Bref rapport sur la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan


Par The Saker − Le 15 octobre 2020 − Source The Saker

Comme beaucoup l’ont prédit, malgré l’accord signé à Moscou, la situation sur le terrain dans la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan s’est aggravée, les Arméniens ont affirmé que des drones azéris avaient attaqué des missiles balistiques tactiques arméniens sur leur sol, les Azéris l’ont confirmé, en disant qu’il s’agissait à la fois d’un avertissement et d’une attaque préventive pour protéger les civils azéris.

L’essentiel est ceci : l’Azerbaïdjan a maintenant officiellement attaqué le sol arménien – et non le sol du Karabakh – et l’Arménie a maintenant le droit de faire appel à l’OTSC. Jusqu’à présent, les Arméniens ne l’ont pas fait, mais maintenant ils le peuvent et, je crois, le feront probablement.

Un autre développement intéressant est que les États-Unis ont accusé la Turquie d’être impliquée dans cette guerre. Cela signifie que les trois pays, la Russie, la France et les États-Unis déclarent désormais que les Turcs – et / ou leurs «bons terroristes» de Syrie – sont impliqués. Aliev, le dirigeant azerbaïdjanais est indigné et accuse tout le monde de mentir.

Enfin, les médias azéris et turcs ont affirmé que les Kurdes combattaient désormais du côté arménien. Cependant, il n’y a pas eu de sources vérifiables pour cette rumeur probablement fausse.

Quant au leader arménien Pashinian, il a accusé Aliev d’être «Hitler».

Qu’est-ce que tout cela signifie ?

Eh bien, d’une part, il était inévitable que le tout premier accord de cessez-le-feu soit rompu. Dans de telles situations, ils le sont généralement.

Le vrai risque maintenant est que la Russie doive intervenir. Il existe trois scénarios les plus probables pour une telle intervention :

  • Opération de maintien de la paix : cela ne serait possible que si toutes les parties au conflit acceptent une telle opération. À ce stade, cela est encore peu probable, mais cela pourrait changer assez rapidement. Cependant, la Russie n’enverra des soldats de la paix que si les parties conviennent d’une solution politique à long terme à ce conflit. À l’heure actuelle, ils préfèrent se battre jusqu’à la dernière balle, mais cela changera bientôt pour les deux parties.
  • Opération de rétablissement de la paix : pour que cela se produise, l’ONU devrait accepter de donner un mandat à la Russie en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Bien qu’il semble que la Turquie n’ait actuellement aucun soutien au Conseil de sécurité de l’ONU, la haine des États-Unis et du Royaume-Uni pour tout et n’importe quoi venant de la Russie mettra probablement un double veto – avec un possible veto français en plus ! Juste pour éviter que la Russie ne réussisse quoi que ce soit, y compris apporter la paix dans la région.
  • Intervention militaire de l’OTSC : en d’autres termes, la Russie frapperait les forces et les moyens azéris pour arrêter l’agression contre l’Arménie. C’est quelque chose que la Russie évitera absolument, si elle peut, puisque la Russie n’a absolument aucun désir de détruire son excellent partenariat avec l’Azerbaïdjan et son partenariat très ténu et instable avec la Turquie, par exemple, en Syrie.

Ce que la Russie fera ensuite est évident. En utilisant des moyens ouverts ou secrets, elle tentera d’influer sur la situation sur le terrain de manière à forcer les deux parties à accepter une opération de maintien de la paix dirigée par la Russie.

Le principal problème à l’heure actuelle est Erdogan qui passe la plupart de son temps à faire des déclarations incendiaires et demande que la Turquie soit incluse dans toutes les négociations. Ce que veulent les Turcs, c’est que la Turquie négocie au nom de l’Azerbaïdjan et que la Russie négocie au nom de l’Arménie et du Haut-Karabakh. Jusqu’à présent, la Russie a catégoriquement refusé cette option.

Alors, où allons-nous à partir d’ici ?

Eh bien, les choses vont probablement empirer avant de s’améliorer. Ou bien elles s’aggraveront, avant de s’aggraver beaucoup. J’espère la première option, mais si la Turquie et / ou l’Azerbaïdjan continuent de frapper l’Arménie ou si l’Arménie reconnaît «l’Artsakh» alors tous les paris sont ouverts. Nous ferions mieux de prier pour que les têtes froides prévalent des deux côtés et que la Russie puisse faire à Erdogan une offre qu’il ne pourra pas refuser. Par exemple, les Russes pourraient déclarer que le contingent russe en Arménie protégera désormais l’espace aérien arménien avec des systèmes de défense aérienne russes – terrestres ou aériens. Si, sans raison apparente, les avions Azéri et / ou Turc commençaient à tomber du ciel, Erdogan pourrait reconsidérer sa décision.

Nous le saurons bientôt.

The Saker

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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