La mort de l’accord nucléaire avec l’Iran s’ajoute aux échecs de Biden en matière de politique étrangère


Par Moon of Alabama – Le 20 décembre 2022

Lorsque l’administration Biden est entrée en fonction, elle avait promis de réintégrer l’accord nucléaire, le JCPOA, avec l’Iran. Sous Trump, les États-Unis avaient rompu l’accord et réinstallé l’ensemble de sanctions contre l’Iran. Téhéran a riposté en augmentant ses capacités d’enrichissement et en accumulant davantage d’uranium enrichi.

Il aurait été facile pour Biden d’abroger immédiatement les sanctions et de rejoindre l’accord. L’Iran aurait sûrement suivi en revenant aux niveaux d’enrichissement prévus par l’accord.

Mais Biden a bâclé la question. Pendant des mois, rien ne s’est passé. Puis il a envoyé des négociateurs en Iran qui ont exigé des concessions supplémentaires de la part de l’Iran sans offrir d’allègement des sanctions en contrepartie. L’Iran a rejeté cette proposition. Il a exigé que Biden garantisse que les États-Unis s’en tiendraient à l’accord sous les administrations futures. Les négociations ont duré longtemps et n’ont guère progressé.

L’Union européenne, qui fait partie de l’accord JCPOA, a finalement rédigé un projet d’accord de compromis qui a été soumis aux négociateurs iraniens à Vienne. L’Iran a apporté quelques petites modifications au projet et l’a renvoyé. Le représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, a déclaré publiquement que les modifications apportées par l’Iran étaient « raisonnables » et qu’il espérait un accord rapide des États-Unis sur le projet. Mais l’administration Biden, préoccupée par les élections de mi-mandat, a qualifié les modifications iraniennes de « non constructives » et a rejeté le projet d’accord.

Pendant ce temps, d’anciennes accusations ont été relancées à propos de la découverte présumée de substances radioactives à deux endroits qui n’ont jamais fait partie du programme nucléaire civil de l’Iran. Les services de renseignement américains s’accordent à dire que l’Iran n’a jamais eu de programme nucléaire militaire, bien qu’il ait étudié comment en mettre un sur pied. L’AIEA a exigé que l’Iran explique comment les substances sont arrivées là. L’Iran a répondu qu’il ne le savait pas. D’autres demandes d’inspection de l’AIEA ont été rejetées et les inspections de l’AIEA de certains éléments des installations d’enrichissement de l’Iran ont été limitées.

L’administration Biden avait pensé que, sous la pression des sanctions, l’Iran finirait par céder à ses exigences. Ce fut une erreur de calcul plutôt stupide. L’Iran révolutionnaire n’est pas un pays qui succombe à la pression.

L’Iran est toujours prêt à conclure un accord, mais Biden y a renoncé :

Biden dans une vidéo qui vient de faire surface : L’accord sur le nucléaire iranien est « mort« 

Le président Biden a déclaré en marge d’un rassemblement électoral, le 4 novembre, que l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran est « mort« , mais a souligné que les États-Unis ne l’annonceront pas officiellement, selon une nouvelle vidéo qui a fait surface sur les médias sociaux tard lundi.

Pourquoi cela est-il important : Il s’agit de la plus forte confirmation à ce jour que l’administration Biden estime qu’il n’y a pas de progrès à faire concernant l’accord avec l’Iran, ce qui laisse des questions clés en suspens sur l’avenir du programme nucléaire de Téhéran.

Fin octobre, l’envoyé américain pour l’Iran, Rob Malley, a déclaré que l’administration n’allait pas « perdre son temps » à essayer de relancer l’accord sur le nucléaire iranien à l’heure actuelle, compte tenu de la répression des manifestants par Téhéran, du soutien iranien à la guerre de la Russie en Ukraine et des positions de l’Iran sur son programme nucléaire.

L’information : M. Biden a fait cette remarque lors d’une brève conversation avec une femme qui assistait à un meeting électoral à Oceanside, en Californie.

La femme a demandé à Biden d’annoncer que le plan d’action global conjoint (JCPOA), comme l’accord sur l’Iran est officiellement connu, est mort.

Biden a répondu qu’il ne le ferait pas « pour de nombreuses raisons« .

Mais il a ensuite ajouté : « Il est mort, mais nous n’allons pas l’annoncer. C’est une longue histoire. »

La femme a répondu que le régime iranien ne représente pas le peuple. « Je sais qu’ils ne vous représentent pas. Mais ils auront une arme nucléaire qui les représenteront« , a-t-il dit.

Ce qu’ils disent : « Le JCPOA n’est pas notre centre d’intérêt en ce moment. Il n’est pas à l’ordre du jour« , a déclaré à Axios un porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche.

« Nous ne voyons pas d’accord se mettre en place de sitôt« , a déclaré le porte-parole, pointant du doigt la répression des manifestants par l’Iran et le soutien à la Russie dans la guerre en Ukraine. « Nous nous concentrons sur les moyens pratiques de les confronter dans ces domaines« .

Les États-Unis ont soutenu les manifestations et organisé les attaques contre le personnel de sécurité iranien par des insurgés armés de l’ethnie kurde et baloutche. Ce sont les États-Unis qui ont maintenu les sanctions. Ce sont les États-Unis qui ont poussé l’AIEA à enquêter sur d’anciennes allégations non fondées. L’Iran est libre de vendre et d’acheter des armes à qui il veut.

Si les États-Unis souhaitent réellement trouver des « moyens pratiques de confronter l’Iran » sur l’une de ces questions, ils devront se battre contre l’Iran. Sans l’accord JCPOA, la pression sera également plus forte sur Biden et ceux qui le suivront pour une guerre totale contre l’Iran. Mais l’Iran est bien protégé et ses missiles peuvent endommager un grand nombre d’installations américaines et de leurs alliés dans la région. Une guerre se solderait probablement par d’énormes dégâts pour l’Iran et un retrait des États-Unis du Moyen-Orient.

L’Iran continuera à accroître ses capacités nucléaires civiles. Mais il est peu probable qu’il lance un programme militaire pour fabriquer des armes nucléaires. Ses chefs religieux ont décidé que les armes de destruction massive sont contraires à leurs devoirs et à leurs croyances religieuses.

Le président Obama a beaucoup investi pour faire aboutir le JCPOA. On peut se demander ce qu’il pense de la décision de Biden de ne pas ressusciter mais de détruire sa réalisation phare en matière de politique étrangère.

Pour d’autres pays, le comportement des États-Unis à l’égard de l’accord nucléaire démontre une fois de plus que les États-Unis ne sont pas capables de conclure un accord. Ce seul fait constitue encore un énorme échec pour la politique étrangère des États-Unis.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

   Envoyer l'article en PDF