États-Unis : un vote de survie
l’histoire de l’élection présidentielle de 2016


Où l’on apprend qu’il est impératif d’arriver à penser la politique sans dirigeants

Préambule du Saker Francophone

Si la perte totale de foi dans les dirigeants, constatée aujourd'hui, est un préalable à la refondation des relations politiques, alors c'est une très bonne nouvelle, passons-nous des dirigeants, reprenons nous-mêmes en main notre destin et à Dieu vat

TJ BrownPar TJ Brown – Le 14 septembre 2016 – Source fee.org

Est-ce juste moi, ou cette campagne électorale est-elle la plus pessimiste jamais vue? En règle générale lors des élections présidentielles, vous remarquez l’optimisme des gens quand ils s’exaltent pour leur candidat politique préféré. Mais cette année, pas tellement.

Quel poison est le moins dangereux ?

Bien sûr, il y a beaucoup de gens dans chaque parti politique qui soutiennent le candidat de leur parti. Mais l’ambiance majoritaire que je ressens est mitigée. La plupart des gens n’applaudissent pas les slogans de campagne du genre Espoir & Changement, ils ne sont pas enthousiastes à propos de l’avenir promis par leurs représentants élus.

La voix du peuple américain est tellement marginalisée que les gens ne votent plus pour une action positive, mais pour la moins négative.

On remarque un sentiment de trahison chez les partisans de la Révolution Bernie, qui promettait de s’opposer à la corruption de la politique par le Big Business, et qui se trouve remplacé par la candidate probablement la plus clientéliste que Washington puisse offrir.

La reformulation des hashtags sur les médias sociaux tels que #ImWithHer [#JeSuisAvecElle] en #IGuessImWithHer [#JeSupposeQueJeSuisAvecElle] illustre la soumission découragée, plutôt que l’élan positif. Demandez à un électeur d’Hillary pourquoi il la soutient, et vous verrez probablement que ce n’est pas pour ses politiques ou sa personnalité. C’est parce qu’ils sont dégoûtés ou terrifiés par le candidat adverse, Donald Trump.

Il en est de même avec la base de Trump. Nombreux sont ceux qui le soutiennent uniquement parce qu’ils se sentent menacés par une présidence Hillary Clinton. Ils craignent ses plans économiques quasi-socialistes, son héritage belliciste en politique étrangère, et son aversion pour le deuxième amendement 1.

Et même pour les candidats des parti-tiers [partis qui présentent des candidats] on ressent la même chose. Je me suis souvent dit qu’une grande partie de l’élan de Gary Johnson ne vient pas de son charisme ou de ses idées, mais plutôt du fait que beaucoup de gens ont le même dédain pour Trump et Hillary, qui à bien des égards sont idéologiquement interchangeables.

Le peuple américain est donc privé de son droit de voter sur la base des désirs qu’il veut voir son gouvernement satisfaire. Au contraire, il vote en fonction de l’effet le moins négatif sur sa vie, inévitablement attendu de la nouvelle administration.

Il y a un côté positif dans tout cela. Et même une source d’espoir.

Comment en sommes-nous arrivés à ce point ?

Comme tout monstre qui se développe, le gouvernement devient de plus en plus menaçant et incontrôlable. Le processus démocratique, autrefois utilisé pour contrôler de manière proactive le pouvoir de l’État, est maintenant transformé en un dispositif défensif contre la menace que ce même État pose maintenant à notre liberté et à notre bonheur.

Certaines personnes prétendent que cette condition imprudente d’abus de pouvoir par le gouvernement est due aux intérêts cupides, aux mauvais dirigeants, et aux mauvaises lois. Mais la vérité c’est que nous avons nous-mêmes engendré cette bête que nous combattons : un gouvernement du peuple, par le peuple, mais pas pour le peuple.

Le pessimisme actuel des électeurs doit se changer en optimisme quant à ce qui peut être fait une fois que la force de domination renonce à son contrôle.

La politique publique est devenue une exploitation par des citoyens égoïstes qui cherchent à contrôler leurs semblables en règlementant les individus, les marchés, les universités, et les biens. Ceci, couplé avec la puissance intrinsèque de l’État de se placer au-dessus des normes morales auxquelles nous tenons, est la raison pour laquelle ce système existe. Ce n’est pas un système failli. C’est un système abusé, dominé par des parasites autoritaires.

La classe dirigeante au sein du gouvernement a dirigé depuis si longtemps qu’elle agit exclusivement en vertu des intérêts qui contribuent à son propre bénéfice plutôt que dans l’intérêt des citoyens.

Que ce système soit récupérable reste à voir, mais une chose est très claire : les gens ont peur des futures actions de leur gouvernement. Et tant que nous continuons à le laisser entre les mains des électeurs avides de pouvoir, peu importe leur degré d’altruisme ou leurs bonnes intentions, la situation lamentable que nous subissons actuellement continuera à se manifester à un degré encore plus sévère qu’avec Hillary ou Trump.

Cela pourrait paraître, au premier abord, comme une direction effrayante à prendre. Et pourtant, il y a un espoir. Ce que l’on voit vraiment poindre ici est une nouvelle perception de la réalité. Le gouvernement n’a pas agi pour réaliser ce qu’il a promis de faire. Le pessimisme actuel des électeurs doit devenir optimisme quant à ce qui peut être fait une fois que la force de la domination renonce à son contrôle. Nous avons besoin d’une nouvelle confiance dans ce que la société peut accomplir par elle-même.

Si la première étape est une perte totale de foi dans les dirigeants politiques, qu’il en soit ainsi, si elle est accompagnée d’une foi renouvelée dans le pouvoir des individus et de la société d’atteindre la grandeur sans être dirigée par de prétendus planificateurs centraux.

Taleed J. Brown est stagiaire à la FEE et accueille la  chaîne YouTube populaire “That Guy T”.

  1.  Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique garantit pour tout citoyen américain le droit de porter des armes. Il fait partie des dix amendements passés le 15 décembre 1791 , couramment appelés «Déclaration des Droits» (Bill of Rights). Wikipédia
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