… et bataille aux Nations Unies pour le contrôle de l’aide humanitaire
Par Moon of Alabama − Le 20 décembre 2019
La campagne de l’armée syrienne pour libérer le gouvernorat d’Idleb détenu par des terroristes a repris hier. La campagne a été interrompue fin août après des négociations de cessez-le-feu entre la Turquie et la Russie. Depuis lors, près d’un millier de personnes sont mortes des deux cotés, aux alentours d’Idleb, lors d’escarmouches et d’attaques d’artillerie lancées par des rebelles sur la ville d’Alep et de frappes aériennes syriennes et russes.
L’objectif général de la reprise de cette campagne est de libérer les villes de Maarat al-Numan et Saraqib et de prendre le contrôle de l’autoroute M5 nord-sud entre Hama et Alep.
Le front actuellement le plus actif se situe au sud-est du territoire où au moins deux axes d’attaques ont lieu en direction de Maarat a-Numan, ville qui comptait 80 000 habitants au début de la guerre contre la Syrie. Le terrain est relativement plat et permet de faire bon usage des chars.
La campagne terrestre est appuyée par plus de cent bombardements aériens par jour et par des frappes d’artillerie lourde.
L’agence de presse syrienne SANA annonce ses premiers succès :
Vendredi, les unités de l'armée arabe syrienne ont nettoyé les villages et les fermes d'Um Jalal, Rabe'a, Khreibah, Sh'aret al-Ajayz, Barnan et Um Twineh, Tal Mahoo, al-Fariha, Bresa et Tal al-Sheeh au sud-est d'Idleb après de violents affrontements avec des organisations terroristes, leur infligeant de lourdes pertes. ... Le journaliste a indiqué que les fermes et les villages qui avaient été nettoyés comprenaient des quartiers généraux de base, utilisés par les organisations terroristes pour attaquer les zones de sécurité et lancer des roquettes sur des civils dans la campagne du sud-est d'Alep et la campagne du nord de Hama.
L’Observatoire syrien en Grande-Bretagne a confirmé les progrès. Il signale en outre qu’au moins 38 «rebelles» ont été tués.
Un autre combat contre la Syrie se déroule actuellement aux Nations Unies. La résolution 2165 du Conseil de sécurité de l’ONU doit être renouvelée chaque année. Elle réglemente l’accès de l’aide humanitaire de l’ONU à des pays tiers dans diverses régions de la Syrie qui, à un moment donné, n’étaient pas détenues par le gouvernement syrien. La Russie souhaite que cette règle soit modifiée pour s’adapter aux nouvelles circonstances, en particulier dans le nord-est de la Syrie.
Nous n'avons jamais été vraiment enthousiasmés par des choses telles que les opérations humanitaires transfrontalières [qui se font à partir de pays tiers et non de Syrie, NdT], car cela va à l'encontre des principes de base de l'ONU en matière d'assistance humanitaire. Néanmoins, nous y sommes allés, car nous comprenions que, compte tenu du contexte qui existait en Syrie, une telle méthode de fourniture d'aide humanitaire à ceux qui en avaient besoin était nécessaire. Maintenant, les choses ont changé. Le gouvernement de la Syrie contrôle la majeure partie du territoire. L'assistance humanitaire est fournie selon la procédure habituelle - avec le consentement de Damas. Sur quatre passages pour cette assistance transfrontalière, seuls deux sont réellement utilisés. Nous nous rendons compte qu’une partie de la population syrienne, à Idleb en premier lieu, a encore besoin de livraisons humanitaires, ce qui, entre autres, est lié à l’hiver qui arrivera bientôt. Probablement, en ce moment, ces soi-disant «livraisons transfrontalières» sont le moyen le plus simple pour ceux qui ont besoin d'aide. Sur la base de ces considérations et d'autres considérations humanitaires, nous avons présenté notre projet de résolution qui propose de prolonger ce mécanisme pour une nouvelle période de six mois.
La Russie est également préoccupée par le fait que l’aide va à certains groupes et non à ceux qui en ont besoin. Il souhaite que les passages actuels de l’aide de l’ONU vers le nord-est de la Syrie soient fermés.
Des parties du nord-est de la Syrie sont sous le contrôle de la Turquie et des parties sont sous contrôle américain, avec l’aide du YPG kurde. Mais la majeure partie de la zone est maintenant détenue par les troupes syriennes et russes, même si elle continue d’être sous le contrôle administratif des Kurdes. Le gouvernement syrien veut faire pression sur les Kurdes du YPG pour qu’ils renoncent à leur contrôle et se soumettent à nouveau au gouvernement syrien.
Il fait valoir que l’aide à la région devrait transiter par le territoire contrôlé par le gouvernement syrien et ne devrait pas passer de manière indépendante par la Turquie ou l’Irak. Il souhaite que l’aide soit distribuée par l’ONU elle-même ou par le biais d’organisations syriennes et non par le biais de l’administration kurde illégitime qui l’utilise pour contrôler la population.
L’Allemagne, la Belgique et le Koweït, qui ont rédigé le projet actuel de R2449 qui est censé remplacer R2165, souhaitent même ouvrir un cinquième point de passage frontalier supplémentaire dans la région, à partir de la Turquie. Ils ont rejeté les demandes russes. La Russie a alors menacé d’opposer son veto au renouvellement de la résolution.
Le lobby sioniste veut que les États-Unis retirent leur part du financement de l’aide de l’ONU et la donnent aux “ONG internationales qui ne sont pas enregistrées à Damas” ou à “des partenaires locaux compétents dans les zones hors régime” – c’est-à-dire les terroristes à Idleb et le YPG.
What’s In Blue a détaillé le développement de la discussion au cours des dernières semaines. Le Conseil de sécurité se réunissait hier pour être informé au sujet de la Syrie. Alors qu’il était censé voter sur le renouvellement, le communiqué de presse sur le site de l’ONU ne fait que rapporter une discussion.
Les décision sur cette question a vraisemblablement été ajournée. Le renouvellement du R2165 sera reformulé et un compromis pourrait être soumis au vote plus tard dans la journée.
Moon of Alabama
Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone