L’obsession occidentale de la conquête face aux erreurs du monde islamique
Par Al-Ahram – Le 12 avril 2015 – Source whattheysayaboutusa
Enfants syriens réfugiés dans un camp à Irbil au nord de l’Irak © AP Photo/Seivan M. Salim
À chaque fois que l’on subit une attaque terroriste, comme la tragédie de Paris du 13 novembre ou celle du Mali une semaine plus tard, l’Occident et le monde islamique s’engagent dans une dispute enragée pour déterminer qui est coupable de la dissémination du virus terroriste. Chaque camp se renvoie la balle et montre son certificat de bonne conduite, se déclarant innocent. Et ainsi de suite à chaque fois qu’une nouvelle attaque terroriste secoue le monde.
Ces disputes se terminent sans réponses claires et franches pouvant former un arrière-plan solide ou au moins un point de départ à une tentative sérieuse de combattre le terrorisme par un front uni regroupant tous ceux qui espèrent et tiennent à sauver l’humanité des projets des terroristes. Ces groupes terroristes s’autoproclament sauveurs de l’humanité et énoncent des jugements hérétiques suivant leurs désirs et leur humeurs.
Alors que nous sommes occupés à chercher les maitres d’œuvre derrière EI et à échanger des accusations, les terroristes en profitent pour renforcer leurs positions, se regrouper, améliorer leur capacité d’organisation en formant un centre de coordination et de gestion de leurs atrocités. Par exemple, les terroristes ayant frappé Paris sont proches d’al-Qaïda, responsable aussi de l’attaque au Mali. Même si al-Qaïda est relativement modéré comparé à EI, dont la brutalité dépasse la raison et la religion, les deux organisations œuvrent pour le même objectif, celui de déstabiliser l’Occident et le punir sans pitié pour son combat contre l’islam.
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Cet objectif commun permet d’effacer toutes disputes et désaccords entre les groupes extrémistes, les réunit dans leurs frappes sévères contre l’Europe et les États-Unis ; mais en frappant auparavant les musulmans eux-mêmes qui sont encore incapables d’expliquer à l’Occident et à ses alliés qu’ils sont les premières victimes de ces manipulateurs de la religion et de ses textes sacrés. Le centre de gestion du terrorisme pense qu’il peut coincer l’Occident en prenant avantage de ses moments de faiblesse et de peur lorsqu’il est frappé par des tragédies comme celles du 11 septembre, de Londres ou, plus récemment, de Paris. EI pense pouvoir tirer parti de la fragmentation et de la désintégration des relations entre les Occidentaux et les musulmans.
Les Occidentaux disent que l’islam et sa doctrine sont responsables du développement du terrorisme. Quelques puissances occidentales vont jusqu’au point d’en appeler à l’expulsion des musulmans [aux US], refuser l’entrée aux réfugiés, brûler des mosquées ou des Corans et autres actes racistes. En retour, les musulmans prétendent sans arrêt que le terrorisme est en fait une création des États-Unis et de l’Occident, que Washington et d’autres puissances occidentales aident les extrémistes et les utilisent comme outil de manipulation, que les Occidentaux ont aussi toujours refusé d’écouter les avis venant des pays du Moyen-Orient qui disaient que les terroristes sont des bombes à retardement qui finiront par exploser dans leurs propres pays.
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En réalité, les musulmans sont coincés dans leurs théories conspirationnistes et la croyance que l’Occident travaille jour et nuit à monter des complots contre eux et leur religion, sans se confronter à leurs propres erreurs qui ont alimenté l’extrémisme et abouti au terrorisme. Ils ne se sont pas levés contre ces menteurs qui parlent au nom de l’islam, religion de tolérance et d’humanité. Au contraire ils leur ont permis de faire de la propagande télévisée, d’y diffuser leurs poisons, prêchant en public contre les croisés occidentaux et l’inévitable combat contre les puissances occidentales. Certains sont si injurieux et insolents qu’ils se vantent des victimes occidentales et mêmes musulmanes, au moins de celles qui ne partagent pas les mêmes idées extrémistes et destructrices.
Les musulmans continuent d’insulter l’Occident tout en profitant du luxe de ses inventions, de ses produits et de sa technologie. Il n’y a qu’à voir les comptes twitter d’EI. Personne ne parle de cet incroyable double standard. De nombreux musulmans vont en Europe y chercher refuge, de meilleures possibilités de vie, la liberté et certains y dressent de hauts murs pour s’isoler des sociétés dans lesquelles ils vivent, évitent de s’intégrer et vivent dans des ghettos, comme s’ils n’avaient jamais quitté leur pays. Ils commencent à tremper dans l’extrémisme, jugent leur environnement et cherche à le changer au moyen de la force pour y installer un Califat. Mais de quel droit font-ils une telle chose ?
S’ils rejettent ces sociétés obscènes et infidèles, pourquoi ne retournent ils simplement pas dans leur pays? Vous pourriez me rétorquer : l’Occident a porté atteinte aux musulmans ou l’Occident n’est pas innocent, les Occidentaux ne sont pas des saints, etc. Et vous n’auriez pas tout a fait tort, sauf sur le fait que la plus grande erreur des musulmans est d’éviter la transparence et l’autocritique.
En retour, l’Occident devrait réviser son histoire de manipulateur terroriste avant d’insulter les musulmans et les harasser de leurs critiques sans fin. Parlons donc de Timothy McVeigh, ce terroriste américain responsable de l’attentat à la bombe à Oklahoma City qui tua 168 personnes et en blessa des centaines. Cette horreur engendrée par McVeigh était en représailles aux meurtres de 80 personnes, par le gouvernement fédéral, appartenant à la secte religieuse des Davidian dont le chef prétendait être Jésus-Christ.
L’Occident est aussi à l’origine d’organisations terroristes qu’il utilise dans des plans catastrophiques d’élargissement de son contrôle sur certaines parties du monde ou dans ses conflits avec d’autres grandes puissances. La Syrie en est l’exemple du jour. L’Europe était hypnotisée par l’idée d’être une humanité plus avancée intellectuellement, idéologiquement, technologiquement. Cette haine et cette envie de l’Europe dévore le cœur des musulmans. L’Occident évite aussi de reconnaitre ses fautes, visibles dans sa politique, ses interventions militaires, la déstabilisation de nations oppressées dont les citoyens deviennent de misérables réfugiés recherchant une place sûre pour y vivre.
Le monstre du terrorisme ne fait pas la différence entre musulmans et chrétiens, entre l’Occident et le Moyen-Orient, entre les pays développés ou pas, donc toutes les parties devraient se souvenir qu’elles partagent un intérêt commun. Si elles veulent vraiment détruire EI, elles ne pourront pas éviter une véritable coopération car l’alternative sera une destruction de masse. L’Occident devrait se souvenir qu’il n’a pu se débarrasser du nazisme que grâce à un travail collectif et à l’unification de tous ses peuples.
Article original publié par ahram.org
Traduit par Wayan, édité par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone