Le 18 avril 2015 – Sources TheIntercept – Moon of Alabama
Voici encore deux articles sur le même sujet qui démontrent comment la propagande de guerre occidentale en vient à monter de toutes pièces, et de plus en plus souvent, de faux événements pour faire croire à la culpabilité de l’adversaire et ainsi mieux cacher à sa population sa propre culpabilité. En Ukraine comme en Syrie. Et la collaboration totale des médias dans cet enfumage de la population. Un seul remède à cela: Tcesser totalement de regarder le journal télévisé et de lire les journaux de masse, sauf la page des sports et l’horoscope, qui restent encore à leurs niveaux d’honnêteté. Le premier article traduit de The Intercept vous décrit l’histoire telle qu’elle a été montée en 2012. Le second, traduit de Moon of Alabama, révèle, 28 mois plus tard, comment la presse officielle fait soudain semblant de prendre conscience du montage. Le Saker Francophone
Premier Article, les faits
Le comportement de la NBC dans l’affaire du kidnapping de Engel est plus troublant que le scandale du bidonnage par Brian Williams
Tout au long de 2012, de nombreux groupes américains ont poussé à une intervention en Syrie pour renverser le gouvernement Assad qui a pourtant, dans la guerre contre le terrorisme, aidé les États-Unis, allant même jusqu‘à torturer des gens pour leur compte. Mais Assad est aussi vu comme un allié de l’Iran et le renverser reviendrait donc à affaiblir Téhéran, le but ultime de la stratégie américaine au Moyen Orient. L’histoire officielle a donc été établie pour faire croire que ceux qui combattaient contre Assad étaient des modérés, voire pro-occidentaux, dont le groupe principal a été nommé Armée Syrienne Libre (ASL)
Qu’il faille intervenir en Syrie en s’alliant, ou au nom, de l’Armée syrienne libre a fait l’objet d’un débat soutenu dans le monde occidental jusqu’à la fin de cette année 2012. John Kerry, alors membre du comité aux relations extérieures du sénat, discutait ouvertement des moyens d’aider les rebelles à renverser le régime en place. Le sénateur Joe Lieberman disait : «J’espère que la communauté internationale apportera son aide à l’Armée syrienne libre de toutes les manières possibles». Hillary Clinton, alors secrétaire d’État, même si elle se refusait à une intervention militaire directe a déclaré : «Nous devons redoubler d’efforts, en dehors des Nations unies, avec nos alliés et partenaires, pour soutenir le droit du peuple syrien à un meilleur avenir.»
Une résolution de l’ONU poussant à la démission d’Assad a été soutenue par les pays de l’Otan, mais la Russie et la Chine y ont mis leur veto, à la suite de la mauvaise expérience libyenne. L’année suivante, John Kerry, alors secrétaire d’état d’Obama, argumentait en faveur d’une intervention militaire directe, une campagne de bombardement à grande échelle, la présentant comme un impératif stratégique et moral.
Il s’est révélé que l’Armée syrienne libre modérée n’a été essentiellement qu’un mythe. Les forces combattant Assad les plus efficaces ne sont, et de loin, pas modérées mais plutôt divers groupuscules proches d’Al Qaida et même plus extrêmes. Après que les États-Unis et ses alliés du Golfe ont financé et armé ces groupes pendant un moment, les États-Unis se sont finalement mis a bombarder la Syrie, mais plus en alliance avec Assad que contre lui. [En bombardant l’État Islamique, NdT]
En décembre 2012, alors que la faction pro-intervention se renforçait, un groupe de cinq journalistes travaillant pour NBC, dont son reporter star Richard Engel, a été enlevé en Syrie. Ils ont été détenus pendant cinq jours, menacés de mort, traités inhumainement et forcés à enregistrer une vidéo dans laquelle Engel appelait à la fin de l’implication américaine en Syrie. Inscrits sur les murs de la pièce où a été enregistrée cette vidéo s’étalaient des graffitis pro-Assad et des slogans chiites.
Le but évident était de faire croire que ces journalistes avaient été enlevés et maltraités par des forces chiites en association avec celles d’Assad. Les ravisseurs ont fait ce qu’il fallait pour le faire croire à leurs otages et ont réussi. Engel et ses collègues ont cru avoir été capturés par des forces pro Assad, et libérés par des courageux et sympathiques rebelles sunnites. Après leur libération NBC a déclaré que les journalistes avaient été capturés et retenus en otage pendant cinq jours par un groupe inconnu, mais Engel a rapidement donné de nombreuses interviews dans lesquelles il déclarait, sans aucun doute, que ses ravisseurs étaient pro Assad et ses libérateurs anti Assad. C’est devenu alors un fait acquis.
Au cours de l’une de ses nombreuses interventions, comme celle du Rachel Maddow Show du 21 décembre, il a raconté en détail ce qui c’était passé. Il décrit comment il se trouvait dans une zone pro rebelle, voyageant avec un commandant rebelle et son équipe, quand ils sont tombés dans une embuscade montée par des gens du gouvernement: «Nous savions que c’était le gouvernement grâce à ce qu’ils disaient».
Engel décrit alors comment le commandant rebelle a essayé, de manière héroïque, de sauver leurs vies en sacrifiant la sienne, mais sans résultat. Les forces pro gouvernementales ont brutalisé, torturé et menacé les journalistes et ont même exécuté certains rebelles.
[…]
Tout cela s’est terminé, raconte Engel, quand ses ravisseurs sont tombés accidentellement sur un barrage ou les rebelles ont tué les ravisseurs et libéré les journalistes en les traitant avec beaucoup de compassion.
[…]
Il y avait de nombreuses raisons de soupçonner un coup monté pour accuser Assad. Scepticisme exprimé par quelques analystes indépendants, mais pas sur NBC. Le professeur de sciences politiques et blogueur As’ad AbuKhalil a été, dès le début, sceptique sur l’identité des ravisseurs d’Engel, comme sur une intervention en Syrie ou la vraie nature de l’Armée syrienne libre. En 2012 il me dit : «La Syrie est un des plus gros montages de propagande de notre temps. Lorsque la poussière retombera, si elle retombe un jour, tout le monde le verra »
[…]
Voila pour l’essentiel des faits.
SECOND ARTICLE, LA dénonciation du bidonnage
Déjà dénoncé au moment des faits par Moon of Alabama, il aura fallu 28 mois aux médias de masse pour réagir au coup monté, après qu’il a fuité.
Le voile s’est en partie levé sur le déluge de propagande anti Assad utilisée pour justifier la guerre contre la Syrie. Aujourd’hui, le New York Times titre : NBC News modifie son reportage sur l’enlèvement de son correspondant en Syrie.
NBC News, mercredi, a modifié son reportage sur l’enlèvement de son correspondant, Richard Engel, révélant qu’il était probable que Mr Engel avait été enlevé par un groupe de militants sunnites et non par les forces gouvernementales du président syrien Bachar Al Assad.
A l’époque, Moon of Alabama avait déjà mis en question l’histoire de Richard Engel telle qu’elle était présentée et trouvé que l’enlèvement et le sauvetage d’Engel étaient une histoire montée de bout en bout.
Le professeur As’ad AbuKhalil de Angry Arab a raison de ne pas croire à cette histoire et a lui aussi des éléments qui montrent que ce ne sont pas les forces loyalistes d’Assad, mais des rebelles de l’Armée syrienne libre se faisant passer pour des loyalistes qui ont monté ce coup médiatique.
Il existe maintenant de nouvelles preuves qui démontrent le coup monté et qui, quoi que Richard Engel puisse croire, lui et les gens qui l’accompagnaient (dont un ingénieur britannique qui serait plutôt un membre des forces spéciales) n’étaient pas entre les mains de Shabihas mais plutôt entre celles de monteurs vidéos expérimentés et bien connus.
Nous avions déjà remarqué le faux journaliste indépendant Khaled Abu Salah qui a créé et distribué de fausses vidéos sur les atrocités d’Assad, sponsorisé par l’organisation louche américaine Avaaz. Il a été, comme nous l’avons montré, impliqué dans le montage Richard Engel. Ce qui nous pousse à nous demander :
Comment se fait il que ce producteur reconnu de vidéos truquées soit impliqué dans un douteux cas d’enlèvement qui ne soit que propagande pour une utilisation médiatique occidentale ?
Qui a amené Richard Engel en Syrie? Est-ce Avaaz?
Est-ce que «Danny» et Khaled Abu Salah savaient qu’il allait venir?
Est-ce qu’ils ont planifié l’enlèvement et la libération de Richard Engel?
Si Richard Engel voulait bien expliquer comment il s’était retrouvé en face de Khaled Abu Salah pour une interview, cela pourrait donner quelques réponses à ces questions.
Mais il ne semble pas très clair sur ce sujet. Son nouveau rapport sur cet enlèvement monté vient seulement, comme le reporte HuffPo :
…après que sont apparues de nouvelles informations suggérant qu’il ait pu se tromper sur l’identité de ses ravisseurs, selon une source connaissant le sujet.
Le New York Times a récemment lancé une nouvelle enquête sur ce cas et c’est cela qui a poussé Engel à revoir sa copie, c’est-à-dire à cacher ses anciens mensonges par de nouveaux.
Ses patrons de la NBC ont laissé Engel tenir des propos sectaires à l’antenne, tout en sachant que son histoire était vraisemblablemen
Les cadres de la NBC étaient informés de l’éventuelle participation de Mrs Ajouj et Qassab dans l’enlèvement et la captivité d’Engel, selon d’anciens et actuels employés de la NBC, et d’autres ayant participé aux recherches quand il était prisonnier, dont des activistes politiques et des mercenaires. Malgré cela, le réseau s’est empressé de donner l’antenne à Mr Engel pour faire un rapport mettant en cause des ravisseurs chiites sans présenter l’autre version possible des faits.
Il y a deux ans, il était déjà évident pour Angry Arab et moi que l’histoire racontée par Engel semblait fausse du début à la fin. Le Daily Beast a même rajouté quelques détails mettant en évidence que la NBC avait fait un reportage que la chaîne savait monté de toute pièce:
Les sources disent que le groupe d’hommes armés qui ont enlevé l’équipe pouvait inclure quelques électrons libres du mouvement rebelle de l’Armée syrienne libre (ASL), point sur lequel le commandement de l’ASL est resté dans le vague. Selon une source, les conseillers en sécurité de la NBC étaient convaincus qu’il y avait participation de l’ASL et ils ont alors contacté quelques riches financiers américano-syriens du groupe rebelle en leur faisant remarquer que Engel avait toujours soutenu le soulèvement contre Assad. Ils les ont enjoints de faire pression sur l’ASL. Ils ont vraiment insisté jusqu’à ce que le commandement de l’ASL s’inquiète et promette d’aider.
Comment peut-on considérer cela, deux ans plus tard, comme de nouvelles informations?
Le prétendu enlèvement d’Engel par des Shabiah est donc clairement un coup monté et le sauvetage par un faux journaliste rebelle sunnite modéré montre un coup encore plus monté.
Engel continue à mentir. Il reconnait maintenant que le mort qu’il a vu, en réalité il ne l’a pas vu.
Dans son article de Vanity Fair, M. Engel décrit un de ses ravisseurs tombé mort. Dans sa déclaration de mercredi dernier, il reconnait qu’il n’a vu aucun corps lors de son sauvetage.
Engel parle encore de ravisseurs tués et d’échanges de tirs pendant sa libération. Mais le New York Times a rencontré des témoins qui font sérieusement douter de cette version:
Thaer Al Sheib, un autre local relié au mouvement rebelle qui cherchait l’équipe de la NBC, raconte que le jour du sauvetage: «Nous avons entendu quelques coups de feu très brefs venant de la ferme.» Il ajoute que Abu Ayman, le commandant rebelle ayant délivré l’équipe, est de la famille de Mr Ajouj, c’est pour cela qu’il s’est occupé du sauvetage.
Donc Engel ne dit toujours pas comment il a été vraiment libéré et comment il se fait qu’il se soit tout de suite retrouvé avec le vidéaste de bidonnage Khaled Abu Saleh. Dans la vidéo, Khaled Abu Saleh est remercié par Engel pour avoir pris part au groupe qui l’a libéré. Alors que ce groupe était Ahrar al Shams, de vrais jihadistes à la Ben Laden. Comment Engel, qui parle l’arabe, ne l’a-t-il pas remarqué? Comment Avaaz, avec lequel Khaled Abu Saleh a coopéré, connaissait-il sa relation avec les jihadistes?
Engel n’a pas fourni le moindre éclaircissement sur ces questions mais ni le New York Times ni le HuffPo n’ont vraiment creusé le sujet.
Parce que cela montrerait que des services de renseignement occidentaux, avec la participation d’organisations para gouvernementales comme Avaaz, et celle de révolutionnair
Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker Francophone