Les Australiens ne sont pas autorisés à savoir s’il y a des bombes nucléaires américaines en Australie


Il n’y a pas que l’Europe qui soit devenu une colonie obéissante des Etats-Unis, l’Australie aussi.


Par Caitlin Johnstone – Le 16 février 2023

Le gouvernement américain a le droit d’amener des armes nucléaires en Australie. Mais les Australiens ne sont pas autorisés à savoir s’il en a effectivement installé ou pas. Même les sénateurs australiens élus ne sont pas autorisés à savoir si c’est le cas. On part du principe que cela ne regarde pas l’Australie de savoir s’il y a des armes nucléaires étrangères en Australie.

Cela a été mis en évidence lors d’une audition du Sénat mercredi, lorsque les sénateurs écologistes ont été admonestés avec condescendance par le ministre australien des affaires étrangères pour avoir tenté, de manière tout à fait normale et appropriée, de clarifier la politique du gouvernement concernant la présence d’armes américaines sur le sol australien.

ABC News rapporte :

Au cours d’une audience du Sénat mercredi, les sénateurs écologistes ont demandé des détails pour savoir si les avions américains en visite, tels que les B-52 opérant à partir du Top End, seraient armés de l’arme nucléaire.

Il a été répondu à la commission que les États-Unis avaient une politique traditionnelle consistant à « ne pas confirmer ou nier » la présence d’armes nucléaires dans le cadre de leur pratique de maintien de l’imprévisibilité opérationnelle mondiale.

Les bombardiers américains visitent l’Australie depuis le début des années 1980, les B-52 et B2 Sprits à capacité nucléaire opérant régulièrement depuis le nord de l’Australie.

Le secrétaire du ministère de la Défense, Greg Moriarty, a déclaré que le « stationnement d’armes nucléaires » en Australie était interdit en vertu du traité sur la zone dénucléarisée du Pacifique Sud, mais que ce traité n’empêchait pas les visites des bombardiers américains.

La ministre des Affaires étrangères, Penny Wong, s’est montrée étrangement hostile à l’égard des questions du sénateur David Shoebridge sur les armes nucléaires américaines en Australie, l’accusant avec colère d’essayer de « gagner un point politique » et d’agir d’une manière qui n’est pas « responsable ou juste envers la communauté australienne« , simplement pour avoir cherché des réponses au-delà des réponses classiques disant « les États-Unis ne peuvent ni confirmer ni nier » sur cette question extrêmement importante.

Donc, les États-Unis ont bel et bien l’autorisation d’introduire en Australie des armes susceptibles de transformer le pays en cible nucléaire, et les Australiens non seulement n’ont pas leur mot à dire, mais ne sont pas non plus autorisés à en savoir plus. C’est considéré comme grossier et offensant de demander ça.

Pouvez-vous imaginer si un autre pays essayait de faire ça aux USA ? Pouvez-vous imaginer à quelle vitesse une nation comme l’Inde ou la France serait expulsée de la salle si elle disait à Washington qu’elle veut avoir le droit de faire entrer et sortir des armes nucléaires de la zone continentale des États-Unis, mais que ce n’est pas l’affaire des États-Unis de savoir ce qu’elle fait ? Mais là, personne n’y trouve rien à redire, car il est entendu que les États-Unis sont les maîtres légitimes de cette planète.

Les Écologistes ont réagi avec force à toute cette affaire, accusant à juste titre le gouvernement australien d’être pathétiquement soumis aux États-Unis.

« La décision du gouvernement australien d’autoriser l’entrée des B-52 américains en Australie est un autre exemple clair que les gouvernements successifs des grands partis vendent les intérêts australiens aux Américains« , a déclaré le sénateur des Écologistes et porte-parole des affaires étrangères, Jordon Steele John, dans un communiqué. « Qu’il s’agisse du pacte AUKUS, de la dissimulation de la manière dont l’Australie a été impliquée dans l’invasion illégale de l’Irak par les États-Unis ou de cette nouvelle escalade dans l’accord sur le dispositif de forces. Lorsqu’il s’agit des États-Unis, il n’y a pas un seul intérêt australien que ce gouvernement n’ait pas été prêt à sacrifier. L’Australie doit profondément réévaluer sa relation avec les États-Unis et poursuivre une politique étrangère indépendante, pacifique et coopérative« , a ajouté le sénateur.

Caitlin Johnstone @caitoz 16 février 2023

La propagande de Murdoch pousse l’Australie à doubler son budget militaire pour la guerre avec la Chine

« Dans son clip promotionnel pour l’émission spéciale, Sky News Australia a teinté en rouge toutes les séquences relatives à la Chine pour montrer à quel point elle est dangereuse et communiste. https://t.co/eNI2Cv6Teq

Cela se produit alors que les Australiens sont manipulés pour qu’ils consentent à la guerre et au militarisme contre la Chine dans le cadre d’une campagne de propagande agressive et choquante menée par nos médias d’information, bizarrement tous d’accord entre eux, et nos groupes de réflexion financés par l’alliance de puissance américaine et les profiteurs de guerre du complexe militaro-industriel comme l’Australian Strategic Policy Institute. Cette campagne de propagande ne cache pas que les Australiens devraient être prêts à verser leur richesse et leur sang dans une future guerre contre la Chine afin de soutenir leurs bons amis les Américains.

Julian Assange – un citoyen australien qu’on laisse pourrir dans la prison de Belmarsh parce que son propre gouvernement refuse de le soutenir contre les efforts du gouvernement américain pour l’extrader pour crime de journalisme – a déclaré peu avant son arrestation : « J’aime mon pays natal, l’Australie, mais en tant qu’État, il n’existe pas« .

En tant qu’Australienne, je ressens à peu près la même chose. Nous ne sommes pas un vrai pays. Nous sommes un actif pour l’armée et les services de renseignement américains, dirigé par un régime fantoche que le gouvernement américain change et contre lequel il organise des coups d’État flagrants quand il le juge bon. Tout ce continent n’est en fait qu’une base militaire américaine géante, peuplée de kangourous.

Et maintenant, on nous pousse vers une future confrontation militaire d’une horreur inimaginable, et quand quelqu’un dans notre prétendu gouvernement s’y oppose, il est réprimandé et écarté pour son manque de loyauté envers nos glorieux dirigeants à Washington. Ce serait comique si ce n’était si terrifiant.

Caitlin Johnstone

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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