La torture étasunienne, le coup saoudien et les crimes de l’EI


« Par, avec et à travers des alliés »


Moon of Alabama

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Par Moon of Alabama – Le 22 juin 2017

L’armée américaine et / ou la CIA ont sous-traité une partie de leur campagne de torture en cours au Yémen aux Émirats arabes unis, selon l’AP. Certains « interrogatoires » se font en présence de personnel américain sur des navires américains.

M0UKALLA, Yémen (AP) – Des centaines d’hommes arrêtés au cours de la chasse aux combattants d’al-Qaïda ont disparu dans un réseau secret de prisons du sud du Yémen où les abus sont routiniers et où les tortures atroces vont jusqu’au « grill », une méthode de torture où la victime est attachée à une broche comme un rôti pour la faire tourner au feu, selon une enquête de l’Associated Press.

De hauts responsables américains de la défense ont reconnu mercredi que les forces américaines ont été impliquées dans les interrogatoires de détenus au Yémen mais ont nié avoir participé à des violations des droits de l’homme ou même en avoir eu connaissance.

[…]

Dans un important complexe de détention de l’aéroport de Riyan, dans la ville méridionale de Moukalla, d’anciens détenus ont raconté qu’ils avaient été entassés dans des conteneurs pleins d’excréments et qu’on les avait gardés cagoulés pendant des semaines d’affilée. Ils ont dit qu’ils avaient été battus, mis sur le « grill » et agressés sexuellement. Selon un membre de l’Hadramawt Elite, une force de sécurité yéménite créée par les Émirats arabes unis, les forces américaines étaient parfois à quelques mètres seulement.

Il y a depuis longtemps des rumeurs au Yémen selon lesquelles les détenus sont transportés sur des navires américains à l’ancre pour des « interrogatoires » intensifs :

@ BaFana3 – 3h42 · 6 mai 2016

« Tous au #Yémen maintenant : porte-avion américain, 2 destroyers navals, un groupe amphibie prêt et une unité expéditionnaire de la marine. Cela fait près de 15 000 soldats

Maintenant, je connais les navires sur lesquels ont été emmenés les combattants d’AQAP capturés à Al Moukalla, Hadhramaout»

Selon l’AP aujourd’hui :

Un officier yéménite qui a été en service un certain temps sur un navire au large de la côte a déclaré qu’il avait vu au moins deux détenus amenés sur le navire pour interrogatoire. Les détenus ont été emmenés sous le pont, où, selon ses informations, des « experts polygraphiques » 1 et des « experts psychologiques » américains menaient des interrogatoires.

[…]

Deux hauts fonctionnaires du Yémen, un au ministère de l’Intérieur de Hadi et un autre dans le 1er district militaire basé dans la province de Hadramaout, où Moukalla est situé, ont également déclaré que les Américains effectuaient des interrogatoires en mer, tout comme un ancien haut responsable de la sécurité à Hadramawt.

D’anciens détenus et un officiel du Yémen ont fourni à l’AP le nom de cinq suspects détenus sur des « sites noirs », qui ont été interrogés par des Américains.

Les EAU font partie de l’appareil de torture des « sites noirs » de la CIA. Ses agents sont donc bien formés par la CIA. Les militaires américains et / ou la CIA semblent maintenant leur avoir sous-traité, la plupart des trucs « sales ». Cela ne rend pas les États-Unis moins coupables.

L’administration Obama avait appelé cette manière de procéder « par, avec et à travers » les alliés. L’administration Trump lui emboîte le pas.

Les « combattants » torturés n’étaient probablement pas des gars d’al-Qaïda. Al-Qaïda dans la péninsule arabe tenait la ville portuaire de Moukalla au Yémen. Les EAU ont « libéré » la ville en avril 2016 en concluant avec AQAP un accord qui a permis à ces derniers de quitter la ville. Les EAU sont des alliés de ce groupe tout en luttant contre les Houthis yéménite. Si les équipes de torture des États-Unis croient qu’ils « interrogent » de vrais combattants d’« al-Qaïda », ils ont été trompés par les équipes des EAU.

L’armée des États-Unis nie, bien sûr, toutes les accusations de torture ; et la CIA, évidemment, ne fait pas de commentaire, mais tente de discréditer les accusateurs. Nous avons déjà souvent entendu ce genre de démentis.

***

Hier, un prince bouffon 2 de la famille al-Saud a remplacé un autre prince bouffon de la famille al-Saoud pour prendre la succession du vieux roi de la famille al-Saoud qui va bientôt être débarqué. Ceci, dans un pays qui porte le nom de la famille al-Saoud. On est quasiment certain que cela va se passer ainsi. Le prochain dictateur-roi Mouhammad bin Salman bin Abdulaziz Al Saoud, le gars qui a une dette publique, est porté aux nues dans les médias américains. Ce n’est pas étonnant. Il a beaucoup d’argent et aucune idée de sa valeur. Il a payé 500 millions d’euros un navire usagé qui n’avait coûté, neuf, que 300 millions d’euros, il y a six ans. Il va distribuer son argent ici ou là chaque fois qu’un journaliste écrira un bel article sur lui. Si le ou la journaliste est vraiment bon(ne), il ou elle touchera un pot de vin à la faveur d’un contrat d’armement garanti par la CIA avec les cheiks du Golfe. Bin Salman n’est pas très intelligent. Il est allé en Israël et est en contact permanent avec les responsables israéliens. Son programme de développement pour l’Arabie saoudite, basé sur l’austérité, a été élaboré par des consultants de McKinsey et a donc de grandes chances d’échouer. Avec son positionnement anti-iranien extrémiste, il fait l’effet d’une simple marionnette américo-israélienne.

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Les 26 millions de personnes sur lesquelles il règne n’apprécieront pas non plus. Beaucoup de citoyens de la péninsule arabe voudront voir sa tête au bout d’une pique. La Maison Saoud n’est plus qu’un château de cartes qui va s’écrouler.

L’avènement de Mouhammad bin Salman en tant que roi saoudien est, en partie, un projet de son mentor, le prince bouffon Emirati Mohamed bin Zayed. Bin Zayed dirige les Émirats arabes unis. L’expression « par, avec et à travers » les alliés, nous revient à l’esprit.

***

Les dirigeants saoudiens ont encouragé et financé, avec le Qatar, la prise de contrôle de l’État Islamique sur l’Irak et des pans de la Syrie. Ils ont également contribué au financement de la campagne de Clinton. Les terroristes d’État islamique viennent de faire exploser, à Mossoul, la mosquée d’al-Nuri vieille de 845 ans. Le leader de l’EI, Baghdadi, s’est fait introniser calife dans cette mosquée, et l’armée irakienne était sur le point de la reprendre.

L’article du NYT sur la destruction de la mosquée appelle les nihilistes de l’EI des « militants » :

Depuis le début de son règne ou presque, L’État islamique a systématiquement détruit ou endommagé des monuments ou sanctuaires importants, les uns après les autres […] Dans la bibliothèque de Mossoul, des « militants » ont brûlé des milliers de vieux livres et manuscrits.

Un autre article du NYT a récemment qualifié les soutiens de Bernie Sanders de « militants » :

La tension croissante entre l’aile militante en croissance du parti et les Démocrates, qui se disputent un terrain à tendance conservatrice, est apparue au grand jour pendant le week-end. À Chicago, le sénateur Bernie Sanders a mené…

Apparemment, défendre une couverture santé publique universelle est comparable aux massacres sectaires de milliers de personnes ou à l’explosion de lieux de culte centenaires. Seuls des « militants » font ce genre de choses. Mais ne vous risquez surtout pas à comparer le parrainage saoudien de l’EI à celui d’Hillary Clinton. Même quand les Saoudiens font les deux.

Faire le lien entre la torture émirati / CIA au Yémen, le parrainage émirati du prochain roi saoudien, le parrainage saoudien la campagne Clinton sous l’égide de la CIA, la famine 3 causée par les États-Unis et l’Arabie saoudite, et le terrorisme de l’EI, n’est pas kasher – même s’il y a des liens directs entre tous ces éléments.

Soit dit en passant, Trump ne vaut pas mieux que Clinton dans ce domaine. Son soutien à l’agressif nouveau dirigeant saoudien au moment où un avion américain abat un avion syrien qui attaquait l’EI n’a probablement rien d’une coïncidence.

Mais ce sont les progressistes qui sont des « militants » !

Moon of Alabama

Notes

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  1. Polygraphe : détecteur de mensonges
  2. Dans le texte : Clown prince. Jeu de mot intraduisible entre crown prince et clown
  3. Au Yémen
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