Premières réflexions sur la publication du rapport Mueller


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama – Le 18 avril 2019

Le rapport (pdf) du conseiller juridique spécial Robert Mueller est sorti. Les « Russiagaters » vont maintenant essayer de dégoter n’importe quelle phrase qu’ils pourraient utiliser pour contredire la conclusion du rapport. J’ai l’intention de lire le rapport en entier et d’écrire un article à son sujet, mais cela prendra plus de temps.

Pour l’instant, nous nous contenterons des remarques du procureur général William P. Barr au sujet de la publication du rapport :

Comme vous le savez, l'un des principaux objectifs de l'enquête du Conseiller spécial était de déterminer si des membres de la campagne présidentielle de Donald J. Trump, ou toute personne associée à cette campagne, avaient conspiré ou s’étaient mis d’accord avec le gouvernement russe pour s'ingérer dans l'élection de 2016. Comme vous le verrez, le rapport du Conseiller spécial indique que « son enquête n'a pas pu établir que des membres de la Campagne Trump aient conspiré ou se soient mis d’accord avec le gouvernement russe pour s’ingérer dans les élections. »

Barr dit que le rapport Mueller insiste sur le fait que la Russie a tenté de s’ingérer dans les élections américaines :

Premièrement, le rapport décrit les efforts déployés par l'Internet Research Agency (IRA), une société russe étroitement liée au gouvernement russe, pour semer la discorde sociale parmi les électeurs américains par la désinformation et les médias sociaux.

Comment a-t-il été précisément établi que l’IRA avait l’intention de « semer la discorde sociale ». Y a-t-il un témoin de l’IRA qui l’ait dit ? Des documents ? Non. C’est un raisonnement qui ne tient pas. Les activités de l’IRA étaient motivées par des intérêts commerciaux. Pour obtenir autant de pages vues que possible, le personnel de l’IRA a posté des mèmes qui s’adressaient aux deux côtés de l’échiquier politique simplement parce que c’est là que se trouve l’audience. Il suffit de demander à Foxnews ou à CNN. Il n’y avait aucune intention politique dans l’activité de l’IRA. Prétendre qu’elle avait l’intention de « semer la discorde sociale » est une absurdité sans fondement.

Les affirmations des réseaux sociaux selon lesquelles ce sont les « Russes » qui ont fait ceci ou cela sont douteuses. Twitter, par exemple, a récemment remis en question son histoire de « trolls russes » :

Le 8 février, Twitter a supprimé 228 comptes soit disant associés à l'IRA russe parce que la société de médias sociaux pense maintenant que ces comptes étaient en réalité exploités par un autre réseau de trolls, situé au Venezuela. « Nous avons d'abord identifié à tort 228 comptes comme étant liés à la Russie », a écrit Yoel Roth, responsable de l'intégrité du site sur Twitter, dans un message en ligne. « Au fur et à mesure que nos enquêtes sur leurs activités se sont poursuivies, nous avons découvert d'autres informations nous permettant de les associer avec plus de confiance au Venezuela. » ...
Les changements apportés par Twitter à ses données contredisent toutes les analyses concernant l'activité pour l’année 2017 de ce groupe de trolls, selon les chercheurs de Clemson. Il n'y a pas eu de recrudescence de l'activité de l'IRA sur Twitter dans le courant de l'année 2017, et selon les données actualisées, les comptes à volume élevé qui ont généré des liens vers ReportSecret étaient en fait gérés par un groupe différent et inconnu opérant à partir du Venezuela.

Twitter ne tient pas à discuter de la façon dont il connecte les comptes aux réseaux de trolls.

Twitter « ne tient pas à en discuter » parce que l’entreprise n’a tout simplement aucun moyen de définir si un compte géré par une personne réelle est un « troll ». C’est un jugement tout à fait subjectif.

Barr continue ainsi :

Deuxièmement, le rapport décrit en détail les efforts déployés par les responsables militaires russes associés au GRU pour pirater des ordinateurs et voler des documents et des courriels de personnes affiliées au Parti Démocrate et à la campagne présidentielle d'Hillary Rodham Clinton, tout cela dans le but de rendre ces courriels publics.

L’ancien ambassadeur britannique Craig Murray ainsi que Julian Assange de Wikileaks ont été impliqués dans le transfert et la publication des emails du DNC. Ils ont tous les deux publiquement insisté sur le fait que la Russie n’était pas impliquée dans leur récupération et leur transfert. Aucun d’eux n’a été interrogé par l’enquête Mueller.

Les courriels de Podesta, le directeur de campagne d’Hillary Clinton, ont été obtenus par la découverte du mot de passe. Les services de renseignements russes y sont peut-être pour quelque chose, tout comme d’autres services de renseignements pourraient l’être. Aucune preuve n’a encore été présentée pour étayer ce point de vue. Mais il est possible que le rapport Mueller en fournisse.

Quant au fait que Wikileaks ou Assange soient coupables d’avoir publié ces courriels, Barr remarque :

En vertu de la loi applicable, la publication de ces types de documents n’est pas un crime, à moins que l'éditeur n'ait également participé à leur piratage.

Barr résume la conclusion de Mueller sur cette « collusion »   cccxxxx :

Après près de deux ans d'enquête, des milliers d'assignations à comparaître et des centaines de mandats d’arrêt et d'entretiens avec des témoins, le Conseiller spécial a confirmé que le gouvernement russe avait parrainé des efforts visant à s'ingérer illégalement dans les élections présidentielles de 2016, mais qu'il n'avait pas constaté que la campagne Trump ni d’autres Américains étaient associés à ces manœuvres.

Barr parle ensuite des trouvailles de Mueller au sujet d’une obstruction :

Le rapport relate dix épisodes impliquant le président et discute d’éventuelles théories juridiques pour relier ces actions à une tentative d'obstruction.

Après avoir examiné attentivement les faits et les théories juridiques exposés dans le rapport, et en consultation avec le Bureau du conseiller juridique et d'autres avocats du Ministère, le sous-procureur général et moi-même avons conclu que les éléments de preuve produits par le conseiller spécial ne suffisaient pas à établir que le président ait commis l’infraction d'entrave à la justice.

Trump a dit beaucoup de choses sur Twitter, et ailleurs, qui ont mené les gens à croire qu’il faisait obstruction à l’enquête Mueller. Mais comme toujours avec Trump (et d’autres politiciens), il faut faire la différence entre ce qu’il dit et ce qu’il fait. Réfléchir publiquement au licenciement de Mueller ou de qui que ce soit d’autre et le faire en réalité sont deux choses différentes. La première est de la liberté d’expression, la seconde peut-être de l’obstruction.

Comme le souligne Barr :

Comme le reconnaît le rapport du Conseiller spécial, il existe des éléments de preuve substantiels montrant que le Président était frustré et en colère parce qu'il croyait sincèrement que l'enquête minait sa présidence, qu'elle était motivée par ses opposants politiques et alimentée par des fuites illégales. Néanmoins, la Maison-Blanche a pleinement coopéré à l'enquête du Conseiller spécial, en donnant libre accès aux documents de la campagne et de la Maison-Blanche, en ordonnant aux principaux adjoints de témoigner librement et en ne revendiquant aucun privilège. Dans le même temps, le Président n'a tenté aucun acte qui aurait dans les faits privé le Conseiller spécial de documents et de témoins nécessaires à l'achèvement de son enquête. Outre la question de savoir si les actes étaient de nature obstructionniste, ces éléments de conduite non corrompus pèsent lourd contre toute allégation selon laquelle le Président aurait eu l'intention d'entraver l'enquête.

L’affaire est close. Il n’y a eu ni « collusion » du bureau de campagne de Trump avec la Russie ni obstruction de la part de l’administration Trump.

Malheureusement, les « Russiagaters » n’abandonneront pas de sitôt leurs théories du complot.

Ils devraient pourtant. Les politiques de Trump sont mauvaises. Il est grand temps de revenir à de la vraie politique et de le combattre là où cela vaut la peine de le faire.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

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