Pour contrer l’hostilité des États-Unis, la Chine prend des décisions politiques axées sur son peuple


Par Moon of Alabama – le 1 septembre 2021

En décembre 2001, la Chine est devenue membre de l’Organisation mondiale du commerce. Cela a ouvert de nouveaux marchés pour l’industrie chinoise et a attiré de nombreux investissements étrangers.

La croissance de son PIB depuis lors est époustouflante.

 

Ce développement a permis à la Chine de réaliser d’énormes investissements dans les infrastructures. Il a également généré les ressources nécessaires pour éliminer la pauvreté.

Ce n’est pas une coïncidence si ce développement s’est produit alors que les États-Unis gaspillaient leur argent dans des guerres au Moyen-Orient. Alors que les États-Unis se retirent peu à peu de ces guerres pour affronter la Chine, le pays doit se préparer à ce nouvel environnement.

L’introduction de plus en plus de caractéristiques capitalistes dans l’économie chinoise au cours des 20 dernières années a créé des déséquilibres. Les entreprises ont tenté d’ignorer ou d’influencer les structures et réglementations gouvernementales. Les entreprises ont abusé de leurs travailleurs. La spéculation des riches a créé des bulles sur les marchés immobiliers. Les excès culturels qui ont mis l’accent sur l’individualisme ont menacé l’unité nationale.

Ces déséquilibres ont fait que la description de l’économie chinoise en tant que « socialisme aux caractéristiques chinoises » semble vide. À long terme, ils entraîneraient le mécontentement d’une grande partie de la population à l’égard de l’establishment politique au pouvoir. Il était grand temps d’éliminer les excès que le développement ultra rapide avait engendrés.

Le gouvernement devait agir pour éviter de futurs conflits internes. Depuis la fin de l’année dernière, il le fait avec la même efficacité qui lui a permis d’arrêter et d’éliminer les épidémies de Covid-19. Il le fait impitoyablement, sans se soucier de la valeur des actions boursières ou l’intérêt des investisseurs.

Il y a six semaines, je me suis opposé à la position de Stephen S. Roach sur les nouvelles réglementations chinoises et j’ai expliqué pourquoi le grand public chinois ne se soucie pas des « investisseurs » et soutiendra ces mesures.

Depuis lors, la campagne de réglementation s’est poursuivie avec une rapidité et un rythme étonnants. Voici une collection de titres, publiés depuis ma dernière prise de position, qui détaillent le développement et le déluge de nouvelles réglementations et lois destinées à remettre les choses en ordre tout en maintenant la croissance économique de la Chine.

Le nouveau slogan de cette époque est désormais « prospérité commune », une politique qui réduira les grands écarts de richesse tout en maintenant des incitations monétaires raisonnables et l’économie de marché en vie pour permettre la poursuite du développement.

Un pamphlet, rédigé par une figure maoïste mineure, qui justifie ces mesures et les replace dans un contexte politique plus large a été largement publié par les organes du Parti communiste :

Un commentaire largement publié dans les médias d'État chinois décrit la répression réglementaire du président Xi Jinping comme une "révolution profonde" qui balaie le pays et avertit que quiconque résiste s'expose à des sanctions.

"Il s'agit du retour d’une part des capitaux vers les masses populaires, c'est la transformation d’une politique centrée sur le capital à une politique centrée sur le peuple", déclare le commentaire, ajoutant que cela marquait un retour à l'intention initiale du Parti communiste. "Par conséquent, c'est un changement politique, et le peuple redevient le corps principal de ce changement, et tous ceux qui bloquent ce changement centré sur le peuple seront écartés."

L’auteur poursuit en plaçant cette « transformation profonde » dans un contexte géopolitique plus large :

"La Chine est actuellement confrontée à un environnement international de plus en plus sévère et complexe. Les États-Unis ont mis en œuvre des menaces militaires, des blocus économiques et technologiques, des frappes financières et un siège politique et diplomatique contre la Chine", écrit Li.

"Les États-Unis ont également lancé une guerre biologique, une cyberguerre et tourné l'opinion publique contre la Chine."

"Si nous devons encore compter sur les grands capitalistes comme force principale de l'anti-impérialisme et de l'anti-hégémonisme, ou si nous coopérons encore à la stratégie de 'tittytainment' des États-Unis, nos jeunes perdront leurs vibrations fortes et masculines et nous nous effondrerons comme l'Union soviétique, avant même d'être attaqués", a-t-il ajouté, affirmant que les États-Unis avaient lancé une révolution de couleur contre la Chine par différents canaux.

La "transformation profonde" en cours en Chine vise à répondre aux attaques brutales et féroces des États-Unis ainsi qu'à la situation internationale compliquée actuelle, a-t-il déclaré.

Les restrictions imposées au secteur du divertissement sont loin d'être suffisantes, car les travailleurs et les personnes ordinaires devraient devenir les personnages principaux sur les écrans. Les gens bénéficieront de l'objectif de "prospérité commune" après la réforme des secteurs de l'éducation, de la médecine et de la propriété, a-t-il écrit.

Si cela ressemble à une révolution culturelle 2.0, il est certain qu’il n’y aura pas de saccages d’étudiants maoïstes dans les bibliothèques ou de camps de rééducation pour les membres du parti.

Le capitaliste prédateur George Soros affirme dans le Financial Times que ces mesures vont condamner l’économie chinoise. (Voir ici la réponse de Michael Hudson.) Mais les personnes qui, comme Soros, s’opposent à des réglementations strictes oublient qu’il n’y aurait pas de marché sans elles. Les entreprises qui ne regardent que la valeur des actionnaires ne sont pas saines et ne permettent pas une société saine. Il suffit de regarder Boeing et les camps de sans-abri dans les villes américaines.

En dehors de leur fondement idéologique, les nouvelles mesures réglementaires sont populistes. Les masses vont les apprécier. Elles garantissent la réélection du président Xi Jinping lors du congrès national du parti l’année prochaine.

Elles renforceront l’unité de la Chine dans sa compétition avec les États-Unis.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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