Par Sayed – Le 22 juillet 2017 – Source mediarelations-lb
Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 11 juillet 2017, à l’occasion de la libération de Mossoul
Traduit et sous-titré par Sayed
Ce discours se présente en trois parties :
1 • Vidéo 11’53 » : Sistani et Khamenei ont joué un rôle décisif dans la libération de Mossoul.
2 • Vidéo 10’48 » : L’Irak héroïque, rôle cosmétique des USA.
3 • Vidéo 10’05 » : La libération de Mossoul permet d’éradiquer définitivement Daech.
Première Partie
https://www.youtube.com/watch?v=WYch9HUEM5A
Transcription
Ce qui s’est produit en Irak et à Mossoul ne touche pas seulement à l’avenir de l’Irak et du peuple irakien, mais concerne en profondeur et avec force l’avenir des peuples et des pays de la région, et l’avenir de la Communauté (islamique) dans son ensemble.
Nous commençons donc par le premier point. Il ne fait aucun doute que la victoire proclamée hier (le 10/07) par le chef du gouvernement irakien et Commandant en chef des forces armées irakiennes, le Dr Haydar al-Ibadi − dans la ville de Mossoul, entouré des responsables militaires et sécuritaires − est une victoire très grande et très importante, cela ne fait aucun doute. Maintenant, même si certains veulent amoindrir son importance, son ampleur, son caractère majeur, il ne fait aucun doute que c’est une victoire très grande et très importante, qui vient dans un contexte de progression et de cumul : un certain nombre de victoires se sont cumulées et ont mené à cette victoire en particulier dans la ville de Mossoul, avec la particularité et l’importance qu’a Mossoul.
Elle vient dans un contexte de progression et de cumul de victoires des Irakiens contre Daech et le terrorisme, à Diyala, Salah-el-Din, Anbar et d’autres provinces irakiennes, ce qui nous ramène aux premiers jours − dont nous allons parler un peu en résumé pour en tirer les leçons − les premiers jours des affrontements très violents et âpres qui se sont produits entre les Irakiens et les forces irakiennes d’un côté et Daech (de l’autre), et la progression très large et très rapide de Daech qui s’est emparé de plusieurs provinces irakiennes jusqu’à parvenir aux abords de la capitale Bagdad. Il y a trois ans, on se rappelle tous ce déferlement très large, très rapide et très violent.
Il ne fait aucun doute que l’affliction était très grande pour les Irakiens, qui se sont retrouvés face à une sédition dans laquelle l’adulte perd ses forces, le jeune voit ses cheveux blanchir et le croyant œuvre ardemment de toutes ses forces jusqu’à ce qu’il rencontre son Seigneur (Sermon de l’Imam Ali). Il y eut un état de confusion et d’étourdissement généralisés, et un sentiment d’impuissance, de paralysie et de désespoir très répandu. L’ampleur de ce qui s’est produit était vraiment colossale, bien trop grande pour qu’on puisse s’en remettre facilement.
La fatwa de l’autorité religieuse (chiite) a été publiée rapidement dans la Sainte ville de Najaf (où se trouve le tombeau de l’Imam Ali), la fatwa de Son Éminence le Grand Ayatollah Marja’ religieux, Sayed Ali Sistani (première autorité religieuse du monde chiite − dans lequel un Marja’ est un exemple et comme un représentant du Prophète), Dieu le préserve − rendant la défense et le djihad obligatoires (mobilisation générale jusqu’à la victoire) à tout individu pouvant porter les armes et combattre, et rendant obligatoire de faire face à Daech avec toute la force (requise). Et il a stipulé que cette responsabilité s’étendait à tous, et que celui qui était tué dans cette défense, dans cette bataille et dans cette confrontation serait un martyr dans la voie de Dieu le Très-Haut et l’Exalté.
C’est de là qu’il faut commencer notre propos, car la fatwa des autorités religieuses (chiites) et leur appel historique à ce moment lancé à tous les Irakiens est la pierre angulaire et le point de départ décisif de cette belle conclusion et de cette grande victoire. Ce point tournant, cette entrée, cette porte, cette source constitue le facteur décisif.
Eh bien, pourquoi… Certains (nous) disent peut-être que nous essayons de donner à cette fatwa et à cette prise de position de l’autorité religieuse (Marja’iya) cette importance énorme et capitale. Cette fatwa et cette prise de position historique, qu’ont-elles entraîné ?
Premièrement, elles ont sorti les Irakiens et tout le monde de la confusion, de l’étourdissement, de la paralysie. Avant cette fatwa, ils ne savaient pas quoi faire, comment réagir. Combattre, ne pas combattre ? Quelle était la bonne attitude, la position juste (du point de vue religieux) ? Car en fin de compte, on parle de combat, d’épanchement de sang, de tuer et d’être tué (donc on ne peut pas agir à la légère). De manière certaine, la fatwa a tranché cette question de manière décisive et a mis fin à la confusion et à la paralysie en ce qui concerne la prise de position (juste), leur disant qu’il ont le devoir et l’obligation de combattre, de défendre, de faire face. Cela a tranché la question de manière décisive. Voyez donc, (ce ne sont que) quelques phrases courtes, et quel a été leur impact historique.
Deuxièmement, elle a clairement identifié l’ennemi, de manière décisive : l’ennemi est Daech, qui s’appelait au début État Islamique en Irak et au Levant, au sujet duquel certains ont été dupes et ont cru que c’était un mouvement islamique ou une révolution islamique. Certains milieux ont accueilli Daech chaleureusement et l’ont considéré comme partie prenante du Printemps arabe et des révolutions populaires, et ils l’ont acclamé, applaudi, soutenu et assisté. Mais la fatwa de l’autorité religieuse (Marja’iya) est venue déclarer que c’était lui l’ennemi qu’il fallait combattre, et que le djihad contre lui était un djihad sur la voie de Dieu, et que celui qui était tué dans ce combat serait un martyr dans la voie de Dieu le Très-Haut et l’Exalté. Cette fatwa a donc déterminé l’identité de l’ennemi et de la menace qu’il fallait confronter.
Et troisièmement, elle a fait porter la responsabilité à tous. La fatwa ou l’appel historique de l’autorité religieuse (Marja’iya) ne s’est pas adressée seulement aux chiites. Elle s’est adressée à tous les fils du peuple irakien, à l’ensemble du peuple irakien, dans la diversité de ses appartenances : religieuse, doctrinale, sectaire, raciale, car cette fatwa, bien que sa nature soit religieuse et jurisprudentielle, exprime en profondeur la vérité de la prise de position humanitaire, morale et patriote qui s’impose à absolument tout citoyen du peuple irakien. Et c’est pourquoi la responsabilité reposait sur tous et l’appel était lancé à tous.
Et quatrièmement, la fatwa a élevé le plafond de la confrontation avec cette menace et elle a tranché l’aspect de cette confrontation, loin de toute paralysie, de tout échange ou négociation, de tout calcul, de tout temps de débat et de toute recherche de solutions ici et là. Et cette fatwa bénie et majeure est parvenue à réveiller le peuple irakien avec une vitesse fulgurante, et elle l’a sorti de son état de confusion, de paralysie, de détresse et de désespoir. Et la réponse populaire et officielle (à cette fatwa) fut massive.
Cette fatwa a donné un très fort élan et un énorme esprit d’enthousiasme aux officiers et aux membres des forces de sécurité irakiennes, dans toutes ses composantes et dénominations. Et cette fatwa et cet appel ont poussé des centaines de milliers d’Irakiens, jeunes et moins jeunes, à rejoindre les lignes de front et à s’engager volontairement, ce qui a mené à la fondation de(s forces de) la mobilisation populaire (Hachd Cha’bi) irakienne bénie qui s’est formée dès le début comme la véritable force de l’Irak et l’est toujours, aux côtés des forces armées irakiennes dont elle est devenue une partie.
C’est pourquoi lorsque nous parlons aujourd’hui de la victoire de Mossoul, et des victoires précédant cette victoire, nous devons commencer de là, de la fatwa de l’autorité religieuse (Marja’iya) et de son appel historique, comme le font tous les dirigeants irakiens dans leurs déclarations et discours, et comme doit le faire toute personne honnête dans le monde s’il considère la situation en Irak ou essaie de la comprendre, de l’analyser ou de la présenter aux gens.
Eh bien, après l’émission de cette fatwa, comme nous l’avons dit, on a assisté à une réponse massive.
Premièrement, de la part du gouvernement irakien de l’époque, qui était dirigé par M. Nouri al-Maliki, et cette réaction a perduré avec force avec le gouvernement qui a été formé ensuite sous la direction du Dr Haydar al-Ibadi. Et toutes les instances dirigeantes ont réagi de cette manière : religieuses, politiques, partis, mouvements et orientations dans leur diversité. Et cette fatwa a reçu un large soutien des autres autorités religieuses en Irak, en Iran et ailleurs dans le monde. Et au sein de l’Irak également, elle a reçu un large soutien des savants sunnites comme des savants chiites. C’est un point très important sur lequel je vais revenir au cours de mon propos. La réaction populaire fut très vive, massive et vraiment bénie.
De même, la position décisive – nous devons nous efforcer d’être factuels et réalistes, nous ne voulons exagérer en rien, mais il faut être justes et impartiaux –, la position décisive est venue de la part de la République Islamique d’Iran, et à sa tête Son Éminence le Guide et Imam Sayed Khamenei, Dieu le préserve, aux côtés des (autres) autorités religieuses, et aux côtés du gouvernement irakien et du peuple irakien, ainsi que la rapidité d’action des hauts dirigeants des Gardiens de la Révolution Islamique par leur présence à Bagdad, et leur disposition permanente et absolue à fournir toute aide ou soutien de la part de la République Islamique.
Tout cela s’est produit, mais le plus important reste la réaction populaire, la présence du peuple (irakien), les familles honorables, les clans de toutes les régions, de toutes les appartenances, ceux qui ont défendu leur pays par la prunelle de leurs yeux (leurs enfants en première ligne), les épouses, les enfants, les frères, les jeunes, les bien-aimés (des combattants). C’est là que réside la véritable force, la véritable valeur.
Lorsque cet appel, cette fatwa, cette prise de position trouve des gens pour y répondre, pour prendre les armes et s’élancer vers les lignes de front, c’est là la force véritable et fondamentale qui a causé ce revirement (le reflux de Daech) et a permis à cette prise de position de prendre corps aux niveaux de l’humain, du moral, de l’éthique, de la patrie et de l’histoire, et par conséquent de façonner ces victoires.
Tout cela s’est produit dans un contexte régional et international au sujet duquel on peut dire au minimum qu’il y avait un abandon régional et international de l’Irak, de son gouvernement et de son peuple, au minimum, et à un niveau plus élevé, plus médian, il faut parler du complot et de la complicité de certaines grandes puissances mondiales et de certaines puissances régionales qui ont joué le rôle de facilitateurs, de fondateurs de Daech, qui l’ont soutenu, financé et lui ont accordé toutes les facilités pour qu’il s’empare de la Syrie et entre en Irak, et ils l’ont accompagné dans sa bataille contre les Irakiens durant les dernières années.
__________________________________________________________________________________
Deuxième Partie
https://www.youtube.com/watch?v=ExHLKLlp0Ac
Transcription
…Eh bien, qu’ont donc fait les Irakiens ? C’est cela que je veux vraiment décrire, je n’apporte rien de nouveau mais je veux le décrire, pour les Irakiens eux-mêmes pour qu’ils s’y accrochent davantage, et pour le reste des peuples de la région afin qu’on en tire les leçons, et afin qu’on ajoute cette expérience au reste des expériences qui ont été menées au Liban, en Syrie, en Palestine, au Yémen et ailleurs dans ces batailles.
Premièrement, les Irakiens ont résolu d’eux-mêmes leur choix, et ils ont pris la décision de faire face, de façonner leur destin et leur avenir par la lutte et par leurs propres mains. C’était là la première chose. Et par conséquent, pardon, ils n’ont pas attendu, ni l’Union des pays arabes, ni la réunion des Ministres des Affaires étrangères arabes, ni les Rois et les Présidents des pays arabes, ni l’Organisation de la coopération islamique qui s’appelle maintenant Organisation de l’entraide islamique, ni la Communauté internationale, ni l’Europe, ni l’Amérique, ni quiconque. Ça y est, ils ont compté sur eux-mêmes… Ils ont placé leur confiance en Dieu, et ils ont compté sur leur volonté, sur leurs hommes et leurs femmes, sur leur sang, sur leur djihad et leurs sacrifices. Bien sûr, il s’agit d’une leçon fondamentale quant à ce qui s’est passé en Irak depuis trois ans jusqu’à ce jour, et ce qui se passe actuellement.
Deuxièmement, ils se sont unis derrière ce choix patriotique : la Présidence, les ministres, l’Assemblée, le gouvernement, les mouvements, les partis, les forces politiques, dans la diversité de leurs appartenances raciales et religieuses. Et comme je l’ai déjà dit à plusieurs occasions, il faut ici souligner que nombre de grands savants chez nos frères sunnites en Irak, ainsi que les dirigeants politiques sunnites, ont eu une position toute particulière et exceptionnelle. Pourquoi ? Tout simplement parce que certains ont œuvré, dès les premiers instants de l’attaque de Daech contre les Irakiens, à présenter le combat comme opposant les sunnites aux chiites, ce qui est vraiment dommage – et ce sont là les mêmes gouvernements, les mêmes États, les mêmes chaînes TV satellites, les mêmes personnalités, tout comme ils ont essayé de le faire en Syrie, au Liban, et comme ils ont présenté la guerre contre le Yémen, comme l’a déclaré leur orateur à la Mosquée sacrée (La Mecque), comme quoi c’est une guerre entre les sunnites et les chiites.
Ce qui a contrecarré cette sédition, l’a éteinte et lui a obstrué la voie est la prise de position sincère, véridique et courageuse des savants et des dirigeants politiques sunnites en Irak, qui ont donné à cette bataille sa véritable dimension, disant bien que ce n’était pas une lutte sunnites-chiites mais la bataille des Irakiens contre les assassins, les criminels et les takfiris qui s’en prenaient à tous, menaçaient tout le monde, et versaient le sang de tous sans distinction.
Ainsi, l’unité, en deuxième point, autour de ce choix, et troisièmement, l’entrée massive de tous sur le champ de bataille. Et c’est pourquoi les forces armées irakiennes, dans la diversité de leurs noms et de leurs intitulés, incluent tous les Irakiens, tous les fils du peuple irakien noble, grand et combattant, de même que pour les forces de la mobilisation populaire, auxquelles appartiennent naturellement davantage de chiites du fait de la composante démographique de l’Irak mais c’est une mobilisation patriote et populaire à laquelle ont participé de nombreuses appartenances différentes. Cette présence massive de l’ensemble des composantes du peuple irakien sur le terrain, les clans qui ont combattu aux côtés des forces armées irakiennes nationales, etc., etc., ce n’est pas simplement une prise de position politique, des paroles ou des discours, mais une présence (très) forte sur le terrain, une participation de tous les Irakiens sur le terrain.
Quatrièmement, le terrain lui-même. La persévérance sur le terrain, le courage, les actes d’héroïsme, surtout dans les premiers moments, car la situation logistique était difficile avec des manques drastiques, et la surprise (de l’attaque de Daech) était très grande, malgré les grands problèmes, malgré les conditions météo très dures, malgré la géographie et la localisation de l’Irak, malgré le fait que les ennemis était fin prêts et que les amis ne l’étaient pas, il y eut des actes d’héroïsme et des sacrifices énormes.
L’endurance, les sacrifices, les dizaines de milliers de combattants toujours prêts (à défendre l’Irak) sur le terrain, qui n’ont pas abandonné les champs de bataille, des milliers de martyrs, des milliers de blessés, leurs familles, leur patience, leur sincérité, leur honnêteté. Le fait que le peuple irakien ait supporté et enduré cette confrontation très vaste et totale à tous les niveaux, psychologique, moral, économique, sécuritaire… Car la lutte ne se déroulait pas seulement sur les champs de bataille, mais se déroulait dans toutes les villes, tous les villages irakiens que ciblaient les kamikazes et les voitures piégées. Le fait que le peuple entier ait embrassé et rejoint les forces armées, les batailles, le djihad, le combat, l’extension permanente des lignes de front, cette endurance et cette patience durant les trois années de ces combats sanglants et des plaies béantes, étaient également un facteur très important pour la victoire.
Et le dernier facteur (il y en a encore d’autres mais je fais au plus synthétique) est le fait de ne pas s’en être remis à l’étranger (les pays occidentaux et leurs alliés). C’est un point très important, dont tous les peuples de la région doivent bénéficier (tirer les leçons) qui font face aux menaces et aux dangers. Le fait de ne pas avoir écouté l’étranger.
Cet étranger dont le rôle, depuis le début et jusqu’à présent, de refroidir le courage et l’ardeur, de dire aux Irakiens qu’ils ne parviendront pas à faire face à Daech car Daech est tel, tel et tel (invincible, monstrueux, etc.), de susciter les conflits, les séditions, les sensibilités, les différends entre les Irakiens au moment où ils avaient plus besoin que jamais d’unité, à maintenir les rangs dans la lutte contre cet ennemi terroriste, cet étranger qui les appelait à la reddition, qui faisait tout pour paralyser leur volonté et leur détermination, les Irakiens ne l’ont pas écouté et suivi, ils n’ont écouté ni les gouvernements, ni les États, ni les chaines TV satellite, ces chaines TV qui continuent jusqu’à présent à soutenir Daech, de manière indirecte.
Et de même, le fait de ne pas compter sur l’étranger, de ne pas l’écouter. Ils n’ont pas compté sur l’étranger. Ils n’ont attendu personne. Ils ont commencé la lutte par eux-mêmes, ils ont persévéré et vaincu, et ils continuent.
Ici, je veux rappeler un point très sensible et très important, qui mérite qu’on s’y arrête posément. Au début, les États-Unis et l’OTAN sont restés à regarder le peuple irakien, l’armée irakienne, les forces de mobilisation populaire et les Irakiens (en général) alors qu’ils combattaient, parfois à mains nues (avec un équipement très insuffisant). Et donc les Américains se sont finalement mis à dire qu’ils voulaient aider, agir, et bien sûr ils ont beaucoup tardé avant de faire le moindre pas, et ils ont également dit que l’élimination de Daech nécessiterait… Certains ont dit… Bien sûr, on parle de Présidents, de ministres de la Défense, des chefs de la CIA, ils ont dit que vaincre Daech prendrait 30 ans, cette bataille contre Daech en Irak et en Syrie prendrait 30 ans, puis certains ont fait des réductions et ont annoncé 25 ans, certains sont descendus à 20 ans, et en dernier lieu ils ont dit 15 ans. Mais les responsables américains les plus optimistes ont dit 10 ans. Et il faut bien savoir qu’en vérité, ceux qui savaient ce qu’était Daech, ses capacités et ses effectifs savaient qu’avec la présence d’une volonté internationale et régionale, et d’une volonté nationale en Irak, en Syrie et dans la région, il ne faudrait pas des années pour vaincre Daech, si tous les efforts se conjuguaient et étaient sincères.
Mais lorsque les Américains ont parlé de 10 ans pour le moins, et 30 ans pour le plus, cela signifie qu’il y avait une vision, un projet, une pensée visant à investir dans Daech, à en profiter et à l’utiliser pour réaliser des projets et des objectifs précis qui, en toute certitude, ne sont pas dans les intérêts des peuples irakien, syrien, palestinien ou des peuples de la région, mais dans l’intérêt de l’hégémonie américaine et dans l’intérêt d’Israël.
C’est pourquoi on pourrait dire, car comme je l’ai dit cela mérite de s’y arrêter et d’y réfléchir, qu’en fin de compte, dans les dernières batailles, dernièrement, les États-Unis sont venus et ont apporté une certaine aide (à la lutte contre Daech). Mais qu’est-ce qu’il y a derrière cette aide ? Quand a-t-elle commencé ? Quelle est son ampleur ? Il faut s’y arrêter (et y réfléchir), car certains pourront nous dire « Mais pourquoi n’êtes-vous pas honnêtes ? Pourquoi ne parlez-vous pas de l’aide apportée par les États-Unis ? » Il y a actuellement des chaines TV arabes qui veulent présenter ce qui s’est passé à Mossoul comme un succès américain, une victoire américaine. Et c’est bien sûr un mensonge, une imposture, une confiscation de la victoire due aux efforts et aux sacrifices des Irakiens eux-mêmes.
En vérité, c’est là que nous disons qu’il faut se pencher sur la question. C’est-à-dire que par exemple, quand on revient aux discours de [Donald] Trump que j’ai évoqués à plus d’une occasion, dans lesquels il a accusé, avec des accusations véridiques – et il y a aussi des aveux d’autres responsables américains – que l’administration d’Obama et Madame [Hillary] Clinton lorsqu’elle était Secrétaire d’État sont ceux qui ont créé et fondé Daech, ont soutenu Daech, ont permis aux alliés régionaux de financer Daech, ont ouvert les frontières à Daech, ont vendu le pétrole daechiste à plus d’une frontière : la frontière turque, la frontière jordanienne et d’autres encore. Donc ce qui s’est passé (les dégâts causés par Daech), les États-Unis en sont les principaux responsables.
Eh bien, ensuite, pourquoi les États-Unis sont-ils venus apporter leur aide ? Ont-ils découvert que ce choix avait échoué ? Que Daech, comme on dit en Libanais, les avait mis au pied du mur ? Etc., etc., etc.
Ils ont donc retourné leur veste et ont abandonné leur création, leur allié et leur instrument, car la base pour les Américains, ce n’est pas les valeurs, la morale ou les principes, mais bien les grands intérêts, car ils voulaient être associés à la victoire dont les signes avant-coureurs commençaient à apparaître chez les soldats Irakiens, dans leur sang, leurs sacrifices, leur endurance et leur persévérance. Cela nécessite bien sûr qu’on s’y arrête posément et qu’on y réfléchisse, quoi qu’il en soit.
_________________________________________________________________________________
Troisième Partie
https://www.youtube.com/watch?v=VpL6wOOQskU
Transcription
… Ce qui s’est passé jusqu’à présent, et jusqu’à la victoire de Mossoul, voilà ce qu’on été ces facteurs véritables et essentiels auxquels doivent s’accrocher les Irakiens : leur décision nationale de défense de la patrie, leur unité, leur présence (massive) sur le terrain, leur respect, leur amour et leur empressement continuels aux appels de l’autorité religieuse (Marja’iya) et leur disposition inflexible au sacrifice, leur degré de conscience et leur lucidité, leur action rapide et efficace sans atermoiement ou délai, voilà quels ont été les facteurs décisifs dans la réalisation des victoires actuelles.
Sur la base de tout ce que je viens de présenter, nous présentons nos félicitations en premier lieu à Son Éminence le Grand Ayatollah et Marja’ (autorité) religieux Sayed Ali al-Hosseini al-Sistani, que Dieu le préserve, à la Marja’iya religieuse de la ville sainte de Najaf et à tous les Marja’ (du monde) qui ont soutenu et félicité cette prise de position et cette fatwa (de Sistani ordonnant la levée en masse face à Daech). Ainsi qu’aux responsables irakiens des divers postes, des différentes présidences, au gouvernement, au Conseil, des différentes responsabilités, en particulier au chef du gouvernement irakien et chef des forces armées, le Dr. Haydar al-Ibadi, à tous les dirigeants religieux et politiques, aux partis et mouvements en Irak, à tous les responsables militaires et de la sécurité des forces armées et de la mobilisation populaire (Hachd Cha’bi), à tous les officiers, soldats, combattants de cette lutte épique et bénie, et à l’ensemble de notre cher peuple irakien opprimé, combattant et endurant, dont le sang a triomphé de l’épée (référence au martyre de l’Imam Hussein triomphant de Yazid b. Mu’awiya).
Et nous félicitons en particulier les familles des martyrs, des blessés et de ceux qui se sont sacrifiés (pour la cause), car le sang de leurs martyrs et de leurs bien-aimés a produit la victoire, la dignité, l’honneur, l’avenir et l’histoire, ainsi qu’un triomphe dans ce monde et dans l’autre, et c’est là la grande victoire.
Nous les félicitons tous pour cette victoire historique, divine et bénie, de même que nous félicitons tous ceux qui ont soutenu et assisté l’Irak dans cette lutte décisive pour son avenir, avant tout la République Islamique d’Iran et Son Éminence l’Imam dirigeant Sayed Khamenei, Dieu le préserve.
Ô mes frères et sœurs, il faut que tous ressentent, en Irak et à l’extérieur de l’Irak, que cette victoire est leur victoire. Cette victoire est celle de tous les Irakiens, et également une victoire pour tous les peuples de la région. et une victoire pour tous ceux qui combattent le terrorisme et lui font face, et une victoire pour tous ceux qui sont menacés par le terrorisme matin et soir, dans l’ensemble de notre monde arabe et musulman, et même partout dans le monde.
La libération de Mossoul est une avancée majeure, extrêmement importante et décisive sur la voie de l’éradication (complète) de Daech. Car Mossoul était la plus grande ville contrôlée par Daech, et était véritablement, selon eux, le centre et la capitale de leur califat usurpateur (du nom de l’Islam) et c’est de là qu’a été annoncée une nouvelle étape de l’établissement du projet takfiri qu’on préparait à imposer à tous les peuples de cette Communauté (musulmane).
Et c’est pourquoi la libération de Mossoul est un succès dans cette voie et ses conséquences seront énormes pour l’Irak, pour la Syrie et pour les États, gouvernements et peuples de la région et même pour le monde entier.
En bref, si on revient un peu en arrière, il y a trois ans, pour émettre une hypothèse : si les Irakiens ne s’étaient pas levés (en masse), s’ils avaient désespéré et faibli, s’étaient retirés et n’avaient pas assumé cette responsabilité, et que Daech s’était emparé de l’Irak, qu’aurait été l’avenir du peuple irakien tout entier ? Musulmans et chrétiens, Arabes, Kurdes, Turkmènes, Chebeks, Yazidis, Chaldéens, Assyriens, Sabéens, etc., tout le monde ! Qu’aurait été l’avenir de l’Irak, de sa civilisation, de tous les peuples et États de la région ? Jusqu’aux États du Golfe qui ont soutenu Daech, l’ont pris en charge et applaudi. Ces États dont les cœurs se sont emplis d’effroi lorsque Abu Bakr al-Baghdadi a annoncé l’État du califat depuis Mossoul. Car c’est alors devenu une menace pour eux-mêmes.
C’est pourquoi aujourd’hui, avec la victoire des Irakiens, comme je l’ai toujours dit, la victoire de leur lutte défensive et de leur djihad est la victoire de tous, en défense de tous les peuples arabes, de tous les peuples islamiques et de tous les États et gouvernements de cette région, et de la sécurité du monde entier que Daech a menacé et continue à menacer.
C’est une victoire très grande et très importante, et c’est pourquoi nous espérons, en conclusion de cette partie de mon discours, ce que nous espérons de la part de nos frères Irakiens, des dirigeants irakiens, du gouvernement irakien, des partis et mouvements irakiens et du peuple irakien, comme c’était le cas depuis trois ans jusqu’à ce jour, qu’ils ne se contentent pas de la victoire de Mossoul, et il est certain ils ne s’en contenteront pas, mais que leur priorité reste la purification du reste du territoire irakien saint [l’Imam Ali et l’Imam Hussein y ont vécu et y sont enterrés] de cette présence terroriste takfirie bestiale, cette présence cancéreuse qui peut reprendre et se propager à nouveau, cette présence qui n’acceptera pas la défaite et ne permettra pas aux Irakiens de se réjouir de leur victoire et lancera des opérations terroristes, des voitures piégées, des kamikazes.
C’est pourquoi la sécurité de l’Irak, la sécurité des villes et des quartiers irakiens ne seront obtenues que par l’éradication définitive de cette organisation takfirie terroriste. Les barrages, les patrouilles et les mesures de sécurité sont très importantes, mais le plus important est l’éradication de cette présence terroriste criminelle et meurtrière et c’est ce qui doit rester la priorité. Certains essaieront d’occuper et d’accaparer les Irakiens avec d’autres choses que cette priorité, qui pourront être importantes ou d’un degré d’importance moindre, mais ce qui préserve et renforce la victoire à Mossoul et toutes les victoires qui l’ont précédée et font de la victoire de Mossoul une base très solide pour la victoire décisive et finale est que cela reste la priorité.
En parallèle, en Syrie, les combats (se poursuivent) sur plus d’un front, menés par l’Armée syrienne et beaucoup de forces qui combattent le terrorisme takfiri en Syrie, de manière simultanée (concertée) entre ce qui se passe sur les terrains irakien et syrien et c’est une chose dont j’ai parlé précédemment, j’avais dit que si on combattait ensemble, chacun sur sa position, son territoire et son terrain, mais de manière simultanée (concertée) et sur ce front unifié, nous parviendrons à la victoire finale.
Ainsi, aujourd’hui, l’Irak, la Syrie, le Liban, les peuples de la région et les États régionaux apeurés et terrorisés par Daech, sont en présence d’une chance historique permise par les sacrifices des Irakiens, des Syriens et de tous ceux qui se sont tenus à leurs côtés.
Il faut profiter de cette occasion et ne pas la gâcher, comme en dit en langage commun, il faut battre le fer pendant qu’il est encore chaud. Il ne faut pas laisser ce fer se refroidir et ne pas permettre à Daech de se préparer à nouveau, de repartir à nouveau ou de donner l’occasion à des soutiens de l’assister à nouveau. Les ennemis doivent découvrir que la volonté populaire, massive, nationale et locale est capable de parachever ces victoires, si Dieu le veut.
Félicitations pour cette victoire, à tous les démunis et les opprimés, et à tous ceux qui sont menacés par cette organisation barbare : Daech.
N’oubliez pas ce qui s’est passé à Mossoul (et ailleurs) : on est habitué à ce que l’ennemi (israélien, américain) s’acharne sur notre peuple et nos familles et menace de tuer nos femmes. Mais qu’une organisation armée s’acharne sur son propre peuple, qu’elle prétend défendre, c’est une chose nouvelle qu’a perpétrée Daech. Daech tuait ce peuple lorsqu’il voulait quitter (Mossoul), lui tirait dessus dans le dos, c’est une chose nouvelle et sans précédent. Daech est un modèle vraiment terrible.
Ainsi, cette menace qui salissait l’image de l’Islam, versait le sang, s’en prenait à la civilisation (même) et servait les intérêts de l’ennemi à un point que personne n’a jamais atteint à travers toutes les décennies passées, nous sommes aujourd’hui, avec la victoire de Mossoul, face à une occasion historique de l’éradiquer. Il faut profiter de cette occasion historique.