Par Moon of Alabama – Le 9 février 2019
La tentative de coup d’État américain au Venezuela ne concerne pas que le pétrole et l’impérialisme américain. Il s’agit d’essayer de ramener au pouvoir un type particulier de personnes. Le même genre de personnes qui gouvernent à Washington DC.
Le journal The Nation décrit comment les États-Unis ont longtemps financé et manipulé l’opposition au Venezuela. Le Random Guy™, Juan Guaidó, qui revendique la présidence, a été créé de cette manière :
Comment Washington a financé la contre-révolution au Venezuela
Le président autoproclamé Juan Guaidó est issu d’un mouvement étudiant de droite, soutenu par les États-Unis, qui a déjà tenté de renverser le gouvernement d’Hugo Chávez.
L’article inclue cette phrase révélatrice :
« Un ancien membre de l’USAID/OTI, qui a aidé les américains dans leurs actions contre le Venezuela a déclaré que c’était parce que des milliers de jeunes, de lycéens et d’étudiants ont été horrifiés par ce type au faciès indien au pouvoir. Ils étaient idéalistes. »
Être « horrifié » qu’un homme « d’apparence indienne », Hugo Chávez, soit au pouvoir ne me semble pas « idéaliste ». On devrait plutôt dire raciste. Un certain nombre de ces jeunes blancs, aisés et bien nantis, formés aux États-Unis, font de la politique dans des partis de droite. Ils voulaient prendre le pouvoir. Mais vendre l’un des leurs en tant que président d’un pays où la majorité est métisse est un problème.
Pour résoudre ce problème, le Random Guy, bien qu’il ne soit connu que par 20% des Vénézuéliens, a été choisi pour diriger la tentative de coup d’État au Venezuela :
Un personnage nommé Juan Andrés Mejía aurait été le suivant, mais pour des raisons qui ne sont claires que maintenant, Juan Guaido a été choisi.
« Il y a un raisonnement de classe qui explique l’ascension de Guaidó », observe Sequera, l’analyste vénézuélien. « Mejía vient de la haute classe, a étudié dans l’une des universités privées les plus chères du Venezuela, mais n’a pas pu être facilement commercialisé auprès du public comme Guaidó. Car Guaidó a des traits métis communs à la plupart des Vénézuéliens et ressemble donc davantage à un homme du peuple. »
Guaido est bien une marionnette. Il a été choisi parce qu’il ressemblait à peu près à la majorité de la population du pays.
Les deux images ci-dessous illustrent bien l’importance de la race dans le conflit vénézuélien.
Le Venezuela compte actuellement deux assemblées qui revendiquent le droit de légiférer. En 2015, l’opposition a obtenu la majorité à l’Assemblée nationale, le premier parlement du Venezuela :
Toutefois, la Cour suprême du Venezuela a interdit à quatre législateurs de siéger pendant qu’elle examinait des allégations de fraude électorale. Par conséquent, seulement 163 des 167 législateurs ont prêté serment le 5 janvier. Le lendemain, trois députés de l’opposition ont prêté serment à la suite des protestations de membres de la minorité de l’Assemblée législative qui ont annoncé leur intention de contester cette mesure.
La Cour suprême du Venezuela a alors jugé que l’Assemblée nationale avait commis un outrage au tribunal. Cette décision a créé une impasse politique. Pour résoudre ce problème, le président a demandé l’élection d’une assemblée constituante. Sa tâche principale est d’examiner les modifications constitutionnelles. Mais elle peut aussi passer outre aux lois que l’Assemblée nationale adopte. La Cour suprême a accepté la solution. L’Assemblée nationale, dont la présidence tournante a été assurée par Random Guy au début de cette année, n’est plus qu’un parlement secondaire.
On observe une différence visuelle entre les deux assemblées :
Les députés de l’opposition à l’Assemblée nationale
Via VOA – Agrandir
Membres de l’Assemblée constituante
Via BBC – Agrandir
Assemblée nationale – Détail
Assemblée Constitutionnelle – Détail
Les riches vénézuéliens sont en majorité des Blancs. Ils ont longtemps régné sur le pays. La majorité métisse est pauvre. Hugo Chavez les a amenés au pouvoir. Les Blancs veulent récupérer ce pouvoir.
Cet aspect raciste évident du conflit est absent des reportages de la presse grand public. Il n’apparaît que dans les images publiées.
Le conflit racial n’est évidemment pas propre au Venezuela. Aux États-Unis, surtout sous Trump, le racisme est également répandu. C’est, je crois, la raison subconsciente pour laquelle la classe dirigeante américaine est unie dans ses efforts pour changer le régime au Venezuela.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone.