Une révolution dans la révolution


Comment et pourquoi les femmes kurdes se battent contre État islamique. VOSTFR


Le 21 juin 2015 – Russia Today

 

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Vidéo publiée le 21 juin 2015 sur Russia Today
Traduction des sous-titres en français par Claude et Geoffrey

Ayant grandi au sein d’une société où il était inconcevable pour des hommes (mais aussi pour des femmes) de lutter ensemble sur un champ de bataille, les forces kurdes féminines engagées sur le théâtre d’opérations contre État islamique, ont entrepris leur propre révolution. Elles racontent cette histoire méconnue à Russia Today (RT).

RT a réalisé un documentaire unique intitulé «Leur guerre à elles : des femmes contre État islamique», présentant des jeunes femmes kurdes de Syrie, qui défendent leur pays contre les militants de État islamique (ISIS ou encore ISIL selon l’acronyme anglais). Durant trois semaines, l’équipe de RT a suivi un bataillon de femmes kurdes dans un camp d’entraînement, à la frontière irakienne, à environ trois kilomètres de la ligne de front.

Les Kurdes constituent un groupe ethnique à part entière, culturellement et linguistiquement lié à l’Iran, mais dépourvu d’état propre. Le territoire du Kurdistan recouvre des régions de quatre pays : l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Turquie.

Gulan, 18 ans, originaire de la ville à majorité kurde de Serekaniye, qui borde des territoires contrôlés par État islamique, raconte qu’elle a pris les armes pour défendre sa famille.

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«Je combattrai l’ennemi pour garder mon père en sécurité, à la maison, et le rendre fier de moi», a-t-elle déclaré alors qu’elle prenait le train pour aller se battre.

Son père, en retour, l’a avisée de la chose suivante : «Qu’ils ne t’attrapent pas. Si cela arrive, garde une balle en réserve pour toi.»

Les militants de État islamique, dans leur saccage de la Syrie et de l’Irak, ont aussi enlevé des centaines de femmes et de jeunes filles.

Ils ont commis d’innombrables atrocités, dont des viols, des conversions forcées à l’islam et des mariages contraints avec des jihadistes.

Suite à la prise de Palmyre, les militants de État islamique ont placé la moitié de la Syrie sous leur contrôle, ainsi que des portions significatives de l’Irak. Les Kurdes ont combattu divers groupes jihadistes, dont État islamique, et ce depuis juillet 2013.

Ces militants ont commis de nombreux actes de génocide envers les Yazidis, une minorité kurde d’Irak, dans une sorte de campagne de purification qu’ils croient mener pour libérer le territoire des influences non islamique.s

État Islamique assassine 500 Yadizis, certains enterrés vivants (dont des femmes et des enfants) – Irak

«Pour des militants d’État islamique, être tué par une femme signifie pour eux finir en enfer», affirme Chichek, une jeune fille de 16 ans. «C’est pourquoi ils évitent nos tirs, ajoute-t-elle. Quand des militants d’État islamique entendent des voix de femmes, ils prennent peur.»

Elle est partie de chez elle, en Turquie, pour rejoindre les bataillons kurdes féminins, alors que ses parents voulaient conclure pour elle un mariage arrangé.

«Nous avons grandi dans une société où les femmes sont censées rester au foyer, où elles sont vues comme la propriété des hommes et de leur honneur. Et les femmes ne sont pas même autorisées à sortir de la maison, rappelle la commandante du bataillon, Roni. Pour les femmes, se marier, c’est comme aller en prison.»

Elle nous déclare que le bataillon kurde féminin veut créer une nouvelle société, ajoutant qu’avant, il était impensable que des hommes et des femmes soient amis ou qu’ils combattent ensemble. «Ces femmes qui rejoignent les milices d’auto-défense dans le Kurdistan syrien, c’est une révolution dans la révolution , dit-elle.

La commandante des bataillons kurdes, Tolheldan, déclare que les combattants kurdes veulent bâtir un «modèle de société basé sur l’égalité», et ne «pensent pas seulement aux Kurdes, mais à toute l’humanité. Cette région est très pauvre, mais les Kurdes sont les plus pauvres de tous, dit-elle. Les enfants pauvres savent ce que sont les privations. C’est leur motivation pour lutter pour un avenir meilleur».

Traduit par Geoffrey, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

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