Par AXA – Le 22 février 2015 – Source (en grec) nakestruth
Après Glezos c’est Sakorafa qui entre en dissidence
Les cadres directeurs de SYRIZA envoient sans arrêt des piques contre l’accord signé entre le gouvernement et les prêteurs, en vue de repousser les échéances des prêts d’au moins quatre mois. Suite à l’intervention retentissante de Manolis Glezos survient le coup de lance [ou de javelot, NdT] de Sophia Sakorafa!
À chaque heure qui passe, une nouvelle prise de tête s’ajoute pour Alexis Tsipras. On est à quelques heures de la remise à Bruxelles de la liste définitive des réformes que le gouvernement propose de mettre en œuvre, conformément à l’accord conclu lors de la récente réunion de l’Eurogroupe.
Après Manolis Glezos, une autre eurodéputée de SYRIZA épinglait… à la lance, le gouvernement et clarifiait par un tweet son désaccord avec les manœuvres du palais Maximou [siège du gouvernement: équivalent de l’hôtel Matignon, NdT]. «Le peuple a donné son mandat pour l’annulation du mémorandum. Nous n’avons aucune légitimité politique pour faire le contraire», a écrit l’eurodéputée.
La dissidence la plus retentissante a été celle de Manolis Glezos qui dans une lettre parue sur le blog « Κίνηση Ενεργοί Πολίτες » [Mouvement des citoyens actifs, NdT] accuse le gouvernement de ne faire que renommer la Troïka en Institutions, le Mémorandum en Accord et les Prêteurs en Partenaires: «C’est comme vouloir appeler la viande poisson; cela ne change en rien la situation antérieure.»
Il accuse également le gouvernement de ne pas avoir tenu son engagement électoral en promettant une loi abrogeant la Troïka, bien que presque tout un mois se soit écoulé depuis les élections. Mais ce qui fait le plus de mal à SYRIZA et à Alexis Tsipras, c’est l’expression écrite en majuscules «JE DEMANDE PARDON». Manolis Glezos s’excuse «d’avoir contribué à cette illusion», c’est-à-dire à la possibilité d’abolir la Troïka.
En ce qui concerne les compromis, que le gouvernement souligne avoir été obligé de faire, Manolis Glezos est encore plus tranchant: «Tout d’abord entre oppresseurs et opprimés, il ne peut y avoir de compromis, de même qu’entre esclave et conquérant; la seule solution est la liberté. Mais même si nous admettions cette absurdité, déjà les concessions faites par les gouvernements mémorandistes précédents avec le chômage, l’austérité, la pauvreté, les suicides, ces compromis vont bien au-delà de toute limite tolérable.»
Manolis Glezos, cependant, n’est pas le seul problème d’Alexis Tsipras au sein du parti. Il y en a encore trois: Alexis Mitropoulos, Georgios Katrougalos et Panagiotis Lafazanis. Le premier a fait savoir que l’accord n’était pas acceptable et que le peuple ne supporterait pas d’autres mesures, alors que les deux autres ont signalé que les lignes rouges ne peuvent être violées et que les engagements pré-électoraux doivent être traduits en actions concrètes. Le ministre de la Réforme administrative [George Katrougalos] a même menacé de démissionner!
Alekos Flabouraris a réagi: «Je m’attendais à une réaction plus sobre et plus juste.»
Outre les réactions de l’eurodéputé et président du parlement européen, Dimitris Papadimoulis, et celles du cadre de la direction de SYRIZA, Giannis Milios, à la déclaration de Manolis Glezos, viennent s’ajouter celles du ministre d’État, Alekos Flabouraris.
«L’Europe suit avec soulagement l’isolement des voix extrémistes d’austérité dans leurs efforts à faire échouer l’accord avec l’Eurogroupe, ainsi que le soutien aux négociations de plus de 80% de la population grecque», a déclaré dans un communiqué M. Alekos Flabouraris suite à l’article de l’eurodéputé de SYRIZA, Manolis Glezos.
Il conclut: «Au moment où la dure lutte se développe, nous attendions une appréciation plus juste et plus sobre de la part d’un cadre politique de l’expérience et du parcours de Manolis Glezos.»
Mis à part le ministre d’État, des représentants de la formation historique de la gauche ont répondu de manière pour le moins inélégante: «Il est probable que Manolis Glezos n’a pas été bien informé sur la dure et pénible négociation, qui se poursuit encore. Une négociation pour la récupération de la dignité du peuple grec», ont-ils déclaré, l’inélégance de la chose se situant dans la phrase «qu’il ne soit pas bien informé». Cette réponse tant à vider de sa substance l’intervention de Manolis Glezos, un des hommes politiques grecs les plus actifs et une personnalité historique de la gauche.
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Traduit par Alexandre Moumbaris, relu par Marie José Moumbaris