Par John Pilger – Le 2 décembre 2016 – Source CounterPunch
Quand je suis allé à Hiroshima en 1967, l’empreinte de l’ombre sur les marches était toujours là. C’était l’impression presque parfaite d’un être humain à l’aise : les jambes écartées, le dos plié, une main sur son côté alors qu’elle attendait l’ouverture d’une banque. À huit heures et quart, le matin du 6 août 1945, elle et sa silhouette furent gravées dans le granit. J’ai regardé l’ombre pendant une heure ou plus, inoubliable. Quand je suis revenu plusieurs années après, elle n’était plus là : emportée, disparue, un embarras politique.
J’ai passé deux ans à réaliser un film documentaire intitulé La prochaine guerre contre la Chine, où les preuves et les témoins mettent en garde contre le fait que la guerre nucléaire n’est plus une ombre, mais une éventualité. La plus grande accumulation de forces armées américaines depuis la Deuxième Guerre mondiale est bien avancée. Elles sont dans l’hémisphère nord, sur les frontières occidentales de la Russie, en Asie et dans le Pacifique, face à la Chine.
Le grand danger que cela suscite n’est pas une nouvelle, ou il est occulté et déformé : un ramdam de grossières informations fausses qui fait écho à la peur psychopathique imposée à la conscience publique pendant une grande partie du XXe siècle.
Comme la renaissance de la Russie post-soviétique, la montée de la Chine comme puissance économique est qualifiée de « menace existentielle » au droit divin des États-Unis de réguler et de dominer les affaires humaines.
Pour contrer cela, en 2011, le président Obama a annoncé un « pivot vers l’Asie », ce qui signifie que près des deux tiers des forces navales américaines seraient transférées en Asie et dans le Pacifique d’ici 2020. Aujourd’hui, plus de 400 bases militaires américaines encerclent la Chine avec des missiles , des bombardiers, des navires de guerre et, surtout, des armes nucléaires. De l’Australie au Japon et à la Corée, à travers le Pacifique, et à travers l’Eurasie de l’Inde à l’Afghanistan, les bases forment, dit un stratège américain « le noeud coulant parfait ».
Une étude de la RAND Corporation – qui, depuis le Vietnam, a planifié les guerres de l’Amérique – est intitulée, Guerre avec la Chine : Penser l’impensable. Commandités par l’armée américaine, les auteurs évoquent la guerre froide, lorsque RAND a rendu fameux le slogan de son principal stratège, Herman Kahn – « Penser l’impensable ». Le livre de Kahn, Sur la Guerre thermonucléaire, a élaboré un plan pour une guerre nucléaire « gagnable » contre l’Union soviétique.
Aujourd’hui, son point de vue apocalyptique est partagé par ceux qui détiennent un véritable pouvoir aux États-Unis : les militaristes et les néocons au gouvernement, au Pentagone, dans l’establishment des services de renseignement de la sécurité nationale et au Congrès.
L’actuel secrétaire à la Défense, Ashton Carter, un matamore bavard, affirme que la politique des États-Unis est d’affronter « ceux qui constatent la domination de l’Amérique et veulent la lui enlever ».
S’il y a une lueur de renouveau dans la politique étrangère, elle se trouve presque certainement dans la vue de Donald Trump, dont la rhétorique abusive sur la Chine pendant la campagne électorale a attribué à celle-ci le qualificatif de « violeur » de l’économie américaine. Le 2 décembre, dans une provocation directe contre la Chine, le président élu Trump a parlé au président de Taiwan, que la Chine considère comme une province renégate. Armé de missiles américains, Taiwan est un foyer de tension permanent entre Washington et Pékin.
« Les États-Unis, écrit Amitai Etzioni, professeur d’affaires internationales à l’Université George Washington, se préparent à une guerre avec la Chine, la décision n’a pas encore été examinée par les élus, à savoir la Maison Blanche et le Congrès. » Cette guerre commencerait par une « attaque aveugle contre les installations chinoises de défense territoriale, y compris les lanceurs de missiles terrestres et maritimes […] les satellites et les anti-satellites ».
Le risque incalculable est que « les attaques profondes à l’intérieur des terres pourraient être perçues, à tort [ben voyons ! NdT], par les Chinois comme des tentatives préventives pour détruire leurs armes nucléaires, les faisant ainsi tomber dans le terrible dilemme du « rien à perdre » conduisant à une guerre nucléaire. »
En 2015, le Pentagone a publié son manuel sur la Loi de la guerre qui dit : « Les États-Unis, n’ont pas accepté de traité qui interdit l’utilisation des armes nucléaires en soi, et ainsi les armes nucléaires sont des armes légales pour les États-Unis. »
En Chine, un stratège m’a dit : « Nous ne sommes pas votre ennemi, mais si vous [en Occident] décidez que nous le sommes, nous devons nous préparer sans délai. » L’armée et l’arsenal chinois sont petits par rapport aux États-Unis. « Pour la première fois, écrit Gregory Kulacki de l’Union of Concerned Scientists, la Chine envisage de mettre ses missiles nucléaires en état d’alerte afin qu’ils puissent être lancés rapidement en prévision d’une attaque […] Ce serait un danger important et un changement dangereux dans la politique chinoise […] En effet, les politiques nucléaires des États-Unis sont le facteur externe le plus important qui influence les décisions chinoises de relever le niveau d’alerte de leurs forces nucléaires. »
Le professeur Ted Postol était conseiller scientifique du chef des opérations navales américaines. Une autorité sur les armes nucléaires. Il m’a dit : « Tous les gens ici veulent être vus comme des méchants. Voyez je suis devenu un caïd… Je n’ai pas peur de faire n’importe quoi militairement, je n’ai pas peur de menacer, je suis un gros gorille à la poitrine velue. Et nous sommes entrés dans un état mental, les États-Unis sont entrés dans une situation où il y a beaucoup de bruits de botte, et c’est vraiment orchestré au plus haut niveau. »
J’ai dit : « Cela semble incroyablement dangereux. »
En 2015, dans le plus grande secret, les États-Unis ont organisé leur plus important exercice militaire depuis la Guerre froide. C’était Talisman Sabre : une armada de navires et de bombardiers à longue portée simulant un « concept de bataille aérienne et navale contre la Chine » – bloquant les voies maritimes dans le détroit de Malacca et coupant l’accès de la Chine au pétrole, au gaz et à d’autres matières premières en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique.
C’est une telle provocation et la crainte d’un blocus par la marine américaine qui ont convaincu la Chine de construire fiévreusement des pistes d’atterrissage stratégiques sur les récifs contestés et les îlots dans les îles Spratleys en mer de Chine méridionale. En juillet dernier, la Cour permanente d’arbitrage des Nations Unies a rejeté la revendication de souveraineté de la Chine sur ces îles. Bien que l’action ait été intentée officiellement par les Philippines, elle a été défendue au tribunal par des avocats américains et britanniques de premier plan, dont la piste pourrait remonter jusqu’à la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton.
En 2010, Clinton s’est envolée pour Manille. Elle a exigé que l’ancienne colonie américaine rouvre les bases militaires américaines fermées dans les années 1990 suite à une campagne populaire contre la violence qu’elles ont générée, en particulier contre les femmes philippines. Elle a déclaré que la revendication de la Chine sur les îles Spratleys, situées à plus de 7 500 milles des États-Unis, constituait une menace pour la « sécurité nationale » des États-Unis et pour la « liberté de navigation ».
Le gouvernement du président philippin Benigno Aquino, qui a reçu pour des millions de dollars d’armes et d’équipements militaires, a interrompu les pourparlers bilatéraux avec la Chine et a signé un accord secret de coopération renforcée avec les États-Unis. Cet accord a concédé cinq bases tournantes aux États-Unis et a restauré une disposition coloniale détestée selon laquelle les entrepreneurs civils et les forces américaines étaient hors de la juridiction du droit philippin.
L’élection de Rodrigo Duterte en avril a bouleversé Washington. Se qualifiant de socialiste, il a déclaré : « Dans leurs relations avec le monde, les Philippines poursuivront une politique étrangère indépendante » et a noté que les États-Unis ne s’étaient pas excusés pour leurs atrocités coloniales. « Je vais rompre avec l’Amérique », a-t-il dit, en promettant d’expulser les troupes américaines. Mais les États-Unis restent aux Philippines, et les exercices militaires conjoints se poursuivent.
En 2014, sous l’égide de la « domination par l’information » – le jargon du Pentagone pour désigner la manipulation des médias, et la propagation de fausses nouvelles, pour lesquelles celui-ci dépense plus de 4 milliards de dollars par an – l’administration Obama a lancé une campagne de propagande visant la Chine comme menace pour la « liberté de navigation ».
CNN a ouvert la voie, son « journaliste de la sécurité nationale », embarqué à bord d’un vol de surveillance de la Marine américaine, parlait avec enthousiasme des îles Spratleys. La BBC a persuadé le pilote philippin, effrayé, de diriger son Cessna monomoteur [un avion de tourisme, NdT] au-dessus des îles disputées « pour voir comment les Chinois réagiraient ». Aucun de ces journalistes ne s’est demandé pourquoi les Chinois construisaient des pistes d’atterrissage au large de leur propre littoral ou pourquoi les forces militaires américaines s’agglutinaient aux portes de la Chine.
Le propagandiste en chef désigné est l’amiral Harry Harris, le commandant militaire américain en Asie et dans le Pacifique. « Mes responsabilités, dit-il au New York Times, couvrent un territoire allant de Bollywood [en Inde] à Hollywood, des ours polaires aux pingouins. » Jamais la domination impériale n’a été décrite aussi misérablement.
Harris est l’un des nombreux amiraux et généraux du Pentagone qui a réuni des journalistes sélectionnés et malléables afin de justifier une menace aussi spécieuse que celle avec laquelle George W. Bush et Tony Blair ont justifié la destruction de l’Irak et de la majeure partie du Moyen-Orient.
À Los Angeles en septembre, Harris a déclaré qu’il était « prêt à affronter une Russie revancharde et une Chine sûre d’elle-même […] Si nous devions lutter maintenant, ce soir, je ne veux pas que ce soit un combat loyal. Si c’est un combat au couteau, je sortirai un pistolet. Si c’est une bagarre au pistolet, j’appellerai l’artillerie […] et tous nos partenaires avec leur artillerie. »
Ces partenaires incluent la Corée du Sud, qui héberge la base de lancement du système de défense aérienne à haute altitude du Pentagone, connu sous le nom de THAAD, qui est censé viser la Corée du Nord. Comme l’indique le professeur Postol, il vise la Chine.
À Sydney, en Australie, Harris a appelé la Chine à « détruire sa Grande Muraille dans la mer de Chine méridionale ». L’iconographie était à la une des médias. L’Australie est le partenaire le plus obséquieux de l’Amérique. Son élite politique, ses forces armées, ses agences de renseignement et ses médias sont intégrés dans ce qu’on appelle l’alliance. La fermeture du pont du port de Sydney pour le cortège d’un dignitaire américain en visite n’est pas rare. Le criminel de guerre Dick Cheney a eu droit à cet honneur.
Bien que la Chine soit le plus grand partenaire commercial de l’Australie, sur lequel repose une grande partie de son économie nationale, « confronter la Chine » est un diktat de Washington. Les quelques dissidents politiques de Canberra risquent les foudres McCarthyistes de la presse Murdoch [magnat de la presse de nationalité américano-australienne, NdT]. « Vous, les Australiens, êtes avec nous, quoi qu’il arrive », a déclaré l’un des architectes de la guerre du Vietnam, McGeorge Bundy. Une des bases les plus importantes des États-Unis est Pine Gap près d’Alice Springs. Fondée par la CIA pour espionner la Chine et toute l’Asie, elle contribue de façon essentielle à la guerre meurtrière de Washington, menée avec des drones au Moyen-Orient.
En octobre, Richard Marles, le porte-parole de la défense du principal parti d’opposition australien, le Parti travailliste, a exigé que les « décisions opérationnelles » lors des actes de provocation contre la Chine soient laissées aux commandants militaires dans la mer de Chine méridionale. En d’autres termes, une décision qui pourrait signifier une guerre avec une puissance nucléaire ne devrait pas être prise par un dirigeant élu ou un Parlement, mais par un amiral ou un général.
Il s’agit de la ligne du Pentagone, historiquement déviante pour tout État se prétendant démocratique. L’ascendant du Pentagone à Washington – que Daniel Ellsberg a qualifié de coup d’État silencieux – se reflète dans le montant record de 5 000 milliards de dollars que l’Amérique a consacré à ses guerres agressives depuis le 11 septembre, selon une étude de l’Université Brown. Le million de morts en Irak et la fuite de 12 millions de réfugiés d’au moins quatre pays en sont la conséquence.
L’île japonaise d’Okinawa compte 32 installations militaires, desquelles sont parties des attaques américaines contre la Corée, le Vietnam, le Cambodge, l’Afghanistan et l’Irak. Aujourd’hui, la principale cible est la Chine, avec laquelle les habitants d’Okinawa ont des liens culturels et commerciaux étroits.
Il y a constamment des avions militaires dans le ciel au-dessus d’Okinawa. Ils s’écrasent parfois sur des maisons et des écoles. Les gens ne peuvent pas dormir, les enseignants ne peuvent pas enseigner. Partout où ils vont dans leur propre pays, ils sont entourés de clôtures qui les refoulent à l’extérieur.
Un mouvement populaire anti-base s’est développé à Okinawa depuis qu’une fille de 12 ans a été violée par des troupes américaines en 1995. C’était l’un des centaines de crimes de ce genre à n’avoir jamais été poursuivi. À peine mentionnée dans le monde, la résistance a vu l’élection du premier gouverneur anti-base du Japon, Takeshi Onaga, qui a représenté un obstacle inattendu pour le gouvernement de Tokyo et les plans du Premier ministre ultra-nationaliste Shinzo Abe d’abroger la Constitution pacifiste.
Fumiko Shimabukuro, âgée de 87 ans, fait partie de cette résistance. C’est une survivante de la Seconde Guerre mondiale, quand un quart des Okinawans sont morts pendant l’invasion américaine. Fumiko et des centaines d’autres se sont réfugiés dans la belle baie d’Henoko, qu’ils essaient maintenant de sauver, par la résistance. Les États-Unis veulent détruire la baie afin d’allonger les pistes pour leurs bombardiers. « Nous avons le choix, dit-elle, le silence ou la vie. » Alors que nous étions rassemblés pacifiquement en dehors de la base américaine de Camp Schwab, un hélicoptère géant Sea Stallion planait au-dessus de nous à seule fin de nous intimider.
À l’est de la mer de Chine se trouve l’île coréenne de Jeju, un sanctuaire semi-tropical, un site du patrimoine mondial déclaré « île de la paix mondiale ». Sur cette île a été construite l’une des bases militaires les plus provocantes du monde, à moins de 400 miles de Shanghai. Le village de pêcheurs de Gangjeong est dominé par une base navale sud-coréenne conçue spécialement pour les porte-avions américains, les sous-marins nucléaires et les destroyers équipés du système de missiles Aegis, destiné à la Chine.
La résistance populaire à ces préparatifs de guerre existe sur Jeju depuis presque une décennie. Chaque jour, souvent deux fois par jour, les villageois, les prêtres catholiques et les partisans du monde entier organisent une messe qui bloque les portes de la base. Dans un pays où les manifestations politiques sont souvent interdites, mais pas les religions puissantes, la tactique a produit un spectacle roboratif.
Un des leaders, le père Mun Jeong-hyeon, m’a dit: « Je chante quatre chansons chaque jour à la base, peu importe le temps. Je chante dans les typhons – pas d’exception. Pour construire cette base, ils ont détruit l’environnement et la vie des villageois, et nous devrions en être témoins. Ils veulent gouverner le Pacifique. Ils veulent faire de la Chine un pays isolé dans le monde. Ils veulent être les maîtres du monde. »
J’ai volé de Jeju à Shanghai pour la première fois depuis plus d’une génération. La dernière fois que j’étais venu en Chine, le bruit le plus fort dont je me souvienne était le tintement des sonnettes des bicyclettes. Mao Zedong venait de mourir, et les villes semblaient des endroits sombres, où rivalisaient l’anticipation et l’attente. Quelques années plus tard, Deng Xiopeng, « l’homme qui a changé la Chine », était devenu le chef suprême. Rien ne m’avait préparé aux changements étonnants d’aujourd’hui.
La Chine laisse voir des ironies exquises, notamment la maison de Shanghai où Mao et ses camarades ont secrètement fondé le Parti communiste chinois en 1921. Aujourd’hui, elle se trouve au cœur d’un district maritime très capitaliste. Vous sortez de ce sanctuaire communiste, avec votre petit livre rouge et votre buste en plastique de Mao, pour vous engouffrer dans l’antre de Starbucks, Apple, Cartier, et Prada.
Est-ce que Mao serait choqué ? J’en doute. Cinq ans avant sa grande révolution en 1949, il envoya ce message secret à Washington. « La Chine doit s’industrialiser, a-t-il écrit, cela ne peut être fait que par la libre entreprise. Les intérêts chinois et américains s’intègrent économiquement et politiquement. L’Amérique n’a pas à craindre que nous ne soyons pas coopératifs. Nous ne pouvons pas risquer de conflit. »
Mao a offert de rencontrer Franklin Roosevelt à la Maison Blanche, et son successeur Harry Truman, et son successeur Dwight Eisenhower. Il a été repoussé, ou délibérément ignoré. L’occasion qui aurait pu changer l’histoire contemporaine, empêcher les guerres en Asie et sauver des vies innombrables a été perdue parce que la sincérité de ces ouvertures a été niée dans le Washington des années 1950, « lorsque la transe catatonique de la guerre froide, étreignait le pays dans sa poigne de fer », écrivait alors le critique James Naremore.
Les fausses nouvelles imposées au grand public, présentant, une fois de plus, la Chine comme une menace, trouvent leur origine dans la même mentalité.
Le monde se déplace inexorablement vers l’est. Mais la vision étonnante de l’Eurasie par la Chine est à peine comprise en Occident. La Nouvelle Route de la Soie est un ruban destiné au commerce : ports, pipelines et trains à grande vitesse jusqu’en l’Europe. Le leader mondial de la technologie ferroviaire, la Chine négocie, avec 28 pays, des itinéraires sur lesquels les trains atteindront jusqu’à 400 km/h. Cette ouverture au monde a l’approbation d’une grande partie de l’humanité et, en même temps, unit la Chine et la Russie.
« Je crois dans l’exceptionnalisme américain avec chaque fibre de mon être », a déclaré Barack Obama, évoquant le fétichisme des années 1930. Ce culte moderne de supériorité a pour nom l’américanisme, le prédateur dominant du monde. Sous le gouvernement libéral d’Obama, lauréat du Prix Nobel de la Paix, les dépenses pour moderniser les têtes nucléaires ont augmenté plus que sous n’importe quel autre président depuis la fin de la Guerre froide. Une mini arme nucléaire est en préparation. Connue sous le nom de B61 Model 12, cela signifie, dit le général James Cartwright, ancien vice-président du Joint Chiefs of Staff, que « une bombe plus petite [rend son utilisation] plus acceptable ».
En septembre, le Conseil atlantique, un groupe de réflexion géopolitique américain, a publié un rapport qui prédisait un monde hobbesien « marqué par la rupture de l’ordre, l’extrémisme violent et une ère de guerre perpétuelle ». Les nouveaux ennemis étant une Russie « résurgente » et une Chine « de plus en plus agressive ». Seule l’Amérique héroïque peut nous sauver.
Cette propagande de guerre a une qualité paradoxalement démentielle. C’est comme si le « siècle américain », proclamé en 1941 par l’impérialiste américain Henry Luce, propriétaire du magazine Time, se terminait sans préavis et que personne n’ait eu le courage de dire à l’empereur de ranger ses armes et de rentrer chez lui.
John Pilger est joignable par son site Internet www.johnpilger.com
Traduit et édité par jj, relu par Catherine pour le Saker Francophone
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