L’establishment de Washington est passé maître dans l’art de prendre ses désirs pour des réalités.
Le 28 décembre 2015 – Source Moon of Alabama
Voici quelques grands titres récents des médias officiels de Washington
- Les États-Unis à Poutine: Bienvenue dans le bourbier ISIS – 29 septembre
- Obama: La Syrie sera un bourbier pour la Russie – 2 octobre
- Le bourbier russe anéantit tout espoir de vaincre ISIS – 16 octobre
- Les Russes sont favorables aux frappes aériennes en Syrie malgré le souvenir lancinant du bourbier afghan – 20 octobre
- La Russie risque de s’enfoncer dans un bourbier en Syrie – Vice-secrétaire d’État étasunien – 31 octobre
- Le bourbier syrien – 3 novembre
- Le bourbier de Poutine en Syrie prouve qu’Obama avait raison – 9 décembre
- Les mésaventures de Poutine au Moyen-Orient – 11 décembre
- La Syrie est-elle déjà un bourbier pour Poutine? – 12 décembre
Tout ceci est un tissu de sottises et de propagande. L’establishment de Washington est passé maître dans l’art de prendre ses désirs pour des réalités. Le gouvernement et l’armée russes savaient exactement ce qu’ils faisaient. Après une centaine de jours d’assistance militaire russe au gouvernement syrien, les résultats arrivent. Ils ont l’air bons. État islamique a perdu la plus grande partie de ses revenus pétroliers et ses marges de manœuvres sont réduites. L’armée syrienne et ses alliés progressent contre leur différents ennemis sur plusieurs fronts. Le coût de l’expédition russe est relativement faible.
Cette réalité est en train de se faire jour :
Selon les États-Unis, les coûts sont supportables pour la Russie et les objectifs russes sont atteint en Syrie pour l’instant – 28 décembre
Trois mois après le début de son intervention militaire en Syrie, le président russe Vladimir Poutine a atteint son principal objectif, qui était de stabiliser le gouvernement Assad et, comme les coûts sont relativement faibles, les opérations militaires pourraient se poursuivre à ce niveau pendant des années, selon des officiels étasuniens et des experts militaires. […]
«Je pense qu’il est incontestable que le régime d’Assad, avec le soutien militaire de la Russie, est probablement dans une position plus sûre qu’il ne l’était», a déclaré un responsable de l’Administration qui a requis l’anonymat. Cinq autres officiels américains interrogés par Reuters pensent aussi que la mission russe a été largement réussie jusqu’ici pour un coût relativement bas.
Des officiels américains ont souligné que Poutine pourrait rencontrer de sérieux problèmes si son implication dans la guerre civile qui dure depuis plus de quatre ans se prolongeait.
Pourtant, depuis que la campagne a commencé le 30 septembre, la Russie a subi des pertes minimales et, en dépit de difficultés budgétaires nationales, elle couvre sans aucun problème le coût de l’opération, que les analystes estiment à 1 ou 2 milliards de dollars par an. La guerre est financée par le budget annuel régulier de la Défense de la Russie, qui est d’environ 54 milliards de dollars, selon un officiel du renseignement américain.
Grâce à l’aide russe, le temps est désormais l’allié du gouvernement syrien. En effet, plus cela prend de temps de parvenir à un accord négocié avec les divers groupes soutenus de l’extérieur, moins ces groupes et leurs commanditaires auront de pouvoir sur le terrain et d’influence sur l’issue de négociations. État islamique et plusieurs autres groupes salafistes comme Ahrar al-Sham vont se réduire à des forces terroristes clandestines. Elles pourront continuer à attaquer ici ou là mais elles ne pourront pas tenir de terrain. Malheureusement, des attentats comme le triple attentat-suicide d’aujourd’hui à Homs, qui a tué environ 50 civils, continueront de se produire pendant un certain temps. Le plus grand défi sera la défaite de Jabhat al-Nusra, al-Qaïda en Syrie. Ce groupe s’est enraciné dans le sol et dans la population locale. Il sera le plus difficile à éradiquer. Il va falloir le couper de ses sponsors et de son ravitaillement pour pouvoir le vaincre. Les services secrets locaux vont devoir infiltrer le groupe pour atteindre ses leaders.
La Russie n’a pas encore engagé toute sa puissance en Syrie. Elle attend que les Services de renseignement lui fournissent un tableau plus complet de la situation avant de s’attaquer aux plus petites unités de l’opposition. Cela peut prendre encore un mois. La grande offensive du gouvernement contre ses ennemis dans la province et la ville d’Idlib est également encore en préparation. A moins d’un événement extérieur imprévu, ce sera le principal mouvement des six prochains mois.
Traduction : Dominique Muselet