Jean-Loup Izambert – 56 – 2/2


Par Hervé – Source le Saker Francophone

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Jean-Loup Izambert

Je vous présente aujourd’hui le tome 2 du livre 56 dont vous avez découvert le premier tome en septembre. Ce second tome est assez différent du premier. Le cadre reste le même, l’histoire parallèle de l’État français et de la guerre en Syrie, mais il se base sur une grille d’analyse bien particulière. Dans le tome 1, l’auteur avait analysé les réseaux djihadistes, leurs histoires et comment on pouvait retrouver leurs traces jusqu’aux plus hauts sommets de l’État français.

56 - T2 De Jean-Loup IZAMBERT - IS EditionCe second tome va s’attaquer à la légalité de ce qui s’est passé. Le droit international a été bafoué par les puissances occidentales depuis la chute de l’Union soviétique et cette guerre en Syrie, après celle de Libye, aura été le sommet de ces forfaitures. Jean-Loup Izambert expose dans ce tome 2  les éléments factuels qui démontrent que ces deux guerres ont été planifiées. Il nous redessine le cadre historique et juridique du passage de l’exercice du pouvoir d’un « régime démocratique bourgeois essoufflé à un présidentialisme totalitaire ». Les derniers présidents auront fait ou laissé faire cette longue déliquescence, transformant la France en ce qu’elle est devenue, un État voyou. Une longue interview d’Alain Chouet, ancien officier, donne du corps à cette première partie, décrivant de l’intérieur comment fonctionne cette machine.

La France n’est pas seule dans cette galère. Un rapport transmis à l’ONU Crimes de guerre commis contre le peuple syrien met six pays en accusation : les États-Unis ; la Turquie ; le Qatar ; l’Arabie saoudite, Israël et la France. À cette dream team, on pourrait sans doute ajouter nos amis britanniques jamais loin des bons coups. Depuis, deux pays ont plus ou moins changé de camp, le Qatar et la Turquie. Si, sur le plan juridique, il faut rester distant avec les éléments factuels pour que l’émotion ne submerge pas le droit, la description des atrocités est tout à fait insoutenable et rend d’autant plus inqualifiables les prises de positions droit-de-l’hommiste de ces fauteurs de guerre.

Le titre du livre tire son nom du décompte des principaux dirigeants français qui ont participé côté français à cette folie. Cinquante-six personnes, qui avaient pourtant reçu la confiance de la population, très loin de se douter de ce qui se tramait en son nom. Deux présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande, deux ministres des Affaires étrangères, Alain Juppé et Laurent Fabius, sont nommés et mis devant leurs responsabilités. Suivent des ministres de l’Intérieur, de la Défense, de la Justice, des directeurs de la police et des services secrets et d’autres hauts fonctionnaires qui ont tous eu la possibilité de démissionner mais qui ont choisi de rester et de participer pendant parfois des années à ces macabres manipulations.

Jean-Loup Izambert poursuit en reprenant l’historique de cette guerre, ses fake news, ses vrai-faux attentats chimiques devant justifier l’entrée en guerre de la coalition. Tout cela aura été couvert et amplifié par les médias dont les dirigeants et les « journalistes » auront aussi à répondre de ces crimes de guerre. Au delà du discrédit total de la France sur la scène internationale, dont la parole ne vaut plus que le mépris qu’elle inspire, cet acharnement atlantiste aura mené le monde au bord d’une troisième guerre mondiale, ce qui en soi devra être aussi mis sur la table quand on fera les comptes. Le dossier va peser très lourd sur les épaules de ces élites auto-proclamées dont la faillite totale aura durablement détruit le fragile équilibre construit pendant la Guerre froide.

Comme le premier tome, ce livre est très bien sourcé avec de nombreuses interviews, des citations venant d’une riche bibliographie mais aussi de documents officiels. Jean-Loup Izambert a fait un gros travail de vulgarisation et de synthèse pour appuyer son propos. Il évoque aussi longuement les conséquences à venir en France et en Europe de ces jeux de guerre au Moyen-Orient. La déroute de Daech et du front Al-Nosra-qui-fait-du-bon-boulot ne va pas se terminer là et nul doute que ces djihadistes vont maintenant venir jouer la seconde mi-temps sur le sol européen avec des attentats, des meurtres et autres exactions. La classe dirigeante responsable de ce bordel sera bien à l’abri, planquée derrière la police et les hauts murs de la République pendant que la population laissée à elle-même en payera le prix fort. Gageons que le travail de l’auteur, ce livre et bien d’autres de la part d’avocats dans divers pays permettront d’arrêter cette machine infernale et que les responsables de haut niveau paieront pour leurs crimes.

Le livre se termine sur une note plutôt positive sur la Syrie. Malgré tout, la vie démocratique aura fait son chemin sous les bombes. Une nouvelle Constitution est déjà en place. Elle a été trempée dans le sang et le courage de tous les Syriens qui se sont battus face à un ennemi que beaucoup croyaient invincible. En se sauvant, ils auront aussi sauvé beaucoup de choses jusqu’en Europe où, en cas de défaite, il est peu probable que ce genre de livres aurait trouvé son  chemin jusqu’à nous. Vous pourrez y lire l’interview d’une députée syrienne, Mariah Saadeh, qui donne un éclairage lucide des événements qui ont secoué son pays.

Je vous laisse enfin sur l’article 60 de la Constitution syrienne : La moitié au moins des membres de l’Assemblée du peuple doivent être des ouvriers et des paysans.

https://youtu.be/kl7ku_qJRMQ


Interview de Jean-Loup Izambert du 20 novembre 2017

– Bonjour Jean-Loup Izambert. Comment allez-vous depuis septembre ? Avec le recul, comment se passe la vie littéraire de ce livre, 56 en deux volumes ? La réalité sur le terrain vous donne finalement entièrement raison et justifie pleinement vos derniers livres. Cela doit être une grande satisfaction ?

Jean-Loup Izambert : – Je vous remercie de votre question et vous rassure : je suis toujours vivant ! Effectivement l’évolution de la situation confirme les faits et analyses que j’ai publiés dans la trilogie constituée des deux tomes de 56 et de Trump face à l’Europe. Mon travail, avec celui d’autres journalistes, de professionnels du renseignement, de chercheurs, de juristes, d’avocats et de certaines associations permet aujourd’hui de mettre à jour le jeu de dirigeants français avec des groupes criminels. Battus diplomatiquement et militairement, ils osent prétendre aujourd’hui combattre le terrorisme quand ils n’ont eu de cesse de le protéger et de le soutenir pendant des années. Sans doute faut-il rappeler que l’on ne combat pas le terrorisme, mais des criminels, et que cela passe par des décisions politiques qui font appel à des moyens de police et de justice. Or, quand 56 dirigeants français – et je n’évoque que les principaux d’entre eux – sont impliqués au fil d’une trentaine d’années dans la protection et/ou le soutien à de tels criminels, il est difficile de dire, sauf à mentir comme le fait le président Macron, que la France a « gagné la guerre contre le terrorisme ». Il est évident que le pouvoir politique à intérêt à dissimuler les faits et les preuves que je rapporte qui contredisent tout son discours depuis des années et surtout, ses actes. C’est la raison pour laquelle la plupart des médias, de Valeurs actuelles à L’Humanité en passant par le Canard enchaîné ou le Monde Diplomatique font silence sur ce qu’il faut bien appeler « les amitiés franco-terroristes ».

– Vous êtes l’un des rares journalistes français à avoir apporté les preuves de la complicité de dirigeants politiques avec des dirigeants de groupes criminels depuis les années 1990. Comment s’exerce la censure dont vos livres sont l’objet et l’attitude des journalistes n’est-elle pas décourageante ?

– Décourageante non, car à si tel était le cas j’aurais changé de métier depuis longtemps. Il est effectivement choquant de voir des journalistes se défiler devant un sujet d’actualité important qui concerne toute la société, surtout lorsqu’il s’agit de la paix mondiale et du fonctionnement de nos institutions. J’ai beaucoup à dire, par expérience, sur la censure dans les médias français. Concernant Trump face à l’Europe et les deux tomes de 56 l’envoi systématique de communiqués à près de 600 journalistes de médias français, la présentation du contenu des ouvrages afin de faciliter le travail des journalistes et, pour certains, l’envoi de livres par IS Edition n’a pas suffi à les faire sortir de leur silence. Mais ils ne pourront pas dire que, d’octobre 2015 à janvier 2018, ils n’ont pas été informés par mon éditeur de la parution de ces ouvrages.

Qui parle des « amitiés franco-terroristes » ?

– Les médias parlent pourtant du terrorisme ?

Oui, les médias parlent du terrorisme mais pas des protections et/ou du soutien, selon les groupes, de dirigeants français depuis les années quatre-vingt dix à ces criminels. Vous pouvez parler du nombre de morts dans un attentat, des déclarations officielles du président de la République, de ministres, de procureurs, de « l’homme au chapeau » individu qui serait impliqué dans l’attentat du 22 mars 2016 à l’aéroport de Zaventem (Belgique), mais surtout pas de « l’homme aux Famas » François Hollande, qui a ordonné des livraisons clandestines de matériel militaire et d’armes à des groupes criminels. Or, mon travail met en cause le pouvoir politique : 56 dirigeants de l’État impliqués dans des relations suivies avec ceux d’organisations criminelles. Les relations tissées hier expliquent les amitiés franco-terroristes d’aujourd’hui. Qui en parle ?!… Depuis la fin des années quatre-vingt, le terrorisme est la forme de guerre à laquelle recourent les puissances impérialistes en déclin pour enfermer les peuples dans une logique sécuritaire. Je montre comment se sont établies ces complicités et comment elles ont évolué dans le temps jusqu’à un soutien actif à ces groupes.

– Pourquoi ces médias ne traitent-ils pas de votre travail pourtant très documenté et mené sur plusieurs années avec une succession de rencontres en France mais aussi à l’étranger ?

Plusieurs raisons expliquent cette froideur. L’une des principales tient au fait que la plupart des journalistes sont employés de rédactions dirigées par des rédacteurs en chef embauchés par des directeurs qui sont eux-mêmes nommés par le pouvoir politique ou les filiales médias de sociétés transnationales. Une dizaine d’entre elles tiennent en coupe réglée 95% des médias français. Bien que ces filiales médias appartiennent à des sociétés transnationales, l’État leur octroie chaque année de copieuses aides directes et surtout indirectes sous différentes formes : près de 1,2 milliard d’euros pour l’année 2017 pour maintenir en vie des médias qui perdent régulièrement leurs lecteurs. Sans les interventions régulières de l’État, cette presse qui appartient à une caste de milliardaires serait quasi-inexistante. Du coup, elle le devient complètement lorsqu’il s’agit de traiter des faits qui mettent en cause l’État auquel elle doit sa survie.

– Comment se réalise la mise à l’écart de vos livres par les médias classiques ?

Beaucoup de journalistes travaillent dans l’urgence mais cela ne les excuse en rien, tout particulièrement lorsqu’il s’agit d’un sujet d’actualité important. Les rédactions des médias français sont de plus en plus réduites bien qu’elles reçoivent ces aides très importantes de l’État et le journalisme d’investigation n’y a plus droit de cité. Vous avez aux États-Unis, en Angleterre et en Fédération de Russie des rédactions qui comptent plusieurs journalistes d’investigation et même des groupements de journalistes indépendants qui travaillent sur des enquêtes au long terme. Ce n’est pas le cas en France. Pour éviter de s’expliquer sur les raisons qui les conduisent à ne pas traiter un sujet d’actualité important, la plupart des journalistes se rendent injoignables sous des prétextes divers lorsqu’ils sont rappelés après avoir reçu la présentation de l’ouvrage et des exemplaires des livres. D’autres ne se manifestent plus, bien que le sujet qui leur est proposé soit inédit, d’actualité et corresponde à leurs rubriques ou à leurs émissions.

– Vous pouvez donner des exemples ?

J-L.I.Avec plaisir ! Par exemple, les animateurs de l’émission Les Grandes gueules sur RMC, dont Alain Marschall, ont reçu à chaque publication trois livres en recommandé. Mais force est de constater que malgré l’importance et l’actualité du sujet, Les Grandes gueules deviennent aphones quand il s’agit de dénoncer la complicité de dirigeants de l’État avec des chefs d’organisations terroristes. Le groupe France Télévision également. Le rédacteur en chef de TV5 Monde a refusé le sujet proposé par des journalistes de la chaîne. La société qui prépare les sujets de Cash Investigation d’Elise Lucet a répondu que « son carnet de commande avec France 2 est complet pour un an ». Je me demande comment ils font pour traiter de l’actualité… Mais faut-il s’en étonner quand on sait comment les rédactions des chaînes du groupe France Télévisions sont corsetées par le pouvoir politique ? Il est regrettable de constater que des médias comme Russia Today France et l’agence Sputniknews font également le choix d’un silence religieux très orthodoxe. La directrice de RT France, Xenia Fedorova, et Edouard Chanot de l’agence Sputniknews ont reçu la présentation des livres, des exemplaires et ont été contactés directement à plusieurs reprises par courriels, téléphone et courrier suivi pour RT France. Ils  n’ont jamais répondu et n’ont donné aucune suite à un sujet qui intéresse pourtant leurs lecteurs et auditeurs tant de langue française qu’en Fédération de Russie ou aux États-Unis. Ayant lu mes livres dont Trump face à l’Europe qui est, avec Un printemps russe d’Alexandre Latsa 1 l’un des rares livres grand public de langue française à présenter l’Organisation de coopération et de sécurité (OCS), l’Union économique eurasiatique (UEE) et leur développement, vous avez pu constater que l’activité diplomatique russe que j’évoque dans chacun de ces trois ouvrages est ainsi écartée du public par ces deux médias… russes !

RT France et Sputniknews : un silence très élyséen

– Comment expliquez-vous cette attitude de RT et de Sputniknews sur un sujet d’actualité de cette importance qui concerne aussi bien la France que les relations internationales ?

C’est une question qu’il faut leur poser.

– Pourtant vous avez fait des reportages en Fédération de Russie, travaillé avec des journalistes russes et l’un de vos ouvrages a même été édité en russe.

C’est exact. J’ai eu l’occasion de travailler à plusieurs reprises avec des journalistes de divers pays d’Europe, dont des confrères russes, sur des sujets financiers et économiques. Je peux vous dire que leur curiosité, leur rigueur professionnelle et leur engagement était un vrai régal. Dans un cas, notre coopération a débouché sur une succession de reportages inédits sur l’histoire de l’industrie automobile russe, notamment sur le centre de recherche Institut NAMI et l’usine Togliatti. Dans l’autre, sur la production d’un film sur mon investigation éditée sous le titre Le Crédit Agricole hors la loi ?. Celui-ci a eu du succès et trouvé un prolongement dans l’édition en russe de mon enquête sur le groupe bancaire. Mais j’avais alors affaire à des professionnels efficaces comme Maxime Tchikine et sa petite équipe. Ils avaient choisi leur métier par goût, par vocation plutôt qu’en se souciant de leur rémunération future et de leur carrière comme le font aujourd’hui nombre d’entre eux. Ils n’avaient pas les moyens de RT France, loin de là, et pourtant ils n’hésitaient pas à aller sur le terrain, caméra à l’épaule, pour « taper » les faits bruts. Exception faite de quelques collaborateurs comme Jacques Sapir, Jean-Marc Sylvestre, Majed Nehmé ou Jean-Luc Hees, l’ancien président de Radio France, beaucoup des journalistes recrutés par RT France ont travaillé dans des organes dirigés ou financés par l’État français ou des sociétés transnationales. Leur passé professionnel au sein de rédactions comme celles de TF1 ou BFM TV n’est pas vraiment un gage d’ouverture d’esprit et de pratiques journalistiques propices à ce qu’ils appellent « une information alternative ». Beaucoup d’entre eux sont comme les décrit avec talent et humour mon confrère François Ruffin dans son livre Les petits soldats du journalisme 2. Concernant les médias français, exception faite de quelques rédacteurs en chef et professionnels de talent comme Mohamed Kaci, qui pilote l’émission Maghreb-Orient Express, Majed Nehmé, directeur d’Afrique-Asie, Elise Blaise, rédactrice en chef de TV Libertés ou Jacques-Marie Bourget dont je rapporte dans 56 un extrait de son travail d’enquête au péril de sa vie – et d’autres qui m’excuseront de ne pas les citer ici – la plupart écarte d’emblée les sujets qui lui demandent un effort intellectuel ou lui paraissent trop sensibles. C’est généralement ce qui distingue ceux qui font un métier de ceux qui font une carrière. Dans ces conditions la loi du 5 août 1914 a encore de beaux jours devant elle et Macron et la vieille Anastasie pourraient bien être le nouveau « couple » secret de l’Élysée…

Macron et la vieille Anastasie

– Macron et la vieille Anastasie ? C’est-à-dire ?

La loi du 5 août 1914 interdisait aux journalistes de publier toute autre information que celle transmise par les autorités au prétexte de garantir la liberté d’expression et de ne pas démoraliser les troupes. Lors de la Première Guerre mondiale les journaux étaient censurés par des « journalistes » collaborant avec le gouvernement. Le président du Conseil, Aristide Briand, avait même mis en place une Maison de la Presse prétendument pour aider la presse mais qui était en réalité un outil de censure et de propagande. Les journalistes qui refusaient de collaborer à cette mascarade avaient caricaturé la censure sous la forme d’une vieille femme hirsute pourvue de grands ciseaux surnommée Madame Anastasie. Celle-ci est de retour avec le président Macron qui veut faire contrôler la presse au prétexte de « protéger la vie démocratique des fausses nouvelles ». Cette décision du locataire de l’Élysée n’est que l’application à la France de la résolution Fotyga adoptée le 23 novembre 2016 par une minorité de députés du Parlement « européen ». Cette résolution, que j’évoque dans Trump face à l’Europe a été proposée par l’eurodéputée polonaise Anna Fotyga. Elle prévoit notamment que « la liberté d’expression et le pluralisme des médias peuvent être limités dans une certaine mesure (…) ». Ce texte vise à renforcer le contrôle des médias afin d’écarter toute critique publique des décisions de leur Union dite « européenne » qu’ils savent de plus en plus en difficulté. Ce texte trouve son origine dans les directives des officines des milieux impérialistes de Washington comme l’Institut McCain. En 2016 le budget du Congrès US consacré à la propagande contre l’Eurasie et le sud-est de l’Europe était augmenté de 26% pour atteindre 83 millions de dollars. Avec le même objectif et au prétexte de traquer les fausses nouvelles, la Commission « européenne » a  créé en 2015 la   « East Stratcom Task Force » un département de propagande anti-russe. Il est significatif que celui-ci soit implanté au sein du Service « européen » pour l’action extérieure (SEAE) et qu’il « concentre ses activités principalement sur les voisins orientaux (de l’UE) ». L’une de ses attributions est d’« adapter les plans d’action à chacun des pays cibles et d’assister les délégations du SEAE en optimisant la communication au sujet de leurs missions dans la région ». Nous ne sommes plus dans le domaine de l’information et de la traque aux fausses nouvelles mais bien dans celui de l’organisation de la propagande de guerre médiatique.

– Le président Macron a accusé en mai 2017 RT France et Sputniknews de se « comporter comme des organes d’influence (…) et de propagande mensongère ». Qu’en pensez-vous ?

C’est risible, dangereux et stupide. Parlant ainsi le président Macron diffuse une fausse information. C’est risible car si le fait que RT France et l’agence Sputinknews reçoivent des subventions de l’État russe en fait des « organes d’influence et de propagande » que dire alors des médias français ?! Comme je le rappelle dans Trump face à l’Europe « la France présente la caractéristique d’être le seul pays de l’Union ‘européenne’ dont le gouvernement donne aux milliardaires propriétaires des médias officiels des aides financières publiques directes et indirectes, à hauteur d’environ 1,1 milliard d’euros annuel pour des titres  en  perte  continue  de   lectorat. » 3. L’AFP n’a pu boucler son budget 2017 que grâce à une dotation de l’État de 132,5 millions d’euros qui est prévue à hauteur de 131,5 millions d’euros dans le projet de loi de finances 2018 et qui sera très certainement plus importante en fin d’exercice. 4. Les médias français sont subventionnés bien plus largement par l’État que ne le sont les médias russes par le leur et cela alors que ces derniers rayonnent sur des zones bien plus vastes. Par ailleurs, contrairement aux médias occidentaux, ils ne cessent de gagner en audience dans tous les pays où ils sont désormais présents, y compris aux États-Unis, et cela malgré les entraves de toutes sortes dont RT America est l’objet par l’administration étasunienne. Le propos du président Macron est d’autant plus risible que les rédactions de France Télévisions n’arrêtent pas d’être malmenées par le pouvoir politique. Permettez-moi de rappeler, quand même, que la procédure de nomination de la présidente de ce groupe en août 2015, Delphine Ernotte, par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a été dénoncée par les rédactions comme « opaque et antidémocratique » ! Quand on sait que le président du Collège de conseillers du CSA est lui-même nommé par le président de la République, il semble difficile de faire plus dépendant du pouvoir exécutif… C’est également dangereux car comme vous le savez, en matière diplomatique le principe de la réciprocité s’applique. Aussi, les dirigeants politiques et économiques russes pourraient très bien, sur la base du même critère, dresser une « ligne rouge » à l’activité des médias français en les écartant de leurs conférences et manifestations. Ils n’auraient aucun mal à le faire, tout particulièrement en regard des fausses nouvelles sur la Fédération de Russie diffusées par l’AFP ou d’autres médias comme Le Monde ou Le Figaro. Vous avez pu lire les exemples répétés que j’en donne dans Trump face à l’Europe et dans le tome 2 de 56. Enfin c’est complètement stupide car rien n’indique dans le contenu des informations diffusées par RT France ou Sputniknews que ces médias soient des « organes de propagande ». Loin de là, les directions des rédactions de ces deux médias ne traitent même pas certains faits d’actualité avec la place qu’elles devraient leur accorder en fonction de leur importance : le développement de l’OCS, de l’UEE − sujets qui mettent en évidence les possibilités d’une autre construction européenne − la campagne et le programme politique du candidat communiste Pavlev Groudinine aux élections présidentielles ; le débat sur la nationalisation du secteur financier et de grandes sociétés transnationales ; les conséquences négatives de la politique économique et financière du gouvernement Medvedev ; le développement de la démocratie en Fédération de Russie avec l’intervention des citoyens dans la préparation des lois débattues et votées au Parlement ; la pratique des referenda et l’autogestion locale, etc. Je ne parle même pas des protections et du soutien de dirigeants français à ceux d’organisations terroristes sur lesquelles RT France et Sputniknews font également le choix d’un silence très élyséen.

L’activité des blogueurs doit monter en puissance

– Quelles sont les conséquences de cette censure dont vous êtes l’objet ?

La principale conséquence de cette censure est la réduction du débat démocratique sur des questions essentielles qui concernent le fonctionnement des institutions, les relations internationales et la paix. Les conférences que je donne avec des associations ou des librairies montrent du reste que les gens découvrent les faits que je rapporte et s’interrogent sur le silence des médias. Concernant les ventes des livres de cette trilogie, je constate que, malgré la censure et sans publicité, le tome 1 de 56 est toujours classé depuis le mois de novembre 2015 dans les dix ou vingt meilleures ventes des livres de relations internationales de la section Actualité, politique et société du site Amazon et qu’il en est de même pour le tome 2 depuis le mois d’août 2017. De même, les trois ouvrages figurent parmi les quatre meilleures ventes de IS Edition. Dans ces conditions, il faut parfois du temps pour qu’un livre soit connu du grand public. C’est aussi pourquoi ce travail de promotion s’inscrit dans la durée, d’autant que le contenu de mes enquêtes se prête aussi bien au traitement de l’actualité qu’à l’analyse du dessous des cartes. Cela veut dire aussi que l’activité des lanceurs d’alerte, des blogueurs doit monter en puissance, d’autant que les lecteurs français délaissent de plus en plus les médias classiques dans lesquels ils n’ont plus confiance.

– Cette situation de dépendance économique et le contrôle renforcé des médias par le pouvoir n’appelle-t-il pas les blogueurs et les lanceurs d’alerte à jouer un rôle plus important ?

Oui, effectivement. Des sites Internet comme celui du Saker francophone, du Centre de recherche sur le mondialisation au Canada, des 7 du Québec animé par Robert Bibeau, Arrêt sur info de ma consœur Silvia Cattori à Lausanne, Algérie Patriotique à Alger, de Crashdebug, d’Inform’Action, de la blogueuse Jo Busta-Lally, d’Olivier Demeulenaere et bien d’autres comme le Réseau International ou Alterinfo jouent déjà un rôle important de réinformation. En relayant les investigations économiques, politiques et financières, les recherches et les études de nombreux intervenants qui sont exclus des médias classiques, ils font la démonstration, à partir du moment où ils diffusent des informations sérieuses et sourcées, de leur utilité sociale pour contrer la désinformation et la censure. Je constate d’ailleurs à la lecture de ces sites que la plupart d’entre eux donnent les références d’informations qu’ils traitent, ce qui n’est pas le cas de la plupart des journalistes des médias classiques, pour ne pas dire officiels, tant ils sont dépendants de l’État. Imaginez la puissance informative que pourrait avoir cette interview, par exemple, si elle était relayée par une centaine de sites et de blogs !

Une juridiction criminelle française peut juger les dirigeants
responsables de crimes

 – Êtes-vous sorcier ou devin ? Le premier livre est sorti au moment au la dynamique de la guerre s’est inversée en faveur des Syriens et de leur dirigeant élu. Ce second arrive au moment où la guerre est quasiment gagnée et que l’après-guerre se décide. Ceux qui ont choisi le mauvais camp en France doivent très très mal dormir. Votre livre est une mise en accusation radicale de notre classe dirigeante dans son ensemble. Y aura-t-il un procès de Nuremberg de cette classe politique et de l’État profond en général ?

On pourrait imaginer que dans une démocratie, les dirigeants élus aient à répondre de leurs actes et tout particulièrement de leurs crimes, d’autant que le peuple ne leur a pas donné mandat pour faire la guerre en armant des groupes terroristes. Ce n’est pas le cas de la France. Pourtant, ceux-ci devraient d’autant plus l’être que, comme je le rapporte dans le tome 2 de 56 les conditions juridiques existent, du moins légalement, afin qu’ils soient mis en cause et, éventuellement, condamnés. Au titre de chef de l’État et de chef des armées, tant dans la guerre contre la Libye que dans celle contre la Syrie, Nicolas Sarkozy et François Hollande peuvent respectivement être poursuivis et jugés par une juridiction criminelle française pour s’être rendus coupables de crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale : le crime d’agression et le crime contre l’humanité. Le trafic d’armes ordonné par l’ancien président Hollande et organisé par le ministre de la Défense de l’époque, Jean-Yves Le Drian, accompagne juridiquement le crime d’agression. Cette procédure est rendue possible par l’application de la Convention portant Statut de la Cour pénale internationale du 18 juillet 1998 intégrée dans le droit interne de la République française.

– Cela veut-il dire que ces dirigeants peuvent être poursuivis et jugés sans même aller devant la Cour pénale internationale ?

Exactement. Ainsi que l’explique l’ancien ministre des Affaires étrangères, ancien président du Conseil constitutionnel et avocat Roland Dumas dans l’une de ses interventions que je rapporte dans 56 : « les chefs d’État eux-mêmes ne peuvent en aucun cas être exonérés de leur responsabilité pénale (un rapport de   2001 du Conseil de l’Europe confirme que les auteurs de crimes de masse, en dépit de leur rang, ne peuvent échapper à cette justice). Si les subordonnés ne peuvent invoquer la responsabilité du supérieur hiérarchique, ce sont les commanditaires qui sont principalement visés (…) La Cour pénale internationale est complémentaire des juridictions criminelles nationales. Elle n’est pas destinée à se substituer à ces juridictions. Elle n’exerce sa compétence que lorsque la juridiction nationale n’a pas la volonté ou les moyens de poursuivre en justice, ou qu’une affaire lui est déférée  par le Conseil de sécurité. » 5. Mais il faudrait pour cela que les conditions soient réunies…

– Lesquelles ? La justice française a-t-elle la volonté et les moyens de poursuivre en justice les 56 dirigeants impliqués que vous citez pour avoir protégé ou soutenu des terroristes ?

Il ne suffit pas que le système judiciaire soit compétent pour juger une affaire. Il doit être également efficace pour remplir sa mission, ce qui n’est pratiquement plus le cas pour la France au moins depuis 2007…

– Comment cela ?

Le système judiciaire français est l’un des derniers des 45 pays du continent européen pour son efficacité. Vous avez pu lire les précisions que je donne sur ce point dans le tome 2 de 56 en rapportant  notamment des extraits des rapports de plusieurs années d’enquêtes de la Commission européenne pour l’efficacité de la justice, la CEPEJ. La justice française y est classée parmi les dernières du continent européen pour le nombre de tribunaux, de magistrats et de fonctionnaires pour cent mille habitants, pour ne citer que ces critères.

– Les dirigeants français qui ont commis ces crimes d’agression et sont complices de crimes de guerre et crimes contre l’humanité ne seront donc pas jugés ?

S’ils avaient dû être jugés, ils l’auraient déjà été. Mais votre question en pose une autre : quel rôle joue le Parlement face à ces crimes ? Quelques députés ont poussé des coups de gueule contre l’agression en Syrie avant de se rasseoir gentiment sur leurs bancs sans jamais ouvrir de procédure de destitution – complexe il est vrai – de l’ancien président Hollande. Pourtant, celui-ci n’a-t-il pas violé la Constitution et plusieurs traités que la France a signés ? Voyez le député Front national Gilbert Collard qui, en 2016, fustigeait le président Hollande devant les médias mais se gardait bien de mettre en cause le ministre de la Défense du moment, Jean-Yves Le Drian, principal organisateur du trafic de matériel et d’armes au profit de groupes terroristes. Sans doute faut-il y voir une manifestation du devoir de solidarité auquel sont tenus ces deux francs-maçons entre eux… La situation actuelle met en évidence deux faits : derrière des apparences de fonctionnement démocratique, la justice est instrumentalisée par le pouvoir politique et le Parlement n’a pas démis de leurs fonctions des dirigeants qui ont protégé et armé des groupes criminels pour renverser des gouvernements. Il faut rappeler que les crimes commis par les dirigeants français sous les présidences de Sarkozy et de Hollande ont eu pour conséquence la destruction des principales infrastructures de la Libye et de la Syrie, la mort de centaines de milliers de personnes et le déplacement de millions d’autres. Vous avez du reste pu constater « le silence français » cultivé par les grands partis politiques français, dont aucun n’a fait campagne contre ces crimes d’agression.

56 dirigeants sous « haute protection judiciaire »

– Selon vous, la magistrature française n’est pas indépendante du pouvoir politique et protège les dirigeants qui ont commis de tels crimes ?

C’est ce à quoi nous assistons. Les protections et le soutien à des membres d’organisations terroristes ont commencé de manière significative dès 1982 sous la présidence de François Mitterrand. Ils se sont développés de la fin des années quatre-vingt à 2011, époque où les puissances impérialistes ont provoqué la chaîne des « printemps arabes ». Durant toute cette période, des magistrats français ont protégé des criminels recherchés par Interpol. Ces individus seront alors utilisés dans ces opérations de déstabilisation, sous contrôle des services étasuniens, anglais et français pour renverser les gouvernements qui ne conviennent pas à Washington. Dans le même temps, en France, le pouvoir politique s’est employé à réduire encore les moyens de la Justice. Rappelez-vous que Nicolas Sarkozy, son Premier ministre François Fillon et Les Républicains ont tenté de dépénaliser complètement le droit des affaires. Derrière un discours médiatique sur « la lutte contre les places offshore » leur objectif visait en réalité a laisser un peu plus les mains libres aux dirigeants de sociétés transnationales qui jonglent avec ces mêmes places offshore pour y évacuer partie des bénéfices qu’elles réalisent afin qu’elles échappent au fisc. De plus, ils ont organisé la fermeture de 401 structures de la Justice. Je rappelle et cite, car nombre de Français ont l’air d’avoir la mémoire très courte : 21 tribunaux de Grande instance, 62 conseils de prud’hommes en décembre 2008, suivies par celles de 55 tribunaux de commerce en janvier 2009 et de 178 tribunaux d’instance et de justice de proximité, 85 greffes détachés de tribunaux d’instance en janvier 2010 ! Cette justice dont les magistrats n’ont pas levé le petit doigt pour s’opposer à ce démantèlement ne va donc pas mordre la main qui la flatte de promotions et d’honneurs. La dépendance est telle que plusieurs magistrats sont impliqués dans la protection de membres d’organisations terroristes.

– C’est une accusation grave que vous faites.

Oui, et j’en apporte les preuves dans 56 comme vous avez pu le lire. Ce fut, par exemple, le cas pour des criminels de l’organisation islamiste Ennahdha des Frères musulmans recherchés par Interpol des années 1990 à 2011. Plusieurs de ces individus étaient réfugiés en France et la hiérarchie judiciaire comme la Section anti-terroriste du Parquet de Paris avaient parfaitement connaissance de leur présence sur le territoire français. Abrités aux États-Unis, en France et en Angleterre, ils préparaient déjà à l’époque leurs coups d’État contre tous les pays arabes dont Washington voulait changer le pouvoir politique et y installer le chaos. Le procès de l’État profond ne peut donc avoir lieu par la propre justice de cet État. Vous remarquerez que des magistrats comme Alain Marsaud ou Jean-Louis Bruguière, présentés comme des « grands spécialistes de l’antiterrorisme » par des médias français, se gardent bien de mettre en cause la responsabilité des dirigeants politiques qui étaient leurs supérieurs hiérarchiques dans cette période des amitiés franco-terroristes. J’ai voulu interviewer le juge Marsaud sur cette situation. Il n’a jamais répondu à mes questions malgré plusieurs relances orales et écrites. On peut dire que d’une certaine manière ces 56 dirigeants français sont sous « haute protection judiciaire » afin de ne pas être… jugés. Voilà ce que le pouvoir veut dissimuler aux Français et que les médias taisent.

– Vous vous attardez longuement sur les responsabilités des États. Qu’en est-il des hommes de l’ombre, des médias, des think tanks qui ont couvert et accompagné ces guerres ? Y-a-t-il aussi des documents qui accablent et nomment ces gens, des actions en justice ?

Les think tanks préparent les terrains idéologique, financier et économique du pillage des richesses par les sociétés transnationales. Dans Trump face à l’Europe je rapporte plusieurs témoignages, dont celui du professeur Michel Chossudovsky, fondateur et directeur du Centre de recherche sur la mondialisation, et de John Perkins. Ce dernier, ancien « assassin financier » de la Chas.T. Main, société étasunienne internationale de conseil, décrit très bien, pour y avoir participé, le rôle des think tanks étasuniens. Leurs activités au sein d’un ensemble de réseaux, y compris jusqu’au cœur d’institutions de pays d’Europe occidentale et centrale, de la Commission « européenne » ou d’organisations internationales comme l’ONU en disent long sur les méthodes employées par ces agents d’influence de Washington pour s’ingérer dans les affaires intérieures des États. Pour ce qui est des hommes de l’ombre, ils ne font que suivre les ordres reçus de leur hiérarchie. Concernant la France, les agents de la DGSE qui ont encadré le trafic de matériel et d’armes à destination de groupes terroristes en Libye ou en Syrie l’ont fait sur ordre du directeur de la DGSE de l’époque, Bernard Bajolet. Celui-ci a lui-même agi sur ordre de son supérieur hiérarchique, l’actuel ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, alors qu’il était ministre de la Défense et figurait au nombre des administrateurs de la mort en Syrie. Les donneurs d’ordre sont à l’Élysée et à Matignon et ce sont leurs décisions qui sont importantes et auxquelles il faut s’intéresser.

Une propagande de guerre dirigée depuis l’Élysée-Matignon

– Concernant la Syrie, que pensez-vous de la réutilisation des prétendues attaques chimiques ? La première fois, c’était crédible mais deux puis trois fois, cela semble absurde. Les gens derrières ces coups montés manquent-ils d’imagination où sont-ils aveuglés par leur propre propagande ? Cela dénote-t-il de leur incapacité à changer le cours des choses ?

Début février, le ministre des Affaires étrangères Le Drian a de nouveau « remis le couvert » sur ce thème de propagande. Ce doit être le « petit chimiste de l’Élysée-Matignon ». Le ministre Le Drian n’a-t-il pas déjà le sang des Syriens sur ses mains pour avoir été l’un des principaux acteurs du crime d’agression contre la république syrienne et pour être impliqué dans l’équipement, l’armement et l’entraînement de groupes terroristes ? N’est-ce pas son ministère qui a déjà contribué à la fabrication et à la diffusion de fausses nouvelles sur le même thème de propagande dans des gouvernements de la présidence Hollande ? Vous avez lu les faits que je rapporte dans 56 concernant les mensonges d’État montés et diffusés par des services de l’Élysée-Matignon autour de la prétendue utilisation d’armes chimiques par l’armée syrienne. Quatre hommes ont été constamment à la tête de ces provocations et de la diffusion de ces fausses informations : l’ancien président Hollande, Jean-Marc Ayrault, d’abord comme Premier ministre et ensuite comme ministre des Affaires étrangères, l’ancien ministre des Affaires étrangères Fabius et son ami Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense. Ces dirigeants qui agissent ainsi n’ont que faire de la paix mondiale. Si tel était leur souci, ils mèneraient une politique de coopération entre les peuples au lieu de faire recruter, armer et entraîner des groupes terroristes pour renverser des gouvernements. Ils ne cherchent pas à changer le cours des choses mais à sauver le capitalisme en déclin. La dette étasunienne se monte aujourd’hui à 21 000 milliards de dollars. Mais, si à cette dette publique vous ajoutez les dettes des entreprises et ceux des ménages, vous approchez les 60 000 milliards de dollars ! Une telle dette, qui continue d’augmenter jour après jour, ne peut plus être remboursée. Cela veut dire qu’elle ne peut qu’être effacée et que le seul moyen d’y parvenir est de déclencher un conflit d’ampleur majeure. C’est la raison pour laquelle les milieux impérialistes de Washington tentent par tous les moyens non seulement de poursuivre leur crime d’agression contre la république syrienne mais de l’étendre à toute la région en fonction des « nouveaux territoires économiques » que leurs transnationales veulent s’approprier. Pour cela ils ont besoin sinon de l’adhésion du moins de la passivité de l’opinion publique face à leurs guerres. Ils ont créé autour de leur crime d’agression un véritable « roman » médiatique et diplomatique destiné à leur permettre de poursuivre leurs crimes contre la Syrie et d’autres pays en rendant les dirigeants de ces pays responsables de leurs crimes et de ceux de leurs bandes armées.

– Vous décrivez dans l’un des chapitres du tome 2 de 56 comment les dirigeants politiques français ont trompé l’opinion publique en faisant diffuser à trois reprises par les médias de fausses nouvelles sur l’utilisation d’armes chimiques. Cela continue-t-il aujourd’hui avec le président Macron qui prétend vouloir lutter contre ces fausses nouvelles ?

Oui, tout continue et ne pouvait que continuer comme avant puisque ce sont, sous des emballages différents, les mêmes qui exercent le pouvoir au profit des mêmes grands capitalistes. Pendant qu’ils tiennent des discours sur la démocratie et les droits de l’homme, les dirigeants français protègent et soutiennent des groupes terroristes enrôlés par Washington et les dictatures du Golfe. Rappelez-vous, par exemple, les discours de Manuel Valls qui, alors qu’il était Premier ministre, déclarait en janvier 2015 que « les Français doivent s’habituer à vivre durablement avec le terrorisme ». Mais qui était ministre de l’Intérieur du gouvernement Ayrault qui a équipé, armé et entraîné les groupes terroristes de la même mouvance idéologique contre la Syrie ? Manuel Valls ! Qui était Premier ministre alors que la seconde opération de propagande et de désinformation sur le thème de l’utilisation des armes chimiques était montée par des services du pouvoir ? Encore Manuel Valls ! La même mascarade continue avec Emmanuel Macron qui diffuse lui-même de fausses informations.

Une fausse nouvelle du président Macron

– Par exemple ?

Un exemple : le président français affirmait en décembre 2017 qu’il avait « gagné la guerre avec la coalition internationale ». C’est une fausse information car la réalité est toute autre. Premièrement, Emmanuel Macron a appartenu à un gouvernement qui a déployé une intense activité pour développer et entretenir la guerre, a fait équiper, armer et entraîner des groupes irréguliers et criminels et s’est livré à une manipulation de l’opinion publique par la diffusion de fausses informations. J’en fais la démonstration dans le tome 2 de 56. Deuxièmement, la France engagée dans cette coalition, qui n’a rien d’« internationale » a laissé, sous commandement étasunien, les groupes terroristes continuer leurs attaques en Syrie tout en prétendant, par médias interposés, les en empêcher. J’en donne pour preuve, parmi d’autres dans le tome 2 de 56 que la coopération de l’armée russe avec l’armée syrienne en septembre 2015 a mis à jour un gigantesque trafic de pétrole. Organisé par les groupes terroristes entre l’Irak, la Syrie et la Turquie, celui-ci s’est mis en place et développé avec des centaines de camions citernes se déplaçant sur des centaines de kilomètres pendant plus d’une année. À aucun moment, jusqu’à la coopération de l’armée russe avec l’armée syrienne et le Hezbollah, la prétendue « coalition internationale contre le terrorisme » de Washington n’a tenté de mettre fin à ce trafic de pétrole, permettant ainsi à ces groupes terroristes de se constituer un trésor de guerre. Emmanuel Macron était alors ministre du gouvernement Valls d’août 2014 à août 2016. Sauf à ce qu’il roupille profondément pendant les conseils des ministres de cette période, il ne peut donc rien ignorer de ces faits pour avoir participé aux discussions et décisions de politique étrangère de la France. En conséquence, le ministre Macron qui a participé à un gouvernement qui a recouru et entretenu le terrorisme d’État contre un autre pays ne peut être l’année suivante le président Macron qui « gagne la guerre contre le terrorisme ». Il ne peut être que celui qui la perd et qui s’est disqualifié pour parler de lutte anti-terroriste. Que fait la France aujourd’hui en Syrie au sein de la coalition de Washington ? Elle continue de protéger des groupes irréguliers et criminels organisés par les services étasuniens.

– Les choses ne peuvent-elles changer avec le nouveau gouvernement ? Certains disent qu’il faut laisser du temps au président Macron ?

Pour ce qui est de laisser du temps au président Macron, il faut rappeler que celui-ci n’est pas un nouveau venu au pouvoir et qu’il a été mis en scène par François Hollande. Bien avant, il fut secrétaire général adjoint du cabinet du président Hollande, son conseiller économique depuis 2012 et ministre de l’Économie d’août 2014 à août 2016. Pendant cette période, il a pris le temps de faire voter une succession de lois rétrogrades. Toutes ces lois participent à la casse du contrat social français, notamment par la privatisation d’entreprises comme Alstom. Le bilan de ces années n’a rien de reluisant, même si Emmanuel Macron n’est pas le seul responsable de l’aggravation de la crise et de la guerre. Au plan intérieur, le chômage a explosé passant d’un peu moins de 5 millions de chômeurs toutes catégories confondues à son arrivée à l’Élysée en mai 2012 à 11 millions de personnes sans emploi à son départ en août 2016. Quant à la dette publique qui se situait à un peu plus de 1800 milliards d’euros à son arrivée elle dépassera les 2200 milliards d’euros à son départ, soit quasiment 100% du Produit intérieur brut. En matière de politique étrangère, la même politique de soutien au terrorisme continue. La présence au gouvernement de Jean-Yves Le Drian atteste de la volonté du président Macron de poursuivre la politique belliciste de ses prédécesseurs. Les dirigeants français tentent toujours d’aider Washington à éclater la Syrie en essayant d’instaurer un État séparatiste sous contrôle kurde à Raqqa. Les protections et soutiens accordés par la France à des organisations comme celles des Frères musulmans ou d’un groupe « iranien » le « Conseil national de la résistance iranienne » continuent de l’être en pleine connaissance du caractère criminel de ces organisations.

Comment se développe l’agression contre l’Iran

– Une opération semblable à celle montée contre la Libye puis contre la Syrie est donc déjà en cours contre l’Iran ?

Oui, du reste celle-ci a commencé depuis le début des années quatre-vingt. Elle ne fait que prendre aujourd’hui une nouvelle ampleur. Tenus en échec contre la Syrie, les dirigeants israéliens agissent de concert avec leurs homologues étasuniens et saoudiens afin d’ouvrir un  nouveau front de guerre contre la république iranienne. Les conflits qui se sont succédé sur les pays du Maghreb et arabes ont été pilotés par les mêmes avec le même résultat. Pour savoir à qui profite ces crimes, regardez les noms et l’origine des sociétés transnationales occidentales présentes dans les pays arabes depuis les années 2005-2006.

– Les dirigeants français reprendraient ainsi contre l’Iran la même tactique de soutien à des groupes criminels que celle déjà utilisée en 2011 contre la Libye puis contre la Syrie malgré les résultats catastrophiques que celle-ci a causé dans ces pays ?

Concernant ces « moudjahidines du peuple » leur camp est basé en France, à Auvers-sur-Oise, depuis 1981. Cette organisation n’a pu s’implanter en France qu’avec le soutien de François Mitterrand, d’une clique de parlementaires atlantistes, de ministres et d’intellos de salon que l’on retrouve systématiquement dans tous les sales coups contre la démocratie et la souveraineté des peuples. En juin 2003, plusieurs des principaux dirigeants de cette organisation furent du reste arrêtés pour « appartenance à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et financement du terrorisme. » Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, avait alors déclaré devant le Sénat que « la France ne pouvait pas tolérer que le quartier général d’une organisation terroriste internationale s’installe sur son territoire ». Des magistrats parisiens, sans doute enclins comme certains de leurs confrères à protéger des individus liés à une organisation criminelle, les laisseront en liberté. L’affaire se terminera par un laborieux non-lieu en 2014 malgré les crimes prémédités commis par plusieurs membres de cette organisation. Il fallait laisser du temps à Washington et à Bruxelles pour la déclasser de la liste des organisations terroristes de l’Union « européenne » en janvier 2009, puis, en septembre 2012, de celle de Washington.

– Pourquoi ce revirement soudain de Washington et de l’Union « européenne » vis-à-vis de cette organisation qui a été impliquée dans des attentats ?

Ce déclassement était nécessaire aux dirigeants de Washington afin de pouvoir mieux utiliser cette organisation médiatiquement et la soutenir publiquement contre la république iranienne. Il leur était difficile de présenter ces individus comme des « opposants iraniens » alors qu’ils étaient considérés comme membres d’une organisation terroriste. Il leur fallait donc les blanchir de leurs crimes afin de les rendre présentables à l’opinion publique. C’est ce que font aujourd’hui les dirigeants de Washington avec le soutien en France de membres du parti Les Républicains comme le député du Val d’Oise, Dominique Lefebvre, ou quelques derniers restes du parti « socialiste ». La plupart sont des élus qui signent n’importe quelle pétition avec une ignorance crasse de la réalité des faits et y voient surtout une occasion d’exister médiatiquement sur le thème des droits de l’homme. Les dirigeants de cette organisation ont des contacts réguliers avec les meneurs d’autres organisations criminelles comme ceux présentés hier par des politiciens et médias français sous le label d’« opposition syrienne ». Là encore, le président français et le gouvernement Philippe auraient pu faire rupture avec la politique de guerre de Washington s’ils en avaient eu la réelle volonté politique…

– Comment cela ?

Par exemple en interdisant toute activité politique sur le territoire français aux membres de cette organisation dont l’histoire est ensanglantée d’actes terroristes. Mais, je pense que le gouvernement français n’en fera rien.

– Pourquoi ?

Pour la simple raison que la politique française est alignée sur celle de Washington et que c’est Bruxelles qui décide de la politique de la France. Que la France accueille des personnes poursuivies pour leur opinion ou leur activité politique exercée sans recours à la violence et conformément à la Convention de Genève de 1951 est parfaitement normal. Mais ce n’est pas le cas avec cette organisation dont plusieurs groupes ont participé à des crimes. Depuis 1981, celle-ci est impliquée dans une succession d’attentats terroristes en Iran mais également en Europe, dans treize capitales, qui ont fait de très nombreuses victimes et des dégâts importants. Le gouvernement français avait considéré à l’époque que cette organisation pouvait être utilisée pour faire pression sur Téhéran. Aujourd’hui, les services de l’administration Trump, qui s’activent sans succès à provoquer des troubles en Iran, voient la présence en France de cette organisation comme du pain bénit puisque celle-ci sert leurs intérêts depuis plusieurs années. Les dirigeants de Washington lui ont déjà octroyé dans le passé un important soutien afin de tenter de renverser le gouvernement iranien à partir de l’Irak mais également en organisant des entraînements intensifs de ses membres aux États-Unis. Sous des allures d’organisation démocratique, celle-ci a souvent été décrite comme une secte dirigée par Maryam Radjavi qui se fait appeler « soleil de la révolution ». Mais sa lumière brille surtout de sa propension à se coucher dans « le lit » des agresseurs de la république iranienne.

– Tout comme contre la Libye puis contre la Syrie, la France risque donc de s’engager de nouveau dans une nouvelle guerre contre l’Iran ?

Avec la République islamique d’Iran, les choses sont un peu différentes pour plusieurs raisons. Mais la France participe déjà à cette guerre au plan économique et médiatique. Washington qui est déjà en guerre contre l’Iran depuis 1979 ne cesse d’influer sur la politique de l’Union « européenne » pour que ses principaux pays membres s’alignent sur ses positions. Ce fut d’abord, de 1980 à 1988, une attaque militaire de grande ampleur par Irak interposé pour laquelle l’Occident a fourni les armes, et les dictatures du Golfe les moyens financiers, à cette « résistance iranienne » ; puis les sanctions économiques décidées unilatéralement par Washington et l’Union « européenne » ; puis encore, la campagne développée par Washington sur la fable de la « menace nucléaire iranienne » au début des années 2000, qui s’est heurtée à la mobilisation du peuple iranien pour défendre sa souveraineté. Depuis les années 1980, la propagande anti-iranienne financée par la CIA, y compris par des stations de radio émettant en persan vers l’Iran, les attentats du Mossad et de la CIA, les agents infiltrés dans les manifestations pour provoquer des troubles, de multiples soutiens à toutes sortes de groupuscules sur place ou en exil n’ont jamais cessé. Malgré toutes ces attaques militaires, économiques, financières, diplomatiques, politiques et médiatiques, Washington est en échec avec ses alliés israéliens et saoudiens pour mettre l’Iran à genoux. Tous les groupes extrémistes wahhabites ont échoué dans la mission que leur a confiée Washington de déstabiliser la région. Après la défaite des groupes terroristes de l’Occident en Syrie et en Irak dans laquelle l’Iran a pris une part importante, Washington tente une nouvelle fois d’installer le chaos dans le Proche-Orient.

– Pour autant, on ne peut pas dire que l’Iran soit un modèle de démocratie ?

Les peuples n’ont pas tous la même histoire ni la même conception de la démocratie. Il y a bien sûr les principes essentiels qui fondent une démocratie. Mais ce ne sont certainement pas ceux de ce que certains appellent la « grande démocratie américaine » dans laquelle le président prête serment sur la bible et où, selon une étude de la Réserve fédérale US, 47% des Étasuniens ne peuvent même plus sortir 400 dollars pour une visite aux urgences médicales sans devoir emprunter ou vendre quelque chose ! Même si l’on peut considérer que la république iranienne doit se démocratiser, notamment par la séparation du religieux et du politique, le développement de la démocratie politique, le contrôle des ses richesses par le peuple ou l’abolition de la peine de mort, ce sont des choix qui appartiennent aux Iraniens. La démocratie ne s’impose pas à coups de guerres et il faut du temps pour que les peuples prennent conscience des obstacles qui entravent leur émancipation et se donnent les moyens de les surmonter. Malgré les guerres de Washington et de l’Union « européenne » la République islamique d’Iran reste debout. Son taux de croissance est compris entre 5% et 6,5% et son endettement public réduit à 35% du PIB pour 2016. Le taux de chômage est plus ou moins 13-15% mais il est difficile d’obtenir des chiffres précis sur cet indice qui varie d’un organisme à l’autre.

– Quelle fut alors l’origine des manifestations qui ont eu lieu ?

Les manifestations qui ont eu lieu ont pour origine les abus des institutions de crédit et des banques. Celles-ci, qui ont un pouvoir très important en Iran, ont joué pendant plusieurs mois avec l’argent des Iraniens. De même, le pouvoir ne peut pas tenir tous ses engagements car il doit faire face aux sanctions occidentales et une grande partie de l’économie est entre les mains de grands capitalistes. Leurs entreprises, qui engrangent des profits importants sans retour sur la société en termes d’emplois et de salaires, la spolient des effets bénéfiques de l’effort de modernisation. Les gros commerçants du bazar, principalement de tissus, d’or et de tapis, ont jeté de l’huile sur le feu en fermant leurs boutiques quelques jours pour faire valoir leurs revendications corporatistes. Par ailleurs, le manque de démocratie politique empêche la république iranienne de mobiliser toutes ses énergies tant pour se moderniser que pour lutter contre les agressions occidentales. Dans ce contexte, la CIA a profité de cette situation pour monter une campagne médiatique contre les dirigeants iraniens mais celle-ci s’est heurtée à la mobilisation du peuple et à la concertation organisée par le pouvoir. Vous remarquerez que si les médias occidentaux ont amplifié ces manifestations, par contre les grandes manifestations de soutien au gouvernement ont été passées sous silence. Le chômage est un problème que les dirigeants iraniens s’efforcent de régler mais qui ne pourra trouver d’issue durable que dans un meilleur contrôle de l’activité économique et financière par le peuple. L’intense activité diplomatique déployée depuis plusieurs années par ses dirigeants permet à l’Iran de travailler aujourd’hui aux côtés des pays membres de l’Organisation de coopération et de sécurité (OCS). Les échanges économiques et politiques qui en résultent avec d’autres pays comme la Fédération de Russie favorisent la modernisation de son économie en dehors de toute pression politique, économique et financière du dollar et des structures financières contrôlées par les États-Unis. Les contrats qui viennent d’être signés et ceux en cours dans plusieurs secteurs d’activité avec plusieurs pays devraient normalement dynamiser le développement de l’emploi.

« Le pays de la guerre » multiplie les conflits

– En quoi ces guerres incessantes sur le Proche-Orient deviennent-elles d’une nouvelle intensité ?

Nous sommes actuellement dans la période où, depuis les années 2012-2013, Washington et Bruxelles officialisent publiquement leurs rapports avec cette « résistance iranienne » et où se développe une campagne médiatique d’envergure contre l’Iran. Depuis ces années, ces « moudjahidines du peuple » (PMOI), qui sont plutôt des « moudjahidines de Washington » multiplient les rassemblements à Londres, Paris, Berlin, Bruxelles et Washington. Aux États-Unis, ils ont reçu le soutien de James Woolsey, l’ex-directeur de la CIA, ou du vieux sénateur réactionnaire John McCain, ce qui donne une idée de leurs objectifs quand on connaît le rôle joué par ces individus pour renverser des gouvernements. Le Wall Street Journal rapportait même dans l’une de ses éditions que certains des orateurs apparus à la tribune auraient été rémunérés plus de 25 000 dollars (17 500 euros) par discours. Il serait intéressant de connaître les financiers de cette organisation… Pour développer un important lobbying, cette organisation a créé un réseau d’associations afin d’approcher les institutions. C’est le cas en France mais également dans d’autres pays. L’Association des Amis d’un Iran libre, créée en 2004, et l’European Commitee for De-listing PMOI ciblent le Parlement « européen » ; à Washington, l’Iran Policy Committee, créé en 2005 et l’Iran Human Rights and Democracy Caucus agissent de même en direction des parlementaires et réseaux d’influence du pouvoir étasunien. En réalité ces « moudjahidines du peuple » sont rejetés par la très grande majorité du peuple iranien. Cette organisation n’a pu survivre, d’une part, que grâce au soutien que la France lui apporte et, d’autre part, en devenant l’auxiliaire des services secrets étasuniens et israéliens pour mener des actions contre la république iranienne.

Utiliser le terrorisme en accusant l’Iran de terrorisme

LSF – Vous décrivez comment un journaliste collaborateur de la DGSE mais surtout des services secrets israéliens a tenté, dès 1993, de monter une opération médiatique contre l’Iran. La méthode n’est-elle pas semblable à celle utilisée par des dirigeants français pour tromper l’opinion publique en lui faisant croire que l’armée syrienne utilise des armes chimiques ?

Oui, effectivement. Vous avez pu lire dans le tome 2 de 56 comment j’ai mis en échec cette opération montée par un journaliste de Paris-Match, collaborateur du Mossad israélien. L’affaire est instructive de la manière dont procèdent les agents d’influence de ce service au sein de médias français. Il s’agissait alors d’utiliser des éléments vrais contenus dans l’enquête que j’avais proposée à Paris-Match et d’y ajouter des éléments étrangers à celle-ci. L’objectif était de faire de criminels de l’organisation des Frères musulmans protégés et instrumentalisés par Paris « des taupes terroristes à Paris à la solde de l’Iran ». Paris utilisait alors ainsi le terrorisme tout en incriminant Téhéran. Bien entendu Téhéran n’a rien à voir avec ces Frères musulmans, qui sont des musulmans sunnites. Aujourd’hui, le Hezbollah combat ces groupes terroristes soutenus par les États-Unis, Israël et la France avec leurs sponsors du Golfe pour libérer la Syrie. Ce journaliste qui me fut imposé par une responsable du journal ne savait pas que je connaissais ses relations avec la DGSE comme avec le Mossad. Je l’ai donc laissé réaliser son montage en attendant le moment propice pour m’opposer à sa publication lorsqu’il présenta celui-ci à la rédaction de Paris-Match. Ce type de campagne de propagande médiatique est d’autant plus facile à monter en France que, pour reprendre une image de mon confrère et ami, Patrick de Carolis, les médias sont un peu comme un banc de poissons : quand l’un prend une direction en publiant une information présentée comme une exclusivité, tous suivent en reprenant la même information sous un angle ou un autre. En matière de renseignement, ce procédé s’appelle de « la grise ». Il s’agit de mélanger des faits réels avec des faits inventés, les premiers étant destinés à crédibiliser les seconds qui sont mensongers et doivent servir à justifier une action politique, économique ou militaire. Ce fut la technique employée par l’ancien président Hollande avec son Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le ministre de la Défense Le Drian et le ministre des Affaires étrangères Fabius. Cette même technique de montage et de diffusion de fausses nouvelles par les médias sera utilisée à plusieurs reprises. Pour mener ses guerres, Washington a besoin d’une intense propagande médiatique afin de justifier ses ingérences dans les affaires intérieures des pays du Proche-Orient et d’y installer un état de chaos permanent. De plus, il ouvre des conflits contre d’autres pays d’Amérique centrale et latine, d’Europe, d’Eurasie et d’Afrique. Depuis le premier conflit du golfe Persique de 1990-1991, les États-Unis sont en guerre sans interruption contre plusieurs peuples. Cette succession de guerres de différents types sous commandement étasunien, en perdurant dans le temps, accumule de conflit en conflit la destruction de pays, la misère et la mort de millions de personnes. Les États-Unis et leurs alliés créent ainsi les conditions d’un conflit majeur au détriment de la paix. La plupart des citoyens d’Europe occidentale n’en sont pas conscients car celle-ci n’a pas les caractéristiques des deux derniers conflits majeurs.

– Quelles sont-elles ? Le sous-titre de votre ouvrage Trump face à l’Europe est Peut-on éviter une nouvelle guerre mondiale ?. Les faits que vous rapportez sur le terrorisme d’État dans les deux tomes de 56 sont-ils un aspect de cette nouvelle guerre ?

Lors de le Première et de la Seconde Guerre mondiale, les conflits étaient essentiellement militaires et concentrés en deux lieux principaux, l’Europe et l’Extrême-Orient soviétique et la Chine, alors partiellement occupés par le Japon. Aujourd’hui le conflit en cours est caractérisé par trois données essentielles : il est engagé et dirigé par les États-Unis, le terrorisme se substitue aux guerres d’affrontement classique et la guerre impérialiste se développe sous la forme d’une succession d’attaques multiples contre tous les pays que les transnationales économiques et financières veulent mettre dans leur « portefeuille ». Le terrorisme est une violence politique multiforme et les poseurs de bombes ne sont que des « petites mains ». La forme la plus grave de ce terrorisme politique est la négation du droit international par des politiciens aux fins d’imposer par la force un ordre politique et économique au mépris de la Charte de l’ONU et tout particulièrement du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Qui y recourt ? Des dirigeants occidentaux, principalement des États-Unis, qui violent la Charte des Nations Unies et les différents traités signés qui ont pour objet de favoriser la paix, le commerce, la coopération entre les peuples. Les dirigeants de Washington et quelques-uns de l’Union « européenne » ne cessent d’agir contre les propres textes qu’ils ont signés : blocus économique et diplomatique décidés unilatéralement par Washington en violation du droit international ; endettement financier d’États pour les rendre dépendants de sociétés transnationales étasuniennes ; campagnes de propagande médiatiques menées par le gouvernement US et des think tanks pour déstabiliser des États et des entreprises jusqu’au cœur de l’Europe ; développement de l’espionnage à grande échelle par l’administration étasunienne sous couvert de « lutte contre le terrorisme » ; soutien politique, diplomatique, financier et militaire à des organisations criminelles en quête de pouvoir et de territoires pour leurs trafics mafieux ; tentatives de bloquer les transactions financières de la Fédération de Russie ; provocations militaires ; coups d’État et ouverture de conflits en Europe (pays baltes, Ukraine, Balkans), sur le Maghreb, le Proche-Orient et en Asie centrale, etc. L’administration républicaine Trump poursuit les guerres de l’administration démocrate Obama en les amplifiant. Mais, de président en président, les dirigeants de Washington sont aujourd’hui confrontés à un choix : accepter la disparition du dollar comme devise de référence de l’économie mondiale et le monde multipolaire ou sauver leur hégémonie par une succession de guerres pouvant déboucher sur un conflit majeur. Les milieux impérialistes de Washington n’acceptent pas la première situation pourtant inéluctable et déjà bien en cours qui ouvre grand les portes d’un monde multipolaire et se sont engagés dans la seconde avec tous les risques que cela comporte pour la paix mondiale et le devenir de l’humanité.

« Nous devons commettre un bon paquet de massacres »

LSF – Nous sommes donc, selon vous, au bord d’un nouveau conflit mondial ?

Pas au bord, mais dedans, et c’est ce processus qu’il faut bloquer. Les dirigeants étasuniens n’ayant jamais admis une autre vision du monde que celle où les États-Unis lui dictent sa loi, l’arrogance des milieux impérialistes se manifeste désormais dans tous ses aspects : médiatique ; financier ; économique ; juridique ; culturel ; militaire. Tout ce qui fait obstacle aux visées des sociétés transnationales étasuniennes doit être détruit d’une manière ou d’une autre, y compris en Europe, à coups de traités, d’espionnage, de campagnes médiatiques, de corruption ou de guerres. Lors d’une conférence prononcée en 1997, Ralph Peters, spécialiste du renseignement étasunien et membre d’un think tank au nom évocateur de Projet pour un nouveau siècle américain (Project for the New American Century) estimait vital pour les États-Unis d’intensifier les guerres pour assurer leur domination : « Le rôle imparti de facto aux forces des États-Unis, dit-il alors, consistera [dans le futur] à tenir le monde pour la sauvegarde de notre économie et ouvert à notre assaut culturel. À ces fins, nous devrons commettre un bon paquet de massacres. » Vous avez vu que l’on parle beaucoup d’un livre sur Donald Trump paru aux États-Unis qui, pour être sans grand intérêt, a eu droit à une forte promotion médiatique. Par contre, il en est un autre, publié peu avant, qui a pour titre Stratégie de la sécurité nationale des États-Unis dont pratiquement personne n’a parlé. Édité par l’administration étasunienne et signé de Donald Trump, celui-ci affirme que « les USA doivent exercer le leadership dans le monde ». Cette prétention impériale n’est pas nouvelle. Depuis leur fondation en 1776, les États-Unis ont passé plus de 95% de leur existence à faire la guerre aux peuples sur tous les continents. Les dirigeants étasuniens dont le pays cumule à la fois les tristes records occidentaux du commerce de drogues, des ventes d’armes, du plus gros budget militaire – 700 milliards de dollars ! – du plus grand nombre d’années de guerres et du plus grand nombre de pauvres et de sans-abri sont disqualifiés pour donner des leçons de morale et de droits de l’Homme et du citoyen aux autres peuples.

« C’est le marché et non le Parlement qui décide ! »

– La France n’est plus que l’ombre d’elle même, vassalisée par les USA depuis au moins sa réintégration dans l’OTAN, dominée par l’Allemagne dans l’UE, corrompue par l’argent du pétrole. Est-ce que ses dirigeants ont des circonstances atténuantes ?

L’impact humain des décisions politiques des dirigeants étasuniens et de l’Union « européenne » est catastrophique. Il l’est également sur les plans politique et économique. Les guerres développées contre des pays arabes et africains, mais aussi en Europe centrale, sont un choix délibéré de ces dirigeants pour imposer l’hégémonie de leurs sociétés transnationales qui cherchent à s’approprier les richesses des peuples. En conséquence, ces dirigeants ne peuvent avoir de circonstances atténuantes. Nul n’a le droit d’enlever la vie à quelqu’un et encore moins à des régions, à des pays entiers. Les millions de pauvres qui débarquent en Europe occidentale y sont poussés, pour l’essentiel d’entre eux, par la misère résultant du pillage économique de leurs pays et des guerres menées par ces dirigeants occidentaux. Bien évidemment cela ne justifie en rien cet exode de masse que j’analyse dans Trump face à l’Europe. Les peuples qui vivent debout sont ceux qui luttent contre la guerre et l’exploitation, pour la défense de leur terre, de leur culture, de la paix et non ceux qui désertent ce combat pour aller quémander la charité à leurs assassins.

– Ou au contraire, vont-ils pouvoir retourner leur veste et aller se vendre, et nous avec eux, à des nouveaux maîtres, chinois ou autres ?

Peu importe ce que décideront les dirigeants occidentaux. Ce sont les peuples qui font l’histoire. Les choses sont donc relativement simples, du moins sur le principe : soit les peuples d’Europe occidentale se donnent des dirigeants qui font le choix de la paix et de la coopération entre les peuples, à commencer par l’Europe entière, soit ils continuent d’élire des dirigeants qui laissent courir la crise, divisent l’Europe et attisent les guerres. Pour le moment, faute de parti révolutionnaire qui propose des mesures permettant de rompre avec  la domination de la grande finance sur le politique, de développer la démocratie politique et économique  et d’ouvrir une nouvelle construction européenne, celle-ci continue de dicter ses exigences au pouvoir exécutif. Dans son ouvrage titré Le nouveau capitalisme criminel traitant de l’influence des milieux financiers sur l’État Jean-François Gayraud résume en une phrase la situation de ce « capitalisme de connivence » aux pratiques quasi mafieuses : « Votez pour qui vous voudrez, cela est indifférent, puisque au final c’est le marché et non le Parlement qui décide » ! Nous vivons ce que Lénine appelait déjà en 1916 « l’hégémonie du rentier et de l’oligarchie financière » qui conduit à la guerre. Chacun doit donc bien avoir à l’esprit que le cumul prolongé des guerres actuelles déclenchées par Washington peut déboucher sur un nouveau conflit à l’issue duquel les survivants envieront les morts.

Israël empoisonne la vie diplomatique internationale

– Dans cette guerre syrienne, on a beaucoup parlé de la piste du pétrole  mais aussi du plan sioniste de découpage des pays de la région qui faisaient de l’ombre à Israël. Quelle est votre analyse ?

Le plan sioniste s’est concrétisé dans un premier temps par la création d’un « foyer national juif en terre arabe » votée à l’ONU le 29 novembre 1947. Cette décision prise à l’arraché est contraire à la charte de l’ONU dont l’article 1.2 donne à l’organisation internationale la mission de « développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes ». Créer un « foyer national » religieux sur le territoire d’un autre État qui n’a aucune communauté de langue et de culture avec la population importée n’est pas vraiment faire respecter son droit à la souveraineté. À la fin du XIXe siècle, dans les débuts du sionisme, les juifs ne représentaient que 4% de la population de Palestine et à peine plus lors de la création de l’État colonial d’Israël. Les dirigeants étasuniens ont vu dans le projet sioniste le moyen de capter les voix des juifs pour les élections présidentielles US et surtout celui de se constituer une « tête de pont » docile sur la région pour leurs futures guerres. Depuis, au travers d’Israël, Washington entretient un foyer de tension permanent sur le monde arabe et la région n’a plus jamais connu la paix. Ce nouvel État religieux s’est approprié de nouvelles terres par le terrorisme et une guerre permanente contre tous les peuples de la région. Celle-ci ne peut continuer que par la division du monde arabe entretenu par les Occidentaux avec des organisations comme celles des Frères musulmans et par les milliards de dollars que Washington consacre à cette guerre. Pour rappel, les accords militaires décennaux entre Washington et « sa » colonie portent sur plus ou moins 40 milliards de dollars. Mais, même si les milieux financiers étasuniens et israéliens ont des connivences, l’économie d’Israël est fragile car très fortement dépendante des investissements étrangers. La découverte de nouvelles réserves de gaz et de pétrole très importantes tant en territoire syrien qu’au large de la côte palestinienne conduit ses dirigeants à violer une nouvelle fois le droit international dont, l’histoire l’a montré, ils n’ont que faire, pour tenter de faire main basse sur ces richesses qui ne leur appartiennent pas. Depuis les années 1970, les dictateurs d’Arabie saoudite travaillent main dans la main avec le régime ségrégationniste et colonialiste d’Israël par consortiums bancaires et groupes terroristes interposés avec pour seul objectif d’assurer leur survie et leur enrichissement. Ces deux États que tout semble opposer ont des caractéristiques communes : ils ne sont pas laïcs, sont sur-militarisés par l’Occident, la corruption y est très importante et leur organisation politico-sociale fragile. Les carcans religieux monothéistes qui fondent le pouvoir de ces régimes les placent à contre-courant du mouvement général des sociétés qui tend vers plus d’ouverture, d’échanges et de démocratie. Israël s’est enfermé dans les murs de béton et les barrières de barbelés d’un nouveau ghetto, encore une fois en complète violation de la Charte et de résolutions de l’ONU. De nombreuses associations juives de par le monde ne reconnaissent pas l’entité israélienne et manifestent même contre elle. Le terrorisme sert de prétexte aux dirigeants afin de protéger les colonies qu’ils ont implantées par le vol des terres palestiniennes, syriennes mais également dans d’autres pays, principalement en Afrique. Celles-ci représentent plus de 20 fois sa superficie ! 6. Le thème de propagande religieuse du « grand Israël » n’est qu’une idéologie de bazar derrière laquelle s’abrite la guerre, le pillage économique des peuples et la misère qui en découle. Le 10 février dernier, la douzième agression israélienne menée par des avions israéliens et étasuniens contre la Syrie depuis le début du conflit en mars 2011 s’est terminée par un véritable fiasco pour Israël dont plusieurs avions ont été abattus. Israël cherche par tous les moyens à ranimer le conflit dans lequel les États-Unis et leurs alliés sont en échec pour l’étendre à tout le Proche-Orient. Si vous regardez l’histoire de cette entité, un fait s’impose : depuis sa création, le régime ségrégationniste d’Israël empoisonne la vie diplomatique internationale tant par son refus d’appliquer les résolutions de l’ONU que par ses guerres incessantes contre les peuples de la région, au premier rang desquels les palestiniens. De son côté la dictature saoudienne favorise au travers de réseaux religieux et associatifs le développement de l’idéologie wahhabite sur laquelle s’appuient des bandes armées mafieuses pour justifier leur djihad. Vous retrouvez ceux-ci dans les conflits qui éclatent du Yémen à l’Afrique du Nord-Ouest en passant par le Sahel. Au Yémen, les dirigeants saoudiens ont commis des crimes odieux qui restent absents de la plupart des médias français. De tels régimes qui ne survivent que par la guerre, la corruption et le terrorisme sont condamnés à disparaître d’une manière ou d’une autre même s’ils sont sous les ailes protectrices de Washington et de l’Union « européenne » qui, par ailleurs, n’ont rien à faire militairement dans la région en dehors du cadre de l’ONU ou d’accords de coopération entre États.

L’oligarchie économique et financière est responsable de la guerre

– Vous qui connaissez aussi bien le monde bancaire, quel lien faites vous entre ces guerres et les crises bancaires de 2008 et celle en cours ? Est-ce que les élites mondialistes n’ont pas perdu beaucoup plus qu’une guerre en Syrie ?

C’est pour cette raison que les dirigeants occidentaux tentent par tous les moyens d’empêcher que la vérité transparaisse sur leurs relations avec des groupes criminels qui leur permettent de mener leurs guerres par procuration. Les dénoncer, c’est montrer que le capitalisme s’appuie sur la terreur pour survivre à sa crise actuelle. L’économie capitaliste est devenue une économie-casino, virtuelle et détachée de l’économie réelle. Elle ne subsiste plus que par le pillage des États, y compris occidentaux, et les places offshore. Actuellement, la capitalisation boursière d’une dizaine de transnationales étasuniennes cumule plus de 4 100 milliards de dollars soit deux fois le PIB de la France. Leur puissance se développe désormais à la hausse continue par des machines relevant de l’intelligence artificielle et en dehors de presque tout contrôle humain. Dans son ouvrage Le nouveau capitalisme criminel Jean-François Gayraud explique clairement et de manière passionnante comment avec le trading de haute fréquence « la finance mondialisée s’est transformée en un écosystème complexe de transactions électroniques ». Valérie Bugault, docteur en droit et auteure, avec l’ancien banquier Jean Rémy, de Du nouvel esprit des lois et de la monnaie  a publié sur votre site un article fort intéressant titré Les données dématérialisées. Celui-ci donne une idée des affrontements en cours sur la propriété économique. 7. Les privatisations qui ne font qu’accélérer ce processus ne sont rien d’autre qu’un aspect du pillage de l’État par les transnationales de la finance et de l’économie. Derrière toutes ces guerres vous retrouvez l’oligarchie des grands banquiers et des grands patrons qui organise la destruction des États afin de s’approprier de « nouveaux territoires économiques ». Avec son échec en Syrie et sur d’autres fronts comme en Ukraine ou à Cuba, cette oligarchie mesure qu’elle doit aujourd’hui faire face à l’OCS qui ne cesse de gagner en influence. Les dirigeants de nouveaux pays comme ceux de Turquie, du Cambodge, du Népal, de Mongolie ou les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en deviennent observateurs, partenaires de discussion ou invités. Tous ces peuples expriment dans leur diversité leur volonté commune de faire respecter leur souveraineté et la paix contre l’impérialisme occidental. Concernant la manière dont les acteurs de l’oligarchie préparent les guerres vous avez pu lire dans Trump face à l’Europe 8 les témoignages et les faits que je rapporte.

Washington arme les FDS pour continuer la guerre sur la région

– La victoire de la Syrie contre ses agresseurs va-t-elle avoir des conséquences pour ces derniers ?

Oui, sans aucun doute. En Syrie, les Occidentaux commencent à connaître aujourd’hui les conséquences de leur plus grand échec militaire, politique et diplomatique après les guerres contre le Vietnam et contre Cuba. C’est la raison pour laquelle les dirigeants étasuniens manœuvrent pour entretenir la guerre en tentant toujours une partition de la république arabe syrienne. Washington, avec l’OTAN dont la France est membre, tente d’organiser une nouvelle armée de mercenaires avec des factions kurdes, à la frontière turque, dans le nord-est de la Syrie. L’objectif des États-Unis est de constituer une nouvelle armée qui pourra continuer la guerre dans la région et servir de base pour mener d’autres guerres contre l’Asie centrale, un peu comme ils l’ont fait avec le Kosovo ou la Libye. À cette fin, à l’heure actuelle, 2 800 conseillers militaires étasuniens et 1 100 militaires de pays de l’OTAN encadrent ces groupes irréguliers en territoire syrien. Ces groupes réunis par les services étasuniens sous le nouveau nom de « Forces démocratiques syriennes » n’ont pas plus à voir avec la démocratie qu’avec la défense de la république syrienne. Après l’échec de l’« Armée syrienne libre » ce nouveau groupe « à base kurde » permet à Washington et à ses alliés occidentaux de continuer la guerre contre la Syrie et sur la région. La présence de cette force et de ces militaires constitue une nouvelle violation du droit international. Au faux prétexte de combattre le terrorisme, les États-Unis et leurs alliés prolongent ainsi leur occupation illégale de la Syrie par groupes terroristes interposés. En territoire syrien, les militaires étasuniens encadrent, forment et arment leur nouvelle armée criminelle dont ils se servent pour déstabiliser la région, y compris la Turquie. C’est ainsi que le long de la frontière turco-syrienne des groupes kurdes armés par le Pentagone combattent d’autres groupes armés par la CIA. Les dirigeants de mouvements kurdes qui se prêtent à ce jeu vont devoir choisir entre défendre la république syrienne contre l’envahisseur étasunien ou en être éliminés avec lui. Sans doute faut-il rappeler que la Syrie a massivement accueilli des Kurdes, notamment en provenance d’Irak et a répondu à leur désir de région autonome au sein de la république syrienne. Contrairement à la rengaine de médias français, il n’y a pas de « proposition occidentale de paix » mais un plan étasunien destiné à faire sur la Syrie ce qu’ils ont déjà fait en Irak puis en Libye à savoir une destruction complète de l’État pour en faire un pays morcelé en fonction de ses ressources. Ces troupes et la coalition de Washington s’efforcent de mettre sous tutelle US des ressources économiques du pays pour les piller. Si les États-Unis persistent dans cette voie, la guerre peut prendre rapidement une toute autre ampleur.

– Que font les dirigeants français alors que la république syrienne est sur la voix de la paix après sa victoire militaire sur les groupes terroristes armés par Washington et Paris avec des pays du Golfe ?

Ils continuent le sale boulot de la présidence Hollande. Mais tous les effets d’annonces médiatiques des présidents Trump et Macron sur différents thèmes ne peuvent effacer la réalité du système qu’ils défendent : la crise continue de s’aggraver et les grands capitalistes ont besoin de la guerre pour s’approprier des « nouveaux territoires économiques ». Rappelez-vous les propos d’Emmanuel Macron en avril 2017 prétendant vouloir partir en guerre en Syrie « même sans mandat de l’ONU » puis plus tard, en décembre, que « Bachar est l’ennemi du peuple syrien ». Ce n’est visiblement ni l’avis des Syriens ni celui des principaux représentants des États à l’ONU, où les États-Unis, Israël et la France sont désormais en pleine illégalité internationale et disqualifiés pour parler de la paix. L’administration Trump travaille également à étendre la guerre sur d’autres pays comme l’Iran et l’Asie centrale. Il n’y a pas un seul grand conflit actuel dans le monde dont « le pays de la guerre » ne soit pas responsable en l’ayant provoqué et favorisé son développement. Partout où flotte le drapeau yankee, c’est plus de guerre et plus de misère.

Les deux mondes

– Cette guerre en Syrie restera-t-elle comme le début officiel du basculement d’un monde unipolaire à un monde multipolaire ?

Le basculement d’un monde unipolaire à un monde multipolaire a commencé avec la naissance de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) dans les années 1996 à 2000 et n’a cessé de se développer depuis les années 2000-2006. Aujourd’hui, aux côtés de la République populaire de Chine et de la Fédération de Russie, de grands États comme l’Inde, le Pakistan en sont devenus membres et d’autres comme l’Iran et la Turquie pourraient y adhérer. Les pays fondateurs ont mis en place, en octobre 2005, un consortium inter-banques d’affaires qui réunit les principales banques de chaque État membre ; puis, en juin 2006, un Conseil des affaires composé des principaux dirigeants des secteurs économiques-clés de chaque État membre également. Par ailleurs, plusieurs d’entre eux ont déjà constitué en 2011 l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) avec laquelle ils luttent contre le terrorisme et préservent leur territoire contre toute ingérence étrangère. Je donne les grandes étapes du développement de l’OCS dans Trump face à l’Europe passant en revue la création de l’OCS, du groupe des BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud) et de l’Union économique eurasiatique (UEEA). Disons que l’agression contre la Syrie rend l’évolution du monde plus lisible par le fait qu’elle met en lumière le jeu des dirigeants occidentaux avec le terrorisme et la volonté des peuples de la région à  faire respecter leur souveraineté.

– Vous écrivez dans le tome 2 de 56 que « notre monde empire et devient plus dangereux ». Au lendemain de la guerre contre la Syrie, comment peut évoluer la situation internationale ?

Vous avez aujourd’hui deux mondes qui apparaissent plus clairement, même s’ils sont en chantier depuis les années 1990-2000 : l’un, celui de l’OCS, devenue depuis l’Organisation de coopération et de sécurité, monde multipolaire respectueux de la souveraineté des États. Celui-ci s’organise pour promouvoir le droit international, démocratiser l’ONU et les organisations internationales, favoriser une politique de paix, chasser les puissances impérialistes et leurs groupes terroristes de ses territoires et engager de grands chantiers par des coopérations financières, économiques, sociales et culturelles. Le monde de l’Eurasie qui travaille à la paix et à la coopération et s’esquisse comme le monde positif. Les pays membres de l’OCS, qui ont souvent des systèmes politiques très différents et une grande diversité de cultures, s’efforcent de résoudre les grands problèmes auxquels ils sont confrontés : contrôle de leurs richesses, santé, éducation, logement, chômage, développement, protection de l’environnement, etc. Ces États réalisent des coopérations mutuellement avantageuses en monnaie locale et non plus en dollars, ce qui les dégage de toute hégémonie étasunienne. De grands chantiers sont en cours ainsi que j’en donne de nombreux exemples dans Trump face à l’Europe et ce sont même les plus grands chantiers au monde. Ceux-ci, souvent gigantesques, n’ont pas pour objectif d’enrichir les propriétaires privés de sociétés transnationales et du cartel des banques mais de participer au développement humain et des territoires. Les grands travaux en cours entre Pékin et Moscou comme avec tous les pays de l’OCS, de l’UEE, des BRICS et autres sont l’un des aspects du nouveau monde qui émerge. Le maillage de grands axes routiers, de ports, de voies ferrées, de gazoducs et d’oléoducs  permettra de relier la République populaire de Chine à l’Europe occidentale en passant par l’Asie centrale, la Fédération de Russie mais également l’Afrique. Si rien ne sera résolu sur le fond tant que les forces productives ne s’approprieront pas le pouvoir politique et la maîtrise des grands moyens de financement, de production et d’échange, le développement de l’OCS et d’autres organisations milite en faveur de la paix et de la démocratie. Les dirigeants de Washington et d’Europe occidentale peuvent faire le choix d’entraver ce processus comme ils le font aujourd’hui. Mais ils échoueront et enfonceront leurs pays un peu plus dans la crise et dans la guerre. C’est ce qui caractérise cet autre monde occidental, unipolaire, dans lequel les États-Unis tentent toujours d’imposer leur hégémonie. Ce monde négatif est en pleine régression économique et culturelle, en voie d’appauvrissement continu. Selon le Bureau du recensement des États-Unis plus de 146 millions d’Étasuniens figurent dans les catégories « revenu médiocre » ou « faible revenu » sur 321 millions d’habitants. Et, selon le Département des statistiques du travail étasunien (Bureau of Labor Statistics), plus de 102 millions sont aujourd’hui sans emploi, 47 millions, soit plus que la population de l’Espagne, ne survivent que de coupons alimentaires tandis que 1,6 million d’enfants dorment sur les trottoirs ou dans des refuges ! Quant à la petite Europe de Maastricht, elle compte aujourd’hui 123 millions de personnes pauvres ou en exclusion sociale sur une population de plus ou moins 511 millions d’habitants, soit 7 millions de plus qu’en 2008 ! 9. Il y a donc un monde, celui de l’OCS et des BRICS qui travaille à la paix et à la coopération des peuples pour résoudre les grands problèmes posés à la planète  et un autre, celui des États-Unis et de l’Union « européenne » qui continue de s’enfoncer dans la crise capitaliste et la guerre.

– Le monde multipolaire peut-il éradiquer le terrorisme ?

Je le pense, même si cela prendra du temps pour plusieurs raisons. D’une part les pays membres de l’OCS et de l’OTSC ont déclaré dans un communiqué commun leur volonté de mettre un terme aux activités de groupes terroristes dans leur espace territorial et d’en exclure toutes les bases militaires étrangères, principalement celles des États-Unis. C’est l’une des conditions de la paix et les États-Unis devront s’y faire d’une manière ou d’une autre. Le constat est désormais fait que les États-Unis et quelques pays occidentaux, principalement la France et l’Angleterre, soutiennent ces groupes terroristes avec les dictatures du Golfe pour renverser des gouvernements. En conséquence, ce n’est plus désormais à des États séparés que ces agresseurs vont devoir faire face mais à une communauté d’États qui ne cesse d’agir pour la paix. Cette communauté va de Pékin à Moscou et d’Astana à New Delhi en passant par Islamabad. À l’heure où nous parlons, il est désormais acquis que Washington a planifié et exécute une succession de guerres sur tout le Proche-Orient ; que l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats ont apporté un soutien financier et militaire aux groupes terroristes activés par Washington et Paris et que la Turquie et la Jordanie ont permis leur entraînement sur leurs territoires. Ces agressions montent en puissance et Washington développe sa politique d’ingérence sur toute la région. Les liens entre puissances opposées aux guerres de Washington se renforcent, notamment entre l’Iran, la Fédération de Russie, la Syrie, l’Irak, la République populaire de Chine et le Pakistan afin de faire face à cette perpétuelle agression occidentale. D’autre part, le développement économique et social et la lutte contre la misère favoriseront l’éradication du terrorisme dont le terreau est la misère et l’ignorance. Comme le dit dans le tome 2 de 56 un fonctionnaire marocain travaillant dans la proximité du renseignement que j’ai pu rencontrer, « si les jeunes que nous arrêtons avaient eu une enfance heureuse, s’ils avaient pu faire des études, avoir un bon métier et un bon salaire, croyez-vous qu’il leur serait venu à l’idée de devenir des criminels ? Sans doute n’auraient-ils même pas fréquenté les mosquées ! ».

Le petit prince de Washington

– Question subsidiaire, cette interview  intervient quelques semaines après le coup de balai du Prince Salman en Arabie saoudite. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous eu des premiers échos de vos contacts en Syrie ou en France ?

Ce qui peut paraître comme un « coup de balai » n’est qu’une guerre de clans entre bédouins de palais pour le pouvoir. Derrière une communication débridée sur une prétendue modernisation du royaume en réalité le régime se durcit car il se sait de plus en plus contesté tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’Arabie a été confisquée à son peuple par la famille Saoud à coups de guerres des années 1900 à 1932. D’abord avec les Anglais, mais surtout avec les Étasuniens à partir de 1945, elle deviendra une sorte d’entreprise familiale consacrée à la division du monde arabe et au service de toutes les guerres de Washington, de l’Afghanistan au Yémen. Cette dictature est l’un des parrains idéologique, financier et militaire de groupes terroristes du monde arabo-musulman. Comme l’écrit René Naba dans son livre, L’Arabie saoudite, un royaume des ténèbres ce pays aura été « l’incubateur absolu du djihadisme erratique dans toutes ses déclinaisons (…) le meilleur alibi à l’impunité d’Israël et à sa sanctuarisation. » 10. Elle ne survit que par le soutien de puissances étrangères occidentales qu’elle flatte de sa « diplomatie du chéquier ». Les milieux impérialistes de Washington avaient eu l’idée, et l’ont toujours, de redécouper le Proche-Orient en fonction des richesses de ces pays c’est-à-dire en fonction des intérêts économiques et financiers des transnationales étasuniennes. Il y a quatre ans de cela, le président Poutine avait indiqué que si les dirigeants de Washington voulaient redécouper le Proche-Orient au mépris des droits des peuples et de la paix mondiale et en fonction de leurs seuls intérêts, ils devaient prendre garde car il était effectivement possible de modifier le Proche-Orient mais pas forcément dans le sens qu’ils souhaitaient. Les choses suivent donc leur cours « normal ». Les médias français n’en parlent pratiquement pas, mais quel constat peut-on faire aujourd’hui, quatre ans plus tard, sur cette région  du Proche-Orient ? Là où les États-Unis sont encore présents, c’est la guerre, l’instabilité, la misère, les droits de l’homme bafoués et l’exode. Ailleurs, des échanges politiques et économiques se tissent, même timidement, la Fédération de Russie est devenue l’un des premiers partenaires des pays arabes et la République populaire de Chine conforte sa présence. L’intérêt de l’Arabie saoudite qui se situe dans la proximité de l’Eurasie est d’entretenir des relations de bon voisinage avec les pays membres de l’OCS même si son système politique et ses alliances ne peuvent en faire un partenaire privilégié. Ce n’est pas le chemin qu’elle emprunte en attisant la guerre contre l’Iran. Les dirigeants russe, iranien et le dictateur saoudien se retrouvent avec d’autres autour du prix du baril de pétrole, du moins pour le moment. Mais l’Arabie saoudite ne pourra jouer indéfiniment le rôle de « mère porteuse » des guerres impérialistes contre les peuples de la région sans avoir a en subir elle-même les conséquences si elle persiste dans ce rôle que lui a attribué Washington.

– Qu’est devenue Mariah Saadeh, la députée syrienne dont vous retranscrivez une longue interview à la fin de votre livre ? Continuez-vous à garder des contacts avec elle ? Et vous-même, avez vous des projets ?

De manière générale, mes contacts dans les pays arabes ont évolué au fil de mes enquêtes depuis le début des années quatre-vingt dix et j’y conserve des contacts de qualité dans différents milieux. La trilogie constituée des deux tomes de 56 et de Trump face à l’Europe sera sans doute mon dernier engagement comme journaliste d’investigation et clôturera mes quarante-cinq années de journalisme. Mais, en la matière, il ne faut jamais dire « fontaine je ne boirai pas de ton eau » d’autant que je ne peux m’arrêter d’écrire. J’ai d’autres projets très différents. Mais avant, je dois me laver de toute cette boue remuée durant des années. Pour le moment, je fais comme le flic de la DGSI qui rend sa carte parce qu’il en a marre de risquer sa peau en pistant des criminels protégés par des politiciens : je m’assois confortablement dans un coin de la belle campagne quercynoise avec un bon Gaillac « Passion » des vignerons d’Ovalie et je regarde la guerre des gangs en col blanc.

– Merci Jean-Loup Izambert d’avoir répondu aussi longuement à nos questions.

Notes

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  1. Ed. des Syrtes
  2. Ed. Les Arènes
  3. Sources : Sénat, Projet de  loi  de finances  pour  2017, Médias, livres et industries culturelles : presse. Avis n° 144 (2016-2017) de M. Patrick Abate, fait au nom de la commission de la Culture, de l’éducation et de la communication, déposé le 24 novembre 2016. Chapitre Le numérique ou la recherche d’un nouvel équilibre ; paragraphe Aides spécifiques ; section Un déséquilibre qui demeure p.34 et Sénat, Rapport général fait au nom de la commission des finances sur le projet de loi des finances pour 2017 adopté par l’Assemblée nationale, par Albéric de Montgolfier, tome III,  Les moyens des politiques publiques et les dispositions spéciales ; Annexe n°20, Médias, livres et industries culturelles. Rapporteur spécial : M.François Baroin, enregistré à la présidence du Sénat le 24 novembre 2016. Ces documents indiquent que pour 2017, les aides publiques directes consacrées au Programme 180 Presse et médias s’élèvent à 294,3 millions d’euros. S’y ajoutent les nombreuses aides indirectes. Le sénateur Patrick Abate souligne qu’« en 2015, 54 % des aides indirectes (NdA : 1,3 milliard d’euros) étaient   structurellement réservées aux titres papier »
  4. Source : Sénat, Projet de loi de finances 2017 : Médias, livres et industries culturelles, Avis n°144 (2016-2017) de M. Patrick Abate, fait au nom de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication, déposé le 24 novembre 2016 et Sénat, Projet de loi de finances 2018, idem 2017, avis n°112 (2017-2018) de M. Michel Langier, déposé le 23 novembre 2017
  5. Lire sur cette question Sarkozy sous BHL par Roland Dumas et Jacques Vergès, Ed. Pierre-Guillaume de Roux
  6. Source : L’Arabie saoudite, un royaume des ténèbres par René Naba, Ed.Golias, p.192
  7. Les données dématérialisées par Valérie Bugault, Le Saker francophone, www.lesakerfrancophone.fr, 19 janvier 2018
  8. Trump face à l’Europe par Jean-Loup Izambert, IS Edition, www.is-edition.com.
  9. Source : Rapport Une Europe au service de la majorité et non d’une élite, Oxfam France, 9 septembre 2015, p. 3, intervention   d’Isabel Ortiz, directrice du Département de la Protection sociale à l’Organisation internationale du travail (OIT), www.oxfamfrance.org
  10. L’Arabie saoudite, un royaume des ténèbres par René Naba, Ed. Golias
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