Par Robert Bridge – Le 23 juillet 2015 – Source Russia Today
Donald Trump, le magnat milliardaire de l’immobilier qui jeta son nom de marque célèbre dans la course à la présidentielle 2016, s’est lui-même catapulté au sommet du tas de fumier des politiciens états-uniens en frappant un nerf sensible chez les électeurs désenchantés.
Le succès fulgurant de Trump dans les sondages d’opinion publique – il attire environ deux fois plus la sympathie que son rival le plus proche – n’a pas nécessité d’énormes sommes d’argent, ni de flair politique démesuré, ni le génie de la manipulation d’un Karl Rove pour pénétrer directement dans les cœurs et les esprits de Monsieur-Tout-Le Monde aux USA , qui est toujours en attente de remboursement pour l’espoir qu’il avait investi dans le Show Obama sur le changement Yes we Can qui n’a jamais prospéré comme promis.
Alors, comment Trump, qui a renoncé à héberger son programme de télévision The Celebrity Apprentice, pour pouvoir, selon ses propres mots, sauver l’Amérique, a-t-il pu secouer le système politique américain jusqu’à ses fondements pourris? C’est un jeu d’enfant, voilà comment.
Nonobstant son charisme personnel et son ego monumental, Trump a simplement puisé dans le volcan actif de la colère et de la frustration que ressentent de nombreux Américains devant l’échec incroyable de Washington à contrôler la frontière avec le Mexique – un peu comme les enfants qui prennent des postures fondées sur des principes lorsque d’autres enfants voyous du quartier voisin viennent envahir leur bac à sable. C’est vraiment aussi simple que cela.
Mais pas assez simple pour l’administration Obama, semble-t-il. Une fois en sécurité aux US, à travers le Rio Grande, des millions de clandestins mexicains enjambeurs de barrières sont fêtés dans des centaines de villes sanctuaires à travers le pays, tous financés par Joe le contribuable, bien sûr. Sans surprise, les Américains ont protesté contre la fracture sociale au ralenti de la nation, mais pas un seul candidat putatif du cartel du business Démocrate-Républicain à l’élection présidentielle n’a abordé la question. Et les médias obséquieux n’ont fait aucune pression sur les pouvoirs-en-place. Donc – surprise, surprise – la grossière négligence politique et la complicité médiatique ont ouvert un boulevard pour quelqu’un comme The Donald dans le rôle de la sage-femme politique, qui va accoucher le bébé de l’immigration clandestine, tapant des pieds en hurlant dans le domaine public.
Naturellement, cela soulève la question stupide : pourquoi ce problème flagrant n’a-t-il pas été résolu avant? Quelle nation moderne – sans parler d’une superpuissance nucléaire – accorderait à des millions de clandestins (11 millions par le décompte conservatoire de Washington) un rite de passage sur son territoire? Pourquoi les forces américaines peuvent-elles patrouiller au bout du monde, le long de la frontière afghano-pakistanaise avec des drones, des satellites et des forces spéciales, oblitérer ben Laden par un petit matin blême, alors que le contrôle de la frontière mexicaine semble en quelque sorte une mission impossible? Donc, tout le monde était vraiment surpris lorsque le va et vient incessant de la politique frontalière de l’administration Obama a abouti à une série de tragédies meurtrières à travers le pays, impliquant des étrangers illégaux ayant un casier judiciaire et des Américains innocents?
Ce mois-ci, Kathryn Steinle, 31 ans, a été abattue à San Francisco alors qu’elle se promenait avec son père le long du front de mer, une destination touristique populaire. La police a arrêté le meurtrier présumé, Juan Francisco Lopez-Sanchez, originaire du Mexique, qui avait accumulé sept condamnations pour crime depuis 1991 et avait été expulsé des États-Unis à plusieurs reprises.
Les autorités de San Francisco avaient tout juste libéré Lopez-Sanchez de prison en avril, après avoir échoué à le faire condamner pour trafic de drogue, et malgré une demande du Department of Homeland Security, ou DHS, qu’il soit expulsé (pour la sixième fois) vers son Mexique natal. Pourquoi les policiers fédéraux consacrent-ils tellement de temps et d’énergie à s’exciter à propos des djihadistes islamiques – il meurt plus d’Américains chaque année frappés par la foudre que par les attentas terroristes – au point d’ignorer un problème beaucoup plus grave à l’horizon?
Trump pointe maintenant allègrement de telles tragédies comme preuve que le Mexique envoie intentionnellement ses bandits les plus dangereux vers les prairies américaines.
Un Américain qui est certainement d’accord avec Trump est Jamiel Shaw, dont le fils de 17 ans a été exécuté en 2008, de retour chez lui du centre commercial, par un étranger en situation irrégulière. Shaw a occupé le podium aux côtés de Trump lors de rassemblements à travers le pays, où il a décrit comment son fils, un joueur de football prometteur de l’école secondaire, a été tué par des invisibles – on nomme ainsi ceux qui sont en Amérique illégalement. Shaw raconte aux foules qu’il a souri pour la «première fois depuis des années», après avoir entendu la promesse de Trump de fermer la frontière s’il est élu.
«Quand Trump a dit cela, je me suis senti bien. Je retrouvais l’espoir. L’espoir que M. Obama pensait qu’il allait obtenir, qui fut un faux espoir», a poursuivi Shaw.
Donc, avec le magnat milliardaire réalisant l’équivalent d’un shoot au but fracassant, il peut sembler naturel que tous les laquais de l’établissement, sur la côte Est, fassent la queue pour donner un coup de pied de l’âne facile au trublion Donald.
Le comédien populaire Jon Stewart, par exemple, a régulièrement dénigré Trumpizy [Putain, qu’est-ce-qui lui prend à ce connard? (sic)] «dans son émission politique satirique, tout en ne laissant au magnat de l’immobilier aucune chance de pouvoir glisser le problème de l’immigration sous le feu des projecteurs. Au lieu de cela, Stewart feint d’être choqué quand Trump déclare que la plupart des clandestins mexicains sont des «criminels et des violeurs».
«Pourquoi toute le monde a-t-il l’air surpris par Trump?, demande Jon Stewart, le présentateur. La seule raison pour laquelle vous avez aimé ce gars au début c’était parce qu’il était prêt à dire des choses épouvantables au sujet d’Obama.»
L’ascension fulgurante de Trump au milieu d’une foule de politiques ringards n’est une surprise que pour cette race d’initiés de Washington, complètement hors du coup, qui n’a aucune idée de ce que l’électeur américain veut, ni de ses besoins. Par exemple, le sénateur John McCain, qui a reçu une bordée d’interjections sans langue de bois de la part de Trump.
«La réalité c’est que John McCain le politicien a fait de l’Amérique un pays moins sûr, envoyé nos braves soldats à l’étranger dans des aventures hasardeuses, couvertes par le président Obama avec le scandale VA 1 et a passé la plupart de son temps au Sénat à demander l’amnistie, écrit Trump . McCain préfère protéger la frontière irakienne que celle de l’Arizona.»
Trump s’était déjà attiré la colère des républicains après avoir dit qu’il ne pouvait pas qualifier McCain – un pilote de chasse dans la guerre du Vietnam qui a passé cinq ans comme un prisonnier – de héros de guerre «seulement parce qu’il avait été capturé».
Si Trump peut survivre à un assaut constant de dénigrement dans le style de Stewart (je parie que non, l’attaque sur plusieurs fronts contre lui sera tout simplement trop écrasante, même Trump ne résistera pas), alors l’Amérique pourra sortir de sa politique paralysée et redevenir grande. Mais comme beaucoup d’outsiders fortunés (Ross Perot, par exemple) qui ont tenté de changer le système politique des États-Unis par-dessus les pouvoirs du Big Business, Trump se trouvera très probablement à découvert dans le plus grand pari de sa carrière.
Le vrai perdant, cependant, sera le peuple américain, qui a désespérément besoin d’un outsider progressiste – bien au-delà du périphérique décrépi de Washington et de l’argent corrupteur du Big Business de l’Amérique – pour remettre le pays sur les rails.
Robert Bridge est originaire de Pittsburgh, en Pennsylvanie, il a travaillé comme journaliste en Russie depuis 1998. Ses articles ont paru dans un certain nombre de publications, y compris Russia in Global Affairs, Le Drudge Report et Infowars.com. Autrefois rédacteur en chef des Nouvelles de Moscou, Bridge est l’auteur du livre Minuit dans l’empire américain, qui a été publié au début de 2013.
Note du Saker Francophone
Les États-Unis sont face au problème insoluble de l’immigration mexicaine. Entre paralysie du pouvoir fédéral, exploitation de la main d’œuvre clandestine par les trusts et complicités mafieuses de la CIA, et des services de sécurité US avec les cartels mexicains de la drogue.
En savoir plus : Guerre aux cartels de la drogue: la duplicité de Mexico dévoilée
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone
- En 2014, 40 vétérans sont morts en attendant des soins qui ne venaient pas dans un hôpital de Phoenix, Arizona ↩