Le 29 mai 2015 – Source Russia Insider
En février dernier, la Russie a détaillé une alternative à SWIFT qui relierait 91 banques du pays à la Banque centrale de Russie.
D’un côté, le plan constituait un mouvement de plus dans le sens d’une dédollarisation mondiale, mais d’un autre, il résultait d’une nécessité, lorsque la Russie a commencé à croire qu’elle pourrait être expulsée de SWIFT, en punition de son soutien aux rebelles en Ukraine. Le Premier ministre Dmitry Medvedev a averti qu’il pourrait y avoir des conséquences illimitées si l’Occident décidait un gel punitif de SWIFT.
Deux mois plus tard, Moscou recevait un siège au conseil d’administration de SWIFT.
Maintenant, la Russie fait un pas de plus vers la dédollarisation en suggérant qu’une alternative des BRICS à SWIFT pourrait être dans les cartons. Russia Today en dit plus :
La Banque centrale de Russie a proposé une discussion concernant la réalisation d’un réseau mondial analogue à SWIFT pour la transmission de l’information financière, qui traite quotidiennement quelque $6 mille Mds de transactions.
La BCR espère réduire les risques potentiels de perturbations
«Pour parler sérieusement, il n’y a pas de système analogue à SWIFT pour le moment dans le monde, il est unique. Le seul sujet qui peut tous nous intéresser au sein des BRICS est d’examiner et de discuter de la possibilité de mettre en place un système qui s’appliquerait aux pays BRICS, et serait utilisé comme une sauvegarde», a expliqué vendredi la gouverneure adjointe de la Banque centrale de la Fédération de Russie, Olga Skorobogatova.
Cela arrive au moment où la Russie (qui, incidemment, est le deuxième plus important utilisateur de SWIFT) est chargée d’organiser un sommet des BRICS à Urfa les 8 et 9 juillet, où la banque BRICS dotée d’un capital de $100 Mds sera lancée officiellement parallèlement à la mise en place d’une réserve en devise du même montant. Tout comme la banque AIIB dirigée par la Chine, la banque BRICS est à bien des égards une réponse à l’échec des institutions multilatérales dominées par les États-Unis, afin de répondre aux besoins de la modernité et offrir une représentation en rapport avec le poids économique de ses membres.
Cette situation ne devrait pas changer de sitôt parce que, comme nous l’avons analysé plus tôt dans ce mois, la Maison Blanche a signalé qu’elle n’était pas disposée à renoncer au droit de véto des États-Unis, même si cela signifie instaurer et imposer des mesures pour une réforme du Fonds sans l’approbation du Congrès. Le Washington Post a élégamment résumé la situation après le 6e sommet des BRICS l’été dernier:
Bien que les BRICS représentent plus d’un cinquième de l’économie mondiale, ensemble ils détiennent à peu près 11% des voix au FMI. Mais réformer la gouvernance des institutions de Bretton-Woods a rencontré un certain nombre d’obstacles. En 2008 et de nouveau en 2010, une réforme des quotas au FMI a été tentée afin de doubler le total des engagements financiers de tous les pays membres, tout en donnant en même temps davantage de parts dans les votes aux pays BRICS. Comme cela exigeait davantage de contributions de la part des membres des gouvernements des pays riches, plusieurs ont refusé, pour des raisons différentes.
La Russie va aussi de l’avant avec des plans visant à établir une union monétaire eurasienne, quelque chose dont nous avons parlé il y a quelques mois. Voici ce que nous disions en mars:
S’il y a une personne attentive qui a compris que les États-Unis ne renonceraient jamais au monde unipolaire des années 1980, bien que ce dernier soit depuis longtemps révolu, c’est bien le Russe Vladimir Poutine, qui a proposé aujourd’hui de créer une union monétaire eurasienne, dont les premiers membres seraient la Biélorussie et le Kazakhstan, qui sont déjà des partenaires de la Russie dans une union politique et économique constituée d’anciennes républiques soviétiques.
Sputnik News a les dernières informations :
La Russie est prête à considérer la création d’une union monétaire avec d’autres membres de l’Union économique eurasienne (UEE), a déclaré jeudi le Premier ministre Dmitry Medvedev.
«Dans ce format [UEE], il serait possible d’envisager éventuellement la création d’une union monétaire», a dit Medvedev.
Le Premier ministre est actuellement au Kazakhstan pour une session du Conseil intergouvernemental eurasien.
L’UEE, officiellement entrée en vigueur le 1er janvier 2015, comprend l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan et la Russie. Le bloc vise à atteindre une plus grande intégration économique, incluant la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et de la main d’œuvre dans ses états membres.
Avec cela, nous avons trois étapes de dédollarisation, la première quand la Russie tend à couper le lien critique du dollar en créant un système alternatif soutenu par des puissances émergentes, la seconde quand celles-ci se préparent à lancer leur propre banque de développement lors de la rencontre de juillet à Urfa, et enfin la troisième lorsque que Moscou examine en même temps comment sceller des liens économiques avec ses alliés régionaux par la création d’un bloc monétaire.
Beep – Beep, roi dollar, tu vacilles sur ton trône.
Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone
Article original paru dans Zero Hedge