Qui sont les déplorables ?


L’accueil réservé par les médias US au cadeau offert en 2006 par la Russie pour commémorer le 9/11 révèle le fossé entre le peuple américain et son État


La Larme du Chagrin Le don de la Russie aux États-Unis, un monument de dix étages honorant les victimes du 9/11

«Nous pourrions aussi bien être dans un cauchemar, une tragédie grecque collective et sans fin où les héros sont méchants et vice-versa. Quelque chose que j'étais en train d'étudier aujourd'hui a ramené à ma conscience ce trucage de la réalité – comment un grand cadeau, que nous a offert le peuple russe, dévoile l'aspect artificiel de nos divisions. Le mémorial de la Larme du Chagrin est une icône de l'amitié, en titane, bronze, nickel et marbre et une oblation humaine accueillie par les crachats de nos élites.» – Phil Butler

Phil Butler

Par Phil Butler – Le 20 septembre 2016 – Source Russia Insider

Depuis plus de trois ans je m’inquiète pour mon peuple. Une ombre plane aujourd’hui sur l’Amérique, l’endroit où j’ai grandi. Cette ombre est un présage inquiétant, invisible pour beaucoup, et que la plupart des gens sont réticents à reconnaître. Les citoyens de mon pays sont complètement isolés et séparés de ceux qui les gouvernent. Je raconte ici, dans une courte histoire, la façon dont l’Amérique est sur le point de disparaître.

Les États-Unis sont profondément divisés le long de lignes socio-économiques, mais surtout dans les domaines où le gouvernement du peuple est concerné.

Alors que la plupart des gens ont compris cela depuis un certain temps, avoir le ressort nécessaire pour agir en quoi que ce soit sur ce sujet est une autre affaire.

Le récent trucage d’une convention démocrate par le DNC est la preuve que le gouvernement n’est pas propre sur lui, mais les gens restent encore immobiles, debout les bras croisés. Nos politiques – intérieure et extérieure – sont des désastres. Le monde nous hait de plus en plus. Et des millions souffrent sous les yeux de leurs compatriotes à l’intérieur des États-Unis. Nous le savons tous instinctivement ou concrètement, mais nous choisissons de regarder ailleurs. Nos dirigeants, nos médias, nos multinationales sont en train de détruire ce qui était autrefois l’Amérique, et le monde qui nous entoure. Et ils appellent leurs efforts un progrès. Le mensonge est devenu la vérité.

Depuis que les États-Unis ont orchestré le coup d'État à Kiev en février 2014, j'ai compris que le spectre de la guerre planait sur le monde. 

Donc, dans les mois et les années qui ont suivi, j'ai pris le parti de la modération. J'ai essayé d'extraire la vérité de mille rapports, enquêtes, recherches dans plus de 100 000 médias ou sources académiques, d'interroger ou de communiquer avec les principales personnes impliquées dans le conflit. 

Mon périple a commencé par une série de rapports sur les politiques antisportives visant les Jeux olympiques d'hiver en Russie à Sotchi en ce même mois de février [celui du putsch à Kiev, NdT]. 

Un jour Russia Today m'a contacté pour une interview surprise, j'ai été étonné par l'agressivité incroyable de Barack Obama et des médias occidentaux contre les Jeux olympiques et Vladimir Poutine. Les mensonges et la diffamation qui ont suivi ont été sans précédent. 

Mais toute l'affaire était – comme je l'ai appris plus tard – une partie d'un plan plus vaste pour mettre la Russie à genoux. Euromaïdan et les torrents de boue sur Sotchi ont été orchestrés pour humilier la Russie, et mettre Vladimir Poutine sur la défensive quand il était concentré pour bien faire.

Le reste sera catalogué dans l’un des volumes les plus étranges de l’histoire humaine jamais écrit, je n’en doute pas. Le niveau de mensonges, de tromperie, et de désinformation diffusé aujourd’hui est au-delà de la croyance normale.

Nous pourrions aussi bien être dans un cauchemar, une tragédie grecque collective et sans fin où les héros sont méchants et vice versa. Quelque chose que j’étais en train d’étudier aujourd’hui a ramené à ma conscience ce trucage de la réalité – comment un grand cadeau, que nous a offert le peuple russe, dévoile l’aspect artificiel de nos divisions. Le mémorial de la Larme du Chagrin est une icône de l’amitié, en titane, bronze, nickel et marbre et une oblation humaine accueillie par les crachats de nos élites.

Certains de ceux qui lisent cet article ont peut-être vu Facebook partager la façon dont la Russie était le seul pays à offrir un tel monument pour nous consoler du 9/11. Vous pouvez également vous être demandé comment il se fait que c’est un post sur Facebook qui vous a informé des condoléances de la Russie. Un de mes amis a partagé la Larme du Chagrin avec moi l’autre jour. Il m’a demandé : «Phil, comment ça se fait qu’on ne savait rien à ce sujet ?» Le nom de mon ami est Bobby Mallard, c’est un camarade de lycée, donc il ne prendra pas ombrage de ce que je dis. J’ai répondu à Bobby que c’était parce que nos dirigeants ne peuvent pas supporter de voir les gens réviser leur histoire, à quoi il a répondu :

C’était un mensonge pour que les politiciens et les fournisseurs d’armes puissent faire des profits même après les années de la guerre froide. Je suis juste étonné de voir à quel point nos vies sont contrôlées par les médias.

Bobby a toujours été un bon gars, quelqu’un qui aimait les voitures. Il est maintenant dirigeant d’une grande concession automobile en Géorgie, pas trop loin de l’endroit où nous avons grandi. Il est peut-être le meilleur exemple que je puisse donner d’un Américain décent, travaillant dur, qui s’éveille au fait que nous sommes dans le pétrin. Ce que Bobby a peut-être déjà découvert, c’est la profondeur et l’horreur de l’histoire de ce présent que le peuple russe nous a fait.

Alors laissez-moi vous la raconter.

Cette sculpture d’une hauteur de dix étages, créée par Zurab Tsereteli, a été donnée aux États-Unis comme cadeau officiel du gouvernement russe au titre d’un mémorial aux victimes des attentats du 11 septembre 2001 et du 26 février  1993 contre le World Trade Center. La larme en nickel placée en son centre est un rappel obsédant des larmes versées par le pays après la destruction ignoble de l’essence de notre nation sûre et sécurisée. Après 9/11, tout a changé, vous le savez. Il peut également vous intéresser de savoir que c’est Vladimir Poutine, en 2006, qui a assisté à l’inauguration officielle de ce monument de la bienveillance et de l’amitié. Mais cette ironie est négligeable par rapport à ce que je vais vous dire.

Non seulement les Américains n’ont pas été informés de ce geste magnifique, mais la ville de New Jersey a, au départ, refusé l’offre. Un ami puissant, au delà de l’océan, a voulu rappeler sa solidarité, et le New Jersey a refusé ! Et ceci au nom de tous les Américains ! Enfin, le monument a été mis à son emplacement actuel à Bayonne, à environ cinq miles à vol d’oiseau du lieu où les tours jumelles se trouvaient autrefois.

Restez avec moi, l’insulte et la blessure empirent.

Après que le monument la Larme du Chagrin fut dévoilé, les médias américains ont commencé leur combat soit pour ignorer le don, soit pour critiquer ou dénigrer le geste et l’œuvre d’art. Maintenant lisez-ça, le titre de Fox News : «On craint que des noms sur le monument au 11 septembre du New Jersey ne soient faux» – car certaines des plaques de marbre portaient des noms erronés. D’autres médias ont injurié les Russes pour avoir créé un monstre aussi laid. Le Foreign Policy Magazine a dit que c’était «l’une des plus laides statues du monde», tandis que Pro Arts Jersey City l’a qualifié de «pièce auto-agrandissante, insensible et pompeuse, par l’un des plus flagrants auto-propagandistes du monde». Les médias et nos dirigeants ont été sévèrement désobligeants – pour parler gentiment – insensibles et emphatiques contre une marque réelle d’attention. Je sais que certains d’entre vous me ressentent maintenant, mais attendez.

Les maigres histoires à propos de ce geste rare de la Russie, en 2006, peuvent maintenant être examinées objectivement. Lorsque le New York Times ou le Washington Post ne parviennent pas à rendre compte de ce qui se passe de l’autre côté de la bande de Gaza, en Syrie, en Ukraine ou en Libye maintenant, nous pouvons résumer en conclusion que la désinformation et la propagande concernent aussi ce qui est «NON» dit. Les Américains n’ont aucune idée de la profondeur de la gentillesse et des bonnes intentions que les Russes ressentent pour eux. Tout ce que savent la plupart des gens est que la Russie est agressive ! Que Poutine est un homme fort ! Et que Obama est bon. C’est tout.

Maintenant, le plan est de changer le monument de place ! Oui, il se trouve que suite au climat des relations Amérique-Russie, à la nécessité commerciale de récupérer le terrain sur lequel se dresse le monument, il est fait appel à mettre mémorial ailleurs. Hoboken peut-être ?

Mais voici la conclusion que vous attendiez.

Lorsque le magazine Foreign Policy rabaissait ce geste monumental, devinez ce que le peuple américain qui a visité le lieu avait à dire ? Monsieur Tout-le-Monde qui visite le site, dit que le monument est une «création à couper le souffle», ou qu’il est «incroyable et significatif», les visiteurs du parc sont stupéfaits de la façon dont l’artiste Zurab Tsereteli a capturé l’ampleur de la douleur. Et devinez quoi d’autre ? Même Robert Captain Bob Terzi, de Bayonne, un chauffeur de taxi, a lancé une pétition pour lutter contre le déménagement du monument.

Oubliez que les fonctionnaires se sont battus pour installer le geste singulier de la Russie dans le trou du cul de New York. S’il vous plaît ignorez TOUS nos médias qui ont tenté de dissimuler le cadeau. Mais rappelez-vous qu’un peuple dont nos dirigeants font maintenant d’ignobles méchants [les Russes, NdT] , un peuple dont le dirigeant est ridiculisé chaque jour par nos médias-laquais, a su donner lorsqu’il était important de le faire.

Pensez à la façon dont nous sommes divisés, avec notre presse et le gouvernement d’un côté, de l’autre les gens décents et bienveillants. Je vous laisse avec vos pensées maintenant, mais considérez une dernière chose. Aucun drapeau russe n’a orné les profils américains de Facebook, la Maison Blanche n’a pas pleuré quand les Russes ont été massacrés en vol par des terroristes en Égypte. Il n’y a pas pour eux de mémorial en marbre, bronze et nickel [offert par les Américains, NdT]. Tout ce que nous leur offrons est venin, colère et ignorance.

Phil Butler

Article original paru dans New Eastern Outlook

Traduit et édité par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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