Sergey Glazyev:
L’effondrement prochain du système financier

Par Sergey Glazyev – Le 3 février 2015 – Source: FortRuss

Sergey Glazyev

 

Les USA vont mener la bataille jusqu’au dernier Ukrainien.

Un signe de l’effondrement prochain du système financier américain est la crise de la dette nationale des Etats-Unis. Vous pouvez constater que cette dette augmente de façon exponentielle. N’importe quel mathématicien qui examine ce graphique affirmera que le système est entré dans une phase critique et se trouve en danger d’autodestruction.

Le modèle américain est encore fort. Les Américains dominent les marchés financiers avec une part de 70% environ des transactions financières. Disposant de la faculté d’émettre à souhait la devise mondiale, ils financent une grande partie des dépenses militaires, étant à l’avant-plan dans la course aux armements. Plus de la moitié des dépenses militaires dans le monde émanent des Etats-Unis et deux tiers de celles-ci regroupent les pays membres de l’OTAN.

Du point de vue des dynamiques technologiques et institutionnelles de long terme, nous connaissons une période très dangereuse. Il s’agit d’une période de changement des types de reproduction du capital, des cycles d’accumulation, de formation d’un nouveau noyau de développement économique.

Cela pourrait s’appeler un cœur du capitalisme, bien que le modèle chinois combine des mécanismes sociaux et capitalistes d’organisation et de reproduction du capital. Malheureusement dans les années quatre-vingt dix, nous avons tenté de reproduire un ancien modèle de reproduction du capital ; nous avons essayé de copier le modèle américain et le résultat est un désastre. Si seulement nous avions suivi le modèle qui a été choisi par les Chinois, comme le proposait l’Académie russe des sciences… Les Chinois ont mis en œuvre bon nombre des idées de nos scientifiques, les plus talentueux d’entre eux ayant passé beaucoup de temps en Chine dans les années quatre-vingt dix où ils ont enseigné la façon d’élaborer une économie de transition.

En lieu et place de nos scientifiques, nous avons suivi les propositions de Jeffrey Sachs [économiste américain né en 1954, actuellement consultant spécial du secrétaire général des Nations unies, et auteur de la thérapie de choc comme solution aux crises économiques vécues en Bolivie, en Pologne et en Russie, provoquant dans ce dernier pays 3,2 millions de victime (source Wikipedia)] et de ce genre d’opportunistes qui imposent le modèle américain faisant de la Russie un avant-poste éloigné de l’économie mondiale. Aujourd’hui, le modèle américain entre dans une phase d’autodestruction, ce qui est très dangereux. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’exceptions aux cycles communs d’accumulation. Nous sommes véritablement à la veille d’une guerre globale. Cette tendance d’une guerre mondiale est conditionnée par de profondes dynamiques de mutations des technologies institutionnelles.

Indubitablement, les Etats-Unis vont mener la bataille pour leur leadership jusqu’au dernier Ukrainien, comme ils le disent maintenant. Ce n’est pas par hasard qu’ils ont choisi l’Ukraine comme outil d’attaque de l’Europe et de la Russie. Déclencher une guerre mondiale est nécessaire pour les Américains en vue de préserver leur hégémonie dans le monde à travers un contrôle renforcé sur l’Europe. Il s’agit de lui imposer le Traité de libre échange transatlantique, d’établir un contrôle sur la Russie et le Moyen-Orient, élargissant de la sorte leur avantage concurrentiel dans la bataille pour le leadership avec les pays asiatiques.

Cette guerre est vouée à l’échec. Bien que le Japon demeure un pays occupé, malgré tous les obstacles que les Américains tentent de générer dans les relations sino-japonaises, le capital japonais va très rapidement fusionner avec le système de production chinois.

Nous devons comprendre que ces convulsions, que nous voyons à Washington, du point de vue du développement mondial, n’autoriseront pas les Américains à conserver le leadership, mais présentent un grand danger pour nous, parce qu’ils démarrent une guerre en Europe, contre nous.

Nous sommes la principale victime de cette guerre aujourd’hui, et il n’y a pas de raison de croire que cela cessera dans les années à venir.

Sergey Yurievich Glazyev

Sergey Yurievich Glazyev est un home politique et économiste russe, membre à part entière de l’Académie russe des sciences depuis 2008. Il a été ministre en 1993, membre de la Douma d’État de 1993 à 2007 et candidat à l’élection présidentielle en 2004. Glazyev est le cofondateur du parti Rodina (Patrie)

Traduit par L40, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

Commentaire du traducteur

L’analyse de Glazyev est amplement partagée par le traducteur selon lequel le retenue extraordinaire de la Russie face aux provocations graves, car injustifiables, de la part de l’Occident (en particulier l’Europe des Lumières), peut se comprendre par le fait que les dirigeants russes tablent sur l’imminence d’un effondrement financier et économique d’une ampleur sans précédent, qui accablera principalement et fondamentalement les USA. Ce que ceux-ci tentent d’endiguer en essayant de justifier une guerre totale mondialisée dirigée contre l’ennemi numéro 1: la Russie du président Poutine.

   Envoyer l'article en PDF