Par Rong Xiaoqing – Le 25 février 2014 – Source globaltimes.cn
Soudain, tout le monde semble parler de House of Cards. Mes amis américains sont en concurrence avec d’autres dans une course non-stop pour finir la deuxième saison du thriller politique sur Netflix. Mes amis en Chine continuent de mettre à jour leur progression sur leurs comptes WeChat.
Le président américain Barack Obama a averti ses disciples sur Twitter de ne pas révéler l’intrigue. Et certains hauts fonctionnaires en Chine sont supposés être des fans fébriles.
Une partie de cette frénésie est due à une astuce intelligente du marketing de Netflix. Cette série, comme la première, est disponible d’un seul trait, de sorte que si vous voulez l’avaler en une nuit et terminer le tout au petit matin, vous le pouvez.
Cela crée un niveau d’excitation qui n’existe pas quand une série est proposée sur plus de douze semaines de manière traditionnelle. Ajoutez à cela la décision de libérer la série simultanément en Chine sur sohu.com, avec une série de complots qui touche à de nombreux problèmes sino-américaines, et vous avez une recette pour un succès bien au-delà des côtes américaines.
Mais vous le devez aussi à Frank Underwood, joué avec brio par Kevin Spacey, l’habile politicien qui est le personnage principal de House of Cards.
C’est, bien sûr, toujours une fiction. Dans le monde réel, il est peu probable qu’un membre du Congrès pourrait littéralement s’en sortir en assassinant, en manipulant tout ceux qui entrent en contact avec lui, et encore réussir à être promu vice-président. Même Obama a plaisanté : «Ce gars sait faire beaucoup de choses, je souhaiterais que les choses puissent être aussi impitoyablement efficace.»
Cela pourrait être un point particulièrement important à garder à l’esprit pour le public en Chine, étant donné la tendance de beaucoup à confondre les descriptions fictives avec la vie réelle aux États-Unis, et le fait que beaucoup d’entre eux prennent le spectacle comme la politique des États-Unis.
Mais même sans élément de la politique chinoise dans cette saison, le spectacle aurait, malgré tout, touché une corde sensible en Chine.
La série est à la base une version de L’art de la guerre, un ancien livre chinois des tactiques militaires que l’on suppose avoir été écrit par le philosophe Sun Tzu transposé à la Maison Blanche et au Congrès.
Voyez vous-même :
Underwood : Après tout, nous ne sommes ni plus ni moins que ce que nous choisissons de révéler.
Sun Tzu : Toute guerre est basée sur la tromperie.
Underwood : Pour ceux d’entre nous qui montent au sommet de la chaîne alimentaire, il ne peut y a voir de pitié. Il n’y a qu’une règle : chasser ou être chassé.
Sun Tzu: Ainsi l’expert militaire fait bouger l’ennemi, et n’est pas bougé par lui.
Mettez tout ça ensemble et sentez comme le politicien américain moderne fictif et l’ancien philosophe chinois se parlent à propos de stratégie. Et vous n’avez pas besoin de comprendre les collectes de fonds, les élections à mi-mandat, les super comités d’action politiques et les flibustiers pour admirer ces tactiques.
Élu ou pas, les gens qui ont le pouvoir peuvent facilement être intoxiqués, devenir accros et être noyés par lui. Avec ou sans élections générales, toutes sortes de vices peuvent se développer dans le désir d’obtenir, de maintenir et d’augmenter le pouvoir.
Bien sûr, il y a des moments dans House of Cards où les électeurs comptent, lorsque la cote de popularité du président est en chute libre, par exemple. Mais même cela semble être une démonstration de la façon dont les opinions du public peuvent être utilisées et manipulées par les stratèges.
La Chine et les États-Unis peuvent avoir leurs propres règles dans le jeu de la politique. Mais parfois, les règles ne sont pas aussi importantes que les joueurs – surtout quand ils sont aussi les arbitres qui peuvent faire, interpréter et modifier les règles. Comme Underwood le dit : «Parmi toutes les choses que je tiens en haute estime, il n’y a pas de place pour les règles.»
La Chine et les États-Unis peuvent avoir chacun leurs propres moyens pour brider la bestialité du pouvoir. Mais l’ennemi auquel ils doivent faire face, c’est la nature humaine et les ambitions qu’elle nourrit, ambitions qui peuvent conduire à la corruption à grande échelle, sauf si elles sont bien gérées.
Cela peut être la raison pour laquelle sévir contre la corruption est un travail difficile à la fois en Chine et aux États-Unis. Et c’est aussi la raison pour laquelle le public dans les deux pays tend à se saisir de toute tentative de le faire.
Rong Xiaoqing