Par Moon of Alabama − Le 26 septembre 2019
Cette « enquête pour destitution », une très mauvaise idée qu’est, prend de l’ampleur avec la déclassification et la publication de la plainte des dénonciateurs (pdf) qui est à l’origine de cette affaire.
Elle montre ce qui était déjà publiquement connu avant même que l’appel téléphonique entre Trump et le président ukrainien Zelensky ne soit publié.
Au cours de l’enquête Mueller, alors toujours en cours, Rudi Giuliani, en tant qu’avocat privé du président Trump, a tenté de trouver des informations qui, espérait-t-il, démentiraient les allégations de collusion entre Trump et la Russie.
On savait déjà que des personnes liées à l’Ukraine ainsi que des responsables ukrainiens avaient participé au Russiagate et cherché à influencer la campagne électorale:
Des responsables du gouvernement ukrainien ont tenté d'aider Hillary Clinton et de saper Trump en remettant publiquement en question son aptitude à exercer ses fonctions. Ils ont également diffusé des documents impliquant un haut responsable de l’entourage de Trump dans des affaires de corruption et ont suggéré qu'ils enquêtaient sur cette affaire, avant de faire marche arrière après les élections. Et ils ont aidé les alliés de Clinton à rechercher des informations préjudiciables sur Trump et ses conseillers, selon une enquête de Politico.
Jusqu’où vont ces implications ? Y a-t-il des sources ukrainiennes dans le montage du dossier Steele ?
Il y avait aussi l’étrange fait que trois semaines à peine après le coup d’État de 2014 en Ukraine, auquel Joe Biden, alors vice-président américain, a participé activement, le fils de Joe Biden, Hunter, a commencé à recevoir plus de 50 000 $ par mois pour siéger au conseil d’une société gazière ukrainienne alors qu’il ne connaissait ni le secteur du gaz ni l’Ukraine.
Le Procureur général de l’Ukraine de l’époque, M. Lutsenko, l’avait annoncé dans un article de The Hill, publié en avril.
Giuliani espérait que l’Ukraine enquêterait sur ces deux questions et trouverait des faits qui pourraient aider à disculper Trump. Il en a ouvertement parlé dans plusieurs apparitions télévisées et interviews, depuis au moins mars 2019.
Le 24 juillet, l’enquête Mueller sur Russiagate s’est terminée. Le 25 juillet, Trump a eu une conversation téléphonique avec Zelensky, au cours duquel il a légèrement insisté pour que l’Ukraine poursuive ses enquêtes sur ces deux questions, sur la participation de l’Ukraine au Russiagate et sur le cas de Hunter Biden. Zelensky a répondu qu’il le ferait. Ce dernier a déclaré plus tard qu’il trouvait cet appel téléphonique « normal ».
Le dénonciateur, vraisemblablement une personne de rang moyen ou supérieur au sein de la CIA, est préoccupé par le fait que la demande de Trump à Zelensky pose un « problème grave ou flagrant, un abus ou une violation de la loi ou de l’ordre exécutif », pour justifier sa dénonciation.
Les démocrates au Congrès feront des revendications similaires. Mais il y a des raisons de voir les choses tout à fait différemment.
Le procureur général Barr a ouvert une enquête sur les origines de ce montage qu’était le Russiagate. Une enquête sur le terrain en Ukraine pourrait certainement aider à trouver des preuves prouvant ou réfutant l’implication ukrainienne dans cette affaire.
Biden s’est publiquement vanté d’avoir fait chanter le président ukrainien de l’époque, Porochenko, pour qu’il licencie le procureur général ukrainien, Shokin. Ce dernier avait à l’époque une affaire en cours contre le propriétaire de la société ukrainienne qui rémunérait le fils de Biden. L’intervention de Biden sent la corruption ou du moins l’ingérence indue d’un fonctionnaire américain pour des raisons personnelles.
Trump peut raisonnablement soutenir que les enquêtes menées en Ukraine sur ces deux questions sont dans l’intérêt public américain.
Les responsables ukrainiens se sont-ils ingérés dans les élections de 2016 en créant ou en amplifiant le montage du Russiagate et en soutenant la campagne Clinton ? L’ingérence présumée de la Russie dans les élections a été prise très au sérieux. Pourquoi ne serait-ce pas le cas pour une ingérence ukrainienne ? Joe Biden a-t-il utilisé son influence pour que son fils, non qualifié, obtienne un emploi bien rémunéré en Ukraine ? A-t-il utilisé ses pouvoirs officiels de vice-président au profit de l’employeur de Hunter Biden ?
Le public américain a-t-il intérêt à connaître les réponses à ces questions ?
S’il a un tel intérêt, pourquoi le président ne chercherait-il pas à pousser le président ukrainien à enquêter sur ces questions ?
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone