Pourquoi la Turquie subit-elle une crise monétaire ?


Par Moon of Alabama – Le 10 août 2018

Le président turc Erdogan affirme souvent que des « puissances étrangères » (c’est-à-dire les États-Unis) veulent le faire chuter. Il dit qu’un « lobby intéressé » (c’est-à-dire les banquiers (juifs)), veut nuire à la Turquie. Il a un peu raison sur ces deux points.

Depuis la semaine dernière, la lire turque est en chute libre. Aujourd’hui, elle a perdu près de 20 % de sa valeur. Il est probable que l’économie turque l’accompagnera dans sa chute et Erdogan a besoin d’accuser quelqu’un pour ce fait.

Mais si des puissances étrangères et des banquiers utilisent sûrement la crise pour leurs propres objectifs, c’est la politique économique d’Erdogan qui est à blâmer en premier lieu. Le long boom qu’il a créé avec de l’argent étranger emprunté est finalement en train d’exploser.

Voici un récapitulatif de ce qui s’est passé.

La situation politique dans son ensemble

Pendant le « printemps arabe » induit par les États-Unis, le président Obama s’est associé au Qatar et à la Turquie pour tenter d’installer des gouvernements tenus par les Frères musulmans dans tout le Moyen-Orient. Lorsque Hillary Clinton a quitté le poste de secrétaire d’État et que John Kerry a pris la relève, l’administration Obama a changé de stratégie. Elle a approuvé le coup d’État contre Morsi, le président égyptien élu, et s’est abstenue de recourir activement à l’armée américaine pour faire tomber le gouvernement syrien.

Surtout en ce qui concerne la Syrie, la Turquie a été lâchée. Erdogan avait parié sur le plan américain de renversement du gouvernement syrien. Son hébergement des réfugiés syriens et son soutien aux islamistes radicaux qui combattaient en Syrie lui a coûté beaucoup d’argent et causé beaucoup d’ennuis. La route commerciale turque qui traversait la Syrie en direction des pays du Golfe a été fermée. Les relations économiques avec l’Iran ont souffert. Erdogan avait besoin de s’en tirer d’une manière ou d’une autre.

Mais la stratégie américaine s’était retournée contre lui. Les manifestations de Gezi, en 2013, portaient tous les signes d’une tentative de révolution de couleur menée par les États-Unis. Elles ont échoué. En 2014, l’administration Obama a commencé à soutenir les forces kurdes du PKK/YPG à Kobane, dans l’est de la Syrie. Le PKK est une organisation terroriste qui tente de créer son propre pays dans l’est de la Turquie, le nord de la Syrie et le nord de l’Irak. L’alliance des États-Unis avec les Kurdes et leur armement fut comme un poignard pointé vers la Turquie.

En réponse à une attaque menée par la Turquie contre Lattaquié et Idlib, mi-2015, la Russie a déployé ses forces en Syrie. Rétrospectivement, ce fut le moment où la bataille d’Erdogan en Syrie s’est terminée. Les États-Unis ne lanceraient pas une guerre contre la Russie possédant l’arme nucléaire. La Syrie ne pouvait plus être vaincue. Mais Erdogan a continué à jouer.

En novembre 2015, la défense aérienne turque a tendu une embuscade et abattu un avion de guerre russe. La Russie a répondu par un arrêt total de tous ses échanges économiques avec la Turquie.  Ce ne furent pas des sanctions style piqûre d’aiguille comme les États-Unis en utilisent souvent, mais la fin abrupte de toutes les relations commerciales, y compris les millions de touristes russes qui visitaient la Turquie. Les dommages économiques furent énormes. Erdogan a dû plier face à la Russie. Poutine a été généreux et a permis à Erdogan de sauver la face. Le gouvernement russe a proposé un accord lucratif pour installer un gazoduc et autres douceurs. Puis, mi-2016, la CIA a organisé un coup d’État contre Erdogan, mais les services de renseignements russes l’ont averti et le coup a échoué. La Turquie a demandé aux États-Unis de livrer Fethullah Gülen, qu’elle accusait d’être l’instigateur du coup d’État. Gülen est un prédicateur turc, résidant en Pennsylvanie, avec un grand nombre d’adeptes et connu comme étant un pion de longue date de la CIA.

Le passage de la Turquie du camp « occidental » vers le camp « oriental » peut être considéré comme faisant partie de la stratégie russe concernant la mer Noire. C’est la répétition d’un plan datant du milieu du XIXe siècle, exécuté sous la direction de Tsar Nicolas Ier. Le plan contemporain a été couronné de succès, jusqu’à présent. Mais il entre en collision avec le plan des États-Unis pour relancer l’OTAN en vue d’une autre guerre froide lucrative. Ainsi, le plan américain actuel est d’utiliser les problèmes économiques de la Turquie pour finalement faire tomber Erdogan.

La situation économique dans son ensemble

En dehors de son pays, Erdogan n’est pas très apprécié. Son arrogance et son style autocratique ne laissent pas une bonne impression. Mais au sein de la Turquie, il a eu une carrière très réussie et continue d’être soutenu par une majorité de son peuple. La raison en est le long boom économique qu’il a créé.

En 2002, lorsque Erdogan est devenu Premier ministre, la Turquie se remettait alors d’une récession. Le prédécesseur d’Erdogan, Kemal Derviş, avait mis en œuvre d’importantes réformes. Erdogan s’en est attribué les mérites. De plus, il s’est débarrassé d’un certain nombre de règlements encombrants et a nettoyé la bureaucratie. Il a ouvert la porte aux investissements étrangers. Ce programme a bien fonctionné. L’économie a connu une croissance rapide et de nombreux Turcs ont été arrachés à la pauvreté. Quelques-uns sont devenus riches. On se souvient bien des premières années de succès économique sous son règne. L’inflation est restée stable à un taux relativement bas, même si l’argent était librement disponible et que l’économie se développait. Mais le programme économique d’expansion rapide d’Erdogan a également rendu la Turquie plus vulnérable.

La Turquie a un déficit chronique de sa balance courante. Elle importe plus de biens et de services qu’elle n’en exporte et doit emprunter de l’argent à l’étranger pour combler la différence. Au début des années Erdogan, beaucoup d’argent a afflué en Turquie. Mais il a été investi dans des secteurs improductifs. La construction de nouveaux logements a permis d’agrandir une ville d’Istanbul en plein essor. De nouveaux ponts et aéroports splendides, de nombreux centres commerciaux et plus de 10 000 nouvelles mosquées ont été construits, ainsi qu’un palais composé de 1 000 pièces pour Erdogan. Ses amis dans l’industrie du bâtiment sont devenus très riches.

Mais les industries productives qui créent des produits à exporter vers d’autres marchés sont plus difficiles à construire que les mosquées. Erdogan n’en a jamais fait une priorité.  Ainsi, le déficit de la balance commerciale de la Turquie est passé de 1% de son PIB à environ 6%. C’était clairement insoutenable.

Pendant le boom, les taux d’intérêt de la banque centrale turque avaient baissé par rapport aux sommets antérieurs, mais sont quand même restés plus élevés qu’ailleurs. Les industries et les banques empruntaient en euros ou en dollars car les taux d’intérêts étaient moins élevés mais cela signifiait aussi qu’elles prenaient un risque en cas de taux de change élevé. Si la livre turque chutait, les prêts devraient être remboursés en devises fortes à partir de recettes réalisées en lires faibles.

Dans des circonstances normales, la banque centrale turque aurait du provoquer une ou plusieurs récessions modérées au cours de la période de boom de 16 ans. Une partie des dettes accumulées et des prêts irrécouvrables aurait été éliminés. La consommation de biens étrangers et le déficit de la balance courante auraient diminué. Mais Erdogan a une curieuse compréhension de la théorie économique. Il croit que les taux d’intérêt élevés causent de l’inflation.

Chaque fois que la banque centrale turque a augmenté son taux d’intérêt pour contenir l’inflation et empêcher la livre de tomber, Erdogan a prononcé des mots durs à son encontre et a menacé son indépendance. L’argent relativement bon marché a continué à circuler, le boom de l’ère Erdogan a continué, mais les problèmes structurels se sont aggravés.

Depuis début 2017, l’inflation en Turquie s’est accélérée. Elle est passée de 8 % à 15 %. La monnaie a baissé. La lire est passée de 0,30 $ US en 2016 à 0,20 $ US il y a une semaine. Au cours des derniers jours, elle a encore chuté de 25 % pour atteindre 0,15 $ US. Il faut maintenant plus de 2 000 lires pour rembourser le principal d’un prêt de 1 000 lires contracté en dollars américains en 2016. Les industries et les banques turques ont emprunté quelque 150 milliards de dollars en devises étrangères. Seuls ceux qui exportent la plupart de leurs produits en devises fortes pourront rembourser leurs prêts. Les autres sont déjà pratiquement en faillite.

La facture de ce long boom arrive. La lire turque s’effondre. Aucun étranger ne veut plus prêter d’argent à la Turquie. Ou alors, pour prendre un tel risque, il exigera un taux d’intérêt extrêmement élevé. La Turquie ne sera bientôt plus en mesure de payer ses importations, en particulier pour l’énergie à base d’hydrocarbures dont elle a besoin. En raison de ses relations inamicales avec les États-Unis, il lui sera difficile de demander un prêt d’urgence au Fonds monétaire international (FMI). Il s’accompagnerait de conditions très dures telles que des demandes de « réforme », c’est-à-dire la fin des bénéfices qu’Erdogan canalisait vers ses partisans.

L’escalade actuelle

L’escalade de la crise monétaire au cours de la semaine dernière coïncide avec l’escalade d’un conflit mineur avec les États-Unis.

Après la tentative de coup d’État de 2016, la Turquie a emprisonné le pasteur américain Andrew Brunson, qui travaillait depuis longtemps dans le pays, et l’a accusé de terrorisme. La semaine dernière, un accord a été conclu pour échanger Brunson contre un Turc détenu en Israël pour terrorisme. La Turquie attendait davantage de l’accord. Elle veut libérer Mehmet Hakan Atilla, un banquier turc, que les États-Unis ont emprisonné pour avoir violé les sanctions américaines contre l’Iran. (Il l’a effectivement fait en organisant un commerce d’or contre du pétrole avec l’Iran. Un commerce dont la Turquie, et en particulier la famille immédiate d’Erdogan, a profité.)

La semaine dernière, les États-Unis on déclaré qu’Erdogan était revenu sur cet accord d’échange :

L’accord était un coup d’essai, scellé personnellement par Trump, pour échanger un citoyen turc emprisonné pour terrorisme en Israël contre la libération de Brunson. Mais il semble avoir échoué lorsque, mercredi, un tribunal turc a ordonné qu’il soit transféré en prison plutôt que de renvoyer le pasteur chez lui pendant que son procès se poursuit.

Trump et le vice-président évangélique Pence sont devenus dingues :

Jeudi matin, après un coup de fil rageur avec Erdogan, Trump a riposté. Les États-Unis « imposeront de lourdes sanctions » à la Turquie, a-t-il tweeté. « Ce religieux innocent devrait être libéré immédiatement. »

Dans un discours prononcé lors d’une conférence religieuse, le vice-président Pence a déclaré que la Turquie doit maintenant libérer Brunson « ou être prêt à faire face aux conséquences ». Le secrétaire d’État, Mike Pompeo, a appelé son homologue à Ankara.

Les États-Unis ont ensuite sanctionné deux ministres de cet allié de longue date de l’OTAN. Mais Erdogan n’a pas voulu céder. Les marchés ont réagi aux sanctions publiques et aux menaces de contre-sanctions. La lire a commencé à s’effondrer, passant de 4,80 lires par dollar à 5,20 par dollar. Mercredi, une délégation turque s’est rendue à Washington pour poursuivre des négociations, mais les pourparlers ont échoué. La lire est passée à 5,50 par dollar. Les marchés financiers sont devenus inquiets. Les conséquences de cette dispute menacent d’avoir un impact sur les banques européennes.

Ce matin, Erdogan a tenu un discours dans lequel il a rejeté les craintes d’un crash de la lire :

« Ce ne sont que des campagnes médiatiques. Ne les écoutez pas », a-t-il déclaré. « N’oubliez pas, s’ils ont leurs dollars, nous avons notre peuple, notre Dieu. Nous travaillons dur. Regardez où nous en étions il y a 16 ans et regardez-nous maintenant. »

Erdogan a dit qu’il « ne plierait pas face à des tueurs économiques ». Les banques qui ont prêté beaucoup d’argent à la Turquie pourraient comprendre qu’il s’agit d’une menace de défaut de paiement de la dette turque.

A midi, la lire tombait minute par minute à un taux de 20% par jour. Le gendre d’Erdogan, Berat Albayrak, récemment nommé ministre des Finances, a prononcé un discours sur l’économie. On s’attendait à ce qu’il donne des chiffres sur les déficits et qu’il décrive les mesures concrètes que le gouvernement prendrait pour mettre fin au problème de la lire. Mais il s’est abstenu de le faire. Il a essayé de calmer les marchés en prétendant que la banque centrale turque est indépendante et qu’elle agirait comme il le faudrait. Personne ne croit que la banque centrale turque puisse agir sans l’approbation d’Erdogan. Erdogan est un ennemi autoproclamé des taux d’intérêts élevés et la banque centrale n’est pas intervenue aujourd’hui alors qu’il y en avait un besoin urgent.

Au cours du discours d’Albayrack, Donald Trump est personnellement intervenu via Twitter :

Donald J. Trump @realDonaldTrump – 12:47 utc – 10 août 2018

« Je viens d’autoriser un doublement des droits de douane sur l’acier et l’aluminium venant de Turquie, car leur monnaie, la livre turque, glisse rapidement vers le bas contre notre dollar très fort ! L’aluminium sera désormais taxé de 20% et l’acier de 50%. Nos relations avec la Turquie ne sont pas bonnes en ce moment ! »

L’acier est l’un des plus gros produits d’exportation de la Turquie. Les États-Unis importent pour plus d’un milliard de dollars d’acier turc par an. La Maison Blanche a déclaré plus tard que ces tarifs sont liés à la sécurité et non au commerce.

Pendant ce temps, Erdogan a téléphoné au président Poutine pour « discuter des liens économiques ». Il a peut-être demandé un prêt d’urgence.

Pendant ce temps, la lire chutait à 6,80 par dollar.

Erdogan a ensuite prononcé un autre discours dans lequel il a mis à mal la pression américaine, sans nommer Trump ou mentionner son tweet.

A la fin de la journée, la lire se situait à 6,50 pour un dollar, alors qu’elle était à 5,50 le jour précédent. Les actions turques ont baissé d’environ 2%. Les actions de certaines banques et producteurs d’acier turcs ont chuté de 15%. Les banques espagnoles, italiennes et françaises, qui ont prêté des dizaines de milliards d’euros aux banques turques, ont également chuté. Bloomberg parlait de cela, aujourd’hui, dans son blog radio.

Où va-t-on maintenant

Erdogan a maintenant le week-end pour discuter de la question avec ses conseillers. Si aucune mesure n’est prise d’ici lundi matin, tout s’accélérera. La lire tombera encore plus bas. La banque centrale devra augmenter les taux d’intérêt jusqu’à +30% pour arrêter la chute et attirer des fonds étrangers dont ils ont un besoin urgent. L’économie turque connaîtra une profonde récession. Un certain nombre de ses banques et de ses entreprises vont faire faillite. Le chômage va augmenter.

Erdogan accusera les États-Unis et le « lobby des banques » pour cette chute. Ses disciples le croiront. Tout espoir qu’Erdogan revienne sur ce point est vain.

Mais les problèmes de la Turquie sont structurels. L’éclatement de sa bulle était attendu depuis longtemps. Le déficit de son compte extérieur est tout simplement insoutenable. Elle devra réduire ses importations et stimuler ses exportations. Elle aura besoin de prêts d’urgence importants.

Oui, les États-Unis se servent de cette faiblesse pour faire pression sur la Turquie. Mais les États-Unis ne sont pas la cause profonde du problème. Ils ne font que l’exposer.

La pression américaine ne concerne pas l’économie turque ni même le pasteur Brunson. La pression est faite, et cela depuis 2013, pour aligner Erdogan sur l’agenda américain. Il devra mettre un terme à ses bonnes relations avec la Russie. Il devra cesser d’acheter le système de défense aérienne russe S-400. On peut lui ordonner d’arrêter le gazoduc russe. Il doit suivre l’exemple des États-Unis sur la question syrienne. Tant que ce ne sera pas le cas, les États-Unis essaieront tout pour le faire tomber.

La seule chance qu’a la Turquie d’échapper aux exigences américaines est de s’allier davantage avec la Russie. Poutine sait qu’Erdogan a besoin de lui. Il va laisser le temps augmenter la pression et ensuite faire ses propres demandes. Erdogan devra renoncer complètement à ses projets concernant la Syrie. Toutes les terres syriennes que la Turquie ou ses mandataires détiennent devront être remises sous le contrôle du gouvernement syrien. Ce n’est qu’à ce moment-là que la route commerciale de la Turquie vers les États du Golfe sera rouverte. Ce n’est qu’alors que la Russie (et l’Iran) aideront la Turquie à traverser ses crises. [Le départ de l’OTAN pourrait être aussi sur le tapis, NdSF]

Lundi, le ministre russe des Affaires étrangères, M. Lavrov, se rendra en Turquie.

Erdogan acceptera-t-il les exigences russes ou retournera-t-il du côté américain pour finalement se rendre à Trump et au FMI ?  Ou trouvera-t-il un autre moyen d’échapper à cette calamité ?

Mise à jour (11 août, 8:45 utc) :

Erdogan a écrit un éditorial dans le New York Times d’aujourd’hui. Il rappelle les décennies de bonnes relations, énumère ses accusations contre l’action récente des États-Unis et leur reproche la détérioration de leurs relations. En voici le point culminant :

À une époque où le mal continue de rôder autour du monde, les actions unilatérales des États-Unis, notre allié depuis des décennies, contre la Turquie ne serviront qu’à miner les intérêts et la sécurité des États-Unis. Avant qu’il ne soit trop tard, Washington doit renoncer à l’idée erronée que nos relations peuvent être asymétriques et accepter le fait que la Turquie a des alternatives. Si nous ne parvenons pas à renverser cette tendance à l’unilatéralisme et au manque de respect, nous devrons commencer à chercher de nouveaux amis et alliés.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Diane pour le Saker francophone.

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