Par Moon of Alabama – Le 2 décembre 2017
La guerre contre le Yémen touche à sa fin. L’ancien président Saleh est à nouveau le leader du pays. Les Saoudiens ont accepté leur défaite. Les Houthis vont être chassés de la capitale Sanaa et vont retourner dans leur nord. Le Yémen est dévasté et devra se reconstruire. Tous ceux qui ont participé à cette guerre ont perdu. Le seul gagnant est la Russie.
Note du Saker Francophone Depuis le président Saleh a été tué. On publie demain un second article sur sa mort.
Récapitulatif
Au cours de la révolution yéménite façon « printemps arabe » (instiguée par les États-Unis), le président Saleh a été chassé après avoir gouverné le pays pendant 34 ans. En 2012, l’ancien vice-président Hadi a été « élu » président dans un scrutin sans challenger. Il s’est installé au pouvoir grâce au soutien des États-Unis.
Comme je l’ai noté à ce moment-là :
« Les États-Unis ont raté l’occasion d’opérer une véritable transition au Yémen en utilisant le mouvement contre Saleh. Cela leur reviendra en boomerang. »
Hadi était une marionnette saoudienne incapable de diriger le pays. Il a essayé de former un gouvernement d’unité dans le cadre de la Conférence de dialogue national parrainée par le Conseil de coopération du Golfe. Mais deux groupes majeurs ont été exclus de l’entreprise : les Houthis Zaïdites du nord du Yémen, qui combattaient depuis des années l’endoctrinement saoudien-wahhabite au Yémen, et les partisans du président déchu Ali Abdallah Saleh. Les Houthis et Saleh se sont opposés pendant plus d’une décennie. Mais désormais, ils avaient un ennemi commun et ils ont uni leurs efforts.
En 2015, les troupes des armées Houthi et yéménite fidèles à Saleh ont repris la capitale Sanaa. Hadi a démissionné (deux fois), s’est enfui à Aden dans le sud et plus tard à Riyad en Arabie saoudite. Les Saoudiens ont eu peur de perdre leur influence sur leur voisin misérable mais fier. Ils ont faussement prétendu que les Houthis étaient soutenus par leur ennemi juré, l’Iran. Ils ont déclaré la guerre au pays et ont essayé de l’envahir. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont soutenu et continuent de soutenir la guerre saoudienne avec du renseignement, des avions de ravitaillement pour les bombardiers saoudiens et des fournitures massives d’armes.
Les Saoudiens ont envoyé leurs troupes envahir le pays, les Émirats arabes unis voisins ont envoyé leurs forces et d’autres mercenaires ont été recrutés au Soudan, en Amérique du Sud et partout où ils pouvaient en trouver. Tout cela en vain. Alors que les Saoudiens larguaient plus de 100 bombes par jour sur le Yémen, leurs forces étaient vaincues à chaque fois qu’ils tentaient d’entrer dans le cœur montagneux du pays. Les Houthis ont contre-attaqué en Arabie saoudite. Ils n’avaient pas de chaussures aux pieds mais ils avaient du courage à revendre. Ils ont détruit des centaines de postes frontaliers et de postes de contrôle militaires saoudiens.
Les Saoudiens ont essayé de priver les Houthis d’armes, de nourriture et de tout. Ils ont fait le blocus du pays et bombardé des dépôts d’armes, des usines et toutes les infrastructures. Ils ont complètement détruit les villes houthies dans le nord et ont essayé d’assassiner les dirigeants de la rébellion. Des dizaines de milliers de Yéménites sont morts dans leurs attaques souvent aveugles. Mais les Houthis ont résisté. Cela fait des décennies que le Yémen est plein d’armes. Tout au long des dizaines d’années de son règne, l’ancien président Saleh avait caché dix mille tonnes de munitions et de matériel. Du matériel supplémentaire a été pris ou acheté aux mercenaires saoudiens.
Les anciennes unités de l’armée yéménite fidèles à Saleh, ainsi que Saleh lui-même, sont restées à l’arrière-plan. Leur contribution la plus visible à la guerre a été le lancement de missiles balistiques à courte portée (SRBM) contre des villes et des positions militaires saoudiennes. Ces armes avaient été achetées plus tôt et ont été modifiées pour avoir une portée plus étendue (voir le dernier paragraphe de l’article « Focus »).
Les Saoudiens étaient dans une impasse qui leur coûtait plus de 800 millions de dollars par mois. Al-Qaïda et l’État islamique prospéraient dans le sud que les Saoudiens et leurs alliés étaient supposés contrôler. Les forces saoudiennes par procuration ne s’entendaient pas avec les troupes des EAU. Des missiles tombaient sur les villes saoudiennes. Même si ceux qui atteignaient leur cible étaient rares, chacun d’entre eux mettait en lumière l’impuissance des dirigeants saoudiens.
Les Saoudiens ont finalement envoyé des émissaires de paix à l’ancien président Saleh. Les Russes, qui avaient laissé leur ambassade à Sanaa ouverte pendant toute la guerre, ont joué le rôle d’intermédiaires. À la mi-octobre, les premiers résultats des efforts diplomatiques sont devenus apparents :
Une équipe médicale russe s’est rendue à Sanaa le 11 octobre avec l’approbation des Saoudiens qui contrôlent l’espace aérien yéménite. Les chirurgiens russes ont opéré Saleh, qui a 75 ans, pour lui sauver la vie. Selon certains rapports, l’opération a eu lieu à l’ambassade de Russie dans la capitale. On ne sait pas exactement ce que Saleh a, mais il semble qu’il souffre des conséquences de graves brûlures et autres blessures consécutives à une tentative d’assassinat en 2011.
(…)
Il est fort probable que les Saoudiens espèrent rompre l’alliance rebelle entre Saleh et les Houthis, qui s’est détériorée cette année.
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Le roi Salman bin Abdul Aziz Al Saoud et son fils, le prince héritier Mohammed bin Salman, ont engagé leur réputation dans cette guerre dans laquelle ils se sont jetés sans réfléchir il y a deux ans et demi.
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Salman était à Moscou au début du mois pour une visite d’État sans précédent en Russie. (…) Il est raisonnable de supposer que le roi et Poutine ont discuté de l’imbroglio du Yémen. La Russie a ouvertement critiqué l’approche onusienne du conflit que Moscou qualifie à juste titre de trop amicale envers l’Arabie saoudite, et de partiale.
Pendant la maladie de Saleh, les Houthis sont devenus présomptueux. Ils ont arrêté et tué des partisans de Saleh à Sanaa, occupé des bases appartenant à ses troupes et mené des raids chez ses officiers. Ils ont peut-être eu vent des négociations en cours entre Saleh et les Saoudiens. Au cours des derniers mois, leur comportement envers leurs compatriotes à Sanaa est devenu intolérable.
Pendant ce temps, les négociations entre Saleh et les Saoudiens se poursuivaient dans les coulisses et sur le champ de bataille. Le 4 novembre, les troupes yéménites ont lancé un missile sur l’aéroport de Riyad, la capitale saoudienne. Les systèmes américains de défense antimissile ont détruit le missile avant qu’il n’atteigne sa cible [Cela reste encore à déterminer, NdSF], mais cela a fait des dégâts dans l’opinion publique. Une frappe sérieuse sur l’aéroport le fermerait vraisemblablement au trafic civil. Les conséquences économiques et politiques seraient énormes pour les tyrans saoudiens.
Les Saoudiens ont répondu par un blocus total du Yémen. Aucune nourriture, aucun médicament n’a pu passer. Cela a entraîné la famine, la mort de centaines de personnes chaque jour, et enfin des protestations publiques de la part de l’ONU qui est généralement plutôt servile. Les centaines de millions de dollars dépensés par les Saoudiens pour manipuler les médias mondiaux n’ont PAS réussi à empêcher le retour de manivelle.
Un autre missile a été tiré jeudi pour augmenter la pression. Il visait la ville méridionale saoudienne de Khamis Mushait. Les Saoudiens ont finalement déclaré forfait et ils ont accepté les conditions de Saleh.
Nous ne savons pas encore quelles sont ces conditions, mais Saleh a annoncé publiquement qu’un accord avait été conclu et s’est immédiatement mis au travail. Sa première cible a été son ex-allié Houthi :
ADEN (Reuters) – L’ancien président yéménite Ali Abdullah Saleh a déclaré samedi qu’il était prêt à écrire une « nouvelle page » dans sa relation avec la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen si elle arrêtait ses attaques.
L’appel a été lancé alors que ses partisans combattaient les combattants houthis pour le quatrième jour dans la capitale Sanaa, et que les deux camps se rejettent la responsabilité du fossé qui grandit entre eux et qui pourrait affecter le cours de la guerre civile.
(…)
« J’appelle nos frères des états voisins et de l’alliance à mettre fin à leur agression, à lever le siège, à ouvrir les aéroports, à laisser passer l’aide alimentaire et ce qui est nécessaire pour sauver les blessés et nous tournerons la page comme les bons voisins que nous sommes », a déclaré Saleh dans un discours télévisé.
Les Saoudiens ont également annoncé publiquement leur accord :
La coalition arabe a fait une déclaration samedi pendant les affrontements féroces de Sanaa.
(…)
La coalition a également dit qu’elle reconnaissait les nobles membres du Congrès général du peuple du Yémen (GPC), le leadership du GPC et les Yéménites qui ont été contraints de rester sous contrôle houthi-iranien. En outre, la coalition reconnaît que ces nobles personnes ont eu à subir de nombreuses menaces de meurtre, des tortures, des attentats à la bombe et la confiscation de biens publics et privés.
Le Congrès général du peuple du Yémen (GPC) est le parti de Saleh. Il est toujours le président du GPC. Saleh est à nouveau le souverain du Yémen et il est reconnu par les Saoudiens. Hadi, le président « légitime » restera terré à Riyad.
Saleh a appelé tous ses partisans à chasser les Houthis de leurs positions. Son neveu et successeur potentiel, le colonel Tariq Mohammed Abdullah Saleh, va diriger un nouveau conseil militaire et s’occupera de cet aspect des choses. Les affiches des Houthis ont été arrachées à Sanaa. Il y a des combats féroces dans la ville. Sanaa est le territoire de Saleh. Ses troupes sont bien entraînées et il gagnera probablement le combat.
Il appartient maintenant à Saleh, sa famille et à ses partisans de nettoyer le désordre total causé par la « révolution » instiguée par les États-Unis, et par la guerre saoudienne contre le Yémen. Les Saoudiens auront à payer des milliards de dollars en réparation. La famille de Saleh s’en appropriera une grande partie. Mais l’argent ne fait pas de Saleh la marionnette de qui que ce soit, il est toujours le serpent qui mord tous ceux qui lui barrent la route. C’est comme ça qu’il a réussi à régner si longtemps.
Les Houthis, qui ont courageusement combattu les Saoudiens, sont devenus trop arrogants et trop odieux à leur propre peuple pour pouvoir régner. Ils seront chassés de Sanaa et repoussés dans leurs terres dévastées du Nord.
Tous les Yéménites ont perdu quelque chose dans cette guerre. Beaucoup, beaucoup sont morts pour rien. Il faudra des décennies pour reconstruire tout ce qui a été détruit. Les Saoudiens, et les Américains qui les soutenaient, ont perdu la face devant le monde arabe tout entier. Ils ont essayé d’en foutre plein la tronche au Yémen mais c’est le Yémen qui leur en a foutu plein la tronche.
Les seuls véritables gagnants de la guerre sont les Russes. Ils ont à nouveau démontré qu’ils sont capables d’engendrer la paix quand les États-Unis ne font qu’engendrer la guerre et le chaos.
***
Focus
Les Saoudiens ont toujours prétendu que les Houthis étaient une force iranienne par procuration. Ce n’est pas vrai. Les Houthis ne sont pas chiites et ne suivent pas les doctrines de l’État iranien. Ils ne prennent d’ordres de personne. Le soutien militaire qu’ils reçoivent de l’Iran est minime. Les Saoudiens allèguent en particulier que les missiles tirés sous l’étiquette houthi par les anciennes troupes du Yémen sous le commandement de Saleh sont d’origine iranienne. Mais c’est improbable. Le Yémen est sous blocus saoudien depuis plus de deux ans et les missiles balistiques ne peuvent pas entrer en contrebande dans le pays.
Hier Reuters a publié un court article qui abonde dans le sens des allégations saoudiennes. Mais une lecture plus attentive montre qu’elles sont fausses.
À la mi-novembre, un rapport confidentiel d’un panel de l’ONU n’a pu apporter aucune preuve que les missiles lancés contre les Saoudiens étaient de type QIAM-1 iranien :
« Les preuves fournies dans ces briefings [saoudiens] sont tout à fait insuffisantes pour attribuer cette attaque à un SRBM Qiam-1 », écrit le panel. « La coalition dirigée par l’Arabie saoudite n’a pas pu, à ce jour, attribuer la tentative d’attentat contre le KKIA » − l’aéroport international King Khalid, dans la capitale saoudienne Riyad − « à un type particulier de SRBM ».
« Le Panel n’a trouvé aucune preuve permettant d’affirmer que des SRBM aient été transférés à l’alliance Houthi-Saleh par des sources extérieures en violation du paragraphe 14 de la résolution 2216, » lit-on dans le briefing.
Comme les spécialistes d’IHS Janes (voir ci-dessous), le panel des Nations Unies a estimé que les missiles étaient des missiles achetés précédemment par le Yémen à la Corée du Nord et modifiés sur place :
L’armée yéménite, a ajouté le panel, a encore des stocks de missiles SCUD-B et Hwasong-6 qui n’ont pas été complètement détruits par les frappes aériennes saoudiennes. Le panel a cité un porte-parole houthi qui a déclaré que les missiles endommagés avaient été réparés et modifiés par la suite. « Le panel n’a pas exclu cependant que des spécialistes balistiques étrangers basés au Yémen aient pu les conseiller », lit-on dans le briefing. Le panel a évoqué la possibilité que les missiles aient été modifiés pour allonger leur portée afin d’atteindre des cibles plus lointaines en Arabie saoudite.
Maintenant, Reuters tente de venir à l’aide des allégations saoudiennes avec un grand titre extrêmement trompeur : « Exclusif : les missiles yéménites tirés sur l’Arabie saoudite semblent être iraniens – ONU » :
Les restes de quatre missiles balistiques tirés en Arabie Saoudite par les rebelles houthis du Yémen cette année semblent avoir été conçus et fabriqués par le rival régional de Riyad, l’Iran, selon un rapport confidentiel des observateurs des sanctions des Nations Unies, et par conséquent les États-Unis veulent punir le gouvernement de Téhéran.
Ce que Reuters affirme dans son paragraphe d’ouverture n’est pas ce que le panneau a vraiment dit. Plus loin dans le rapport on lit :
« Le groupe indépendant d’observateurs de l’ONU a déclaré dans un rapport du 24 novembre au Conseil de sécurité, que Reuters a consulté jeudi, qu’il ‘n’a pas encore de preuves quant à l’identité de l’intermédiaire ou du fournisseur’ des missiles. »
(…)
« Les caractéristiques de la conception et les dimensions des composants inspectés par le panel sont cohérentes avec celles du missile Qiam-1 conçu et fabriqué par l’Iran », ont écrit les observateurs.
Je suis d’accord avec le fait que les « caractéristiques de la conception » et les « dimensions des composants » sont compatibles avec le QIAM-1. Il y a une explication simple à cela. Le QIAM-1 iranien est :
une copie sous licence du Hwasong-6 nord-coréen.
Le Hwasong-6 :
est un missile balistique tactique nord-coréen. Il est dérivé du Hwasong-5, lui-même dérivé du R-17 Elbrus soviétique. Il porte le nom de Scud dans la désignation de l’OTAN.
Selon un rapport de l’IHS Janes (pdf) les missiles que le gouvernement Saleh du Yémen avait achetés à la Corée du Nord étaient du type Hwasong-5 et probablement Hwasong-6 :
Avant le déclenchement du conflit actuel, on savait que le Yémen avait acquis des systèmes de missiles balistiques R-17 Elbrus (SS -1C ‘Scud B’) de l’Union soviétique
(…)
Des navires de guerre espagnols ont intercepté un navire transportant 15 missiles balistiques de type Scud au Yémen en décembre [2002]. Ce navire a ensuite été autorisé à livrer sa cargaison. Les missiles trouvés à bord étaient des « Scud Bs » (en référence à la copie nord-coréenne Hwasong-5 du R-17), selon un télégramme diplomatique américain de juin 2003. Il est possible que ce soit l’une des nombreuses cargaisons qui incluaient également des variantes à plus longue portée, comme le Hwasong-6, également connu sous le nom de Scud-C, qui a une portée de 500 à 550 km.
L’armée du Yémen a plus de 30 ans d’expérience des missiles de type Scud et elle sait comment les modifier. Elle a révélé avoir des nouveaux missiles Burkan « fabriqués au Yémen » avant de tirer sur Riyad. On lit dans le rapport de l’IHS Janes :
« Les dimensions déclarées du Burkan-1 suggèrent que c’est un Scud standard qui a été rallongé avec des sections supplémentaires soudées dans son fuselage et des réservoirs supplémentaires pour pouvoir transporter le propulseur supplémentaire nécessaire pour allonger sa portée. L’Irak a procédé à des modifications similaires pour produire des missiles Al Hussein capables d’atteindre Téhéran pendant la guerre Iran-Irak de 1980-88.
(…)
Le Burkan-2 semble utiliser un nouveau type de section d’ogive fait maison. L’Iran et la Corée du Nord ont tous deux fabriqué des dérivés de Scud avec des ogives en forme de volant, mais aucun ne correspond à la version yéménite. La portée des missiles Burkan semble également avoir été étendue par la réduction du poids de leurs ogives. »
Les Yéménites utilisent des missiles Haewsong-5 et 6 achetés en Corée du Nord et modifiés sur place. L’Iran fabrique une copie sous licence du Haewsong-6 sous le nom de QIAM-1. Ces missiles QIAM auront tout naturellement des « caractéristiques de conception » et des « dimensions de composants » similaires aux missiles nord-coréens utilisés par les Yéménites.
Reuters lance ses lecteurs sur une fausse piste quand il prétend que les missiles yéménites « semblent iraniens ». Car le Burkan yéménite et le QIAM iranien sont, tous les deux, des variantes des mêmes Haewsong-5 et 6 nord-coréens qui sont eux-mêmes des copies des types soviétiques R-17 / Scud-B / Scud-C. Tous ceux-ci ont été construits à partir de la même notice technique et des mêmes dessins techniques. Le fait que leurs dimensions et leurs composants se ressemblent, comme le dit le panel des Nations Unies, ne prouve absolument rien.
Traduction : Dominique Muselet
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