Des infos sur l’accident de l’avion ukrainien près de Téhéran


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama − Le 10 janvier 2020

Reuters se pose la question : « Qui allez-vous croire, moi ou vos yeux menteurs ? »

L’agence de presse (pas) digne de confiance a tweeté ça hier :

SA plane crash

Un avion militaire sud-africain s’est écrasé au Congo, aucun signe de dommages importants.  Agrandir

L’avion sud-africain qui s’est écrasé est de toute évidence totalement ruiné, mais Reuters affirme pourtant qu’il n’y a « aucun signe de dommages importants ».

Reuters est une agence britannique et les Britanniques ont un humour particulier : « Ce n’est qu’une égratignure » et « Juste une blessure superficielle », dit le chevalier noir (vidéo).

Le tweet de Reuters n’était pas une erreur. L’info publié sur le site de Reuters (capture d’écran) porte la même image et le même titre.

Le texte sous l’image dit :

Des travailleurs congolais de l'aviation se tiennent à côté de l'épave d'un avion militaire sud-africain C-130 Hercules qui s'est écrasé à l'aéroport de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo 

9 janvier 2020 REUTERS/Djaffer Al Katanty

Le texte de l’article dit :

GOMA, République démocratique du Congo (Reuters) - Un avion militaire sud-africain s'est écrasé jeudi à l'aéroport de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, a déclaré un porte-parole de l'ONU.

Des vidéos sur les médias sociaux ont montré de la fumée s'élevant de l'avion mais deux sources à l'aéroport, s'exprimant sous couvert d'anonymat, ont déclaré qu'il ne semblait pas que l’avion ait subi des dégâts majeurs.

 Reportage de Fiston Mahamba et Hereward Holland ; Rédaction d'Aaron Ross ; Révisé par John Stonestreet

Au moins cinq employés de Reuters ont contribué à l’histoire. L’affirmation des deux sources qu’il cite est évidemment fausse. Elle fait quand même partie de l’histoire et même du gros titre. Vingt-quatre heures plus tard, même après qu’elle ait été tournée en dérision sur Twitter, l’histoire est toujours en ligne.

Considérez ce qui précède lorsque vous lisez des rapports dans lesquels des fonctionnaires anonymes affirment que l’Iran a abattu le vol ukrainien PS 752 au-dessus de Téhéran.

Cela pourrait être le cas. Mais ce n’est qu’une explication possible de l’accident. L’accident peut avoir été causé par des problèmes techniques ou autres. Les rumeurs et les affirmations d’un fonctionnaire anonyme ne sont pas des preuves. Pas plus que les vidéos de provenance inconnue. Les États-Unis mènent une guerre économique contre l’Iran et ils ont la volonté et les moyens de fabriquer de telles allégations. Nous ne saurons avec certitude ce qui s’est passé que lorsque les vraies indices auront fait l’objet d’une enquête par les autorités désignées.

Certains des commentaires à l’article d’hier sur l’accident étaient en désaccord avec mon avertissement disant que les preuves présumées d’un tir de missile sont encore insuffisantes et que d’autres causes sont très bien possibles. Ils devraient tenir compte de l’avertissement fait par la hiérarchie de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) :

L'OACI est en contact avec les États concernés et les aidera si on le lui demande. Ses dirigeants soulignent qu'il importe d'éviter les spéculations sur la cause de la tragédie et d’attendre les résultats de l'enquête, conformément à l'annexe 13 de la Convention relative à l'aviation civile internationale (Convention de Chicago).

L’avertissement a été réitéré hier :

L'OACI continue de demander que l'on réduise les spéculations sur les causes possibles de l'accident jusqu'à ce que l'enquête de l'Annexe 13 puisse être conclue et que ses résultats officiels soient confirmés.

Entre-temps, les corps ont été retirés du site de l’accident et les débris ont été recueillis et triés par type.

Ce matin, le chef de l’Administration de l’aviation civile iranienne a donné une conférence de presse (vidéo) basée sur ce que les responsables savent actuellement. Mon impression est qu’il est une personne sérieuse et raisonnable. La traduction d’Aljazeerah en direct et en anglais n’était pas bonne. Aucune des questions n’a été traduite mais certains points des officiels étaient compréhensibles :

  • Pour autant que l’on sache, l’avion n’a pas été touché par un missile.
  • Le jugement doit être retenu jusqu’à ce que toutes les informations techniques soient disponibles.
  • Après le décollage, le pilote a contacté la tour de contrôle de l’aéroport pour obtenir la permission de monter à 26 000 pieds. La permission a été accordée.
  • Deux minutes plus tard, un incendie s’est déclaré dans l’avion.
  • Il n’y a pas eu de communication après cela, mais les pilotes étaient peut-être trop occupés. L’enregistreur vocal du cockpit donnera plus de réponses.
  • Douze groupes ont été formés pour enquêter sur l’accident et sur le lieu de l’accident.
  • Les responsables américains ont affirmé avoir des documents ou d’autres preuves qui montrent un incident de missile. S’ils en ont, ils sont tenus de les présenter à l’enquête.
  • La vidéo montre que l’avion en feu a volé pendant 60 à 70 secondes. Si l’avion avait été touché par un missile, il aurait immédiatement chuté et il y aurait eu un très grand champ de débris comme cela s’est produit avec le vol MH17 en Ukraine.
  • Tous les pays touchés par l’accident peuvent nommer une personne de liaison ou participer à l’enquête.

Suit une explication du départ retardé de l’avion :

  • L’avion est arrivé la nuit précédant le vol.
  • Les deux pilotes se sont rendus à l’hôtel pour se reposer, mais seulement pendant trois heures.
  • Les passagers étaient pour la plupart des vacanciers qui avaient beaucoup de bagages.
  • Le processus d’embarquement a pris beaucoup de temps.
  • Les conditions météorologiques à ce moment-là n’étaient pas non plus adéquates.
  • Le pilote a demandé un supplément de carburant.
  • Le nombre de passagers, les bagages et le carburant supplémentaire dépassaient la capacité de l’avion.
  • Le pilote a ordonné à l’équipe au sol de décharger quelques bagages.
  • Tout ceci était un processus normal qui peut se produire sur n’importe quel vol.

On dit que l’enquête pourrait s’étendre sur une longue période, même plus longue que l’habituelle année. Selon leur état, l’extraction des données des boîtes noires peut également prendre un mois ou deux. La conférence de presse se termine par une demande de calme et de soutien à l’enquête.

Des images des boîtes noires non ouvertes ont été diffusées sur Iran TV. Elles semblent avoir des dommages extérieurs mineurs mais je suis sûr que la mémoire permanente à l’intérieur est intacte.

Des enquêteurs et des observateurs de plusieurs pays et de Boeing ont rejoint leurs collègues iraniens et aideront à trouver les causes de l’accident.

Les enquêteurs ukrainiens sont arrivés et se sont rendus sur le lieu de l’accident. Des responsables ukrainiens anonymes se plaignent (ukr) que les Iraniens ont « explosé » les débris :

"Les débris sont ramassés par des bulldozers. L'Iran est-il intéressé par une enquête de qualité ?" - source dans la commission interministérielle de l'Ukraine.

Les Iraniens ont utilisé un chargeur frontal à roues pour aider à ramasser les parties lourdes des débris. Ce n’est pas vraiment un bulldozer.


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Les Ukrainien se plaignent également que le processus de collecte est trop rapide et peut endommager certaines pièces. Eh bien, l’avion s’est écrasé et il y a eu une grosse explosion de carburant. Il n’y aura presque pas de pièces non endommagées.

Le site du crash du MAX éthiopien qui s’est abattu l’année dernière avait également été nettoyé en trois jours. Il est peu probable que le fait de trier les pièces en gros tas (structure, moteurs, électronique) avant de les emporter pour les stocker et les analyser cause des dommages supplémentaires. En Ukraine, on peut encore trouver des pièces du vol MH17 à l’endroit même où l’avion s’est écrasé.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

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