Un amiral russe :
Une claque de temps en temps ça remet les idées en place…


Chaque fois que les États-Unis testent les frontières russes, ils doivent être affrontés avec détermination


Par Vladimir Komoyedov – Le 10 septembre 2016 – Source Russia Insider

L’auteur est président du Comité de Défense de la Douma d’État [le parlement russe] et ancien commandant de la Flotte de la mer Noire.

Après une nouvelle déclaration du Pentagone sur les «manœuvres dangereuses et non professionnelles» d’un navire ou d’un aéronef d’un pays tiers à proximité des marins et des pilotes américains, qui «pacifiquement» violent les frontières russes, chinoises ou iraniennes, mes amis sont généralement indignés. C’est ce qui est arrivé récemment, lorsque l’avion de surveillance de la marine américain P-8A Poseidon a approché deux fois la frontière russe en mer Noire et a été intercepté par des chasseurs Sukhoi Su-27.

Les militaires américains ont tendance à mal se conduire, croyant qu’ils vont échapper à la punition. Parsemant le monde de stations de reconnaissance, d’interception et de systèmes d’écoute électronique, ils sont sûrs que, en tant que Big Brother, ils peuvent prendre la liberté de faire tout ce qu’ils veulent. Ils le font jusqu’à ce que quelqu’un leur explique en langage clair qu’ils ne doivent pas se conduire aussi mal, les dégrisant avec une claque à la face.

Beaucoup se souviennent de l’incident de l’avion espion U-2, piloté par Gary Powers, abattu au-dessus de Sverdlovsk en 1960. En 1988, la frégate russe garde-côte Bezzavetny a littéralement poussé le croiseur lance-missiles américain USS Yorktown hors des eaux territoriales soviétiques. Le Commandant en chef adjoint de la flotte de la mer Noire, le Contre-amiral Valery Kulikov, qui a pris une part directe dans cet incident comme second sur le Bezzavetny, m’a raconté l’histoire.

Le croiseur lance-missiles américain USS Yorktown et le destroyer Caron ont pénétré dans les eaux territoriales soviétiques au large des côtes de la Crimée, en utilisant la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer comme couverture pour leurs actions. Cette convention, qui dans des cas exceptionnels, permet le «passage inoffensif» de navires de combat transportant des armes dans les eaux territoriales des États riverains, a été signée mais non ratifiée par l’URSS. Le garde-côte Bezzavetny et une frégate soviétique SKR-6 sont allés intercepter les Américains, qui ont refusé de changer de cap, affirmant qu’ils ne violaient pas la loi et refusant de quitter les eaux territoriales de l’URSS.

Les commandants des garde-côtes ont commencé l’éperonnage du croiseur, le Bezzavetny le faisant à deux reprises. En conséquence, il a déchiré la coque du croiseur américain et sa chaîne d’ancrage, détruit la glissière de sécurité, a cassé le canot du capitaine et plusieurs lanceurs de harpons anti-navires. La collision a provoqué un incendie sur le croiseur, et il a dû quitter, en hâte, les eaux soviétiques.

Voilà comment les Américains ont essayé de nous tester au cours de ces années, mais nous ne sommes pas nés d’hier. Le premier lieutenant Kulikov se tenait derrière le barreur, prêt à le remplacer en cas d’urgence, mais le marin a tenu son rang. Avant l’éperonnage, le commandant a ordonné de porter les gilets de sauvetage, mais personne n’a obéi. L’équipage a simplement mis des sous-vêtements propres – comme le font traditionnellement les marins avant le combat.

Aujourd’hui les généraux américains, dont la mémoire est aussi courte que l’histoire de leur pays, continuent d’envoyer leurs navires et aéronefs à nos frontières en se conduisant mal.

Et nous avons encore une fois à leur expliquer que cela ne se fait pas.

Vladimir Komoyedov

Article original paru dans Izvestia – Russian daily news

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