Par Valentin Katasonov – Le 23 mars 2015 – Source strategic-culture
les Rothschild contre les Rockefeller
La fermeture du London Gold Fix (LGF), le 20 mars est une grande nouvelle. Le premier fixing de l’or à Londres a été réalisé en 1919; il y avait encore un court chemin à parcourir jusqu’à son centenaire. Son système de fonctionnement était assez simple. Cinq des principales banques de l’époque ont décidé un processus de fixation du prix de l’or pour atteindre un équilibre entre l’offre et la demande. Le fixing de l’or a fourni un taux reconnu qui a été utilisé comme référence pour la valorisation de la majorité des produits à base d’or et leurs dérivés dans l’ensemble des marchés mondiaux. Il y avait cinq banques et des courtiers pour constituer le London Bullion Market Association – LBMA. London Gold Market fixation Ltd. exerçait le contrôle administratif.
Pendant de nombreuses années, LGF a été perçu comme un instrument idéal pour la fixation du prix de l’or sur le marché mondial, en particulier pour les contrats individuels et les dérivés (or-papier). Les cour fixés ont été utilisés pour l’évaluation des réserves et des passifs d’or monétaire indexés sur le métal précieux (par exemple, les dépôts bancaires libellés en or). Bien que les inconvénients du système aient été camouflés, de plus en plus de questions ont été soulevées, en particulier au cours des vingt dernières années.
Le système de Bretton Woods a disparu dans les années 1970. L’or a cessé d’être un étalon monétaire pour devenir une matière première normale. Il aurait été logique de négocier l’or avec un prix fixé de la même manière que pour d’autres matières premières ordinaires. Au cours des dernières années, LGF semblait être un anachronisme, une structure ancienne créée pour compléter ou, dans une certaine mesure, remplacer les marchés ordinaires des métaux non-ferreux et précieux.
Les experts les plus perspicaces ont remarqué que LGF était un instrument idéal à la disposition des Rothschild pour contrôler le marché de l’or. Comme on le sait, l’étalon-or a été créé par Rothschild au XIXe siècle. Après les guerres napoléoniennes, la famille s’empara de la majeure partie de l’or européen, donc l’étalon-or l’a fabuleusement enrichie en garantissant une demande stable pour le métal précieux. Les Rothschild ne le vendaient pas aux banques centrales ou aux Trésors des autres pays. Au lieu de cela, ils ont accordé des crédits-or. La Première Guerre mondiale a mis fin au fonctionnement des mécanismes de l’étalon-or. Les Rothschild n’ont pas perdu de temps pour réagir. En 1919, ils ont créé LGF pour contrôler le marché mondial en fixant la valeur de l’or.
Les Rothschild contrôlés par NM Rothschild & Sons était la première banque des cinq. Elle a été fondée au début du XIXe siècle par Nathan Rothschild. Les autres membres du Golden Five étaient liés aux Rothschild par des liens invisibles. On peut dire que LGF était la créature de Rothschild. En 2003, NM Rothschild a abandonné le fixing de l’or, mais cela ne signifiait pas que la famille avait quitté l’entreprise. Elle contrôlait LGF en coulisses. À ce moment là, il y avait de nombreuses fraudes et manipulations qui affectaient le fonctionnement du marché; la situation aurait pu devenir incontrôlable. Il y avait un risque de scandale dans le monde entier. Pour éviter l’implication, les génies de la finance, les Rothschild, ont préféré rester dans l’ombre. Il se passait un tas de choses intéressantes dans le monde du commerce de l’or. Les médias contrôlés par les Rothschild ont fait de leur mieux pour étouffer le tout. Par exemple, les informations sur les manipulations du cours du tungstène n’ont été divulguées que dix ans après le découverte des faits.
L’élimination du LGF fait partie du grand jeu joué par les parrains de l’argent – Rothschilds et Rockefellers (ce sont les principaux actionnaires de la Réserve fédérale américaine). Les Rotschilds s’occupent de l’or, et les Rockefellers du dollar – la monnaie mondiale fabriquée par le système de la Réserve fédérale. Le rapport de forces entre les Rothschilds et les Rockefellers, qui sont partenaires et concurrents en même temps, est défini par l’équilibre entre le dollar et l’or. Il est bien connu que depuis quelque temps l’or a été largement sous-estimé. Le prix n’est jamais revenu au sommet atteint en 1980 (850 $ l’once) en valeur comparative, bien que la valeur nominale ait dépassé 1000 dollars depuis longtemps. À première vue, il faut en venir à la conclusion que les Rockefellers ont gagné la bataille et affaibli la position des Rothschilds. Mais il est fort possible que ce soit juste une combine de la part des Rothschilds, qui tentent de tourner la retraite temporaire en victoire stratégique pour vaincre les Rockefellers.
Il y a beaucoup de signes indirects qui indiquent que les Rothschilds ont joué le jeu d’abaisser le prix de l’or pour renforcer automatiquement le dollar. Ce n’est pas du masochisme financier. Durant les vingt dernières années, les Rothschilds ont utilisé divers stratagèmes occultes et criminels pour acheter le métal précieux, alors, naturellement, ils avaient besoin du prix le plus bas possible. Le fixing de l’or à Londres a fonctionné pour mener à bien cette tâche. Ils ont cherché l’or partout où ils pouvaient le trouver. Les banques centrales et les Trésors publics ont été les principales sources, en particulier le Trésor des États-Unis. Selon les données officielles, il y a 8 100 tonnes d’or stockées à Fort Knox. L’inventaire n’a pas été fait depuis soixante ans. Selon mes estimations, la probabilité de trouver 8 100 tonnes d’or est inférieure à 1%. Ron Paul, ancien membre du Congrès, qui est très critique à l’égard des autorités financières américaines, estime que la probabilité est encore plus faible.
Il y a beaucoup d’autres exemples de manipulations de la valeur de l’or avec la complicité du Système fédéral de réserve et du département du Trésor US, de la Banque d’Angleterre, de la LGF, de nombreuses banques de Wall Street, de la City de Londres, etc. Au début des années 2010 , il y avait suffisamment de preuves de discrédit pour faire réagir les organismes financiers des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Union européenne. Après la fin de la première vague de la crise financière, les intouchables – les banques de Wall Street, la City de Londres et l’Europe continentale – ont fait l’objet d’enquêtes pour traquer les manipulations. Il y avait des gros scandales, comme celui du Libor. Il y avait une série d’actions frauduleuses connectées au Libor ayant entraîné des enquêtes et des réactions. Le Libor est un taux d’intérêt moyen calculé à partir d’un échantillon de taux d’intérêt présentés par les grandes banques à Londres. Le scandale a surgi quand il a été découvert que les banques ont faussement gonflé ou dégonflé leurs taux de manière à profiter des opérations de change, ou pour donner l’impression qu’elles étaient plus solvables que ce qu’elles étaient. Les tribunaux ont prononcé des condamnations assez sévères et les banques ont dû verser des milliards d’amendes et des compensations. Les enquêtes concernant les actions frauduleuses sur le marché de l’or ont été repoussées pendant longtemps (le marché de l’or est un lieu sacré dans le système financier mondial), mais finalement le temps est venu d’examiner les opérations de LGF.
L’année dernière, il est devenu évident qu’il y avait le feu au lac. Les nerfs ont manqué à l’une des banques qui composent le Golden Five. Deutsche Bank a essayé de vendre sa place dans LGF, mais personne ne voulait l’acheter. En août 2014, la banque a quitté LGF, effrayée. Maintenant ils étaient quatre au lieu de cinq, avec Scotia Mocatta, HSBC, Société Générale, et Barclays Capital. Avant qu’un autre régulateur financier – la FCA [régulateur financier britannique, NdT] – ne lance une enquête contre Barclays Capital. Les autorités britanniques ont tenté d’étouffer le scandale en infligeant à Barclays une amende dérisoire de €30 milliards. De leur côté, les organismes financiers suisse et allemand ont lancé des enquêtes. Outre les banques participantes au LGF, ils ont également étudié les activités d’autres grands acteurs sur le marché des métaux précieux (or, argent, platine). Ces acteurs ont des liens étroits avec les banques du LGF et les banques centrales de certains pays, y compris la Banque des règlements internationaux (BRI). L’information est explosive. À mon avis, cela a provoqué la fermeture de la fixation de l’or.
D’une certaine manière, les manœuvres frauduleuses pratiquées par les cinq grands devenus ensuite les quatre grands sont souvent appelées manipulations du prix de l’or. Certes, les manipulations ont eu lieu. Elles ont réglementé l’offre et la demande pour les métaux précieux. L’enquête 2012-2014 sur les manœuvres frauduleuses pratiquées par rapport aux taux de change montre que la régulation de l’offre et de la demande a bien eu lieu. Alors pourquoi ne pas étendre ailleurs cette expérience acquise sur les manipulations de l’or ? Mais la manipulation des prix n’était pas la faute principale. La fraude majeure consistait dans le délit d’initié. Le processus de fixation des prix pouvait durer quelques minutes à quelques heures. Obtenir l’information du prix seulement quelques secondes avant son annonce officielle permettait de faire des profits énormes, compte tenu notamment du fait que de nombreux spéculateurs aiment travailler avec l’or papier [qui ne nécessite pas le transfert physique de l’or, NdT] (son chiffre d’affaires dépasse plusieurs fois le chiffre d’affaires de l’or physique) . Il y a une grande probabilité que les Rothschilds ont gagné beaucoup d’argent en vendant les informations d’initié aux organes sous leur contrôle.
Il est difficile de prévoir la suite de la crise rampante sur le marché mondial de l’or. Les informations disponibles montrent que le nouveau système de fixation des prix ressemble à la vente aux enchères la plus transparente avec un grand nombre de participants. Ils disent que les banques et les entreprises chinoises vont devenir les principaux acteurs de la fixation du prix de l’or avec une large participation. Si oui, le prix de l’or va rapidement grimper. Ce processus pourrait être réglementé pour éviter des excès à la hausse.
Beaucoup de choses au sujet des activités du LGF ne sont toujours pas connues. On ne peut que deviner. Une des suppositions dit que l’or est déjà allé dans les caisses des Rothschilds. Ils n’ont plus besoin de faire baisser les prix. Les Rothschilds étaient la principale force poussant à la fermeture du LGF. Il y a une certaine logique ici, plus tôt sera fermée la boutique d’approvisionnement en or appelée LGF, moins les enquêteurs auront de chances d’aller au fond des manœuvres frauduleuses pratiquées par les génies de la finance.
Il y a une autre version. Tout l’argent promis n’a pas été transféré et le risque de fuites révélant les sales tours pratiqués sur le marché de l’or a augmenté. La fermeture du LGF était une action urgente pour détruire les traces.
La troisième version. La fermeture pourrait être le résultat de querelles entre les Rothschild et les Rockefeller. Les Rockefellers ont décidé de frapper le ventre mou des Rothschilds–LGF. On savait, dès le début de 2015, que LGF allait cesser ses activités. La question aurait pu être progressivement rétropédalée mais, tout d’un coup, le département du Trésor américain a lancé une enquête de grande envergure liée aux possibles machinations du marché des métaux précieux. Au moins dix banques étaient soupçonnées : Barclays, JPMorgan Chase, Deutsche Bank, HSBC, Crédit Suisse, UBS, Goldman Sachs, Société Générale, Canadian Nova Scotia, South African Standard Bank. Trois banques de la liste sont sous forte influence des Rothschilds, en particulier Chase. En tout cas la fermeture du fixing de l’or à Londres est un signe de grands changements à venir dans le système financier mondial.
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone