre international créé après la Seconde Guerre mondiale. Il m’est difficile d’imaginer un comportement plus honteux et dégoûtant de tous les pays européens qui non seulement n’ont pas défendu un des leurs mais ont même assisté avec enthousiasme les Anglosionistes dans leur infâme et sordide guerre contre le peuple serbe.

Vraiment, cette guerre avait tout cela, tous les mauvais coups ont été infligés aux Serbes : de nombreuses attaques sous fausse-bannière, de pseudo-génocides, des opérations illégales secrètes pour armer des groupes terroristes, la livraison secrète d’armes à des entités officiellement sous embargo, des attaques délibérées contre des civils, l’usage d’armes illégales, le recours à des « zones (officiellement) démilitarisées » pour cacher des corps d’armées entiers (totalement armés) – toutes ces dégueulasseries ont été utilisées contre le peuple serbe. Même des attaques délibérées contre la généralement sacro-sainte profession de journaliste étaient considérées comme tout à fait normales pour autant que les journalistes soient serbes. Quant aux Serbes, ils ont été évidemment diabolisés. Milošević est devenu le « nouvel Hitler » (avec Saddam Hussein) et les Serbes qui prenaient les armes pour défendre leur patrie et leurs familles sont devenus des Tchetniks génocidaires.

L’un des pires aspects de la guerre a été le comportement absolument scandaleux des nations et des communautés musulmanes du monde entier : elles ont toutes soutenu leurs soi-disant « frères » en Bosnie, même si ces derniers étaient 1) des idiots utiles pour l’Empire, 2) pour la plupart laïques et 3) lorsqu’ils étaient religieux, ils étaient alors du genre « wahhabite saoudien » importé (exactement comme en Tchétchénie, d’ailleurs). Au lieu d’essayer de comprendre ce qui se passait réellement, la majorité écrasante des musulmans dans le monde a réagi de la manière impulsive que j’appelle « Tort ou pas tort – c’est ma Oumma ! », même les Iraniens sont tombés dans ce piège anglosioniste. Les musulmans dans le monde entier ont été dupés par l’Empire seulement pour se retrouver exactement dans la même situation que les Serbes, une décennie plus tard. Certains diraient que ce n’est que justice karmique, mais je n’y prends aucun plaisir puisque les musulmans qui ont fini par subir les politiques de l’Empire étaient dans leur immense majorité des victimes innocentes et non ces politiciens qui se sont alliés avec les Croisés modernes et les juifs contre leurs voisins orthodoxes. Aujourd’hui, le « génocide » (fictif) de musulmans bosniaques par des Serbes et, en particulier, le mythe de Srebrenica sont toujours utilisés par l’Empire pour essayer de diviser les chrétiens orthodoxes et les musulmans pour mieux les dominer tous ou, encore mieux, les pousser à se battre entre eux.

Oui, toutes les guerres anti-musulmanes « contre le terrorisme » d’après le 9/11 ont leurs racines méthodologiques en Croatie, en Bosnie et au Kosovo. Il viendra un jour où les musulmans comprendront ce fait et où ils réévalueront ce qu’ils pensaient savoir sur les guerres de Bosnie et du Kosovo.

Actuellement, les mêmes hypocrites occidentaux qui pleurnichent sur « l’occupation russe de la Crimée » oublient qu’un référendum a été organisé là-bas où 96.77% de la population ont voté pour rejoindre la Russie. Ou s’ils le mentionnent, ils disent qu’il était illégal parce que les gens devaient voter avec « le pistolet sur la tempe ». Mais ce qui n’est jamais mentionné, c’est qu’au Kosovo, aucun référendum d’aucune sorte n’a jamais eu lieu, même pas après le nettoyage ethnique total du Kosovo (le plus grand menteur de tous, Obama, a même déclaré que le Kosovo n’avait quitté la Serbie qu’après un référendum !).

Aparté

Je réalise que dans les paragraphes ci-dessus, j’ai employé des mots qui ne sont généralement pas utilisés dans les analyses politiques. Des mots comme « hypocrisie », « trahison », « lâcheté », « honteux », « dégoûtant » ou « dégueulasse » sont généralement vus comme trop partisans, trop émotionnels et pas assez objectifs ou neutres. Bon, je proclame fièrement ma position totalement non neutre sur cette guerre absolument ignoble et immorale contre la nation serbe.

Comment pouvons-nous espérer opérer un changement dans le monde dégoûtant dans lequel nous vivons si nous n’usons pas de catégories morales et si nous refusons de manifester de l’indignation lorsque l’indignation est justifiée ? Exactement comme Kennedy a déclaré qu’il était un Berlinois et comme des dizaines de milliers de téléspectateurs décérébrés ont déclaré qu’ils « étaient Charlie », je me déclare ici un Tchetnik serbe bosniaque fier et non repenti ! Sur la question de la nation serbe, je n’ai ni ne veux aucune « neutralité », un point c’est tout !

Il y a un autre événement qui a été largement oublié depuis, mais que nous voyons maintenant comme un tournant : le 24 mars 1999, le Premier ministre russe, Evgeni Primakov, était en route pour Washington DC lorsqu’il a appris que les États-Unis et l’OTAN avaient attaqué la Yougoslavie. Primakov a alors ordonné à son pilote de faire demi-tour au-dessus de l’océan Atlantique et de rentrer en Russie. Primakov, qui est décédé en 2015, était un homme d’État et un diplomate très respecté et sa réputation perdure encore aujourd’hui. Son demi-tour au-dessus de l’Atlantique passera dans l’histoire comme le tout premier signe de résistance de la Russie à l’Empire. On pourrait dire que le demi-tour de Primakov a marqué la fin d’une ère dans laquelle la Russie nourrissait encore des espoirs naïfs que ses partenaires occidentaux n’étaient pas des brigands et des voyous. Encore une chose : Primakov était exactement le genre d’acteur de l’État profond russe qui aurait pu jouer un rôle essentiel dans le processus de succession à Eltsine. Un jour, nous découvrirons peut-être que le lynchage de la nation serbe par l’Occident a joué un rôle crucial dans l’accession de Vladimir Poutine au pouvoir. Ce serait aussi une justice karmique.

Enfin, l’agression américano-otanienne contre la Yougoslavie a montré pour la première fois les limites de la puissance aérienne et des attaques de missiles de croisière contre un adversaire bien implanté : 78 jours de frappes de missiles et de bombes ont blessé, mutilé et tué beaucoup de civils, mais les corps de l’Armée serbe au Kosovo sont restés pour l’essentiel indemnes. C’est pourquoi les frappes aériennes ont dû être « étendues » à toute la Yougoslavie pour terroriser les civils, exactement comme les Britanniques l’ont fait contre l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale ou les Israéliens contre le Liban en 2006. Pourtant ce qui a décidé du résultat n’a jamais été l’usage de la puissance aérienne par l’OTAN, mais un accord simple et cynique passé entre Milošević et l’Empire : s’il était d’accord de donner le Kosovo, il serait autorisé à rester au pouvoir. Milošević a accepté seulement pour se retrouver assassiné plus tard à La Haye. Voilà pour ce qui est de confier son avenir à l’Empire…

Rétrospectivement, on serait pardonné de supposer que le peuple serbe a été totalement humilié et que son esprit de résistance est brisé. À un certain degré, c’est indubitablement vrai aujourd’hui, d’où l’existence de mouvements politiques pro-OTAN et pro-UE en Serbie. Mais ceux-ci n’existent que parce que l’Empire les finance et les maintient (par exemple, les médias serbes sont totalement contrôlés par l’Empire). Mais permettez-moi de vous proposer l’expérience intellectuelle qui suit.

Imaginez pendant quelques minutes que pour une raison ou une autre, l’Empire s’est effondré. Plus d’OTAN et probablement plus d’UE. Ou peut-être seulement une petite OTAN et une petite UE malgré tout. Mais, plus important, plus de Camp Bondsteel. Que pensez-vous qu’il arriverait ?

Il ne vaut probablement pas la peine de défendre la Krajina ethniquement nettoyée. Si vous étiez Serbe, voudriez-vous des Croates comme voisins ? Serait-il sage de risquer votre vie et celle de votre famille en vivant dans quelques petites enclaves fondamentalement indéfendables, entouré de gens qui ont prouvé encore et encore que, si on leur en donne la chance, ils essayeront de convertir un tiers d’entre vous, d’expulser un autre tiers et d’assassiner le tiers restant ? Bien sûr, de nombreux Croates sont des gens merveilleux et gentils qui ne veulent rien avoir à faire avec ce genre de politique oustachi, mais ces bons Croates n’ont fait aucune différence, ni pendant la Seconde Guerre mondiale, ni pendant la dernière guerre anglosioniste contre la nation serbe. Si j’étais serbe, je n’envisagerais jamais de retourner en Krajina, le risque est tout simplement trop grand.

La Bosnie est une histoire très différente. Les pauvres Bosniaques musulmans ont été utilisés comme un instrument et avec le temps ils finiront inévitablement par comprendre qu’ils ont été du mauvais côté dans cette guerre. Donc il y a encore de l’espoir pour la Bosnie, malgré tout. En plus, les Serbes de Bosnie sont toujours les vainqueurs dans cette guerre. Oui, ils ont dû accepter un mauvais accord parce qu’ils combattaient seuls contre la planète entière, mais on pourrait aussi dire que leur courage a forcé les Anglosionistes à accepter l’existence d’une Republika Srpska au sein de la Bosnie, qui n’est pas quelque chose qu’ils voulaient. J’ai rencontré suffisamment de Serbes de Bosnie pour dire que ce sont des gens extrêmement coriaces et courageux et que, dès que l’OTAN s’effondrera, ce qu’elle fera, ils seront aisément en position de définir les termes de leur future coexistence avec les Bosniaques musulmans et les Croates. Lorsque cela arrivera, j’espère que la Russie va promouvoir activement son « exemple tchétchène » et mettre assez de pression sur les Serbes de Bosnie pour qu’ils agissent avec décence et retenue à l’égard de leur anciens ennemis. Considérant qu’il y a, hélas, un indéniable noyau de vérité dans l’accusation que les Serbes de Bosnie ont commis des atrocités contre des civils pendant la guerre, même si elles n’atteignent pas les chiffres revendiqués par la propagande anglosioniste, mon sentiment est qu’ils agiront avec retenue et de manière honorable.

Mais le Kosovo ? L’endroit où des centaines d’églises et de monastères orthodoxes ont été détruits et où des milliers de Serbes ont été assassinés (pendant que l’OTAN regardait ailleurs et ne faisait absolument rien pour mettre fin à ces atrocités !) ?

Disons simplement que si j’avais un ami albanais vivant au Kosovo aujourd’hui, je le presserais fortement de se sortir de là pendant qu’il le peut encore. Le Kosovo sera le tout premier endroit en Europe où le pendule de l’Histoire inversera sa course. Il est tout simplement impossible que les Serbes acceptent jamais le vol de leur terre ancestrale et de leur berceau spirituel par une combinaison de gangsters albanais et d’armées de l’air occidentales. Pourquoi l’accepteraient-ils ? Un Kosovo albanais occupé (c’est-à-dire « indépendant ») est une fiction qui ne peut être maintenue que par l’Empire anglosioniste. Dès que ce dernier faiblira, le Kosovo sera libéré.

À l’heure actuelle, la nation serbe a été taillée en pièces et le slogan selon lequel « seule l’unité peut sauver le peuple serbe » s’est révélé vrai. En ce moment, les Serbes survivent tout juste et leur unité est en miettes. Même l’Église serbe officielle est contrôlée par des évêques œcuméniques pro-occidentaux qui comptent sur les autorités civiles pour persécuter illégalement les évêques qui refusent de s’agenouiller devant le Nouvel Ordre mondial, comme l’évêque Artemje de Raska et Prizren.

Dans leur histoire, longue et souvent tragique, les Serbes ont survécu à bien pire et je ne crois pas une seconde que le cauchemar présent éteindra l’identité nationale serbe. En fait, je crois que le peuple serbe sera réuni (le Monténégro ou la Bosnie sont à peu près à la Serbie ce que l’Ukraine ou la Biélorussie seraient à la Russie) et lorsque cela arrivera tous ceux qui ont participé au lynchage anglosioniste contre la Serbie auront trop honte d’eux-mêmes pour regarder le peuple serbe dans les yeux.

Aujourd’hui, l’Empire célèbre la victoire apparente de son tribunal bidon à La Haye. Mais il oublie que l’identité nationale serbe moderne est née après avoir subi une défaite beaucoup plus grande, cela dit, à quelques kilomètres seulement au nord-ouest de la prétendue « capitale » du Kosovo « indépendant », Pristina, dans un endroit appelé Kosovo Polje. Oui, la Serbie moderne est née d’une immense défaite ! Ceux qui se réjouissent aujourd’hui de leur victoire contre les Serbes devraient peut-être y réfléchir.

Pendant ce temps, l’Empire est toujours occupé à humilier, sa dernière victime étant le Comité olympique russe et, plus important, tous les athlètes russes et, encore plus important, tout le peuple russe. C’est tout à fait normal en ce moment et il serait naïf d’attendre quelque chose d’autre du genre d’ordre mondial international né le jour où l’Empire a attaqué la Serbie. Dans le proche avenir, l’hypocrisie, la trahison et la lâcheté resteront à l’ordre du jour même si rien ne peut être construit sur de telles contre-valeurs. L’hypocrisie, la trahison et la lâcheté sont également extrêmement peu inspirantes, donc elles portent en elles les germes de leur propre disparition. Par conséquent la libération du Kosovo ne sera pas seulement politique mais, et c’est plus important, également morale et spirituelle. Dans un monde dirigé et même défini par l’hypocrisie, la trahison, la lâcheté et, par dessus tout, par les mensonges, le Kosovo ne peut pas être libéré. Je dirais que nous, nous tous, ne mériterons pas un Kosovo libre tant que nous permettrons au mal de gouverner ce monde comme il le fait aujourd’hui. Mais je sais aussi que les mensonges, ou même la mort, ne peuvent pas vaincre la Vérité et que le Kosovo sera libéré.

The Saker

MISE À JOUR :

Oh là là, nous avons déjà nos Albanais et nos Croates qui se plaignent de moi en disant que je parle sans savoir puisque je suis un étranger et que je ne suis pas neutre. J’ai répondu à deux d’entre eux, et c’est tout. Je ne vais pas gaspiller mon temps ou mon énergie à faire plus. Si vous voulez connaître « leur » point de vue, lisez 99.999999999999999999999999999% de ce qui a été écrit à ce sujet ces dernières décennies par la machine de propagande anglosioniste. C’est « leur » point de vue.

Mon but était de vous dire la vérité comme je l’ai vue et comme je m’en souviens. Les disputes avec les protégés du Camp Bondsteel ou avec des sympathisants oustachis ne sont pas à mon programme. Que Dieu et l’Histoire soient leurs juges !

Bien à vous,
The Saker

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker francophone

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