Isikoff, celui qui avait lancé le faux dossier Steele, invente une nouvelle histoire d’ » influence russe « .


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama – Le 9 juillet 2019

Michael Isikoff a été le premier journaliste à parler du faux dossier Steele sur la présumée influence russe sur Donald Trump. Il a par la suite admis que les affirmations contenues dans ce dossier étaient « probablement fausses« . Aujourd’hui, Isikoff invente une nouvelle histoire bidon sur cette « influence russe ».

Isikoff prétend que la théorie du complot disant que Seth Rich, un employé du Comité National Démocrate (DNC), a été tué parce qu’il avait volé les courriels du DNC que Wikileaks a publiés plus tard, est une histoire qui a été inventée par les services de renseignements russes.

Exclusif : Les vraies origines de la théorie du complot sur Seth Rich.

WASHINGTON - Au cours de l'été 2016, des agents des services de renseignements russes ont secrètement diffusé un faux rapport prétendant que Seth Rich, un membre du Comité National Démocrate, avait été abattu par une escouade d'assassins travaillant pour Hillary Clinton, ce qui a donné naissance à une fameuse théorie du complot qui a captivé les militants conservateurs et a ensuite fait l'objet d'une promotion par la Maison blanche du président Trump, selon une enquête de Yahoo News.

Un service de renseignement russe, travaillant sur l’étranger et connu sous le nom de SVR, a d'abord diffusé un faux "bulletin" - déguisé en véritable rapport de renseignement - sur le meurtre présumé de l'ancien employé du DNC, le 13 juillet 2016, selon le procureur fédéral américain en charge de l'affaire Rich. C'était juste trois jours après que Rich, 27 ans, ait été tué dans ce que la police pensait être un vol bâclé alors qu'il rentrait chez lui à pied, dans le quartier de Bloomingdale, Washington, D.C. qui se situe à environ 30 pâtés de maisons au nord du Capitole.

Isikoff fait référence au douteux site WhatDoesItMean.com. Le 13 juillet 2016, il y était publié :

Un triste rapport du Service du renseignement extérieur (SVR) qui circule aujourd'hui au Kremlin indique qu'un haut responsable du Parti Démocrate américain se préparant à témoigner contre Hillary Clinton a été assassiné dimanche dernier lors d'une réunion secrète à Washington D.C. qu'il croyait tenir avec des agents du Federal Bureau of Investigation (FBI), qui se sont révélés être en fait une "équipe de tueurs" qui a elle-même été arrêtée, hier, après une bataille armée contre des policiers fédéraux américains, à quelques rues de la Maison blanche.

Selon ce rapport, des "spécialistes en l'électronique" du SVR effectuant des "missions/opérations" de contre-espionnage ont noté le 7 juillet une augmentation "énorme/ gigantesque" du trafic informatique et téléphonique entre le siège du Comité National Démocrate (DNC) à Washington et les bureaux de la Fondation Clinton (CF) à New York City.

Ce rapport, selon Isikoff, a été préparé par le SVR et a été le premier à faire le lien entre le meurtre de Seth Rich et son travail au sein du DNC.

Isikoff cite également Deborah Sines, « l’ancienne assistante du procureur américain en charge de l’affaire Rich jusqu’à sa retraite l’année dernière » :

Dans ses efforts pour mieux comprendre d'où venaient cette théorie du complot, Sines a utilisé son habilitation sécuritaire pour avoir accès à des copies de deux rapports de renseignements du SVR sur Seth Rich, rapports qui avaient été interceptés par des agents du renseignement américain. Par la suite, elle a rédigé une note de service documentant le rôle de la Russie dans la promotion de cette théorie du complot, note qu'elle a envoyé à la division de la sécurité nationale du ministère de la Justice, puis a personnellement informé les procureurs du conseiller spécial Robert Mueller de ses conclusions.

Je doute que l’habilitation de sécurité de Mme Sines lui permette de rendre public ce que les services de renseignements américains ont intercepté et lu dans les rapports ou les faux bulletins du SVR.

L’affirmation selon laquelle la « Russie » serait à l’origine l’histoire de Seth Rich par le biais de ce site Web farfelu peut être facilement démystifiée. Cette version donnée par ce site, disant que Seth Rich était censé rencontrer des agents du FBI, n’a jamais été crédible. Ce n’était pas non plus la première version, comme le prétend Isikoff.

Le journaliste du Washington Post, Philip Bump, a découvert qu’au moins six Américains ont publiquement affirmé que le meurtre de Seth Rich était lié à Hillary Clinton, avant que ce douteux site Web ne publie sa version. Ce n’est pas étonnant du tout. L’idée d’un « comptage des victimes de Clinton » existe depuis des décennies.

Isikoff affirme également que ce sont les « trolls russes » qui ont publicisé l’histoire :

En même temps, des trolls en ligne travaillant à Saint-Pétersbourg, Russie, pour l'Internet Research Agency (IRA) - la même organisation fantomatique qui a dirigé l'opération des médias sociaux russes pendant les élections de 2016 - ont agressivement publicisé cette théorie du complot. L'IRA a créé de faux comptes, se faisant passer pour ceux de citoyens américains ou de groupes politiques, a twitté et retweeté plus de 2 000 fois sur Rich, aidant à garder les fausses allégations sur sa mort dans le flux des médias sociaux, selon l’analyse d'une base de données des comptes troll russes faite par Yahoo News.

Mais Philip Bump a une autre version :

Une recherche, effectuée par le Post, sur les tweets russes ne trouve que 640 tweets mentionnant "Seth Rich". La plupart de ces tweets ont été postés bien après l'élection.

Plus de la moitié des tweets de l’IRA sur Seth Rich ont été envoyés en août 2017. Ils ont été postés après que Fox News et Steve Bannon aient colporté publiquement cette théorie du complot.

L’IRA est une société de publicité commerciale. Ses personnalités fictives en ligne créent du trafic Web pour vendre des publicités. Cette activité n’a rien à voir avec le gouvernement russe. Dans l’affaire pénale contre le propriétaire de l’IRA, un juge fédéral a récemment confirmé qu’il n’y avait aucune preuve établissant un lien entre les activités de l’IRA et le gouvernement russe. Le juge critique le fait que l’enquête Mueller fasse une telle déclaration :

En bref, la Cour conclut que le gouvernement a enfreint la règle 57.7 en faisant ou en autorisant la publication de déclarations publiques établissant un lien entre les activités présumées des défendeurs et le gouvernement russe et en émettant une opinion sur la culpabilité des défendeurs et les preuves contre eux. La Cour examinera donc la réponse appropriée à cette violation, en commençant par la possibilité d'un outrage au tribunal.

Que Seth Rich ait été tué parce qu’il a volé les courriels du DNC et les a transférés à Wikileaks est une théorie du complot. C’est possible et même plausible, mais il n’y a aucune preuve pour le confirmer. Beaucoup de gens semblent le croire parce que c’est plus logique que la théorie du complot concurrente disant que la Russie a piraté le DNC et remis les courriels à Wikileaks. L’affirmation d’Isikoff, selon laquelle la Russie est à l’origine de la théorie du complot concernant Rich, n’a aucune base solide. Cette théorie existait avant qu’un quelconque « russe » n’en parle.

Philip Bump conclut :

Il est toujours tentant de suggérer que des idées venant d’on ne sait où, comme l’histoire de Rich, sont le fait d'acteurs externes malfaisants, du genre agents des services de renseignements russes. Ce texte de Bannon, cependant, montre une vérité plus anodine : il a été politiquement utile pour un certain nombre de personnes d'exagérer ces allégations au détriment de la réputation de Rich.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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