Par Moon of Alabama – Le 23 mars 2022
Le 21 février, la Russie annonçait qu’elle allait reconnaître les républiques du Donbass. Le lendemain, elle l’a fait. L’« Occident » a immédiatement annoncé des sanctions qui, en fait, avaient été préparées à l’avance. Le 24 février, les troupes russes franchissaient la frontière de l’Ukraine.
Le rouble russe a immédiatement subi une forte baisse. Depuis, il s’est un peu redressé.
Les nouvelles d’aujourd’hui vont amener le rouble vers de nouveaux sommets.
Kommersant rapporte (traduction automatique) :
Poutine a ordonné que les contrats de gaz conclus avec des pays hostiles soient payés en roubles.
Le président Vladimir Poutine a demandé à Gazprom de convertir en roubles les contrats conclus avec des pays hostiles. Selon lui, fournir des produits russes à l’UE et aux États-Unis et être payé en dollars et en euros « n’a aucun sens pour nous. » Dans ce contexte, le rouble est devenu haussier à la Bourse de Moscou.
« Tant les États-Unis que l’UE ont fondamentalement manqué à leurs obligations envers la Russie. Et maintenant, tout le monde, et dans le monde entier, sait que les obligations en dollars et en euros pourraient ne plus être remplies. <…> Il est tout à fait évident qu’à cet égard, cela n’a aucun sens pour nous de fournir nos marchandises à la fois à l’UE et aux États-Unis et de recevoir des paiements en dollars, en euros et dans un certain nombre d’autres devises. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre en œuvre dans les plus brefs délais un ensemble de mesures visant à transférer en roubles russes les paiements pour notre gaz naturel fourni à des pays hostiles », a déclaré M. Poutine lors d’une réunion avec le gouvernement.
Le président a chargé la Banque centrale et le gouvernement de déterminer dans la semaine le programme des opérations d’achat de roubles, par les acheteurs de gaz russe, sur le marché intérieur. Il affirme que la Russie continuera à fournir du gaz « conformément aux volumes et selon les principes de tarification conclus dans les contrats. »
Le cours du dollar à la Bourse de Moscou est passé sous la barre des 100 roubles pour la première fois depuis le 3 mars. A 15h37, la devise américaine s’échange à 101,55 roubles. (-2 roubles). Le taux de change de l’euro a baissé de 2,85 roubles [faute de rappe, 92,85 peut-être, NdSF] à 111,65 roubles. La cote maximum du dollar est tombé à 94,99 roubles, l’euro – à 109,7 roubles.
L’Union européenne, les États-Unis, la Grande-Bretagne et un certain nombre d’autres pays ont imposé des sanctions à la Russie en réponse à l’opération militaire en Ukraine, menée depuis le 24 février sur ordre de M. Poutine. L’une de ces mesures a été le gel d’environ la moitié des réserves d’or et de devises de la Banque centrale (300 milliards de dollars).
Pour payer en roubles, il faut d’abord acheter des roubles. Si la demande de roubles augmente et que l’offre ne change pas, le taux de change de la monnaie russe va augmenter. Comme la Russie vend des hydrocarbures et d’autres ressources pour des milliards de dollars par jour, le rouble devrait bientôt atteindre des sommets.
Le 28 février, une nouvelle série de sanctions a frappé la Russie. La partie des réserves de la banque centrale russe qui était stockée à l’« Ouest » a été gelée. La banque centrale a immédiatement fait passer son taux d’intérêt de 9 à 20 % pour éviter une fuite du rouble. Cette mesure a permis de limiter les dégâts, mais elle a rendu le crédit onéreux et a affecté le potentiel de croissance future de la Russie.
Mais avec une forte demande de nouveaux roubles en provenance de l’extérieur de la Russie, la banque centrale sera bientôt en mesure d’abaisser son taux d’intérêt à des niveaux plus normaux. Les conditions de crédit s’assoupliront et les investissements en Russie, pour remplacer les produits qui étaient jusqu’à présent importés, repartiront à la hausse.
La décision d’aujourd’hui d’exiger des roubles pour les hydrocarbures n’est qu’une des nombreuses mesures que la Russie peut prendre, et prendra probablement, pour riposter aux sanctions de l’« Ouest ».
Comme je l’ai écrit précédemment :
Toute consommation d’énergie aux États-Unis et dans l’UE sera désormais payée au prix fort. Cela va pousser l’UE et les États-Unis dans une récession. Comme la Russie augmentera les prix des exportations de biens pour lesquels elle a un pouvoir de marché – gaz, pétrole, blé, potassium, titane, aluminium, palladium, néon, etc – la hausse de l’inflation dans le monde entier deviendra significative.
Pendant ce temps, le New York Times écrit :
Alors qu’il se prépare à aller en Europe, le président Biden fera pression sur les alliés des États-Unis pour qu’ils aident à imposer des sanctions encore plus agressives à la Russie.
Biden exige que l’Europe se suicide pendant qu’il protège l’industrie américaine. J’espère que certaines personnes dans les capitales européennes sont encore capables d’avoir les idées assez claires pour reconnaître le racket que les États-Unis tentent d’organiser ici :
Avec la dévastation économique que les sanctions américaines et européennes contre la Russie provoquent dans leurs propres économies, cela aboutira à des changements de régime dans plusieurs pays européens. Bien entendu, les États-Unis se protègent à nouveau autant qu’ils le peuvent aux dépens des autres.
Tony Wood se demande :
La question demeure : pourquoi tous ceux qui ont si longtemps prédit cette guerre ont-ils fait si peu pour l’arrêter, et tant pour accélérer le désastre que la Russie a maintenant mis en marche ?
En effet. Pourquoi le gouvernement allemand n’a-t-il pas garanti par écrit qu’il opposerait son veto à toute adhésion supplémentaire à l’OTAN ? Cela aurait permis de résoudre au moins la moitié du problème. Pourquoi les autres gouvernements de l’OTAN ne l’ont-ils pas fait ?
Et que font-ils maintenant ? Où sont leurs initiatives pour la paix ?
Réveillez-vous. Sinon, cela se terminera par un désastre. Pas pour la Russie mais pour le reste de l’Europe.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone