Par Moon of Alabama − Le 25 septembre 2019
La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a annoncé hier l’ouverture d’un processus de destitution contre le président Donald Trump :
La Présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi a annoncé mardi que la Chambre engagerait une enquête judiciaire contre le président Trump, l'accusant d'avoir trahi son serment professionnel et la sécurité de la nation en cherchant à recruter une puissance étrangère pour ternir un rival pour son propre intérêt politique.
Au lieu de se contenter de questions politiques, les démocrates vont – encore – essayer de trouver une vague saleté avec laquelle ils peuvent ternir Trump. C’est une énorme erreur politique. Cela aidera Trump à gagner sa réélection.
Après deux ans de fausses accusations selon lesquelles Trump aurait collaboré avec la Russie, ils allèguent maintenant qu’il collabore avec l’Ukraine. Cela rendra beaucoup plus difficile, pour les démocrates, de cacher leurs mains sales dans la création de la fiction du Russiagate. Joe Biden, leur candidat préféré pour l’instant, sera atteint :
Au cours des deux dernières années, l’accusation avait été centrée sur les conclusions du conseiller spécial, Robert S. Mueller III, qui avait enquêté sur l’ingérence de la Russie dans les élections de 2016 et sur les tentatives de M. Trump de faire dérailler cette enquête. Mardi, Mme Pelosi, démocrate de Californie, a déclaré à son caucus, puis au pays, que les nouvelles révélations sur les relations de M. Trump avec l'Ukraine, ainsi que sur l'obstruction de son administration contre les demandes du Congrès, avaient finalement laissé à la Chambre le seul choix d'utiliser un remède rarement employé. ... Le litige porte sur des allégations selon lesquelles M. Trump aurait fait pression sur le président ukrainien pour qu'il ouvre une enquête sur la corruption de l'ancien vice-président Joseph R. Biden Jr., principal candidat à l'investiture présidentielle démocrate de 2020, et de son fils. La conversation [entre Trump et Zelensky] ferait partie de la plainte d'un lanceur d'alerte que le gouvernement Trump aurait refusé de transmettre au Congrès. Et cela s'est produit quelques jours à peine après que M. Trump ait ordonné à son administration de geler plus de 391 millions de dollars d'aide à l'Ukraine.
Trump a effectivement bloqué de l’argent pour l’Ukraine. Mais le président ukrainien ne le savait pas quand Trump lui avait parlé au téléphone :
M. Trump n'a pas discuté du retard dans le paiement de l'assistance militaire lors de l'appel téléphonique du 25 juillet avec M. Zelensky, selon des personnes au courant de la conversation. Un responsable ukrainien a déclaré que le gouvernement de M. Zelensky n’a été informé de ce retard qu’un mois environ après l’appel.
À ce moment-là, Trump retenait l’argent de plusieurs pays. L’argent pour l’Ukraine a été libéré début septembre, les conditions ne sont pas connues.
La cause immédiate de l’ouverture d’une enquête de destitution est venue d’un lanceur d’alerte des services de renseignement qui a affirmé que Trump avait fait quelque chose de répréhensible lors d’un appel téléphonique avec le président nouvellement élu de l’Ukraine, Zelensky.
La Maison Blanche a publié un mémorandum de l’appel téléphonique qui a eu lieu le 25 juillet 2019, un jour après le dernier témoignage de Robert Mueller devant le Congrès. Les démocrates prétendent que deux passages sont dommageables :
Président Zelenskyy : [...] je voudrais également vous remercier pour votre soutien précieux dans le domaine de la défense. Nous sommes prêts à continuer à coopérer pour les prochaines étapes et nous sommes presque prêts à acheter davantage de missiles Javelin aux États-Unis à des fins défensives. Le Président Trump (parle en anglais) : je voudrais cependant que vous nous rendiez un service, car notre pays a beaucoup souffert et l’Ukraine en sait quel que chose. J'aimerais que vous cherchiez ce qui s'est passé avec toute cette situation en Ukraine, ils parlent de Crowd Strike [entreprise US de cybersécurité, NdT]... Je suppose que vous avez l'un des riches de votre entourage ... Le serveur, ils disent que l'Ukraine l'a. Il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées, la situation, tout ça ... Je pense que vous vous entourez de certaines de ces mêmes personnes. J'aimerais que le procureur général vous appelle, ou quelqu'un de votre entourage, et j'aimerais que vous alliez au fond des choses. Comme vous l'avez vu hier, cette absurdité [le Russiagate] s'est terminée par le très mauvaise résultat d'un certain Robert Mueller, une performance incompétente, mais ils disent que tout a commencé avec l'Ukraine. Quoi que vous puissiez faire, il est très important que vous le fassiez si c'est possible. Président Zelenskyy: oui, c'est très important pour moi et pour tout ce que vous venez de mentionner. Pour moi en tant que président, c'est très important et nous sommes ouverts à toute coopération future. Nous sommes prêts à ouvrir une nouvelle page de coopération dans les relations entre les États-Unis et l'Ukraine. [...]
Trump voulait que Zelensky se penche sur l’influence de l’Ukraine dans l’ensemble de la campagne du Russiagate. Il y en avait certainement beaucoup. Les trois sœurs ukraino-américaines Chalupa, Alexandra, Irena et Andrea, ont collaboré avec la DNC [Convention nationale du Parti démocrate] et les autorités ukrainiennes à Washington et à Kiev pour saboter la campagne Trump. Elles sont, avec d’autres personnes affiliées à l’Ukraine, comme Dimitry Alperovich, le PDG des pirates de Crowd Strike, au cœur du Russiagate.
L’enquête de Mueller s’est terminée un jour avant l’appel téléphonique. Elle a constaté que Trump n’avait pas été de connivence avec la Russie, ni sous l’influence russe présumée lors de l’élection de 2016. Que Trump veuille voir le nouveau dirigeant ukrainien enquêter sur ce que les autorités ukrainiennes ont fait pour soutenir une campagne, démystifiée, contre lui, est peut-être une mauvaise chose à faire, mais ce n’est certainement pas criminel.
Dans un autre passage, Zelensky dit qu’il rencontrera bientôt l’avocat de Trump, Rudi Guiliani, qui voulait relancer une enquête sur la société ukrainienne qui avait embauché le fils de Joe Biden, Hunter Biden, alors que le vice-président Biden dirigeait lui-même la politique étrangère des États-Unis en Ukraine. Trump demande alors son soutien à Giuliani :
Président Zelenskyy : [...] Je vous dirai personnellement qu'un de mes assistants a parlé à M. Giuliani tout récemment et nous espérons beaucoup que M. Guliani pourra se rendre en Ukraine et nous nous rencontrerons lorsqu'il viendra. [...] Nous sommes de grands amis et vous, Monsieur le Président, avez des amis dans notre pays afin que nous puissions poursuivre notre partenariat stratégique. Je compte aussi m'entourer de gens formidables et, en plus de cette enquête, je garantis en tant que Président de l'Ukraine que toutes les enquêtes se dérouleront ouvertement et en toute franchise. Cela, je peux vous l'assurer. Président Trump (parle en anglais): Bien, parce que j’ai entendu dire que vous aviez un procureur qui était très bon et il a été démis et c’est vraiment injuste. Beaucoup de gens parlent de cela, de la façon dont ils ont viré votre très bon procureur et de très mauvaises personnes étaient impliquées. M. Giuliani est un homme hautement respecté. Il était le maire de New York, un excellent maire, et j'aimerais qu'il vous appelle. Je vais lui demander de vous appeler ainsi que le procureur général. Rudy [Giuliani] sait très bien ce qui se passe et c'est un gars très capable. Si vous pouviez lui parler, ce serait génial. L'ancienne ambassadrice des États-Unis, la femme, était une mauvaise personne et les gens avec lesquels elle traitait en Ukraine étaient mauvais aussi, alors je tiens simplement à vous faire savoir autre chose, on parle beaucoup du fils de Biden, que Biden a mis un terme aux poursuites et beaucoup de gens veulent en savoir plus, alors tout ce que vous pouvez faire avec le procureur général serait formidable. Biden s'est vanté d'avoir bloqué l'accusation, alors si vous pouvez vous renseigner ... Cela me semble horrible.
Zelensky assure à nouveau à Trump que le nouveau procureur général se penchera sur la question.
Trump demande une enquête et Zelensky lui assure qu’elle aura lieu. Trump n’a appliqué aucune pression ouverte. Il y a bien sûr toujours une pression implicite chaque fois qu’un président américain exprime un souhait au président d’un pays qui a besoin de bonne volonté et d’argent pour survivre.
En ce qui concerne l’affaire Biden, c’est la grande gueule de Joe Biden qui a permis de revenir sur ces problèmes. En janvier 2018, il a prononcé un discours devant le Council of Foreign Relations et expliqué comment il avait directement menacé (vidéo) de bloquer de l’argent, pour faire chanter l’Ukraine afin qu’un procureur général, considéré comme corrompu, soit licencié :
Et je suis allé, je suppose, la 12ème, 13ème fois à Kiev. Et je devais annoncer qu'il y avait une autre garantie de prêt d'un milliard de dollars. Et Porochenko et Yatsenyuk s'étaient engagés à agir contre le procureur de la République. Et ils ne l’ont pas fait. Mais ils ont dit qu'ils l'avaient fait, puis ils se dirigeaient vers une conférence de presse. J'ai dit, non, je n'y vais pas - ou, on ne va pas vous donner le milliard de dollars. Ils ont dit, vous n'avez aucune autorité. Vous n'êtes pas le président. Le président a dit - j'ai dit, appelez-le. (Rires.) J'ai dit, je vous dis que vous n'obtiendrez pas le milliard de dollars. J'ai dit, vous ne recevrez pas le milliard. Je vais partir d'ici, je pense qu'il était environ six heures. Je les ai regardés et leur ai dit : je pars dans six heures. Si le procureur n’est pas congédié, vous n’aurez pas l’argent. Eh bien, fils de pute. (Rires.) Il s'est fait virer. Et ils ont mis en place quelqu'un qui était solide à l'époque.
Biden a fait ça à un moment où son fils faisait du lobbying pour la société ukrainienne Burisma, sur laquelle le procureur qu’il souhaitait licencier faisait une enquête – voire du chantage :
Les dossiers bancaires américains montrent que la société de Hunter Biden, Rosemont Seneca Partners LLC, basée en Amérique, a reçu des virements réguliers sur l’un de ses comptes - généralement plus de 166 000 $ par mois - venant de l'entreprise Burisma, du printemps 2014 à l’automne 2015, à une époque où le vice-président Biden était le principal responsable américain de l'Ukraine et de ses relations tendues avec la Russie. Le dossier officiel du procureur général concernant l’enquête Burisma - partagé avec moi par de hauts responsables ukrainiens - montre que les procureurs ont identifié Hunter Biden, partenaire commercial de Devon Archer et leur société, Rosemont Seneca, comme destinataires potentiels d’argent.
Il n’y a aucune preuve directe que Joe Biden a demandé aux Ukrainiens d’arrêter l’enquête sur Burisma. Mais il n’était pas difficile pour les Ukrainiens de comprendre que la clôture de l’enquête sur la société pour laquelle le fils de Joe Biden travaillait les aiderait à lui présenter de nouvelles demandes.
La façon dont les démocrates veulent construire une destitution à partir de ça me dépasse.
Trump est le président. La politique étrangère est sa prérogative constitutionnelle. Il a usé de son pouvoir pour demander à l’Ukraine d’ouvrir des enquêtes sur deux problèmes. Il a bloqué de l’argent mais pas dans ce but. Les Ukrainiens ne savaient même pas à l’époque que l’argent était bloqué.
Biden a usé de son pouvoir de vice-président pour demander à l’Ukraine de renvoyer un procureur qu’il n’aimait pas et qui – par hasard ? – s’en prend à l’entreprise qui a enrichi son fils. Il a ouvertement bloqué de l’argent pour atteindre son objectif.
Comment les démocrates vont-ils expliquer que ce que Trump a fait était mal ou même criminel tout en insistant sur le fait que ce que Joe Biden a fait était une affaire normale ?
Ils ne peuvent pas.
Pelosi sait qu’il n’y a pas de motif pour destituer Trump. C’est pourquoi elle n’a pas de plan pour savoir comment procéder :
Bien que l’annonce de Mme Pelosi ait constitué un tournant décisif, de nombreuses questions restaient sans réponse sur le moment exact et la manière dont les démocrates envisageaient de faire avancer la procédure de destitution. ... Et Mme Pelosi a déclaré qu'elle avait demandé aux présidents des six comités qui ont enquêté sur M. Trump de «procéder sous ce parapluie, à l'enquête sur la destitution». Lors d'une réunion à huis clos plus tôt dans la journée, elle a déclaré que les groupes d'experts devraient réunir leurs meilleurs expériences sur des infractions susceptibles d'être invoquées pour destituer le président et les envoyer à la commission judiciaire, selon deux fonctionnaires au courant de la conversation. Cela pourrait potentiellement jeter les bases d’articles pour la destitution fondés sur les constatations.
Pelosi n’a rien. Six comités ont enquêté sur les problèmes de Trump mais n’ont jusqu’à présent rien trouvé à lui reprocher. L’enquête de Mueller n’a pas non plus révélé de dommages. Comment la combinaison de tous ces plats vides fera-t-elle un repas de destitution ?
Trump devrait être mis en accusation pour ses crimes contre la Syrie, le Venezuela et le Yémen.
Mais les démocrates ne toucheront sûrement pas à ces questions. Ils s’engagent dans un théâtre politique qui ne donnera rien. Au lieu d’attaquer les politiques de Trump et de proposer une meilleure législation, ils pollueront les ondes en émettant des rumeurs sur des « crimes » inexistants.
Il n’y a pas de motif de destitution. Même si la Chambre votait pour, le Sénat ne suivrait jamais. Personne ne veut voir un président Pence.
Les démocrates donnent à Trump la meilleure aide qu’il aurait pu souhaiter pour sa campagne. Trump se présentera à nouveau comme victime d’une chasse aux sorcières. Il dira encore qu’il est le seul du côté des gens. Qu’il est le seul à les soutenir contre les mauvais politiciens de Washington D.C. Des millions le croiront et le soutiendront à cet égard. Cela les incitera à voter pour lui.
Pourquoi est-il si difficile pour les démocrates de comprendre cela ?
Moon of Alabama
Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone
Ping : Destitution de Trump ? un peu de Nietzsche ? Was mich nicht umbringt, macht mich stärker. Ce qui ne me tue pas de rire… me rend plus drôle ! Même Johnny est d’accord ! – nicolasbonnal.com
Ping : Destitution de mon Donald ? Un peu de Nietzsche alors ? Was mich nicht umbringt, macht mich stärker. Ce qui ne me tue pas de rire… me rend plus drôle ! Même Johnny est d’accord ! – nicolasbonnal.com