Qui a pris mon Xanax ?


James Howard KunstlerPar James Howard Kunstler – Le 12 janvier 2017 – Source kunsler.com via dedefensa.com

La panique morale de la « Résistance » est de retour en mode Defcon 1 du jour au lendemain, juste au moment ou l’orgasme de justice des Golden Globe Awards commençait à s’estomper. La question occasionnelle de M. Trump à un couple de sénateurs concernant la politique d’immigration – « Pourquoi voulons-nous que toutes ces personnes viennent de ces pays de merde ? » – a activé le bouton « racisme » au Centre opérationnel de la Résistance et CNN a organisé une autre de ces campagnes d’anxiété orchestrée dont il a perfectionné le modèle au cours l’année précédente.

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Dans ce cirque à trois anneaux d’offense perpétuelle, d’indignation et d’alarme, l’attention sur les souffrances alléguées des actrices de cinéma est aussitôt passée à un autre groupe catégorisable de victimes du panthéon démocrate-progressiste des minorités opprimées : les immigrants potentiels de couleur. L’animosité vulgaire du président confirme le constat selon lequel au moins la moitié du pays est une foule déchaînée qui ne pense qu’à pratiquer le lynchage.

Bien sûr, la caractéristique la plus intéressante de cet air du temps névrotique est la dynamique de déplacement, parmi la gauche politique, des tentatives d’affirmation de sa vertu effrénée, de façon à distraire l’attention générale de ses propres émotions sombres et honteuses concernant la réalité de la culture américaine. En tant que membre de la génération du Baby Boom et (ex)-progressiste de l’Upper East Side de Manhattan, je peux vous assurer par expérience directe que ce groupe a, au mieux, des sentiments ambigus sur les ordres inférieurs de l’humanité – « Grand Dieu miséricordieux, a-t-il vraiment dit cela ? » – et, dans le pire des cas, un réel et irrépressible mépris pour ces classes, qui implique la probabilité d’une catastrophique déroute de leur vertu morale.

La remarque de M. Trump soulève une autre question intéressante qui n’a pas fait l’objet de beaucoup d’attention et de la moindre d’analyse dans le désordre échevelé de cette dernière panique en date, à savoir : jusqu’à quel point notre propre pays est justement, ces jours-ci, un « pays de merde » ? Je serais conduit à reconnaître, contrairement à la narration mollassonne des temps de la prospérité, que les États-Unis fonctionnent visiblement autour de cette sorte de canalisation dans à peu près tous les domaines qui comptent. Sauf pour les centres de financiarisation – New York, Washington, San Francisco – la plupart de nos villes sont des épaves laissées à la dérive ; même San Francisco d’ailleurs, dont les visiteurs courants vous diront que l’endroit est littéralement un « trou à merde » du fait notamment de l’armée des sans-abris qui occupent ses rues et qui, par définition, n’ont pas de salles de bains.

Nos banlieues effroyables, où tant d’anciens Américains de la classe moyenne sont maintenant abandonnés dans la dette, le désespoir et l’aliénation civique, n’ont plus aucune chance de figurer comme un environnement acceptable pour une vie normale. Elles ont été si mal conçues à l’origine que leur inéluctabilité pour conduire à la ruine ses habitants constitue une saga épique et tragique qui étonnera les historiens de l’avenir, rassemblés autour de feux de camp avec les opossums rodant autour d’eux.

Toutes les activités importantes dans ce pays ont été converties en rackets odieux, par lesquelles je veux désigner naïvement des escroqueries organisées, en particulier les deux secteurs qui se caractérisaient par le passé comme ne faisant aucun mal (la médecine) et cherchant la vérité (l’enseignement). Tout ce que nous faisons est infecté par le simulacre machiné et le mensonge, y compris les médias d’information ; la loi ; les banques ; le gouvernement ; le commerce de détail et j’en passe. Nous vivons dans une culture de fraude omniprésente, dans laquelle les autorités organisent des opérations de pillage et de dépouillement sans aucune retenue.

Il y a certainement des dynamiques et des cycles dans l’histoire, et l’une de ces forces implique la capacité d’une société à se comprendre. Parfois, une culture est assez forte pour permettre un haut niveau de conscience collective. Au contraire, une culture est parfois trop fragile ou épuisée, ou malade, pour permettre de se maintenir même aux niveaux les plus bas de la conscience de soi. Nous sommes à un point bas du cycle, plongés dans des fantasmes d’affrontements et de narcissisme. Le résultat final est que nous ne savons pas ce que nous faisons ni pourquoi nous faisons ce que nous faisons.

Le dilemme de l’immigration demeure, avec ses questions difficiles. Et si la culture américaine commune n’était pas assez puissante pour qu’une personne étrangère puisse l’assimiler et s’intégrer ? Sommes-nous obligés d’accueillir tout ceux dans le monde qui veulent quitter leur pays ? Est-ce que nous nous soucions de la façon dont les gens arrivent ici, ou comment ils se comportent une fois qu’ils sont ici ? Est-ce que les choses avancent toutes seules, est-ce que rien n’a d’importance ?

James Howard Kunstler

Traduit par dedefensa, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

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