Chine-US : secte et guerre médiatique


Une secte antichinoise reçoit de l’argent du gouvernement des États-Unis et lance une vaste campagne publicitaire en faveur de la campagne Pro-Trump


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama − Le 21 aout 2019

Falun Gong est une secte qui prétend avoir des millions d’adeptes. Elle a été fondée en Chine par Li Hongzhi qui se considère comme un être supérieur. Falun Gong mélange un peu de taoïsme et de bouddhisme avec des idées folles, une politique conservatrice et un fort anticommunisme :

Certaines des déclarations de M. Li sont certainement non conventionnelles, d'autres diraient tout simplement étranges.

Il croit que des extraterrestres sont présents sur la Terre et il aurait dit qu'il pouvait traverser les murs et se rendre invisible.

M. Li dit qu'il est un être d'un niveau supérieur qui est venu aider l'humanité à sortir de la destruction qu'elle pourrait subir en raison de son diabolisme incarné.

En 1999, le culte a tenté de s’emparer du pouvoir politique en Chine. Le gouvernement l’a fait fermer car elle incitait ses partisans à refuser les thérapies médicales. Li Hongzhi et certains de ses disciples ont déménagé aux États-Unis. Comme la secte est fortement anticommuniste, le gouvernement américain l’utilise pour faire pression sur la Chine. Certaines institutions et entreprises liées à Falun Gong sont ouvertement financées par le gouvernement américain.

Le principal média de l’organisation est l’Epoch Times. NBC fait remarquer son étonnante croissance en tant que média social pro-Trump :

Au vu des chiffres, il n'y a pas de plus grand défenseur du président Donald Trump sur Facebook que The Epoch Times. 

Ce petit journal à but non lucratif, basé à New York, a dépensé plus de 1,5 million de dollars pour environ 11 000 publicités pro-Trump au cours des six derniers mois, selon les données des archives publicitaires de Facebook - plus que toute autre organisation en dehors de la campagne Trump elle-même, et plus que la plupart des candidats démocrates ont consacré à leur propre campagne présidentielle. 

Ces publicités vidéos - dans lesquelles des porte-parole non identifiés parcourent un journal pour faire l'éloge de Trump, colportent des théories du complot sur l’"État profond" et critiquent les "infox" - sonnent familièrement aux oreilles des conservateurs qui s’informent en ligne. The Epoch Times ressemble à ces nombreux blogs conservateurs qui ont gagné tant d’adeptes au cours des dernières années. ...
En avril, au plus fort de ses dépenses publicitaires, les vidéos du groupe Epoch Media, qui comprend The Epoch Times et la chaîne de télévision numérique New Tang Dynasty, ou NTD, ont été visionnées environ 3 milliards de fois sur Facebook, YouTube et Twitter, se classant 11éme parmi les créateurs vidéo sur toutes les plateformes et devançant les autres éditeurs traditionnels. ...
The Epoch Times a engrangé $8,1 millions de chiffre d’affaire en 2017, le double de l’année précédente, et a déclaré avoir dépensé $7,2 millions de "impression de journal et création de programme internet et médias". La plupart de son chiffre d’affaire vient de publicités et de "revenus provenant d’internet et médias", selon la déclaration d’impôt du groupe, alors que les donations et les abonnements au journal fournissent moins de 10 % du chiffre d’affaire.
Le chiffre d’affaire de New Tang Dinasty pour 2017, selon le centre des impôts, était de $18 millions, une augmentation de 150 % par rapport à l’année précédente. Les charges se sont élévées à $16,2 millions.

L’article de NBC indique que l’on ne connaît pas l’origine de l’argent des “revenus provenant d’internet et médias” investi dans les publicités pro-Trump.


Des membres du Falung Gong à Tapei
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Voici une suggestion. Ce que NBC ne mentionne pas, c’est que Falun Gong est un outil américain anti-chinois. L’administration Bush/Cheney l’a déjà utilisé pour embarrasser intentionnellement le président chinois Hu Jintao lors de sa visite à Washington :

Le président chinois Hu Jintao a eu le malheur de se rendre à Washington en 2006, alors que le vice-président Cheney et sa faction militante étaient en plein essor. Le rôle de la Chine en tant qu'obstacle aux politiques de l'administration Bush sur l'Iran et la Corée du Nord n'a pas créé un environnement particulièrement favorable à la visite de M. Hu. ...
Le point culminant de cette visite désastreuse a été l’intervention du mouvement spirituel Falun Gong pendant le discours de M. Hu sur la pelouse de la Maison-Blanche, Falun Gung étant personnifié par le Dr Wang Wenyi qui a eu accès à la Maison Blanche en tant que journaliste certifié. ...
Ming Pao a expliqué plus en détail que le Dr Wang avait déclamé d'une voix perçante, en criant des exhortations telles que "Le ciel détruira les communistes chinois", "Quittez le Parti", "10 millions de héros ont quitté le parti, quand allez-vous le quitter", "Jugez Jiang Zemin, Luo Gan, Zhou Yongkang" et "la pratique du Falun est merveilleuse".

La révélation selon laquelle la Maison-Blanche avait accordé au Dr Wang une carte de presse temporaire au nom de l'Epoch Times n'a probablement pas incité au pardon de la part du gouvernement chinois. ...
Le Dr Wang n'est pas journaliste de profession. Elle est pathologiste et chercheuse principale sur un sujet brûlant pour Falun Gong : la prétendue vivisection des pratiquants du Falun Gong par le gouvernement chinois dans un établissement à Shenyang, et la vente de leurs organes à des fins de transplantation.

Et, au-delà de l'hostilité bien connue de Falun Gong envers le Parti communiste chinois et du rôle central du Dr Wang dans la croisade la plus passionnée du Falung Gong contre le régime chinois, son histoire personnelle antérieure de confrontation avec Hu Jintao est une affaire publique.

Les services secrets sont généralement prompts à virer les chahuteurs des événements officiels de la Maison-Blanche. Ils n’ont fait aucun effort pour faire sortir le Dr Wang pendant le discours du président Hu.

Comme Yasha Levine le dit dans son livre Surveillance Valley, le gouvernement américain a construit et utilise Internet comme une arme. Falun Gong y joue son rôle.

Au moins certaines parties de l’organisation du Falun Gong sont financées par le gouvernement américain par le biais du programme Internet Freedom géré par l’Agence américaine pour les médias mondiaux (USAGM), anciennement connu sous le nom de Broadcasting Board of Governors (BBG). Le budget de l’USAGM/BBG pour 2018 était de 804 millions de dollars.

Un rapport datant de 2011 (pdf), établi par la minorité de la commission sénatoriale des affaires étrangères, critiquait le département d’État pour son comportement trop amical envers la Chine :

De l’année fiscale 2008 à 2010, le Congrès a fourni quelque 50 millions de dollars de financement à Internet Freedom. En janvier 2011, le département d'État l’a financé pour moins de 20 millions de dollars, dont une petite partie sert à la technologie de contournement de la censure sur Internet (ICCT). ...
Certains des logiciels ICCT les plus sophistiqués sont développés par deux sociétés américaines, dont les fondateurs ont fui la Chine pour échapper à la persécution parce qu'ils étaient membres de Falun Gong. Leur logiciel a été initialement conçu pour permettre à d'autres pratiquants de Falun Gong en Chine (que les autorités de Beijing continuent de poursuivre, harceler et emprisonner) de contourner la Grande Muraille internet en permettant à leurs utilisateurs de naviguer sur le Web comme s'ils étaient aux États-Unis ou dans d'autres pays "amis d'Internet" via une combinaison de sites Web proxy et de réseaux privés virtuels. Cependant, DIT et UltraReach ont rapidement constaté que leurs produits étaient utilisés par des militants pour la démocratie et des citoyens ordinaires pour contourner la censure sur Internet en Iran, en Arabie saoudite, en Syrie, en Égypte, en Birmanie et au Vietnam ...

Le Congrès a répondu en allouant quelque 50 millions de dollars au département d'État pour soutenir Internet Freedom : Exercice 2008, 14,8 millions de dollars ; exercice 2009, 5 millions de dollars ; exercice 2010, 30 millions de dollars.

Une note de bas de page confirme que les compagnies de Falun Gong ont reçu une partie de cet argent par l’intermédiaire du BBG :

Le BBG a reçu 1,5 million de dollars de financement pendant l'exercice 2009 d’Internet Freedom. Le BBG a rapidement passé un contrat avec DIT, d’environ 600 000 $, et avec UltraReach, pour 840 000 $, pour l'expansion de ses opérations logicielles Freegate.

DIT ou Dynamic Internet Technology est géré par un certain Bill Xia. Dans un portrait publié par Businessweek en 2006, il confirme qu’il est membre de Falun Gong. Le site Web du DIT ne mentionne que quatre clients : l’Epoch Times de Falun Gong, Voice of America, Radio Free Asia et le groupe de propagande Human Rights in China (HRIC), basé à New York et Hong Kong. VOA et RFA sont financés par l’USAGM/BBG. HRIC est financé par le National Endowment for Democracy étatsunien, le Soros Open Society Institute et d’autres organisations similaires.

Comme trois des quatre organisations figurant sur la liste des clients de DIT sont officiellement financées par le gouvernement américain, on se demande qui finance la quatrième.

Ultrareach Internet Corp ne répertorie aucun client, dirigeant ou adresse. Bloomberg situe l’entreprise à une adresse à Cheyenne, WY qui est celle d’une petite maison utilisée comme bureau d’avocat.

Le programme Internet Freedom de l’USAGM/BBG disposait d’un budget de 13,8 millions de dollars en 2018.

Grâce au Falun Gong, le gouvernement américain fournit des logiciels et des serveurs pour contourner la Grande Muraille internet chinoise. Il est quelque peu ironique que ces services aient été utilisés par de prétendus agents du gouvernement chinois que Twitter et Facebook ont récemment retirés de leurs services :

Au total, Twitter a déclaré que 936 comptes provenant de Chine ont été suspendus pour un certain nombre de violations des "politiques de manipulation de plate-forme", y compris du spam, de l'activité coordonnée et des faux comptes.

L'activité des médias sociaux des comptes suspendus, qui publiaient en anglais et en chinois, s'inscrivait dans le cadre des efforts visant à saper "la légitimité et les positions politiques du mouvement de protestation sur le terrain", a déclaré la société.

Twitter, Facebook et la plupart des autres médias sociaux occidentaux sont bloqués en Chine continentale. La plupart des comptes identifiés par Twitter comme étant des "acteurs de mauvaise foi" ont contourné la Grande Muraille internet, comme on appelle la barrière numérique du pays, en utilisant des réseaux privés virtuels (adresses VPN), bien que certains aient été pistés venant d’adresses IP spécifiques, non bloquées, basées en Chine continentale.

La censure de Twitter a été, comme d’habitude, mal ciblée :

Les comptes démantelés représentaient "la partie la plus active de cette campagne", a déclaré la société.

C'est une étonnante nouvelle pour Luka Ivezic, un étudiant de 24 ans du Kings College de Londres, dont le compte - @TechPolticist - a été suspendu car il figurait sur la liste de ceux qui étaient censés être dirigés par la Chine ou venant de Chine.

M. Ivezic, qui est né en Croatie et dit n'avoir jamais mis les pieds en Chine, a récemment terminé sa thèse. Le sujet ? "Désinformation, et comment l'intelligence artificielle peut renforcer les outils dont la Chine et la Russie disposent pour nous désinformer."

Une analyse du total de 200 000 comptes Twitter supprimés pointe essentiellement vers des bots en langue russe qui ont été utilisés pour lutter contre Guo Wengui, un magnat chinois dissident qui demandait l’asile aux États-Unis. Il y a aussi une armée de bots Twitter pro-Guo qui condamnent la Chine. Bien sûr, cette armée-là n’a pas été suspendue.

Les comptes Twitter qui militaient contre les émeutes de Hong Kong n’ont pas été envoyés par le gouvernement chinois mais par les utilisateurs du forum Baidu qui ont inondé Twitter via les adresses VPN du Falun Gong, que les États-Unis financent pour tweeter en soutien à la police de Hong Kong.

Le financement de ces entités Falun Gong par le gouvernement américain n’est pas le seul lien avec cette organisation.

Peu après l’arrivée de Falun Gong aux États-Unis, une organisation chargée des changements de régime au nom du gouvernement américain a créé l’organisation nommée Friends of Falun Gong :

Au printemps 2000, un groupe de citoyens américains inquiets a voulu prendre des mesures pour sensibiliser la population à la terrible injustice à laquelle sont confrontés les adeptes de Falun Gong en Chine.

Ayant le désir commun de restaurer et de protéger les droits fondamentaux des pratiquants de Falun Gong, ils se sont tournés vers un défenseur de longue date des droits de l'homme, l'ancien ambassadeur américain Mark Palmer, qui suit le sort des pratiquants de Falun Gong. À l'époque, l'ambassadeur Palmer était vice-président du conseil d'administration de Freedom House, et il siège toujours à ce conseil. Parmi ses nombreuses autres réalisations, l'ambassadeur Palmer a cofondé le National Endowment for Democracy. 

Après des mois de travail acharné, en novembre 2000, avec l'aide de l'ambassadeur Palmer et d'autres, Friends of Falun Gong USA a été officiellement créé.

Le culte de Falun Gong gagne beaucoup d’argent grâce à ses compagnies de danse Shen Yun, servant d’objet de propagande :

Les danses se sont poursuivies, les manches tourbillonnantes, les jupes ondoyantes. Un homme est venu sur scène pour chanter une chanson en chinois, qui a été traduite sur l'écran derrière lui. "Nous suivons Dafa, la Grande Voie", commença-t-il en chantant à propos d'un Créateur qui a sauvé l'humanité et refait le monde. "L'athéisme et l'évolution sont des idées mortelles. Les tendances modernes détruisent ce qui fait de nous des êtres humains ", a-t-il chanté. ...
Shen yun, selon Shen Yun, signifie "la beauté des êtres divins dansant." (On peut aussi le traduire par "le rythme d'un esprit divin" ou, plus simplement, "la mélodie de Dieu"). L'organisation Shen Yun Performing Arts a été fondée en 2006, dans la Hudson Valley de New York, et a présenté son premier spectacle en tournée en 2007. En 2009, il y avait trois compagnies Shen Yun en tournée. Aujourd'hui, il y a six compagnies, chacune composée d'une quarantaine de danseurs, tous formés à l'Académie Fei Tian, qui est située sur un campus de quatre cent vingt-sept acres établi pour les pratiquants du Falun Dafa dans le nord de l'État de New York. Les danseurs sont accompagnés d'un orchestre qui incorpore des instruments chinois ; chaque troupe comprend environ quatre-vingts personnes. En plus des quatre-vingt-seize villes américaines qu'il visitera cette année, Shen Yun se rendra à Vancouver, Berlin, Auckland, Taipei, Daegu, Aix-en-Provence et des dizaines d'autres endroits.

Shen Yun est un organisme à but non lucratif. En 2016, il déclarait plus de soixante-quinze millions de dollars d'actifs et plus de vingt-deux millions de dollars de revenus.

Il se pourrait bien que l’argent que Falun Gong génère grâce à de tels efforts de propagande soit canalisé par son empire médiatique pour faire de la publicité pro-Trump.

Mais le soutien important que les agences gouvernementales américaines apportent au Falun Gong, combiné aux politiques virulentes de l’administration Trump contre la Chine, laisse supposer qu’il existe aussi des sources officielles d’argent noir, pourquoi pas la CIA, qui soutiennent les efforts anti-chinois de Falun Gong.

L’argent est fongible. Une organisation financée par le gouvernement américain ne devrait pas l’investir dans une politique américaine partisane. Certains candidats Démocrates entreprenants pourraient en profiter pour approfondir le sujet.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

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