La mort violente d’un journaliste, dont la Russie était accusée, est le fait de fascistes ukrainiens.


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama − Le 14 décembre 2019

Jeudi, le fameux dossier Steele sur l’influence russe présumée sur le président Donald Trump a été officiellement démystifié et présenté comme une “rumeur non vérifiée propagée par Internet”. Le même jour, une autre affaire, dans laquelle la Russie était accusée d’être à l’origine d’un meurtre en Ukraine, s’est effondrée.

Le 20 juillet 2016, une bombe télécommandée était utilisée pour faire exploser une voiture à Kiev et tuer son conducteur :

L'explosion a projeté le conducteur, Pavel G. Sheremet, un journaliste éminent, sur le siège arrière. Le véhicule s'est arrêté, puis est reparti en arrière, et pendant un moment, le conducteur a semblé avoir du mal à se dégager de l'épave, montre une vidéo prise en circuit fermé. ...
M. Sheremet, 44 ans, ancien employé de la télévision d'État russe devenu critique du Kremlin, était l'un des nombreux journalistes de renom ayant quitté la Russie pour l'Ukraine, où les restrictions imposées aux médias sont moindres.

Sheremet était le 14e journaliste tué en Ukraine après le coup d’État dirigé par les États-Unis contre son président et son gouvernement élus. Il était évident que l’extrême droite ukrainienne, arrivée au pouvoir lors du coup d’État, était à l’origine de la campagne d’assassinats :

En mai, l'Ukraine a été secouée par un grand scandale après que les données personnelles de plus de 4 000 journalistes ont été mises en ligne par Mirotvorets, un site ukrainien de "chasse aux sorcières", soutenu par l'assistant du ministre ukrainien de l'intérieur. Les journalistes étaient accusés par des militants pro-Kiev de "collaborer avec des terroristes", à cause de leurs reportages sur l'est de l'Ukraine, une région déchirée par la guerre.

Sheremet et d’autres journalistes tués étaient sur cette liste.

Les médias occidentaux ont largement ignoré la campagne d’assassinat contre la presse en Ukraine, menée par le groupe paramilitaire fasciste Pravi Sector.

Au lieu de cela, leurs rapports sur Sheremet laissaient croire que la Russie était derrière ce meurtre. A l’époque, Le New York Times expliquait :

Dans l'après-midi, le président Petro O. Poroshenko a convoqué une réunion d'urgence de son personnel de sécurité nationale et a exprimé ses soupçons que la Russie était derrière cet assassinat éhonté.

"Il semble que cet acte ait été commis dans l'intention de déstabiliser la situation dans le pays", a déclaré M. Poroshenko. "Dans nos conditions de guerre et d'agression, je n'exclus pas la possibilité de l’intervention d’un parti étranger ici."

Le Guardian publiait :

Zoryan Shkiryak, un assistant du ministre de l'Intérieur, a déclaré que les enquêteurs soupçonnaient un engin explosif artisanal de 400-600 grammes d'équivalent TNT qui a peut-être été mis à feu à distance.

Shkiryak a déclaré que le motif probable était les activités professionnelles de Sheremet, mais il a ajouté que les enquêteurs tenaient compte de problèmes personnels et de la "participation des services spéciaux russes".

La NPR a également fait référence à la Russie :

Quelques heures après l'assassinat, le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré à la télévision : "Il me semble que cela a été fait dans un seul but : déstabiliser la situation dans le pays", rapporte Reuters. ...
Sheremet a dit plus tard qu'il ne se sentait plus en sécurité en Russie. Il y a cinq ans, il a déménagé à Kiev. Dans une interview accordée à Reuters en octobre, il y déclarait : "Je suis souvent menacé. Chaque fois que je vais à Moscou, c'est comme si je marchais dans un champ de mines."

Après la mort de Pavel Sheremet, un certain nombre d’assassinats similaires ont eu lieu à Kiev et ont de nouveau été imputés à la Russie.

Puis vint le meurtre d’Arkady Babchenko qui fut lui aussi largement imputé à la Russie.


L’acteur dramaturge Arkady Babchenko

Même après qu’il se soit avéré que le service à la sécurité intérieure ukrainien, le SBU, avait falsifié l’histoire et que Babchenko était vivant et en bonne santé, les médias “occidentaux” ont répété les allégations folles du SBU selon lesquelles il devait simuler un meurtre pour montrer que la Russie était derrière un autre vrai meurtre. Il s’est avéré par la suite que toute l’affaire avait été montée de part en part pour servir de couverture à un raid organisé.

Tout au long des trois années qui ont suivi la mort de Sheremet, le président ukrainien Porochenko a bloqué l’enquête sur ce meurtre. Sous le nouveau président Zelensky, l’enquête a été relancée. Il y a deux jours, le dernier des cinq suspects a été arrêté :

L'organisateur de l'assassinat du journaliste Pavel Sheremet, en 2016, était Andriy Antonenko, musicien et vétéran de l'opération antiterroriste (ATO) [l’attaque contre le Donbass, NdT]. L'exécuteur direct de l'assassinat était la volontaire et médecin pour enfants Yulia Kuzmenko, selon le texte de l'avis d’enquête remis à Kuzmenko lors d'une perquisition chez elle, le jeudi 12 décembre.

Une copie scannée de ce texte a été publiée par son avocat Vlad Dobos sur sa page Facebook, vendredi soir.

"L'enquête préliminaire a révélé qu'Antonenko... a été emporté par des idées ultranationalistes cultivant la grandeur de la race aryenne... essayant de faire de ses opinions un objet d'attention publique... restant dans la zone ATO, parmi les volontaires et les personnes qui avaient suivi une formation militaire au sein de bataillons de volontaires... a décidé de créer un groupe organisé afin de tuer le journaliste et animateur de radio Sheremet Pavel Grigoryevitch," lit-on dans ce texte.

Toutes les personnes impliquées sont des extrémistes de droite. Antonenko était connu du président de l’époque, Poroshenko :

Antonenko, un vétéran musclé de ces conflits, dont le corps est couvert de tatouages, est l'auteur d'une chanson dont le titre est «Il est venu tranquillement, il est reparti tranquillement», et qui a été décrite comme l'hymne non officiel des Forces d'opérations spéciales, une branche des forces militaires ukrainienne.

"Dès les premiers jours de la guerre, Andriy a aidé l'armée comme volontaire. Les combattants des Forces d'opérations spéciales (FOS) connaissent bien Andriy. Et la chanson qu'il a dédiée aux combattants des FOS est connue par cœur", a déclaré M. Poroshenko dans un message sur Facebook le 29 juillet 2017, avec un lien vers la vidéo de cette chanson.

La femme médecin, qui aurait appuyé sur le bouton de la télécommande pour tuer Sheremet, est aussi une extrémiste partisane du coup d’État :

Parmi les amis Facebook d'Antonenko, on trouve Kuzmenko, un médecin de 40 ans qui travaille dans un hôpital pour enfants à Kiev. Kuzmenko s'était portée volontaire pour soigner les manifestants qui se sont rassemblés sur la place centrale de Kiev et ont affronté les forces de l'ordre lors du soulèvement Euromaidan qui a poussé le président Viktor Ianoukovitch, ami de Moscou, au pouvoir en février 2014. ...

Sa page Facebook est remplie de photos d'elle sur le terrain avec des soldats et des combattants pro-Kiev, dont certains de Pravi Sector, un groupe paramilitaire ukrainien d'extrême droite.

Puis il y a le couple de Pravi Sector qui aurait construit la bombe :

Kuzmenko avait récemment assisté au procès de Vladyslav et Inna Hryshchenko, un couple qui a été arrêté en début d'année pour avoir tenté de tuer un homme d'affaires en Ukraine occidentale en faisant sauter sa voiture. La bombe est tombée de la voiture et n'a pas explosé, disent les autorités.

Les Hryshchenko font maintenant parti des cinq suspects du meurtre de Sheremet. Les forces de l'ordre ont déclaré que les bombes utilisées dans les deux affaires étaient similaires et que Vladyslav Hryshchenko est un expert en explosifs ayant été condamné six fois pour extorsion et vol qualifié.

Les deux se sont rencontrés alors qu'ils se battaient parmi les forces de Pravi Sector dans la province de Donetsk et se sont mariés plus tard.

La cinquième personne détenue dans cette affaire est Yana Duhar, l’infirmière d’un bataillon de parachutistes, qui a reconnu la zone entourant la maison de Sheremet.

La Russie n’a très probablement rien à voir avec les assassinats dont elle a été accusée en Ukraine. Dans la plupart des cas, il est probable que les coupables étaient les fascistes impitoyables de Pravi Sector, qui ont fuité la liste de personnes à tuer publiée par Mirotvorets. Les oligarques ukrainiens utilisaient ces fascistes pour éliminer leurs ennemis et rivaux. Le président Porochenko les protégeait.

Il est rassurant de voir que cela a changé sous le nouveau président Zelensky. Les médias “occidentaux” devraient suivre son exemple et faire de vrais reportages sur l’influence fasciste en Ukraine au lieu de blâmer la Russie pour tout ce qui s’y passe de mal. Après la couverture catastrophique du Russiagate, il est grand temps pour un tel changement.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

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