Quelles sont les prochaines étapes de Poutine en Ukraine ?


Par Tom Luongo – Le 2 Mars 2022 – Source Gold Goats ‘N Guns

La semaine dernière, j’ai écrit que le président russe Vladimir Poutine avait réécrit les règles du jeu géopolitique. Une semaine après le début de sa campagne visant à officiellement “démilitariser et dé-nazifier l’Ukraine” , il est clair pour moi que les ambitions de Poutine vont bien au-delà de cet objectif déclaré.

Il s’en tiendra toutefois à ce scénario jusqu’à ce que cette partie de la campagne soit terminée.

Aujourd’hui, je veux commencer à esquisser la prochaine étape et, pour ce faire, nous devons décrire où nous en sommes.

En examinant les rapports les plus crédibles (et en faisant abstraction de tout esprit partisan), nous constatons une neutralisation complète et effective des Forces armées ukrainiennes (FAU) qui ne sont plus en mesure de tenir aucune des zones à dominante ethnique de l’Ukraine.

Dans un post pour mes mécènes le 25 février, en réponse à un excellent article d’Alistair MacLeod, j’ai écrit ce qui suit :

MacLeod : Les deux parties ne savent probablement pas à quel point le système bancaire de la zone euro est fragile, la BCE et les banques centrales nationales actionnaires ayant déjà un passif supérieur à leur actif. En d’autres termes, la hausse des taux d’intérêt a brisé le système de l’euro et une catastrophe économique et financière sur son flanc oriental déclenchera probablement son effondrement.

 

Cela fait maintenant 3 ans que j’ai lancé l’alerte. Si les États-Unis et l’OTAN répondent par une sorte de guérilla pour faire de l’Ukraine un nœud coulant autour du cou de Poutine, comme nous devons nous y attendre, alors l’Europe aura de gros problèmes financiers.

 

Parce que la guerre financière continuera de s’intensifier à mesure que Poutine répondra militairement. Rappelez-vous, il a ouvertement menacé les “décideurs” . Et aucune désinformation hypocrite de la CIA/MI6 ne le dissuadera plus d’agir.

 

C’est ce que j’ai toujours voulu dire par “les barbouzes commencent les guerres civiles, les militaires les terminent”. Ce n’est plus une Guerre pour l’Ukraine.

Je le crois toujours. Ce n’est pas une guerre pour l’Ukraine, c’est une guerre pour l’avenir du monde entier. L’Ukraine représente la colline sur laquelle le Davos et la Russie ont choisi de vivre ou de mourir.

Le gambit de l’Afghanistan

Le Davos a refusé de laisser le président Zelensky se rendre, car s’il le fait, il n’y a légalement plus le prétexte de la guerre pour sanctionner la Russie. Ce ne serait alors plus la Guerre de Poutine mais un conflit réglé et des conditions négociées.

À ce moment-là, ce qui resterait de l’Ukraine pourrait être découpé en morceaux. Il est bien trop tôt pour que cela se produise, vous verrez donc des promesses constantes de pourparlers de paix, mais ce ne sera que pour apaiser les craintes des marchés financiers sur lesquels le Davos a le plus de contrôle.

L’objectif principal de la guerre de l’information menée par l’Occident est de pousser les marchés financiers aussi loin que possible en sa faveur, en maintenant les choses dans les limites de l’ “acceptable” pour éviter toute douleur à court terme. L’or est donc encore en dessous de son plus haut niveau historique, ce qui est tout simplement risible.

Cela dit, dans ce même article, j’ai mis en place cette carte d’une future Ukraine qui, selon moi, serait en vigueur d’ici la fin de l’année. Mais nous sommes pris de vitesse par les événements.

Chernihiv et Sumy sont également en jeu, de même que Lviv comme monnaie d’échange avec la Pologne. Comme l’a récemment souligné le colonel à la retraite Douglas Macgregor sur Fox News, tout ce qui se trouve à l’est du Dniepr fera partie d’une nouvelle Novorussie, voire de la Fédération de Russie.

Il est clair que la partition de l’Ukraine est l’objectif initial de Poutine. Il a agi militairement, l’UE et le reste de l’Occident ont répondu financièrement. Ils espèrent transformer l’Ukraine en un bourbier, à l’image de l’Afghanistan (d’après les récentes remarques d’Hillary Clinton), un bourbier que la Russie ne sera pas en mesure de soutenir après avoir été étouffée par l’économie globaliste.

Le régime de sanctions financières mis en place jusqu’à présent est brutal, mais il présente également plusieurs failles permettant à Poutine de manœuvrer en raison de la domination de la Russie qui est un fournisseur mondial de produits de base vitaux pour le monde entier.

Il s’agit d’une guerre asymétrique.

L’Occident ne peut pas aller beaucoup plus loin sur le plan financier. Ils ont saisi les actifs étrangers de la Banque de Russie, quelle surprise. De quelles autres armes disposent-ils réellement dans leur arsenal pour menacer la Russie ?

Ils ont, en fait, exécuté leur première frappe nucléaire contre la Russie. Une fois que vous avez utilisé le nucléaire, qu’est-ce qui vous reste ensuite ? Les vraies armes nucléaires ? Oui, c’est une possibilité, malheureusement, étant donné les personnes dont nous parlons.

D’un autre côté, la Russie n’a jusqu’à présent engagé que les troupes nécessaires pour neutraliser l’Ukraine. Donc, à cet égard, gros avantage à la Russie.

Les faits sur le terrain sont parlants. La Russie a pris un territoire qu’elle peut conserver. En ne ciblant pas les civils ou les infrastructures civiles, la Russie s’est mise dans une très bonne position pour éviter d’être confrontée à une insurrection insensée que l’Occident pourrait financer comme dans les conflits passés.

Une grande partie des actifs de l’OTAN dans le pays a été neutralisée. Et on le sait parce que la propagande et la rhétorique ont été si grossières, caricaturales et bruyantes. Encore une fois, demandez vous pourquoi la guerre financière et informationnelle a été si intense ?

Est-ce parce que l’Occident pense qu’il est en train de gagner ou parce qu’il essaie désespérément de mobiliser les populations nationales et les encourager à la solidarité après avoir perdu considérablement de sa crédibilité au cours de l’année écoulée avec les confinements liés au COVID-19, les passes vaccinaux et le démantèlement de pans entiers de la société occidentale ?

Le véritable chaudron russe

Maintenant, posons la prochaine question qui revient sans cesse.

Pourquoi Poutine n’a-t-il pas coupé le gaz à une Europe qui s’épuise rapidement ?

Parce que cela viserait les populations civiles. S’il ne vise pas les civils en Ukraine pour minimiser leur colère d’être envahis, alors pourquoi utiliserait-il cette arme maintenant contre les civils en Allemagne qui détiennent la clé pour renverser les politiciens et oligarques fous qui ont provoqué cette guerre en premier lieu ?

Cela n’aurait aucun sens stratégique. Cela témoigne également d’une certaine confiance dans la position militaire de la Russie en Ukraine, donnant ainsi du crédit aux rapports selon lesquels la Russie atteint ses objectifs stratégiques sur le terrain en Ukraine.

Bon, c’est l’essentiel.

Alors, quels sont les véritables objectifs de Poutine ? Comme je l’ai dit au début, rien de moins que de briser les reins du Davos et de ses agents aux États-Unis et au Royaume-Uni qui ont tourmenté la Russie pendant plus d’un siècle.

Comment atteint-il cet objectif ?

Poutine crée des faits incontestables auxquels ses adversaires doivent répondre. Là encore, il donne le tempo opérationnel, comme je l’ai dit la semaine dernière.

Leurs contre-attaques sont insipides et prévisibles. L’Ukraine a demandé à être admise dans l’UE. L’UE est ouverte à cette demande. La Géorgie fait maintenant la même chose. La Turquie est livide. La Hongrie ne s’implique pas.

Personne n’est prêt à envoyer des armes à l’Ukraine.

Qu’est-ce que l’UE obtient en ajoutant l’Ukraine ? Pense-t-elle que le fait de signer un morceau de papier avec une personne qui n’est de facto pas responsable de son pays va changer les faits sur le terrain ?

Pensent-ils encore que la devise “coup de crayon, loi du pays, plutôt cool” compte à ce stade ?

Parce que si l’UE accepte l’Ukraine dans ses rangs, c’est elle qui sera responsable de la prochaine étape de l’escalade, et non Poutine. Elle devra alors trouver un moyen de chasser les Russes de leur territoire.

Hier soir, le président a fait de l’Ukraine l’objet de tout l’État de l’Union des États-Unis. Pensent-ils vraiment qu’un président dont le taux d’approbation est, au mieux, de 37 %, est capable de mobiliser les États-Unis pour mener une guerre pour l’Europe contre la Russie après nous avoir ruinés avec l’OTAN pendant trois générations ?

Si c’est le cas, ils sont encore plus délirants que ce que je pensais.

L’OTAN est-elle prête à s’étendre maintenant à l’Ukraine sous le parapluie de l’adhésion à l’UE ? Si c’est le cas…

Ce qui est évident pour moi, c’est que les néocons et les néolibéraux qui contrôlent l’Occident pensent qu’ils peuvent faire de l’Ukraine un bourbier pour Poutine, mais qu’en sera-t-il si Poutine pense qu’il peut faire de l’Ukraine un bourbier pour eux ?

La Russie n’est pas capable de conquérir l’Europe. Mais elle n’en a pas besoin pour la vaincre. Il lui suffit de créer une version de la carte que j’ai postée ci-dessus.

Les limites des guerres d’argent

Si Poutine et la Russie ont atteint, ou sont sur le point d’atteindre, tous leurs objectifs militaires en Ukraine, que font-ils pour garantir ces gains ?

Ils doivent neutraliser la guerre financière menée contre eux et créer un environnement dans lequel l’Europe dépense de l’argent qu’elle n’a pas, avec un capital politique défaillant au niveau national, et la mettre complètement en faillite.

Et la première mesure en ce sens vient d’être annoncée par le ministère russe des finances aujourd’hui (VPN et traducteur Deepl translator nécessaires).

Traduction

Le ministère des Finances de la Russie soutient l’initiative des députés de la Douma de supprimer la TVA sur les métaux précieux pour les citoyens 02.03.2022 10h40

Aujourd’hui, lors de l’achat d’un lingot d’or dans une banque, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) des marchandises est payée au taux de 20 %. L’opération inverse – la vente du lingot à la banque – n’implique pas la restitution de la TVA payée, ce qui rend les transactions sur l’or peu rentables pour les citoyens.

“Dans le contexte d’une situation géopolitique instable, investir dans l’or serait une alternative idéale à l’achat de dollars. La monnaie américaine est plus volatile, sujette à toutes sortes de risques. Pour cette raison, elle ne peut être un concurrent digne de ce nom pour les métaux précieux”, a déclaré le ministre russe des finances, Anton Siluanov.

Le cours de l’or est soumis à des fluctuations à court terme, mais à long terme, les investissements montrent leur rentabilité.

À cet égard, le ministère russe des Finances a rédigé une conclusion positive au projet de loi élaboré par les députés de la Douma, suggérant l’abolition de la TVA sur l’or pour les particuliers.

Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie simplement que la Russie a maintenant, en fait, commencé la remonétisation de l’or à des fins domestiques. En supprimant la TVA sur les achats d’or, les citoyens russes peuvent désormais compenser leur risque de change par de l’or et stabiliser la situation monétaire nationale.

La première étape pour contrer la guerre financière menée par l’Occident consiste à permettre à la population nationale d’être immunisée contre les effondrements de sa monnaie provoqués par des acteurs étrangers qui retirent des capitaux du pays. Les entreprises qui font du commerce international ont désormais la possibilité de détenir des crédits à terme, beaucoup moins volatils que le rouble, sans être pénalisées. L’or devient la monnaie du commerce international de la Russie.

C’est le début du processus de retrait de l’or physique du marché mondial et c’est le début de la fin du contrôle de son prix par les systèmes de Ponzi que sont le COMEX et la LBMA.

Il s’agit d’une première étape dans le rétablissement de la confiance dans le système bancaire russe plutôt que dans ce que nous voyons en Occident, à savoir l’assaut rituel contre la vie privée, la création de richesses et la valeur de notre travail, qui se dégrade rapidement grâce à l’inflation qui fera bientôt des ravages car tous les marchés de l’énergie et des matières premières sont effrayés par la guerre financière du Davos contre la Russie.

Comme Luke Gromen l’a souligné sur Twitter, c’est le grand signal que le système des pétrodollars se dirige vers les poubelles de l’histoire.

Traduction :

Défaut d’imagination, ou hubris occidental.

Autre point de vue : La Russie commencera bientôt à démontrer en termes très clairs que dans le système du pétrodollar, c’est la partie “pétro-” qui est la vraie valeur, et non la partie “-dollar”, par le biais du prix ou des pénuries, ou des deux.

En réponse à ce tweet de Chris Georgiadis : La Russie considère ses actifs comme précieux.

Le marché mondial du pétrole étant en état de choc car personne ne veut se mettre en travers des sanctions américaines et/ou européennes contre l’énergie russe, le prix du pétrole pourrait atteindre des sommets. À ce moment-là, la réalité frappera enfin les maîtres de l’argent.

Ceux qui braveront la tempête obtiendront leur pétrole à un prix fortement réduit, ceux qui ne le font pas paieront le prix fort, accélérant encore le déclin de ces économies alors que l’inflation devient incontrôlable et que les gens rejettent la faute, non pas sur Poutine, mais sur les responsables.

En outre, la Russie a maintenu les flux de gaz afin de s’assurer que l’argent continue d’affluer dans le pays pour financer une nouvelle expansion de ses réserves d’or.

Le choc actuel va s’atténuer. La Russie n’est pas l’Iran. Elle peut assurer sa propre flotte de pétroliers. Elle peut livrer le pétrole. Si l’Iran a pu survivre à ce que Trump lui a fait, la Russie peut prospérer sous ce nouveau régime, changeant tout le flux de capitaux dans le monde.

Maintenant, je veux porter votre attention sur les autres nouvelles qui corroborent encore plus le fait que le Davos et l’Europe sont piégés. Le président du FOMC, Jerome Powell, a déclaré aujourd’hui au monde que la Fed va encore augmenter de 25 points de base en mars. Bullard a déclaré que la Fed devait retirer ses mesures d’adaptation pour maintenir sa crédibilité.

En outre, Powell a blâmé la Fed et le Congrès pour l’inflation. C’est le résultat de trop de dépenses.

Powell a même lancé l’idée que le monde pouvait avoir plus d’une monnaie de réserve (!!). Pendant ce temps, Biden parle de relancer le Build Back Better et de nous envoyer sur la voie de la ruine financière.

La lutte entre le Davos et la Fed, que j’ai identifiée l’été dernier, est réelle, les amis. Cela laisse une Europe belliqueuse mais impuissante, prise entre le Scylla d’une Fed qui assèche l’approvisionnement mondial en dollars et le Charybde d’une armée russe capable de résister à tout ce que l’Europe lui envoie si les États-Unis ne s’impliquent pas, c’est-à-dire si cela ne devient pas nucléaire.

L’OTAN ne s’impliquera pas en Ukraine, même si l’Ukraine devient membre de l’UE. Ils pourront avoir la partie enclavée de ce qui reste. Si Poutine est intelligent, ce qu’il est, il offrira aux Polonais Lviv et à la Hongrie la Transcarpatie. L’UE obtiendra la lie.

Les gémissements et les grincements de dents des néocons/néolibs montrent clairement qu’ils veulent que Poutine subisse le sort de Milosevic pour avoir osé les mettre dans cette situation. Ils rêvent toujours de le renverser. Il est également clair qu’il y a beaucoup de gens qui ne sont pas d’accord avec la destruction délibérée de l’économie mondiale actuelle dans les hautes sphères des décideurs politiques américains et des conseils d’administration des entreprises européennes.

C’est le véritable combat pour l’avenir et si le Davos pense que la destruction extrême de la demande sera tolérée pendant un certain temps à cause d’un conflit régional comme celui de l’Ukraine parce que c’est son cheval qui est en train d’être massacré, alors cette guerre, bien qu’elle fasse toujours rage, est en fait déjà terminée.

Tom Luongo

Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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