Eh oui, la Chine est aussi un pays capitaliste…


Révélation de l’identité du mystérieux acheteur belge des bons du Trésor US…


Par Tyler Durden – Le 18 mai 2015 – Source zerohedge

Il y a un peu plus d’un an, nous découvrions quelque chose d’absolument insoupçonnable : en quelques mois, la minuscule Belgique devenait le troisième plus grand détenteur de bons du Trésor US au monde.

Bons du Trésor US détenus par la Belgique en $Mds

Bien sûr, l’achat ne fut pas le fait de la Belgique elle-même, mais bien de quelqu’un utilisant les services d’une institution localisée sur son territoire, Euroclear. C’est ce que nous disions en avril dernier.

Il est absolument clair que ce n’est pas la Belgique qui a acheté les bons. Ce qu’il reste à découvrir, c’est l’identité du mystérieux acheteur ayant utilisé la Belgique comme façade. Car en vérité cet acheteur, qui semble ne pas être la Chine, vient juste d’acquérir à nouveau des bons du Trésor US, pour un montant massif de $31 Mds, amenant le total des possessions belges à un record de 341,2 milliards de dollars, pour bien marquer le coup. Quel que soit le nom du commanditaire responsable de cette frénésie d’achat sous le couvert d’Euroclear – devenant ainsi le troisième plus grand détenteur de dettes US au monde –, il dépasse de loin les fonds d’investissements internationaux, les fameux centres bancaires caribéens, ceux-ci pesant quant même $300 Mds en Bons US (chiffres de mars dernier).

En bref : quelqu’un, à l’identité indéfinie, utilisant la Belgique comme façade, et probablement les services d’Euroclear (bien que non confirmé), a augmenté sa part de $141 Mds en bons du Trésor US depuis décembre, précisément le mois où Bernanke a annoncé le début de la fin du QE [planche à billets,NdT], amenant un niveau jamais atteint par la Belgique de $341 Mds.

Et tandis qu’une rumeur se propageait selon laquelle ce mystérieux acheteur utilisant les facilités offertes par la Belgique n’était autre que la Chine, une nation qui avait déjà opéré de la même manière en utilisant des numéros de comptes en Grande-Bretagne afin de masquer ces achats, aucune preuve ne fut apportée.

Des analyses plus poussées ajoutaient à la confusion, en précisant que tandis que la Belgique augmentait ses réserves de bons du Trésor US, la Chine continentale annonçait une chute de ses avoirs en dettes US. Ce qui officiellement propulsa dès février le Japon devant la Chine, au titre de plus grand créditeur étranger des USA.

Volume en $Mds des bons du Trésor US chinois (en bleu) et japonais (en rouge)

Et puis, ce vendredi, nous sommes parvenus à défaire l’écheveau, et à dégager une preuve indirecte – grâce à des éléments de données du Treasury International Capital (TIC) System – que la Belgique à l’œuvre n’était en fait que la Chine, avançant masquée.

Tout d’abord, après avoir baissé durant six mois consécutifs, les avoirs chinois accusèrent une nette remontée en mars dernier, regagnant $37 Mds, pour atteindre les $1 261 Mds. Par là même, la Chine retrouvait sa place de premier créditeur des USA.

Volume en $Mds des bons du Trésor US chinois (en bleu) et japonais (en rouge)

Plus curieux encore, les valeurs en bons du Trésor US détenus par la Belgique, après avoir tourné autour de $300 Mds durant une année, subirent une chute vertigineuse, en perdant $93 Mds durant le mois de mars, ce qui équivaut à 27% de ses avoirs.

Volume en $Mds des bons du Trésor US détenus par la Belgique

Mais le pot aux roses apparaît au grand jour quand on superpose les avoirs mensuels chinois et belges. On obtient un tableau qui, en soi, aurait pu nous laisser indifférents…

Volume en $Mds des bons du Trésor US cumulés de la Chine et de la Belgique

…si sa courbe n’épousait pas celle des réserves cumulées mensuelles et officielles de la Chine et de la Belgique [chiffres du Forex, marché des devises, NdT]. On comprend alors aisément que la Belgique n’a été, dans toute cette histoire d’achat et de revente de bons du Trésor, que le paravent anonyme chinois… et comme on l’a vu récemment, vendeur.

Volume en $Mds des bons du Trésor US cumulés de la Chine et de la Belgique vs réserves Forex chinois

Alors que nous commentions précédemment les fuites dramatiques de capitaux hors de Chine ces derniers mois, phénomène qui explique par ailleurs pourquoi la Chine tente désespérément de dévaluer sa devise [pour des raisons de compétitivité, NdT] sans oser la réaliser de peur d’intensifier l’hémorragie de capitaux, la combinaison des avoirs belges et chinois révèle à quel point la liquidation de la dette chinoise libellée en dollars US est un casse-tête pour la Chine.

Variation en $Mds des avoirs cumulés mensuels chinois et belges

Comme le présente ce dernier tableau, en mars, la chute des avoirs officiels de la Chine et des avoirs anonymes belges fut la plus importante depuis longtemps!

Aussi, à la lumière de ces données, nous pouvons désormais affirmer avec une quasi-certitude que:

1. la Belgique n’est, ou plutôt n’a été, que la façade de la Chine, par le truchement de diverses institutions (SAFE – l’administration chinoise du change, CIC – institution chinoise d’investissement ou le PBOC – Banque populaire de Chine)

2. les avoirs belges, après avoir culminé à $380 Mds il y a un an, sont retombés à $252 Mds, quand la Chine décida de limiter la masse de ses avoirs chez Euroclear. Et lorsque ce volume sera revenu à son niveau historique autour de $170-$180 Mds, la Belgique sera redevenue la Belgique, la vraie que nous connaissons tous.

3. les réserves étrangères chinoises ont dégringolé – ce qui s’est traduit par une baisse trimestrielle vertigineuse des avoirs chinois, qui passèrent de $72 Mds, $113 Mds pour le trimestre entier.

Mais pourquoi cacher ses avoirs détenus à l’étranger ? Quand la Chine décide de liquider pour près de $100 Mds via ses comptes de transfert, les USA ne se sont pas sentis obligés de punir la Chine. Après tout, il n’y a aucune confirmation officielle que la Belgique est en fait la Chine, et il n’y en aura probablement pas, il ne s’agissait que de comptes tampons pour permettre à la Chine de se constituer un patrimoine à l’étranger, puis de le liquider rapidement.

Une meilleure question à se poser porte sur l’usage qui sera fait de ces dizaines de milliards de dollars ainsi liquidés : car ce qui était au départ investi sous la forme de bons du Trésor, est aujourd’hui – qui sait? – de l’immobilier à San Francisco, Beverly Hills, ou New York City (avec quelques milliards en réserve pour du mobilier : voitures, tableaux de maîtres, joaillerie,etc.).

Finalement, la dernière chose que la Chine voudrait que le monde découvre, c’est la véracité de ses déclarations de flux de sortie de capitaux, la fuite des capitaux est le dernier verrou empêchant le politburo ou la PBOC [Banque centrale chinoise] de baisser de façon plus agressive les taux directeurs bancaires et/ou de s’engager dans une politique d’injection de capitaux plus marquée qu’elle ne le fait maintenant. Car s’il devait arriver que le graphe des avoirs chinois montré ci-dessus, anticipait la courbe du taux de change du renminbi [devise chinoise, NdT], alors très vite l’indice VIX [indice de volatilité, NdT] clôturant à 12 en fin de journée apparaîtrait à tous comme une Belle Époque aujourd’hui révolue.

Traduit par Geoffrey, relu par jj pour le Saker Francophone

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