Avec ses 40 000 soldats, le prochain exercice de l’OTAN en Arctique constitue un message à la Russie et la Chine


Par Andrew Korybko – Le 19 octobre 2018 – Source orientalreview.org

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De nom de code Trident Junction 18, l’exercice de l’OTAN qui va se tenir fin octobre se tiendra en Norvège, et on s’attend à y voir participer 40 000 soldats.

Trident Junction 18 en Norvège

Les USA et leurs alliés ont scruté de près les intérêts russes en Arctique depuis plus d’une décennie, par suite du planté théâtral du drapeau russe au Pôle Nord en 2007 ; cet événement avait constitué pour Moscou la mise en scène  de ses revendications territoriales auprès de l’ONU sur la région – ces revendications étant elles-mêmes basées sur le constat que la Dorsale océanique de Lomonossov court de Sibérie jusqu’au nord, ce qui pour Moscou justifie le rattachement du Pôle Nord à la Russie. L’Arctique va voir son importance monter dans les affaires mondiales au cours des décennies à venir, la fonte des glaces polaires permettant la navigation tout au long de l’année entre l’Occident et l’Eurasie de l’Est, ce qui réduit de moitié les durées de navigation. Et ce n’est pas tout, cette région détient les plus grandes réserves mondiales intactes de gaz et de pétrole, ainsi que de nombreux gisements miniers, ce qui ajoute à son intérêt stratégique.

La Norvège va héberger trois importants exercices prochainement, en raison de sa situation géographique à cheval sur les Océans Arctique et Atlantique, ce dernier étant en cours de militarisation après que les USA ont récemment ressuscité leur Seconde Flotte pour y patrouiller, en réponse aux augmentations d’activité sous-marine russe qu’ils prétendent y avoir observé. L’Amérique double également ses déploiement de Marines en Norvège, tout en approchant sa base d’opérations de la frontière russe, et le Royaume-Uni a annoncé qu’il allait suivre le mouvement et construire une base dans le pays, pour y mettre à demeure 800 soldats qu’il veut y déployer. Ces déplacements visent non seulement à tester la force de caractère des Russes et à poursuivre la tendance expansionniste de l’OTAN au niveau de ses frontières, mais servent peut-être également d’autres motivations anti-chinoises.

On s’attend à voir la République Populaire dépendre de la route maritime Arctique pour une part importante de ses échanges avec l’UE à l’avenir, si bien qu’il résulte d’une certaine logique stratégique de voir les USA bomber le torse et montrer qu’ils tiennent à conserver le contrôle sur certaines parties de cette route commerciale, malgré la position dominante russe en son centre. Il n’existe aucune perspective réaliste de jamais voir les Chinois déployer des forces militaires sur cette route, mais le message que les USA veulent envoyer est qu’ils pourraient, en cas de crise dans les relations sino-américaines, couper le commerce maritime entre les deux moitiés de l’Eurasie, exactement comme au niveau du détroit de Malacca et du Canal de Suez. [Imaginons juste un bref instant la réaction américaine et occidentale si la Russie déployait une flotte et des bases militaires au Panama, pour y « garantir la liberté de navigation », NdT].

L’objectif est de mettre la pression sur la Chine pour qu’elle accepte des « compromis » avec les USA sur un nouvel accord commercial, par crainte que son refus de conclure un tel accord ne l’expose à voir ses routes maritimes vulnérables à jamais aux perturbations extérieures.

Le présent article constitue une retranscription partielle de l’émission radiophonique context countdown, diffusée sur Radio Sputnik le 12 octobre 2018.

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

Traduit par Vincent, relu par Cat pour le Saker Francophone

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