Hassan Nasrallah : la fin de l’illusion des deux États annonce la libération de la Palestine


Par Hassan Nasrallah – Le 16 fevrier 2017 – Le blog de Sayed Hasan

Le discours du Secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 16 février 2017, à l’occasion de la commémoration annuelle des dirigeants martyrs.

Eh bien, le deuxième point est la question israélienne du point de vue palestinien. 
Que se passe-t-il actuellement ? Israël poursuit le processus de judaïsation au maximum. La judaïsation d’Al-Quds (Jérusalem), l’expulsion de ses habitants, (la construction de) davantage de résidences et de colonies pour modifier son identité et la séparer de la Cisjordanie, jusqu’à l’interdiction de l’appel à la prière, projet du gouvernement de Netanyahou adopté par la Knesset, jusqu’à la loi légalisant le vol de terres palestiniennes en Cisjordanie, avec en cours la construction de milliers de résidences en Cisjordanie, la continuation quotidienne des assassinats, des arrestations et des démolitions de maisons, la destruction des champs. Et maintenant, avec Trump, l’évocation du déplacement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Al-Quds (Jérusalem). L’importance de ce point serait la confirmation d’Al-Quds comme capitale éternelle de cette entité usurpatrice. 
L’abandon américain de la solution à deux États a une signification pour nous, en tant que Résistance. Mais cette solution représentait le seul espoir pour la voie des négociations et pour ceux qui croient en cette voie. Les Américains, Trump a dit hier qu’ils ne feraient pas pression sur Israël. Laissons les Palestiniens négocier directement et s’entendre (avec Israël). Qu’est-ce que cela veut dire ? « Débrouillez-vous et bonne chance. »
Israël, sans pression américaine, sans pression internationale, sans pression arabe, sans aucune pression, ces sionistes-là, avec leur culture, leurs ambitions, leurs appétits, leur mépris et leur arrogance, ceux-là donneraient-ils (d’eux-mêmes) aux Palestiniens ne seraient-ce que des miettes via des négociations ? Voilà ce que cela signifie (« Débrouillez-vous »).
Aujourd’hui, après ce qui est apparu de la rencontre entre Netanyahou et Trump, véritablement, je n’exagère pas en disant qu’hier a été annoncée, de façon quasi officielle, la mort de la voie des négociations. C’est un acte de décès. Cette question est terminée. Pour les Israéliens, l’État palestinien n’existe pas (et ne pourra jamais exister). Dans les conférences (tenues en Israël) au début de l’année dont je viens de vous parler, dans lesquelles se sont exprimés des ministres, des généraux, des personnalités, etc., dans tous leur discours, il n’y a aucune mention d’un quelconque État palestinien, inexistant et inconcevable pour eux.
Il y a quelques années, nous le disions (déjà), et je rappelle aujourd’hui ce que nous disions. Le projet israélien pour la Palestine et pour les Palestiniens est : prenez Gaza – bien sûr, cette Gaza qui doit rester assiégée, sans port, sans aéroport, sans frontière –, mais prenez Gaza, car elle constituait un objet de scandale pour les sionistes. Quant au reste de la Palestine, il est pour les sionistes. Le maximum qui puisse être cédé en Cisjordanie est une autonomie administrative contrôlée, limitée et discontinue, qui va maintenant être coupée par des milliers de résidences et c’est la fin de la question. Les Palestiniens de la diaspora (réfugiés) devront être naturalisés ou émigrer. Ils devront prendre la nationalité au Liban, en Syrie, en Jordanie, partout où ils sont, ou émigrer où ils pourront. Et c’est aujourd’hui répandu dans le monde, on propose des nationalités aux Palestiniens pour qu’ils partent. Voilà le maximum que puisse concéder Israël. Une autonomie administrative limitée et discontinue en Cisjordanie. Hier également, les Israéliens eux-mêmes, les analystes israéliens eux-mêmes parlaient des dernières étapes du règlement définitif de la cause palestinienne. Et il se peut qu’il n’y ait pas d’exagération en la matière, malheureusement.
Eh bien, aujourd’hui, maintenant que le principe et la base de résolution de l’initiative de paix arabe de 2002, reposant sur l’idée de deux États, maintenant que cette base est terminée, qu’elle a été supprimée, rejetée, que disent les dirigeants arabes, les régimes arabes, les gouvernements arabes, l’Union des pays arabes ? Les auteurs de l’initiative de paix qui ont dit (en guise de menace) que la proposition est sur la table, mais qu’elle n’y restera pas longtemps ? Pourquoi donc, est-ce qu’elle est toujours sur la table ? A-t-elle encore une quelconque existence de toute façon ? Qui la reconnaît donc ?
Il est naturel que les Israéliens en arrivent à l’étape où ils disent qu’ils assistent aux derniers instants de la cause palestinienne qu’ils s’apprêtent à liquider. Car Israël, malgré tout ce qu’Obama a fait pour eux, dit maintenant que Trump est mieux. Eh bien, quant aux Arabes, aux pays arabes, où est la pression arabe ? Au contraire, (on voit) une précipitation vers les relations avec Israël sous la table et par-dessus la table, sans hésitation, une normalisation arabe et des pays du Golfe (des relations avec Israël), à l’exception de quelques pays arabes, une normalisation, des délégations (israéliennes) au Bahreïn et dans certains pays arabes, et ils dansent, ils chantent, ils brandissent des épées, et au Bahreïn, ils n’hésitent même pas, ces sionistes, à déclarer « Nous détruirons la mosquée (al-Aqsa) et (re)bâtirons le temple », et tous ces Arabes qui sont assis à leurs côtés et dansent avec eux, ces Bahreïnis qui sont bien sûr proches du pouvoir, ces ignorants imbéciles, ne comprennent même pas ce qu’ils disent. Et selon moi, même s’ils avaient compris, ça ne changerait rien, car il n’y a plus rien qui ait la moindre valeur, aux yeux de ces régimes (arabes) et de leurs partisans.

Hier, une voix étrange s’est élevée, et beaucoup se sont probablement demandés « Oh, d’où il sort, ce gars, il vient de quelle planète ? » Lorsque, par exemple, Son Excellence le Président de la République libanaise, le Général Michel Aoun, s’est rendu au sommet des pays arabes, je pense qu’il les a vraiment fâchés, lorsqu’il leur a parlé d’Al-Quds (Jérusalem) et des lieux saints islamiques et chrétiens. Et il les a fâchés, lorsqu’il leur a rappelé leur responsabilité en tant que pays arabes et en tant qu’Arabes, vis-à-vis de la Palestine et des lieux saints. Et il les a fâchés, lorsqu’il leur a parlé de la Résistance avant son départ et après son départ. Et il les a fâchés, lorsqu’il leur a dit que la pensée sioniste avait réussi à transformer la guerre d’une confrontation arabo-israélienne en une confrontation arabo-arabe, et qu’ils devaient résoudre ce problème. « A qui récites-tu tes psaumes, ô David ? » (Citation sur les indifférents.)

Dans ces circonstances arabes déplorables, oui, les Israéliens ont raison de parler de situation stratégique excellente et rassurante, et Netanyahou a eu raison de dire hier, que jamais auparavant dans sa vie, il n’avait ressenti que les pays arabes ne considèrent pas Israël comme un ennemi mais comme un allié. Ce témoignage de Netanyahou est une marque d’infamie, gravée sur le front de la majorité de ces dirigeants d’entre les rois, émirs et présidents arabes. La plupart d’entre eux, avec bien sûr des exceptions, pour quelques dirigeants et présidents qui ont une position différente et en paient le prix. N’est-ce pas une marque d’infamie ? Qu’en dit le peuple palestinien ? Qu’en disent toutes les factions de la Résistance palestinienne, toutes, celles qui croient en la résistance et celles qui croient aux négociations ? Qu’en disent les millions de Palestiniens de la diaspora ? Qu’en disent les Arabes qui ont encore en eux un reste d’honneur, de dignité, d’arabité et de noblesse ? Où est la (prise de) position arabe, où est la réponse arabe ? Bien sûr, il n’y a aucune réponse.
La réponse (arabe) est sur un autre terrain : plus de tueries au Yémen et au Bahreïn, plus de complots contre la Syrie et l’Irak, plus de recherche d’alliances pour faire la guerre à la République Islamique d’Iran… Voilà où en sont les Arabes aujourd’hui, les dirigeants arabes.
Eh bien… Quels choix restent aux Palestiniens ? Tout cela n’incite pas à désespérer, en aucune façon.
Je veux dire au peuple palestinien en cette commémoration de ces dirigeants (martyrs du Hezbollah) qui ont profondément aimé et chéri la Palestine. Tel était Sayed Abbas (al-Musawi), tel était le Cheikh Ragheb (Harb), tel était le Hajj Imad (Mughnieh). Ils étaient plus Palestiniens que Libanais. Sayed Abbas était plus Palestinien que Libanais, et les Palestiniens le savent. Le Hajj Imad était comme ça, Cheikh Ragheb était comme ça. En ce jour de commémoration des dirigeants de la Résistance, pour qui la Palestine était l’aimée, la chérie, la convoitée, la cause (par excellence) et l’espoir, je dis au peuple palestinien : cela ne doit pas inciter au désespoir.
Le fait que les masques tombent est très important (positif). « Sils étaient sortis (pour combattre) à vos côtés, ils n’auraient fait qu’ajouter à votre trouble [et semer, par leurs manœuvres, la discorde dans vos rangs]. » (Coran, 9, 47) Le fait que les masques tombent, que les hypocrites se révèlent, après vous avoir menti durant des dizaines d’années, en prétendant qu’ils soutenaient la Palestine, le peuple palestinien et la cause palestinienne, quelle est son importance ? Cela clarifie les choses, et purifie et consolide les rangs. Seuls les gens sérieux restent. Les lâches, les traîtres, les agents de l’ennemi, les espions et les opportunistes sont écartés.
Et cela dit au peuple palestinien et aux peuples de la région : ceux qui restent (à vos côtés), c’est la quintessence de toutes ces épreuves et de toutes ces difficultés, et ce sont eux qui vont libérer la Palestine et façonner la victoire.
Au contraire, cela doit être une source d’espérance et non une cause de désespoir, le fait que ces rangs se purifient. Qu’ils s’en aillent ! Ça suffit ! Oh, ils n’ont fait que mentir aux peuples arabes, à leurs peuples et au peuple palestinien. Ils déclarent qu’ils ont accepté Israël, qu’ils normalisent leurs relations avec Israël, qu’ils sont les alliés d’Israël, qu’Israël n’est pas un ennemi. Oh mon frère, que l’un d’entre eux réponde donc à Netanyahou ! S’il leur restait une once d’honneur, de fierté, de dignité ! Que ces rois, ces émirs et ces présidents arabes disent à Netanyahou « Non, tu mens, tu es toujours notre ennemi, tu n’es pas devenu un allié. » Mais ils n’osent pas.
Ne m’en veuillez pas, je me suis laissé aller à parler en dialecte (libanais), le vocabulaire dont on use quand on parle entre nous, à la maison.
Cela ne doit pas inciter au désespoir, mais à l’espérance.
Ensuite, le peuple palestinien ne doit pas se rendre, jamais ! Le refus de la reddition, la poursuite de la résistance, la foi en la résistance, persister dans la résistance, la confiance dans le choix de la résistance, dans le fait qu’elle façonne les victoires. La résistance a libéré le Liban, elle a libéré Gaza, et les expériences de l’histoire pour la résistance populaire durant notre époque et à travers les siècles (le prouvent). Ce n’est qu’une question de temps, de persévérance, d’endurance et de fermeté. L’expérience du peuple palestinien en la matière est très grande.
Parmi les formes de résistance les plus importantes qui se produisent actuellement en Palestine, il y a l’Intifada d’Al-Quds (Jérusalem), qui doit se poursuivre. Ces opérations individuelles sont l’une des formes les plus importantes de la résistance. L’une des formes les plus importantes et les plus grandes. Car il s’agit d’un individu seul, qui n’appartient à aucun groupe, aucune organisation… Quoi qu’il en soit, lorsque l’individu décide lui-même de son action, de son opération, de son plan, il fixe l’objectif et l’accomplit, il accomplit l’opération, qui pourra bien l’en empêcher ? Toute opération (israélienne) de prévention est impossible. Lorsque cela s’étend à tous – jeune homme, jeune femme, agriculteur, étudiant, enseignant, etc., issus de différents milieux sociaux –, voilà ce qui terrifie l’ennemi et ébranle toute son entité, comme un tremblement de terre.
Vous (Palestiniens) possédez cette foi, cet esprit de résistance, cet enthousiasme formidables, qu’ont manifestés jusqu’à présent les jeunes hommes et les jeunes femmes de la Palestine dans l’Intifada d’Al-Quds (Jérusalem).
Et en dernier point, je tiens également à assurer à notre peuple palestinien que la région ne restera pas comme elle est actuellement. Et le monde ne restera pas tel qu’il est aujourd’hui. L’Amérique de Trump n’est plus l’Amérique de George Bush, et l’armée américaine n’est plus celle qui est venue nous envahir il y a des dizaines d’années, et toute cette région a changé. Les projets s’évaporent et s’effondrent, et du cœur des épreuves, des séditions et des complots, naissent des générations, des générations et des générations de moudjahidines (combattants), de résistants et de croyants, qui façonneront la victoire décisive, comme ils la façonnent chaque jour, et elles changeront la face de la région.
L’horizon est radieux, l’avenir est prometteur. Et tout ce qui se passe autour de nous n’est absolument pas la liquidation de la cause palestinienne, jamais ! Il s’agit de la liquidation des hypocrites, qui ont menti au peuple palestinien. Quant à la cause palestinienne, personne ne peut la liquider, et personne ne peut y mettre fin.
Que votre confiance en Dieu soit forte, et que votre confiance en vous, en vos jeunes hommes et jeunes femmes soit grande, et que cette résistance, ces opérations, cette endurance, cette persévérance soient accomplies sincèrement pour Dieu, dans la voie de Dieu, sous Son regard. Et Dieu, Très-Haut et Exalté, ne manque pas à Ses promesses. Il a promis la victoire à tous les sincères, patients et endurants, et il a toujours tenu Ses promesses.
Hassan Nasrallah
Traduit par Sayed Hasan

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