Par Laurent Guyénot – Le 27 janvier 2020 – Source Unz Review
Israël, meurtrier en série
Dans les années 1990, deux best-sellers ont porté à la connaissance d’un large public le fait que l’assassinat du Président John Kennedy en 1963 a résolu une crise intense sur le programme nucléaire secret d’Israël. Dans une de ses dernières lettres à Kennedy, citée par Seymour Hersh dans son livre The Samson Option (1991), David Ben Gourion se plaignait : « Monsieur le Président, mon peuple a le droit d’exister […] et cette existence est en danger. 1» L’arme atomique été jugée vitale pour Israël, et Kennedy s’y opposait. Une critique du livre d’Avner Cohen Israel and the Bomb (1998) paru dans le journal israélien Haaretz disait les choses ainsi :
Le meurtre du président américain John F. Kennedy a brusquement mis fin à la pression massive exercée par l’administration américaine sur le gouvernement d’Israël pour mettre fin au programme nucléaire. Cohen démontre longuement les pressions exercées par Kennedy sur Ben Gourion. […] Le livre implique que, si Kennedy était resté en vie, il est douteux qu’Israël ait aujourd’hui une option nucléaire.2
Les historiens israéliens discutent également ouvertement aujourd’hui des liens étroits entre le réseau de Ben Gourion aux États-Unis et ce que le professeur de Tel-Aviv, Robert Rockaway, appelle les « Gangsters for Sion », y compris la tristement célèbre organisation Murder, Incorporated, dirigée par Bugsy Siegel puis par Mickey Cohen, le mentor de Jack Ruby.
Le fait qu’Israël avait un mobile et les moyens pour tuer JFK ne prouve pas qu’Israël l’a fait. Mais je suis certain qu’aujourd’hui, la plupart des Israéliens intelligents supposent et approuvent à moitié que Ben Gourion a ordonné l’élimination de JFK afin de le remplacer par Lyndon Johnson, dont l’amour pour Israël est également désormais largement célébré, au point que certains spéculent qu’il a pu être secrètement juif.
Dans l’esprit de Ben Gourion, faire d’Israël un État nucléaire était une question de vie ou de mort, et la suppression de tout obstacle était une nécessité absolue. Dans l’esprit de Nétanyahou aujourd’hui, empêcher l’Iran—ou tout autre ennemi d’Israël—de devenir une puissance nucléaire est du même ordre de nécessité et justifierait sûrement l’élimination d’un autre président américain afin de le remplacer par un vice-président plus compréhensif. La plupart des sionistes dévoués le comprennent. Andrew Adler, propriétaire et rédacteur en chef de l’Atlanta Jewish Times, suppose que l’idée « a été discutée dans le cercle le plus restreint d’Israël » et, dans sa chronique du 13 janvier 2012, appelait le Premier ministre israélien à
donner le feu vert aux agents du Mossad basés aux États-Unis pour éliminer un président jugé hostile à Israël afin que le vice-président actuel prenne sa place et dicte avec force que la politique des États-Unis inclut l’aide à l’État juif pour effacer ses ennemis. […] Ordonnez l’assassinat d’un président afin de préserver l’existence d’Israël.3
L’élimination des dirigeants étrangers insoumis à Israël fait partie de la lutte d’Israël pour la survie. En outre, c’est entièrement biblique : les rois étrangers sont censés « lécher la poussière des pieds [des Israélites] » (Ésaïe 49:23), ou périr et avoir leurs « effacés sous le ciel » (Deutéronome 7:24).
Le 6 novembre 1944, des membres du Gang Stern, dirigé par le futur Premier ministre Yitzhak Shamir, assassinaient Lord Moyne, le ministre résident britannique au Moyen-Orient, pour ses positions antisionistes. Les corps de ses assassins, exécutés en Égypte, ont ensuite été échangés contre vingt prisonniers arabes et enterrés au « Monument des héros » de Jérusalem. Le 17 septembre 1948, le même groupe terroriste assassinait à Jérusalem le comte Folke Bernadotte, un diplomate suédois nommé médiateur des Nations Unies en Palestine. Il venait de soumettre son rapport A/648, qui décrivait « le pillage sioniste à grande échelle et la destruction de villages », et appelait au « retour des réfugiés arabes enracinés dans ce pays depuis des siècles ». Son assassin, Nathan Friedman-Yellin, fut arrêté, condamné, puis amnistié ; en 1960, il a été élu à la Knesset.4
En 1946, trois mois après que des membres de l’Irgoun, dirigé par le futur Premier ministre Menachem Begin, ont tué quatre-vingt-onze personnes au siège de l’administration du mandat britannique (Hotel King David), le même groupe terroriste a tenté d’assassiner le Premier ministre britannique Clement Attlee et le ministre des Affaires étrangères Ernest Bevin, selon les documents du British Intelligence déclassifiés en 2006.
Ces meurtres et bien d’autres sont documentés par le journaliste Ronen Bergman dans Rise and Kill First: The Secret History of Israel’s Targeted Assassinations (Random House, 2018). Bergman écrit :
À la fin de 1947, un rapport au haut-commissaire britannique recensait les victimes des deux années précédentes : 176 membres de l’administration britannique et civils tués. “Seules ces actions, ces exécutions, ont fait partir les Britanniques”, a déclaré David Shomron, des décennies après avoir tué Tom Wilkin dans une rue de Jérusalem. “Si [Avraham] Stern n’avait pas commencé la guerre, l’État d’Israël n’aurait pas vu le jour.”5
L’étrange mort de James Forrestal
Il manque, dans la liste de Bergman, James Forrestal, assassiné huit mois après le comte Bernadotte. Forrestal était le Secrétaire à la Marine de Roosevelt depuis avril 1944. Avec la consolidation des forces armées sous Truman en 1947, il devint le premier Secrétaire à la Défense. Il s’opposa au vote des Nations Unies pour le partage de la Palestine et protesta vigoureusement contre la reconnaissance d’Israël par les États-Unis le 15 mai 1948, au motif que les intérêts américains au Moyen-Orient seraient sérieusement compromis par le parrainage américain d’un État juif. Pour cela, Forrestal a été victime d’« une vague de calomnies et de diffamations qui constitue certainement l’un des épisodes les plus honteux du journalisme américain », selon les mots de Robert Lovett, alors sous-secrétaire d’État. Truman remplaça Forrestal le 28 mars 1949—peu de temps après sa réélection—par l’homme qui avait été son principal collecteur de fonds, Louis Johnson. Selon l’histoire communément admise, Forrestal, qui était épuisé psychologiquement, est immédiatement tombé dans la dépression. Le 2 avril 1949, il a été interné contre son gré à l’hôpital militaire de la Marine dans la banlieue de Washington, où il a été détenu de force pendant sept semaines. Il a trouvé la mort en chutant du seizième étage à 1h50 du matin le 22 mai 1949, atterrissant sur le toit du troisième étage. Il avait une ceinture de robe de chambre nouée autour du cou.
Les autorités nationales et les principaux médias ont immédiatement qualifié sa mort de suicide, sans enquête criminelle. Un comité d’examen a été nommé le 23 mai, dirigé par l’amiral Morton Willcutts, pour mener des auditions de membres du personnel de l’hôpital dans le seul but d’exonérer chacun de toute responsabilité dans le suicide présumé de Forrestal. Le conseil a achevé ses travaux en une semaine et a publié un court communiqué de presse quatre mois plus tard. Mais le rapport complet, contenant les transcriptions de toutes les audiences et des pièces cruciales, a été gardé secret pendant 55 ans, jusqu’à ce que David Martin l’obtienne par une demande du Freedom of Information Act en avril 2004 (il est maintenant disponible sur le site de la bibliothèque de l’Université de Princeton en pdf sous forme HTML, ou ici mis en format HTML par Mark Hunter, qui fait des commentaires utiles).
Dans son livre et dans ses articles sur le Web qui le complètent, David Martin démontre de façon convaincante que Forrestal a été assassiné et que son assassinat a été ordonné par les sionistes, probablement avec la connaissance et l’approbation de Truman, qui était alors complètement otage des sionistes. Le motif ? Forrestal envisageait d’écrire un livre et de lancer un magazine national : il avait l’argent et les relations pour cela, et il avait trois mille pages de journal intime pour soutenir ses révélations sur la corruption et la trahison du leadership américain au profit du communisme sous Roosevelt et du sionisme sous Truman.
Je vais résumer ici les preuves accumulées par David Martin et souligner l’importance de cette affaire pour notre compréhension de la prise de contrôle par Israël du cœur, de l’âme et du corps des États-Unis. Sauf indication contraire, toutes les informations proviennent du livre ou des articles de Martin.
De James Forrestal à John Kennedy
Mon intérêt pour cette histoire déchirante découle de mon intérêt pour les assassinats de Kennedy. J’ai trouvé la connexion et les similitudes entre les deux histoires très éclairantes. Tout le monde sait que Kennedy a été assassiné, mais la plupart des Américains ignorent encore les preuves incriminant Israël. Dans le cas de Forrestal, c’est le contraire : peu de gens soupçonnent un meurtre, mais une fois que les preuves du meurtre ont été présentées, elles désignent directement Israël comme coupable. Pour cette raison, l’assassinat de Forrestal par les sionistes devient un précédent qui rend plus plausible l’assassinat de JFK par la même entité collective. Si Israël peut tuer un ancien secrétaire à la Défense sur le sol américain en 1949 et s’en tirer avec la complicité du gouvernement et des médias, alors pourquoi pas un président en exercice quinze ans plus tard ? Si la vérité sur Forrestal avait été connue en 1963, il est peu probable qu’Israël aurait pu tuer deux Kennedy en toute impunité.
Forrestal était un catholique irlandais comme les Kennedy et était proche du père de JFK. James Forrestal et Joseph Kennedy sont deux exemples de patriotes américains d’origine irlandaise qui ont été alarmés par l’influence juive sur la politique étrangère américaine. L’entrée du 27 décembre 1945 dans le journal édité de Forrestal dit :
Joué au golf avec Joe Kennedy. Je lui ai posé des questions sur ses conversations avec Roosevelt et Neville Chamberlain à partir de 1938. […] Chamberlain, a-t-il dit, déclarait que l’Amérique et les Juifs du monde avaient forcé l’Angleterre dans la guerre.
Une différence majeure entre les deux hommes est que Joe Kennedy avait démissionné du gouvernement après l’entrée en guerre de Roosevelt et avait gardé un profil bas sur Israël. De plus, contrairement à Forrestal, il était à la tête d’un clan riche et avait ses propres hommes dans la presse. C’était un homme politique, alors que Forrestal était un homme intransigeant. Ces différences expliquent pourquoi Forrestal a été assassiné, alors que Joe a fait élire son fils président. Pourtant, à la fin, les Kennedy ont subi la malédiction talmudique sur trois générations.
James Forrestal était exaspéré par la passivité de Roosevelt face aux ambitions de Staline sur l’Europe de l’Est, et hostile à la décision de Truman d’utiliser l’arme atomique contre le Japon. Pour ces raisons, il fut tenu à l’écart de la délégation officielle à la Conférence de Potsdam à l’été 1945. Il s’y rendit néanmoins par ses propres moyens, accompagné du jeune John Kennedy, alors âgé de 28 ans, pour qui il devint une sorte de mentor. C’est durant cette visite de l’Allemagne vaincue et dévastée que John écrivit dans son journal :
On peut facilement comprendre que, dans quelques années, Hitler émergera de la haine qui l’entoure comme l’une des figures les plus significatives qui ait jamais vécu. Il avait une ambition sans limite pour son pays, ce qui en faisait une menace pour la paix dans le monde, mais il y a une part de mystère dans la façon dont il a vécu et dont il est mort, qui survivra et grandira après lui. Il avait en lui la matière dont sont faites les légendes.
Une fois président, John intégra Michael Forrestal (1928-1989), fils de James, comme membre de son Conseil de Sécurité nationale. En mai 1963, il se rendit, après la cérémonie du Memorial Day sur la tombe de James Forrestal, un geste public hautement symbolique.
Une parenthèse s’impose ici au sujet de l’autre homme apparaissant sur la photo ci-dessus : il s’agit de Grant Stockdale, un ami proche de John Kennedy qu’il avait nommé ambassadeur en Irlande en 1961. Comme il est écrit dans Wikipedia, « Stockdale est décédé dans une chute depuis son bureau situé au treizième étage du bâtiment DuPont à Miami, Floride, le 2 décembre 1963, une semaine après les funérailles et à peine dix jours après l’assassinat du président Kennedy. La police a qualifié sa mort de suicide, mais aucune note de suicide n’a été trouvée. »
Joachim Joeesten, l’auteur de The Dark Side of Lyndon Baines Johnson (1968), pense qu’il a été assassiné sur ordre de Johnson. Selon John Simkin, Stockdale avait rencontré Robert et Edward Kennedy le 26 novembre, mais était déçu par leur manque apparent d’intérêt pour ce qu’il avait à dire sur l’assassinat de JFK. Le 1er décembre, il a parlé à son avocat, William Frates, qui s’est souvenu plus tard : “Il a commencé à parler. Cela n’avait pas beaucoup de sens. Il a dit quelque chose à propos de ces ‘types-là’ essayant de l’abattre. Puis à propos de l’assassinat.”
Les assassinats de James Forrestal et John Kennedy ont une chose sinistre en commun : l’Hôpital Naval de Bethesda. C’est là que l’autopsie de Kennedy a été falsifiée, après que son corps ait été arraché sous la menace d’une arme à feu des médecins de l’Hôpital Parkland à Dallas, probablement par des agents du Secret Service aux ordres de Lyndon Johnson. En 1963, Lyndon Johnson pouvait compter sur une complicité de haut niveau au sein de la Navy.
Il se trouve que Johnson, qui selon Billy Sole Estes a ordonné neuf meurtres au cours de sa carrière politique6, fait une apparition spéciale, bien que brève et mal documentée, dans l’histoire de l’assassinat de Forrestal. Johnson était alors un membre du Congrès nouvellement élu, grâce à l’argent et l’entre-gens d’Abraham Feinberg, ancien président Americans for Haganah Incorporated et parrain financier de la bombe atomique d’Israël7. Selon le témoignage de l’assistant de Forrestal, Marx Leva (dont on reparlera), Johnson a rendu une visite non désirée à Forrestal à l’hôpital Bethesda. David Martin demande :
LBJ a-t-il joué un rôle d’éclaireur ou d’homme de main pour les conspirateurs de la disparition de Forrestal ? Était-il là pour évaluer la situation globale, et en même temps contribuer à “faire ses preuves”, pour ainsi dire, en participant à une opération aussi importante ? (Martin p. 20)
L’histoire officielle
Répétons qu’aucune enquête n’a été menée sur le décès de James Forrestal, que ce soit par le FBI ou le NCIS (Navy Criminal Investigative Service). Le jour même de sa mort, la presse grand public a annoncé son suicide. Le New York Times déclara dans sa seconde édition du 22 mai que Forrestal « avait sauté de treize étages », et ajouta le lendemain matin :
Il semblerait que M. Forrestal aurait également tenté de se pendre. La ceinture de sa robe de chambre était toujours nouée et enroulée étroitement autour de son cou quand il a été trouvé, mais les responsables de l’hôpital ne spéculent pas sur son but possible.
Plus tard, les biographes de Forrestal ont spéculé qu’il avait peut-être tenté de se pendre à la fenêtre, mais qu’il n’avait pas attaché solidement la ceinture au radiateur sous la fenêtre. Dans The Man Who Kept the Secrets, le lauréat du Prix Pulitzer, Thomas Powers, écrit que Forrestal est mort en essayant de se pendre « à la fenêtre de son hôpital, mais qu’il a glissé et est tombé de seize étages. »
Forrestal n’a laissé aucune note de suicide, mais le New York Times du 23 mai informe ses lecteurs que :
Un livre de poésie était ouvert à côté de son lit, à la page d’un extrait du tragédien grec Sophocle, évoquant le réconfort de la mort. […] M. Forrestal avait copié la plus grande partie du poème de Sophocle sur une feuille de papier mémo de l’hôpital, mais il avait apparemment été interrompu dans ses efforts. Il s’est arrêté après avoir écrit la syllabe “night” du mot nightingale (rossignol), à la vingt-sixième ligne du poème.
Le 24 mai, le New York Times donna le mot final au psychiatre en charge de Forrestal, qui fit apparaître le suicide comme prévisible :
Le capitaine George M. Raines, le psychiatre de la marine qui avait soigné M. Forrestal, a déclaré que l’ancien secrétaire avait mis fin à ses jours dans une crise de découragement. Il a dit que cela était “extrêmement courant” pour le type grave de maladie mentale du patient.
Et voilà. Jamais les médias n’ont fait allusion à la possibilité d’un acte criminel. La conclusion que la mort de Forrestal est un suicide évident causé par sa « maladie mentale » a été prise comme un fait acquis par les auteurs des deux principales biographies de Forrestal :
- Arnold Rogow, James Forrestal, A Study of Personality, Politics, and Policy (MacMillan Company, 1963);
- Townsend Hoopes and Douglass Brinkley, Driven Patriot, the Life and Times of James Forrestal (Alfred A. Knopf, 2003).
Rogow, dont le livre a été qualifié d’ « autopsie psychologique », insiste sur le lien entre la maladie mentale présumée de Forrestal et son antisémitisme présumé, avec l’implication que l’antisémitisme est une forme de paranoïa qui peut conduire au suicide. Rogow est un expert sur le sujet de l’antisémitisme, sur lequel il a écrit l’article pour l’International Encyclopedia of Social Science. Il est également l’auteur de The Jew in a Gentile World: An Anthology of Writings about Jews by Non-Jews (« Le juif dans le monde des Gentils : une anthologie des écrits sur les juifs par des non-juifs »).
Hoopes et Brinkley empruntent beaucoup à Rogow, mais ajoutent des informations précieuses sur la base de leurs propres interviews. Ils donnent une interprétation intéressante du poème morbide qui aurait été copié par Forrestal depuis l’Anthology of World Poetry de Mark Van Dorren, intitulé « The Chorus from Ajax ». S’inspirant de l’apologiste sioniste John Loftus, auteur de The Belarus Secret (Alfred A. Knopf, 1982), ils spéculent que, en atteignant le mot nightingale cad « rossignol » dans le poème, Forrestal a été submergé par un accès soudain de culpabilité pour avoir autorisé une opération de la CIA avec le nom de code Nightingale, qui consistait à infiltrer en Union soviétique des espions ukrainiens, dont la plupart avaient été d’anciens collaborateurs nazis et probablement des tueurs de Juifs. Le mot nightingale, supposent Hoopes et Brinkley, a dû déclencher l’envie irrésistible de Forrestal de prendre les mots du poète au pied de la lettre et de mettre fin à sa vie sur le champ.
Forrestal était-il malade mentalement ?
David Martin a découvert de graves incohérences et des mensonges flagrants dans l’histoire officielle. Premièrement, il semble que la dépression nerveuse de Forrestal a été très exagérée, sinon totalement inventée. Selon l’histoire vendue au grand public, la santé mentale de Forrestal avait commencé à se détériorer avant que Truman ne le remplace, et s’est effondré le 29 mars, juste après une brève cérémonie en son honneur au Congrès. La principale source de cette histoire est une interview de Marx Leva, l’assistant spécial de Forrestal à cette époque, enregistrée pour la bibliothèque Truman en 1969. Leva dit que ce jour-là, il a trouvé Forrestal dans son bureau du Pentagone, totalement effondré, « presque dans un coma. » Il le fit conduire chez lui et l’y rejoignit plus tard là-bas avec Ferdinand Eberstadt, un ami de Forrestal, et les deux hommes décidèrent que l’état de Forrestal nécessitait qu’il prenne urgemment des vacances. Leva prit donc des dispositions immédiates pour qu’un avion de la Navy le transporte au domaine de Robert Lovett à Hobe Sound, en Floride, le soir même. « Et en sortant, Forrestal a dit trois fois, c’est la seule chose qu’il a dite, [Eberstadt] a essayé de lui parler et il a dit : “Vous êtes un type loyal, Marx,” “Vous êtes un type loyal, Marx,” trois fois. » Comme Leva est juif, le sous-entendu est que Forrestal était obsédé par la déloyauté qu’il attribuait à de nombreux responsables juifs. Selon Leva, « il était apparemment au-delà de la névrose, je veux dire qu’il était apparemment paranoïaque. »
David Martin montre dans cet article (qui apporte une correction à son livre) que Leva ment. Les vacances de Forrestal à Hobe Sound avaient en fait été planifiées à l’avance, et sa femme l’y attendait déjà. Cela est prouvé par un article du Jacksonville Daily Journal daté du 28 mars, qui conclut : « Forrestal s’envole demain pour Hobe Sound, en Floride, pour un long repos. » Cet extrait de journal télévisé montre Forrestal parfaitement maître de lui le 28 mars.
Les journaux d’époque et les biographies insistent sur le fait que, pendant son séjour de quatre jours à Hobe Sound, Forrestal a montré des signes de paranoïa. Une rumeur, inventée par Daniel Yergin et répétée par Thomas Powers dans The Man Who Kept the Secrets, le décrit courant dans les rues en criant : « Les Russes arrivent. » Il n’y a aucune source crédible pour cette affirmation. Le sous-secrétaire d’État (et futur secrétaire à la Défense) Robert Lovett, qui était à Hobe Sound avec Forrestal, a déclaré en 1974 que Forrestal lui apparaissait comme « pas sain d’esprit », car « il était obsédé par l’idée que ses appels téléphoniques étaient sur écoute » et se plaignait « qu’ils sont vraiment après moi ». Je trouve cependant assez étrange que Lovett feigne d’ignorer qui Forrestal entendait par « ils ». Il n’y avait rien d’irrationnel dans la croyance de Forrestal que « ses téléphones étaient sur écoute, [et que] sa maison était surveillée », comme il s’en était plaint auparavant au secrétaire de Truman, Matthew J. Connelly (qui l’a dit dans une interview de 1968 pour la Truman Library).
Il y a aussi une rumeur selon laquelle Forrestal a tenté de se suicider à Hobe Sound. Elle est contredite par le rapport Willcutts, où le Dr George Raines, le psychiatre en charge de Forrestal à Bethesda, est cité en ces termes : « Pour autant que je sache, il n’a jamais fait une seule tentative de suicide, sauf celle qui a réussi. » Tous les médecins de Forrestal interrogés sont unanimes sur le fait qu’il n’avait jamais tenté de se suicider avant sa chute fatale.
Cela ne veut pas dire que Forrestal n’était pas dans un état de grande tension psychologique en 1949. En tant que secrétaire à la Défense, il avait été soumis non seulement à un flot des calomnies dans la presse, mais recevait également à des menaces de mort. Robert Lovett, qui partageait les vues de Forrestal sur Israël, a déclaré qu’il avait lui-même reçu des appels nocturnes avec des menaces de mort, et que Forrestal était plus exposé que lui à ce type de traitement. Ayant perdu toute protection du gouvernement après le 28 mars, Forrestal avait des raisons de craindre pour sa vie. Le 23 mai 1949, le Washington Post a conclu un article intitulé « Délires de persécution, anxiété aiguë, dépression ont marqué la maladie de Forrestal », avec la déclaration quelque peu paradoxale suivante :
Sa crainte de représailles de la part des pro-sionistes proviendrait des attaques de certains chroniqueurs contre ce qu’ils disaient être son opposition à la partition de la Palestine sous mandat de l’ONU. Au cours de sa dernière année en tant que secrétaire à la Défense, il a reçu un grand nombre de lettres injurieuses et menaçantes.
John Loftus et Mark Aarons, les auteurs archi-sionistes de The Secret War Against the Jews (« La guerre secrète contre les Juifs »), identifient Forrestal comme « le méchant principal, l’homme qui a presque réussi à empêcher la naissance d’Israël ». Ils révèlent que « Les sionistes avaient tenté sans succès de faire chanter Forrestal avec des enregistrements de ses affaires avec les nazis » (avant la guerre, Forrestal avait été un partenaire de Clarence Dillon, le fondateur juif de la société bancaire Dillon, Read et Co.), mais ils se réjouissent que le harcèlement sioniste a au moins réussi à le rendre fou : « Sa paranoïa l’a convaincu que chacun de ses mots était sur écoute. Pour ses nombreux détracteurs, il semble que l’obsession anti-juive de James Forrestal l’ait finalement conquis . »8
Comme il est commode de prétendre que l’antisémitisme peut conduire au suicide ! Lorsque la mafia sioniste veut votre mort, craindre pour votre vie n’est pas un signe de maladie mentale, mais plutôt la preuve d’un jugement sain.
Nous n’avons pas à douter des paroles du Docteur Raines à la Commission Willcutts selon lesquelles, lorsqu’il a vu Forrestal pour la première fois à l’hôpital Bethesda, « il était manifestement épuisé physiquement » et avait « une tension artérielle élevée ». Mais ici, nous devons également tenir compte du fait que Forrestal avait été littéralement enlevé de son centre de vacances à Hobe Sound. Nous ne devrions pas être surpris lorsque Rogow, et Hoopes et Brinkley après lui, nous disent que, bien qu’il était été sous sédation, Forrestal « était dans un état d’agitation extrême pendant le vol en provenance de Floride », et que
l’agitation de Forrestal a augmenté pendant le voyage en voiture privée de l’aérodrome à l’hôpital. Il a tenté à plusieurs reprises de quitter la voiture alors qu’elle était en mouvement et a dû être retenu de force. Arrivé à Bethesda, il a déclaré qu’il ne s’attendait pas à quitter l’hôpital vivant.
Comme Martin le mentionne, il y a aussi la possibilité très réelle que Forrestal ait été drogué à Hobe Sound, afin de le faire paraître fou et justifier son internement.
Le comportement de Forrestal à Bethesda ne montre rien d’anormal pour un homme enfermé dans la section psychiatrique au 16ème étage d’un hôpital militaire, pour des raisons qu’il soupçonne ne pas être strictement médicales. Le personnel a rapporté que Forrestal semblait souvent agité, faisant les cent pas dans sa chambre tard dans la nuit. Et pourquoi pas ? Forrestal s’est même vu refuser la visite de ses proches. Son frère Henry avait tenté plusieurs fois de lui rendre visite, mais avait été repoussé par le Dr Raines. Les autorités de l’hôpital n’ont cédé que lorsque Henry a menacé de saisir la Justice. Forrestal s’est également vu refuser la visite de son ami le prêtre catholique, Mgr Maurice Sheehy. Sheehy a écrit dans The Catholic Digest du janvier 1951, que « le jour où il a été admis à l’hôpital, Forrestal a dit au Dr Raines qu’il souhaitait me voir », mais le Dr Raines lui a dit « que Jim était tellement confus que je devrais attendre quelques jours avant de le voir. » Le Docteur Raines a refoulé le père Sheehy à six reprises.
En dépit d’être emprisonné virtuellement et sous médication forcée, Forrestal a remarquablement bien résisté. D’après les audiences menées par les commissions d’examen Willcutts, il semble qu’il se portait bien dans les jours précédant sa mort. Willcutts lui-même s’est dit surpris d’apprendre sa mort, car il avait dîné avec lui un jour plus tôt (vendredi 20), et pensait qu’il « allait à merveille ».
La fabrication des preuves
Comme mentionné précédemment, la mission du Comité Willcutts était d’exonérer chaque individu de négligence. Même les brèves conclusions publiées quatre mois après la fin des audiences le reconnaissent, comme le rapporte le New York Times du 12 octobre 1949 :
Francis P. Matthews, secrétaire à la Marine, a rendu public aujourd’hui le rapport d’un comité d’enquête qui a absous tous les individus de toute responsabilité dans la mort de James Forrestal le 22 mai dernier.
Curieusement, comme David Martin l’a découvert, le rapport indique que la chute de Forrestal a été la cause de sa mort, mais évite de se prononcer sur la cause de la chute elle-même.
Ce rapport trahit un manque évident d’intérêt de la part du Comité Willcutts concernant tous les éléments qui pointent vers le meurtre plutôt que vers le suicide. L’infirmière qui est entrée dans la chambre de Forrestal la première après sa mort a témoigné qu’il y avait du verre brisé sur son lit. Mais le lit a été nettoyé avant que les photographies de la scène du crime ne soient prises, car elles montrent le lit avec seulement un matelas nu. En revanche, une autre photo montre du verre brisé sur le tapis au pied de son lit. Le Comité Willcutts ne montra aucun désir de trouver l’origine du verre brisé, ni la raison pour laquelle il avait été retiré du lit.
Ils n’ont pas non plus posé de questions pertinentes, ni au personnel ni à eux-mêmes, au sujet de la ceinture de robe de chambre nouée autour du cou de Forrestal. Hoopes et Brinkley ont supposé plus tard que Forrestal avait attaché la ceinture à un radiateur sous la fenêtre, mais que son nœud s’était défait (Forrestal étant officier de Marine, on peut supposer qu’il savait faire un nœud). Cela est contredit par l’hospitalier William Eliades, qui a trouvé le corps de Forrestal avec la ceinture (corde) autour de son cou, et a déclaré au Comité Willcutts : « J’ai regardé s’il avait essayé de se pendre et si un morceau de cordon s’était rompu. Mais le cordon était toujours en un seul morceau, simplement noué autour de son cou. »
Mais la preuve la plus convaincante que la mort de Forrestal a été déguisée en suicide est le poème qui aurait été copié par Forrestal. Parmi les pièces obtenues par David Martin avec le rapport Willcutts se trouve une copie de la feuille mémo avec la transcription du poème. Une comparaison avec n’importe quelle note manuscrite de Forrestal montre clairement que la transcription du poème n’est pas de la main de Forrestal (les deux peuvent être trouvées sur la page Web de Mark Hunter).
David Martin note également que, sur cette seule page, le poème s’arrête 11 versets avant le mot « rossignol ».
Détail intéressant, personne n’est identifié dans le rapport officiel comme le découvreur de cette note manuscrite. Il n’est pas venu à l’esprit des membres du Comité de mentionner comment elle est entrée en leur possession et d’interroger la personne qui la leur avait remise.
Dans un effort pour faire de la note manuscrite une preuve convaincante de suicide, Rogow prétend, et Hoopes et Brinkley répètent, que l’apprenti Robert Wayne Harrison, Jr., le soldat en service pour surveiller Forrestal, est entré dans sa chambre à 1 h 45 du matin et l’a vu copier le poème. Mais ce faisant, ils contredisent tous les deux la déclaration de Harrison au Comité Willcutts. Il a en effet déclaré que lorsqu’il a regardé dans sa chambre à 1 h 45, Forrestal était « dans son lit, apparemment endormi ». Puis il est allé remplir le registre médical. Quelques minutes plus tard, une infirmière a entendu le bruit du corps de Forrestal heurtant le toit du troisième étage. Harrison n’a rien entendu mais s’est rendu compte que Forrestal avait disparu à 1 h 50.
Robert Wayne Harrison, Jr. aurait certainement été le principal suspect si une enquête criminelle avait été mené. Il était nouveau sur ce poste et inconnu de Forrestal jusqu’à cette nuit fatale. Il avait commencé sa garde à minuit, remplaçant Edward Prise dont le quart de travail avait commencé à 16 heures. Prise était bien connu et apparemment apprécié de Forrestal ; il avait été chargé de surveiller Forrestal depuis le troisième jour de son arrivée à Bethesda. Étrangement, son nom n’est mentionné dans aucun article de presse contemporain et il est mal orthographié « Price » dans le rapport Willcutts, bien qu’il ait clairement signé « Prise » dans le registre médical, inclus parmi les pièces justificatives du rapport Willcutts.
David Martin mentionne qu’il a reçu un courriel de la fille de Prise disant :
Nous avons grandi en entendant des chuchotements entre nos parents à propos de cette affaire, mais nous n’étions pas autorisés à demander des détails. Même jusqu’à un an avant la mort de mon père en 1991, il m’avait appelé et craignait d’être de nouveau interrogé à ce sujet.(Martin p. 9)
Nous n’avons pas besoin d’insister sur le fait que les témoins sont facilement intimidés dans un environnement militaire, comme l’est l’hôpital Bethesda. La pression transparaît dans les transcriptions des interrogatoires du Comité Willcutts : chaque infirmière et chaque médecin a dit ce qu’on attendait de lui et comprenait bien qu’il ne pourrait jamais s’exprimer en dehors de ce cadre. On a un aperçu de cela dans cette interview de John Spalding, l’ancien chauffeur de James Forrestal, par David Martin. En même temps qu’il a été informé de la mort de Forrestal par son supérieur, Spalding a reçu un document à signer, disant : « Je ne pourrais jamais parler de quoique ce soit qui s’est passé entre lui et moi. »
Faut-il incriminer les communistes ou les sionistes ?
Avant David Martin, un auteur, écrivant sous le pseudonyme Cornell Simpson, avait affirmé que Forrestal avait été assassiné. Son livre The Death of James Forrestal, a été publié en 1966, bien qu’il affirme l’avoir écrit au milieu des années 1950. Le livre de Simpson contient des informations très précieuses et crédibles. Il avait par exemple interviewé le frère de James Forrestal, Henry, qui était certain que son frère avait été assassiné. Henry Forrestal a trouvé le moment de la mort très suspect car il s’apprêtait à aller chercher son frère pour l’extraire de l’hôpital quelques heures plus tard le jour de sa mort. Selon Simpson, une autre personne qui ne croyait pas au suicide de Forrestal était le père Maurice Sheehy. Lorsqu’il s’est précipité à l’hôpital plusieurs heures après la mort de Forrestal, il a été approché discrètement par un officier qui lui a chuchoté : « Mon Père, vous savez que Monsieur Forrestal ne s’est pas suicidé, n’est-ce pas ? »
Simpson accuse les communistes du meurtre de Forrestal. La thèse n’est pas absurde. Forrestal était définitivement anticommuniste. Il avait été alarmé par ce qu’il considérait comme une infiltration communiste dans l’administration Roosevelt (les « décryptages Venona », témoignant de 329 agents soviétiques au sein du gouvernement américain pendant la Seconde Guerre mondiale, lui donneraient raison). Après la mort de Roosevelt, Forrestal eut une influence décisive sur la transformation de la politique américaine envers l’Union soviétique, de l’accommodement au « confinement ». Le sénateur Joseph McCarthy, un autre catholique irlandais, témoigne dans son livre The Fight for America que c’est Forrestal qui a directement inspiré son travail de dévoilement de l’influence et de la subversion communiste au sein du gouvernement fédéral :
Avant de rencontrer Jim Forrestal, je pensais que nous perdions face au communisme international à cause de l’incompétence et de la stupidité de la part de nos planificateurs. J’en ai parlé à Forrestal. Je me souviendrai toujours de sa réponse. Il a dit : “McCarthy, la cohérence (constance) n’a jamais été une marque de stupidité. S’ils étaient simplement stupides, ils commettraient occasionnellement une erreur en notre faveur.” Cette phrase m’a tellement frappé que je l’ai souvent utilisée depuis.
Après la mort de Forrestal, McCarthy est monté en première ligne. Il est lui-même décédé le 2 mai 1957, à l’âge de quarante-huit ans, à l’hôpital Bethesda. Les responsables de l’hôpital ont indiqué comme cause du décès une « insuffisance hépatique aiguë » et le certificat de décès indique « hépatite aiguë, cause inconnue ». Les médecins ont déclaré que l’inflammation du foie était de « type non infectieux ». Or l’hépatite aiguë peut être causée soit par une infection, soit par un empoisonnement, mais aucune autopsie n’a été réalisée. Simpson commente :
Comme Jim Forrestal, Joe McCarthy est entré à l’hôpital naval de Bethesda comme son patient le plus controversé et comme l’homme le plus détesté en Amérique par les communistes. Et, comme Forrestal, il en est sorti dans un corbillard, un homme dont la vaillante lutte contre le communisme a pris fin pour toujours.
M. Stanton Evans, dans son livre très recommandable, Blacklisted by History: The Untold Story of Senator Joe McCarthy and His Fight Against America’s Enemies (2009), signale l’hypothèse du meurtre de McCarthy, mais ne l’approfondit pas.
Le problème avec la théorie de Cornell Simpson est que les pires ennemis de Forrestal n’étaient pas les communistes, mais les sionistes. Bien que l’anticommunisme de Forrestal ait plus tard attiré les critiques des historiens de gauche, il était alors partagé par la plupart de ses contemporains, en particulier au sein de l’armée. Tant que vous ne mentionniez pas le pourcentage élevé de Juifs parmi les communistes, le fait d’être anticommuniste ne fait pas de vous la cible des médias traditionnels. On ne peut évidemment pas en dire autant de l’antisionisme. Ni le Washington Post ni le New York Times ne peuvent être considérés comme pro-communistes à aucun moment, mais tous deux sont devenus fortement pro-sionistes vers 1946. Arthur Hays Sulzberger, directeur de la publication du New York Times depuis 1938, avait en fait dénoncé en 1946, les « méthodes coercitives des sionistes » qui cherchaient à influencer sa ligne éditoriale, mais il finit par céder et, après 1948, son journal produisit une couverture singulièrement déséquilibrée sur la Palestine.9
C’est son opposition au sionisme, et non au communisme, qui a attiré à Forrestal des menaces de mort. Le 3 février 1948, Forrestal évoquait dans son journal une conversation avec Bernard Baruch, à qui il avait parlé de ses efforts pour stopper le processus de reconnaissance d’Israël. Il décrit ainsi la réaction de Baruch :
Il s’est mis à me conseiller de ne pas me montrer actif dans cette affaire particulière et m’a dit que j’étais déjà identifié, dans une mesure qui n’était pas dans mon intérêt, comme opposant à la politique des Nations Unies sur la Palestine.
David Martin fait le commentaire suivant (p. 86) :
Baruch ne connaissait manifestement pas son homme lorsqu’il tenta de l’influencer en faisant appel à l’intérêt personnel de Forrestal. Mais il est possible qu’il en savait plus qu’il n’en disait, quand il fit allusion au danger auquel Forrestal s’exposait par sa position courageuse.
Les gangsters juifs étaient traditionnellement anticommunistes, mais les sionistes pouvaient compter sur eux pour donner un coup de main en cas de besoin. À partir de 1945, l’Agence juive de Ben Gourion avait des liens étroits avec la mafia yiddish, également connue sous le nom de Mishpucka (hébreu pour « la famille »), qui a grandement contribué au réseau clandestin d’achat et de contrebande d’armes qui a armé la Haganah. Leonard Slater écrit dans The Pledge que Teddy Kollek, qui deviendrait plus tard le maire de Jérusalem, dirigeait les opérations quotidiennes et que des gangsters juifs de Brooklyn lui ont dit explicitement : « Si vous voulez que quelqu’un soit tué, dressez simplement une liste et nous nous en occuperons. » Yehuda Arazi, proche collaborateur de Ben Gourion, envoyé par lui aux États-Unis pour acheter des armes lourdes, a approché Meyer Lansky et a rencontré des membres de Murder, Incorporated. Un autre émissaire de la Haganah, Reuvin Dafni, qui allait devenir consul israélien à Los Angeles puis à New York, a rencontré Benjamin Siegelbaum, connu sous le nom de Bugsy Siegel. Certains de ces « gangsters pour Sion », écrit Robert Rockaway, « le faisaient par loyauté ethnique » ou « se considéraient comme les défenseurs des Juifs, des combattants presque bibliques. Cela faisait partie de leur image de soi. » Certains aidaient également « parce que c’était un moyen […] de se faire accepter dans la bonne société juive. »10 Mickey Cohen, le successeur de Bugsy Siegel, explique dans ses mémoires qu’à partir de 1947, « je suis devenu tellement absorbé par Israël que j’ai en fait mis de côté beaucoup de mes activités et n’ai rien fait d’autre que ce qui était impliqué dans cette guerre de l’Irgoun. »11 Il était en contact étroit avec Menachem Begin et l’a rencontré quand Begin est venu en tournée aux États-Unis en décembre 1948, quelques mois avant que Forrestal soit confiné à l’hôpital de Bethesda.12 Si Begin avait voulu la mort de Forrestal, il n’avait qu’à demander.
Je pense qu’il va de soi que Forrestal avait plus à craindre des sionistes que des communistes. Et il est donc étrange que Cornell Simpson ignore totalement les sionistes comme possibles coupables. Ni Israël ni le sionisme n’apparaissent dans l’index de son livre. David Martin, qui reconnaît néanmoins le mérite de l’enquête de Simpson, trouve l’explication de son black-out sur le sionisme dans le fait que son livre a été publié par Western Islands Publishers, la société d’édition interne de la John Birch Society, un mouvement anticommuniste totalement noyauté par les sionistes.
Trois ans avant que la Birch Society ne publie le livre de Simpson, Rogow avait publié la première biographie de Forrestal, défendant la ligne officielle de sa mort et liant directement sa supposée maladie mentale à son supposé antisémitisme. Il est très peu probable que le livre de Rogow ait dissipé les soupçons des sceptiques quant au suicide de Forrestal. Au contraire, le parti-pris évident de Rogow en tant qu’écrivain principalement préoccupé par l’antisémitisme a dû inciter beaucoup de gens à considérer son livre comme une nouvelle couche de la dissimulation. Martin suppose donc que l’écriture et la publication du livre de Simpson par la Birch Society était un moyen de donner une voix au scepticisme sur la mort de Forrestal, tout en éloignant ce scepticisme des suspects les plus probables. Blâmer les communistes était le moyen le plus simple de détourner les soupçons des sionistes.
Cela était d’autant plus facile que, depuis les années 1930 et jusqu’à la mort de Forrestal, les communistes et les sionistes étaient dans bien des cas les mêmes personnes, comme le souligne David Martin. Bien que le communisme et le sionisme puissent sembler incompatibles d’un point de vue idéologique, il est de notoriété publique que certains des Juifs qui agissaient en tant qu’agents communistes sous Roosevelt, sont devenus des sionistes ardents sous Truman. Un exemple typique est David Niles (Neyhus), l’un des rares conseillers du FDR gardé par Truman : il a été identifié dans les décryptages de Venona comme un agent communiste, mais a ensuite joué un rôle clé en tant que gatekeeper sioniste sous Truman. Edwin Wright, dans The Great Sionist Cover-Up, le décrit comme « l’officier du protocole à la Maison Blanche, [qui] veillait à ce que l’influence du Département d’État soit neutralisée tandis que la vision sioniste était favorisée. » Le frère de David Niles, Elliot, un haut gradé du B’nai B’rith, était un lieutenant-colonel qui a transmis des informations à la Haganah alors qu’il travaillait au Pentagone.
L’ordre est-il venu de la Maison-Blanche ?
Martin considère David Niles comme « le coordinateur le plus probable de l’assassinat de Forrestal ». Il en avait les motivations et les moyens. Il était en fait capable de passer des ordres au nom de Truman, comme il l’a fait lorsqu’il a orchestré la campagne d’intimidation et de corruption qui a obtenu une majorité des deux tiers en faveur du plan de partition à l’Assemblée générale des Nations Unies.13
Il y a des raisons de croire que l’ordre d’éliminer Forrestal est venu directement de la Maison Blanche. Selon le secrétaire aux nominations de Truman, Matthew J. Connelly, c’est Truman lui-même qui a suggéré d’organiser pour Forrestal des vacances à Hobe Sound. Quant à la décision de l’enlever et de l’interner à Bethesda, Martin fait la remarque suivante :
Compte tenu du fait que Forrestal, ayant été officiellement remplacé comme secrétaire à la Défense par Johnson le 28 mars, était un citoyen privé à ce stade, il est certainement raisonnable de supposer que le transport extra-légal de Forrestal vers la Floride dans un avion militaire, ainsi que son confinement et son traitement à l’hôpital naval de Bethesda ne se sont pas est pas sans approbation au plus haut niveau. (Martin p. 29)
Hoopes et Brinkley déclarent explicitement que la décision d’emmener Forrestal à Bethesda est venue de Truman et que l’épouse de Forrestal a été convaincue de donner son accord par une conversation téléphonique avec Truman.
La décision de placer Forrestal au 16e étage, qui ne semble guère appropriée pour un patient réputé suicidaire, semble également venue de la Maison Blanche. Hoopes et Brinkley citent le Dr Robert P. Nenno, un jeune assistant du Dr Raines de 1952 à 1959, selon qui Raines avait reçu des instructions à ce sujet. Il ajouta : « J’ai toujours supposé que l’ordre provenait de la Maison-Blanche. »
Concernant le fait que le Dr Raines s’opposa à six reprises aux visites du Père Sheehy, Hoopes et Brinkley le justifient par la crainte que Forrestal ne divulgue des informations sensibles pendant la confession. Une telle préoccupation, dénué de caractère médical, n’a pu venir que d’en haut. Apparemment, l’ordre ne venait pas du secrétaire de la Marine John L. Sullivan parce que, comme nous le disent Hoopes et Brinkley, lorsque Sheehy et Henry Forrestal sont allés se plaindre à lui le 18 mai, il a exprimé sa surprise et a fait annuler la décision. Selon Simpson, « le prêtre a plus tard déclaré qu’il avait eu la nette impression que le Dr Raines agissait sur ordre. »
Il n’y a, bien sûr, aucune preuve que jeter Forrestal par la fenêtre a également été ordonné par la Maison-Blanche, mais étant donné le contrôle total de Truman par les sionistes, et par David Niles en particulier, ce n’est pas improbable.
Pourquoi le tuer après l’avoir écarté du pouvoir ?
On peut se demander pourquoi Truman ou quelqu’un d’autre aurait besoin de tuer Forrestal ? Exclu du Pentagone, il n’avait plus d’influence sur la politique gouvernementale. La réponse est simple : loin d’être suicidaire, Forrestal était un homme avec un projet. Selon Hoopes et Brinkley,
il avait dit à de puissants amis de Wall Street […] qu’il souhaitait créer un journal ou un magazine sur le modèle du magazine anglais The Economist, et ils avaient démontré leur volonté de l’aider à lever les fonds de démarrage.
Il prévoyait également d’écrire un livre. N’ayant plus de liens avec le gouvernement ou l’armée, il était libre de s’exprimer sur de nombreuses questions. Et il avait beaucoup de choses embarrassantes à révéler sur ce qu’il avait vu pendant ses neuf années au gouvernement. Sa grande popularité en tant que héros de guerre lui assurait une très large audience.
En tant que secrétaire de la Marine, il avait été la personne centrale des opérations dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale. Il avait probablement une connaissance au moins partielle du plan secret de Roosevelt pour provoquer les Japonais à attaquer Pearl Harbor. Selon son journal du 18 avril 1945, il avait même dit à Truman :
J’avais demandé à l’amiral Hewitt de relancer l’enquête sur la catastrophe de Pearl Harbor. […] Je sentais que j’avais une obligation envers le Congrès de poursuivre l’enquête parce que je n’étais pas entièrement satisfait du rapport que ma propre cour [de la Navy] avait fait.
Forrestal était également très amer quant à la fin de la guerre dans le Pacifique. Connaissant la situation désespérée des Japonais, il avait travaillé dans les coulisses pour parvenir à une reddition négociée des Japonais. Il était opposé à la demande de « reddition inconditionnelle », qu’il savait inacceptable pour les dirigeants japonais. Simpson écrit, tel que cité par David Martin ici :
Si Roosevelt avait agi sur le plan de Forrestal, la guerre se serait arrêtée quelques jours après. Les bombes atomiques n’auraient jamais incinéré Hiroshima et Nagasaki, des milliers d’Américains ne seraient pas morts dans la bataille inutile d’Okinawa et des confrontations sanglantes plus tard, et les Russes n’auraient pas eu l’occasion de s’engager dans la guerre du Pacifique pendant les six derniers de ses 1 347 jours, donnant ainsi à Washington le prétexte pour leur remettre la clé de la conquête de toute l’Asie.
Forrestal avait également beaucoup à dire sur la façon dont les sionistes ont obtenu le plan de partition à l’Assemblée générale des Nations Unies, ou sur la manière dont Truman a été victime de chantage et a accepté de soutenir la reconnaissance d’Israël. Il avait écrit dans son journal, le 3 février 1948, à propos de sa rencontre avec Franklin D. Roosevelt, Jr., fils du président et ardent défenseur de l’État juif :
Je pensais que les méthodes qui avaient été utilisées par des personnes extérieures au pouvoir exécutif du gouvernement pour exercer des pressions et de l’intimidation sur d’autres nations à l’Assemblée générale étaient à la limite du scandale.
Forrestal avait une assez bonne mémoire. Mais, en plus, il avait écrit des milliers de pages de journal pendant son service public, comportant quinze volumes selon Simpson.
Pendant le bref séjour de Forrestal à Hobe Sound, ses journaux intimes, composés de quinze classeurs à feuilles mobiles totalisant trois mille pages, ont été retirés à la hâte de son ancien bureau au Pentagone et enfermés à la Maison Blanche où ils sont restés pendant un an. […] pendant les sept semaines qui ont précédé la mort de Forrestal, ses journaux intimes n’étaient plus entre ses mains et se trouvaient à la Maison Blanche, où quelqu’un aurait pu avoir amplement le temps de les étudier.
La Maison Blanche a déclaré par la suite que Forrestal avait fait savoir qu’il souhaitait que le président Truman prenne la garde de ces journaux, mais cela semble très peu probable.
Une petite partie des journaux de Forrestal a finalement été publiée sous une forme fortement censurée par Walter Millis, un apologiste de Roosevelt et journaliste au New York Herald Tribune. Simpson estime que plus de 80% ont été laissés de côté. Millis a franchement admis qu’il avait supprimé les « références défavorables à des personnes, et les commentaires mettant en question l’honnêteté ou la loyauté de certains individus ». Millis a également déclaré qu’il avait tout supprimé des enquêtes de Pearl Harbor. On ne peut que deviner quelle censure Millis a exercé sur le point de vue de Forrestal concernant le soutien américain à Israël.
La conclusion de David Martin est de simple bon sens :
Les plans d’écriture et de publication de Forrestal fournissent la réponse à la question : Pourquoi quelqu’un se donnerait-il la peine de le tuer alors qu’il avait déjà été chassé du Pentagone et déshonoré par la rumeur d’une maladie mentale ? …
Les raisons impérieuses pour Forrestal de vouloir continuer à vivre étaient aussi des raisons impérieuses pour ses puissants ennemis de veiller à ce qu’il ne le vive pas. …
Il apparaît, en somme, non pas comme un candidat au suicide, mais plutôt à l’assassinat. (Martin, pp. 52, 53, 87)
Un parallèle avec Lord Northcliffe
Dans son texte de présentation pour le livre de Martin, James Fetzer écrit :
Dave Martin a établi que James Forrestal a été ciblé pour être assassiné par des fanatiques sionistes qui étaient convaincus que son influence future en tant que rédacteur et éditeur représentait un risque inacceptable.
Dans cet article, Martin développe cette idée en comparant Forrestal à Lord Northcliffe (Alfred Harmsworth), un éditeur de journal influent dont l’histoire tragique est racontée par Douglas Reed dans La Controverse de Sion, sur la base des informations trouvées dans The Official History of the Times (1952). Dans les années 1920, tout comme aujourd’hui, les reportages factuels honnêtes de la presse ont été le plus grand obstacle aux ambitions des sionistes. Lord Northcliffe possédait des revues et des périodiques, y compris les deux quotidiens les plus lus, et il était le propriétaire majoritaire du journal le plus influent au monde à l’époque, le Times de Londres. Il a pris une position définitive contre le plan sioniste et a écrit, après une visite en Palestine en 1922 : « À mon avis, sans suffisamment de réflexion, nous avons garanti la Palestine en tant que foyer pour les Juifs malgré le fait qu’elle appartient aux 700 000 musulmans arabes qui y vivent. » Northcliffe a commandé une série d’articles attaquant l’attitude de Balfour envers le sionisme. Son éditeur, Wickham Steed, a refusé et, lorsque Northcliffe lui a demandé de démissionner, Steed a pris une série de mesures pour faire déclarer Northcliffe malade mental. Bien qu’il paraissait parfaitement normal à la plupart des gens qu’il rencontrait, le 18 juin 1922, Northcliffe était déclaré inapte au poste de rédacteur en chef du Times sous l’autorité d’un « spécialiste français des nerfs » non identifié, soustrait à tout contrôle sur ses journaux, et mis sous contrainte. Le 24 juillet 1922, le Conseil de la Société des Nations se réunit à Londres, à l’abri de toute possibilité de protestation publique de Lord Northcliffe, pour donner à la Grande-Bretagne le « mandat » de rester en Palestine et d’y installer les sionistes. Le 14 août 1922, Northcliffe mourut à l’âge de cinquante-sept ans, officiellement « d’endocardite ulcéreuse ». Le public était, bien entendu, gardé dans l’ignorance totale des circonstances du retrait soudain de cette personnalité publique très respectée de la scène. Douglas Reed, qui travaillait alors comme commis au bureau du Times, et a appris l’histoire plus tard, se souvient que :
Lord Northcliffe était convaincu que sa vie était en danger et l’a dit à plusieurs reprises ; en particulier, il a dit qu’il avait été empoisonné. Si c’est en soi de la folie, alors il était fou, mais dans ce cas, de nombreuses victimes d’empoisonnement sont mortes de folie, et non de ce qu’ils ont ingéré.
Douglas Reed voit l’élimination de Northcliffe comme un point de non-retour :
Après la mort de Lord Northcliffe, la possibilité que des éditoriaux du Times “attaquent l’attitude de Balfour envers le sionisme” s’est évanouie. Depuis lors, la soumission de la presse […] est devenue de plus en plus apparente et a atteint avec le temps la condition qui prévaut aujourd’hui, alors que des reportages fidèles et des commentaires impartiaux sur cette question sont depuis longtemps suspendus.
Le parallèle avec Forrestal est saisissant, comme le remarque David Martin :
Le premier amour de Forrestal était le journalisme. Dans sa jeunesse, il avait travaillé comme journaliste pour trois journaux dans son État natal de New York, et il avait été rédacteur en chef du journal étudiant de Princeton. En tant qu’ancien président de la société de banque d’investissement de Dillon, Read, & Co., il était un homme riche, puissant et bien connecté. Il avait l’intention de gérer son propre magazine d’information. En bref, il aurait pu devenir un lord américain Northcliffe avec la capacité d’avoir une grande influence sur l’opinion publique du pays.
Historien, est l’auteur de De Yahvé à Sion : Dieu jaloux, peuple élu, terre promise… Le choc des civilisations, 2018 , et JFK-9/11 : 50 ans de Deep State, presse progressiste, 2014
Notes
- Seymour Hersh, L’option Samson : L’arsenal nucléaire d’Israël et la politique étrangère américaine, Random House, 1991, p. 141. ↩
- Haaretz, 5 février 1999, cité dans Michael Collins Piper, False Flags : Template for Terror, American Free Press, 2013, p. 54-55 ↩
- Joe Sterling, « Jewish paper’s column catches eye’s Secret Service’s, » CNN, 22 janvier 2012 ↩
- Alan Hart, Sionism : The Real Enemy of the Jews, vol. 2 : David Becomes Goliath, Clarity Press, 2013, p. 90 ↩
- Ronen Bergman, Rise and Kill First : The Secret History of Israel’s Targeted Assassinations, Random House, 2018, p. 20 ↩
- William Reymond et Billie Sol Estes, JFK Le Dernier Témoin, Flammarion, 2003 ↩
- Alan Hart, Le sionisme : The Real Enemy of the Jews, vol. 2 : David Becomes Goliath, Clarity Press, 2013, p. 25 ↩
- John Loftus et Mark Aarons, The Secret War against the Jews : How Western Espionage Betrayed The Jewish People, St. Martin’s Griffin, 2017, p. 212-213 ↩
- Alfred Lilienthal, Quel prix pour Israël ? (1953), Infinity Publishing, 2003, p. 95, 143 ↩
- Robert Rockaway, « Gangsters for Zion. Yom Ha’atzmaut : How Jewish mobsters helped Israel gain its independence », 19 avril 2018, sur tabletmag.com ↩
- Mickey Cohen, In My Own Words, Prentice-Hall, 1975, pp. 91-92 ↩
- Gary Wean, There’s a Fish in the Courthouse, Casitas, 1987, cité par Michael Collins Piper, Final Judgment : The Missing Link in the JFK Assassination Conspiracy, American Free Press, 6e édition, 2005, pp. 290-297 ↩
- Alfred Lilienthal, What Price Israel ? (1953), Infinity Publishing, 2003, p. 50 ↩