… le département d’État publie une photo manipulée, pendant que l’équipe B pousse Trump à déclencher une guerre contre l’Iran
Par Moon of Alabama – Le 1er août 2019
Un vieux truc de propagande consiste à peindre ses ennemis avec des couleurs plus sombres que nous-mêmes.
Carl Zha @CarlZha - 1:25 UTC - 31 juil. 2019 Les flics de Hong Kong à la peau foncée contre les manifestants de Hong Kong à la peau blanche. Je l'avais complètement raté, mais quelqu'un m'a fait remarquer que les bandes dessinées des Graphiste DDED pro-manifestants dépeignent les "méchants" flics de Hong Kong et les chemises blanches de Yuen Long avec un teint de peau foncée tandis que les protestataires sont dessinés avec une peau claire.
Notez également les couleurs de cheveux blonds/noirs utilisées qui contredisent bien sûr les réalités physionomiques des habitants de Hong Kong. On peut se demander quel groupe de spécialistes étatsunien de la révolution de couleur a donné aux graphistes protestataires de telles idées racistes. De tels graphiques faits pour nous manipuler, c’est de la méprisable propagande.
Mais c’est d’autant plus maléfique lorsque le département d’État américain se livre ouvertement à de telles tactiques et manipule des photos originales pour obtenir un effet similaire :
Secrétaire Pompeo @SecPompeo - 22:45 UTC - 31 juil. 2019 Récemment, le président @realDonaldTrump a sanctionné le Guide suprême de l'Iran, qui s'est enrichi aux dépens du peuple iranien. Aujourd'hui, les États-Unis ont désigné son apologiste en chef @JZarif. Il est tout aussi complice du comportement hors-la-loi du régime que le reste de la mafia @khamenei. Agrandir
Voici une capture d’écran du tweet original et du graphique joint.
Une recherche d’images inversée via Tineye.com révèle que l’image originale utilisée dans le graphique ci-dessus a été publiée pour la première fois par le Seattle Times le 10 juin. C’est la deuxième dans la galerie au-dessus de cet article. Sur cette photo, le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif écoute la question d’un journaliste. C’est la seule image de la série dans laquelle Zarif ne sourit pas :
La légende de toute la série est :
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif s'exprime lors d'une conférence de presse avec son homologue allemand, Heiko Maas, après leurs entretiens à Téhéran, Iran, le lundi 10 juin 2019. (....) (AP Photo/Ebrahim Noroozi)
L’image de l’agence AP et la découpe du graphique dans le tweet de Pompeo montrent les mêmes détails et ont la même taille :
Même chose que ci-dessus avec la saturation des couleurs annulée dans la deuxième image :
Il est évident que l’image que Pompéo diffuse a été artificiellement obscurcie pour donner à Zarif un air plus « diabolique ». L’arrière-plan a été manipulé pour donner l’impression qu’il s’agit d’un mur brut non peint. De plus, un calque a été ajouté pour mettre un halo sombre autour de la tête de Zarif.
Les raisons invoquées pour justifier l’excommunication la sanction contre le ministre iranien des Affaires étrangères sont ridicules. Un communiqué de presse de Pompeo dit :
Aujourd'hui, les États-Unis ont sanctionné le ministre des Affaires étrangères du régime iranien, Mohammad Javad Zarif, qui agit au nom du Guide suprême. Le ministère des Affaires étrangères de l'Iran n'est pas seulement le bras diplomatique de la République islamique d'Iran, mais aussi un moyen de faire progresser bon nombre des politiques déstabilisatrices du Guide suprême. Le ministre des Affaires étrangères Zarif et le ministère des Affaires étrangères qu'il dirige suivent les directives du Guide suprême et de son bureau. Le Ministre des affaires étrangères, Zarif, est l'un des principaux catalyseurs des politiques de l'Ayatollah Khamenei dans la région et dans le monde. La mise au ban de Javad Zarif reflète aujourd'hui cette réalité.
Le Trésor américain a mis Zarif sur sa liste spéciale des ressortissants et entités nationales excommuniés bloqués :
Collectivement, ces individus et sociétés sont appelés "Specially Designated Nationals" ou "SDN". Leurs avoirs sont bloqués et il est généralement interdit aux ressortissants américains de faire affaire avec eux.
Malgré ces nouvelles sanctions, Zarif est toujours sur Twitter. Cela est susceptible de changer bientôt car Twitter devra maintenant le bloquer :
Javad Zarif @JZarif - 22:33 UTC - 31 juil. 2019 La raison pour laquelle les Etats-Unis m'ont désigné est que je suis le "principal porte-parole de l'Iran dans le monde". La vérité est-elle vraiment si douloureuse ? Cela n'a aucun effet sur moi ou ma famille, car je n'ai pas de biens ou d'intérêts à l'extérieur de l'Iran. Merci de me considérer comme une telle menace contre votre projet.
Javad Zarif @JZarif - 1:23 UTC - 1er août 2019 Nous savons que l'appel au dialogue et à la paix est une menace existentielle pour la #B_Team. Et puisque mes mots sont la raison de ma sanction, les étatsuniens auront-ils besoin d'une autorisation de l’OFAC pour "s'engager" avec moi en lisant mes écrits ou en écoutant mes interviews ? cc : @stevenmnuchin1 cc : @SecPompeo cc : @jack
Les membres de «l’équipe B» sont John Bolton, le prince héritier saoudien, clown Bin Salman, le cheik Bin Zayed des États Arabes Unis et « Bibi » Netanyahoo.
Le président iranien Hassan Rouhani a qualifié le comportement des États-Unis d’« enfantin ».
Les sanctions stupides contre Zarif ont été introduites pour détourner l’attention du public du fait que l’administration Trump n’a pas osé éliminer les dérogations aux sanctions pour la livraison de combustible nucléaire à l’Iran et pour d’autres activités nucléaires civiles. L’Iran réagirait à l’élimination de ces dérogations en augmentant sa propre production d’enrichissement et de carburant :
Alors même que la Maison-Blanche dévoilait les sanctions contre Zarif, elle a tranquillement renouvelé les dérogations qui permettront à l'Iran de continuer à recevoir une aide internationale pour ses projets nucléaires civils. En vertu de ces dérogations, la Chine et d'autres pays aident l'Iran à transformer ses installations nucléaires pour s'assurer qu'elles ne peuvent pas servir à produire de l'uranium ou du plutonium de qualité militaire. Les va-t-en-guerre de Washington avaient fait pression sur l'administration Trump pour qu'elle sanctionne les pays engagés dans cette activité, tandis que leurs détracteurs disaient qu'elle encouragerait l'Iran à se doter d'une arme nucléaire. La décision de l'administration de sanctionner Zarif a détourné l'attention de sa renonciation aux sanctions et a pu désamorcer la colère des partisans de la ligne dure.
La dernière idée folle de Trump fut de demander au sénateur le plus va-t-en-guerre de préparer un nouvel accord avec l’Iran :
Le sénateur Lindsey Graham (R-SC) travaille en étroite coordination avec les hauts responsables de l'administration Trump qui s’occupent de la politique du Moyen-Orient pour trouver une alternative à l'accord de l'administration Obama avec l'Iran, ont déclaré au Daily Beast quatre personnes au courant de l’initiative. Selon deux de ces sources, une partie de cet effort consiste à recueillir les idées d'acteurs extérieurs, y compris de fonctionnaires étrangers.
Il est facile de deviner qui sont ces « fonctionnaires étrangers » :
On ne sait pas exactement où en est l'équipe qui élabore cette proposition, mais Graham s'est rendu en Israël, au début de ce mois-ci, pour rencontrer des fonctionnaires au sujet de la situation avec l'Iran. Dans une interview accordée au Daily Beast mercredi, Graham a déclaré qu'il avait parlé à plusieurs reprises à Trump de ses idées pour un nouvel accord nucléaire et que le président les envisageait. Le sénateur a déclaré que les États-Unis devraient demander au régime iranien d'accepter un prétendu accord 123 - un engagement juridiquement contraignant qui oblige les pays qui concluent des accords sur le nucléaire avec les États-Unis à respecter des normes de non-prolifération. Les États-Unis ont signé cet accord avec plus de 40 pays.
Graham ne veut pas vraiment que l’Iran adhère à la norme 123. C’est une ruse qu’il veut utiliser pour attirer l’Europe du côté américain :
"Je l'ai dit au président : Mettez la norme 123 sur la table avec les Iraniens. Faites-leur dire "non", a dit Graham au Daily Beast. "Je pense que les Iraniens diront non. Et que cela forcera les mains des Européens." Les États-Unis devraient également exiger de l'Iran qu'il adhère à la "norme suprême", un engagement à ne pas enrichir et retraiter le combustible nucléaire, a dit Graham. L'enrichissement et le retraitement sont des étapes clés sur la voie de l'arme nucléaire.
L’enrichissement et le retraitement sont des étapes clés pour fabriquer son propre combustible nucléaire. Les États-Unis ont à plusieurs reprises sanctionné l’achat de combustible nucléaire par l’Iran. Le pays serait fou de dépendre à jamais des autres pour le fournir.
L’idée de Graham est stupide. Les Européens ne tomberont pas dans son piège. L’accord nucléaire du JCPOA avec l’Iran, que les Européens ont cosigné, reconnaît expressément le droit inaliénable de l’Iran à enrichir son combustible nucléaire dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Ce n’est qu’après que l’administration Obama eut admis que l’Iran avait ce droit que l’Iran a accepté de négocier cet accord nucléaire. Cette position ne changera pas.
Trump semble vraiment vouloir un accord avec l’Iran. Mais il s’est entouré de gens puérils, Bolton, Pompeo et maintenant même Graham, qui tous ne veulent pas d’un accord. Ces gens veulent la guerre. Ils veulent coincer Trump dans les cordes où la seule issue pour lui sera de lancer une guerre contre l’Iran.
Comme Trump manque d’informations sur le sujet et n’a aucune idée de la façon de conclure un accord avec l’Iran, les chances de l’y amener sont très élevées.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone
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