Par Moon of Alabama − Le 31 janvier 2020
Ce soir, la Grande-Bretagne quittera l’Union européenne. Vient ensuite la partie difficile.
La Grande-Bretagne a jusqu’à la fin de cette année pour conclure un nouvel accord commercial avec l’Europe, les États-Unis et d’autres pays.
Mais elle n’a pas beaucoup de pouvoir de négociation. Près de 50% des exportations britanniques sont destinées à l’UE, où vingt-sept parlements nationaux devront approuver tout nouvel accord. Aucun accord signifiera que la Grande-Bretagne perd une grande partie de ce commerce. Aux États-Unis, le Congrès doit également accepter un nouvel accord commercial avec la Grande-Bretagne. De nombreux lobbyistes demanderont un accès ouvert aux marchés britanniques.
Ces accords rendront le Brexit beaucoup moins favorable que prévu. Un argument souvent entendu en faveur du Brexit était que la Grande-Bretagne retrouverait des droits de pêche exclusifs dans sa zone économique. Mais certains pays de l’UE demanderont probablement des droits de pêche supplémentaires dans les eaux britanniques en échange de quelque chose dont la Grande-Bretagne a un besoin urgent.
Les États-Unis voudront accéder aux marchés britanniques pour leurs industries agricoles et de santé. Cela entrera en conflit avec les agriculteurs britanniques, la réglementation alimentaire, et le très apprécié National Health Service [Sécu].
La Grande-Bretagne devra négocier deux accords très importants et compliqués sous la pression du calendrier. L’UE pourrait proposer de prolonger le délai sous certaines conditions, mais Boris Johnson a promis de ne pas le demander. Les accords commerciaux globaux prennent normalement plusieurs années à se conclure. Les négociations sur l’accès du secteur britannique aux services financiers au marché de l’UE seront extrêmement compliquées.
Il fut un temps où la Grande-Bretagne régnait sur les mers et où des titres tels que “Brouillard dans la Manche ; le Continent est isolé” étaient non seulement drôles mais quelque peu justifiés. Mais ce n’est plus le cas.
C’est la Grande-Bretagne qui a besoin des accords, pas les autres pays. Les choix que fera le gouvernement conservateur tout au long des négociations ne seront probablement pas en faveur du citoyen britannique moyen.
Les dommages économiques que tout cela causera ne se feront pas sentir immédiatement, mais se feront probablement sentir par une croissance nulle ou faible, un chômage accru et des prix plus élevés.
Il y a aussi les problèmes nationaux. L’Irlande du Nord sera économiquement intégrée à l’Irlande et pourrait à terme envisager de quitter la Grande-Bretagne. Le peuple écossais avait préféré rester au sein de l’UE. Il peut à nouveau essayer de faire sécession.
Dans cinq à dix ans, la Grande-Bretagne sera probablement beaucoup moins grande qu’aujourd’hui.
L’UE peut bien faire sans la Grande-Bretagne. Le pays n’a jamais vraiment adhéré à l’union et y a souvent joué un rôle négatif.
Mais l’UE devra également abandonner sa compulsion à tout centraliser et réglementer. Si elle poursuit son chemin, d’autres pays voudront peut-être suivre l’exemple britannique malgré les dommages que cela leur causerait.
Moon of Alabama
Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone
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