Noël 2018: L’Iran et la Syrie font preuve de respect, au contraire d’Israël et de l’Arabie saoudite


Par Neil Clark – Le 29 décembre 2018 – Source RT

Une vitrine à l’honneur des décorations de Noël dans le centre de Téhéran  © Global Look Press

Noël est une période de bienveillance pour tous les hommes. Ou devrait l’être, tout du moins. Or, si l’Iran et la Syrie, que l’Occident décrit comme « les méchants » du Moyen-Orient, ont respecté l’esprit de Noël, les alliés de l’Occident dans la région, l’Arabie saoudite et Israël, ont préféré passer outre.

L’Iran est diabolisé par les néo-conservateurs occidentaux et nous sommes tous censés nous représenter ce pays comme l’incarnation du Mal, un régime monstrueux de fanatiques religieux, qui, l’écume aux lèvres, détestent le monde entier.

Ainsi, la fiction favorite des Occidentaux a pris du plomb dans l’aile lorsque le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a envoyé le soir du réveillon ses vœux de Noël sur Twitter, souhaitant « paix et joie pour 2019 ».

The angels said, « Mary, God gives you good tidings of a Word from Him whose name is Messiah, Jesus, son of Mary ; high honored shall he be in this world and the next, near stationed to God. » (QURAN 3:45)
 May the blessings of the birth of Jesus usher peace and joy to all in 2019.

(Les anges dirent : « Marie, Dieu te donne la bonne nouvelle d’une Parole de la part de Celui dont le nom est Messie, Jésus, fils de Marie ; il sera très honoré dans ce monde et le prochain, proche de Dieu. » (QURAN 3:45). Que les bénédictions de la naissance de Jésus annoncent la paix et la joie pour tous en 2019.
– Javad Zarif (@JZarif) December 24, 2018

Cette fiction occidentale avait déjà été mise à mal en septembre lorsque M. Zarif avait souhaité aux juifs d’Iran et du monde entier « une très joyeuse année emplie de paix et d’harmonie ».

Iran’s Zarif wishes « happy Rosh Hashana » to Jews worldwide https://t.co/eeCcaIcwgu
– The Wondering Jew (@TheWonderngJew) September 16, 2018

On nous rabâche sans cesse que le « régime » iranien est « antisémite », mais est-ce que les antisémites souhaitent aux juifs une joyeuse « Rosh Hashanah »? Si tel est le cas, la définition de l’anti-sémitisme est pour le moins confuse.

Le ministre iranien des Affaires étrangères a également présenté ses vœux le 26 décembre à la communauté zoroastrienne d’Iran:

In commemoration of the passing of Zoroaster, great Iranian Prophet, the composer of the Gathas & founder of principles of good thoughts, good words, good deeds.
یاد زرتشت، پیامبر بزرگ ایرانی، سراینده گاتاها و پایه گذار اصول پندار، گفتار و کردار نیک در   سالروز درگذشت او گرامی باد.

(En commémoration du décès de Zoroastre, grand prophète iranien, compositeur du Gathas et fondateur des principes de la bonne pensée, des bonnes paroles, des bonnes actions). pic.twitter.com/qKbMaEUjHR
– Javad Zarif (@JZarif) December 26, 2018

Comparons ces vœux de Téhéran aux autres communautés religieuses avec l’absence de vœux du royaume d’Arabie saoudite à l’occasion des diverses fêtes religieuses. Une semaine avant que le ministre iranien des Affaires étrangères ne présente ses vœux positifs au sujet de Jésus, l’administration des douanes d’Arabie saoudite confirmait également sur Twitter que l’importation de sapins de Noël pour la période des fêtes était interdite.

The US government spent years trying to destroy Syria – which protects religious rights for minorities and has a vibrant Christian community – while selling billions of dollars of arms to the Saudi monarchy – which bans Christmas trees and supported ISIS.

(Le gouvernement américain a passé des années à essayer de détruire la Syrie – qui protège les droits religieux des minorités et possède une communauté chrétienne dynamique – tout en vendant des milliards de dollars d’armes à la monarchie saoudienne – qui interdit les arbres de Noël et soutient ISIS). https://t.co/ba7MBLh8mX
– Ben Norton (@BenjaminNorton) December 16, 2018

En fait, malgré la présence importante d’étrangers chrétiens qui travaillent dans le royaume, dont de nombreux Britanniques, la tenue d’une quelconque cérémonie ou commémoration chrétienne durant la période de Noël est strictement interdite. « La période de Noël, souvent le moment de l’année où les chrétiens du monde entier sont les plus visibles, est une période tendue pour les chrétiens en Arabie saoudite, car ils doivent célébrer en secret, au risque d’être arrêtés et déportés », expliquait en 2016 Jeff King, président de l’International Christian Concern [ONG américaine de défense des droits de l’homme pour les chrétiens, au site internet évocateur de www.persecution.org, NdT].

Imaginez être chrétien et ne pas être autorisé à célébrer la naissance du Christ. C’est le cas en Arabie saoudite, mais les dirigeants occidentaux, pourtant si prompts à faire la leçon aux autres sur les « droits de l’homme » et la « liberté de culte », restent silencieux, et préfèrent critiquer l’Iran, où l’on peut célébrer Noël librement.

La Syrie est un autre pays diabolisé par l’infatigable lobby militaire, alors que malgré les circonstances que l’on connait, l’esprit de Noël y est préservé. D’importantes célébrations de Noël ont été organisées à Damas et Alep. Vous vous souvenez d’Alep ?

Cette ville fut reconquise par l’Armée arabe syrienne des mains des « rebelles » islamistes il y a exactement deux ans ce mois-ci, et la ligne officielle des néoconservateurs et autres « interventionnistes libéraux » a été de décrire cette libération comme si c’était une catastrophe. Le député Ian Austin est allé jusqu’à dire que les habitants d’Alep libérée risquaient « de se faire massacrer ». Le député John Woodcock a traité le journal The Morning Star d’« immondes traîtres » pour avoir qualifié la reconquête d’Alep par les forces syriennes de « libération ». Mais si vous regardez les photos des chrétiens d’Alep de nouveau autorisés à célébrer Noël dans leur ville, ce qui était interdit sous le joug des « rebelles » égorgeurs soutenus par l’Occident, on constate que le mot « libération » est tout à fait approprié.

In Syria’s liberated Aleppo, the spirit of Christmas has prevailed over terrorism, as hundreds of Syrians took to the streets to celebrate the special holiday in peace for the third consecutive year.

(Dans la ville libérée d’Alep, en Syrie, l’esprit de Noël a prévalu sur le terrorisme, alors que des centaines de Syriens sont descendus dans la rue pour célébrer cette fête spéciale en paix pour la troisième année consécutive). https://t.co/XE1lnqE7KS
– Sarah Abdallah (@sahouraxo) December 26, 2018

Mais cette année, à Damas, les célébrations festives ont été gâchées par un autre acte de guerre contre la Syrie perpétré par un pays soutenu par l’Occident, qui, coïncidence, est un pays dont les députés Ian Austin et John Woodcock sont des « amis parlementaires ».

Le soir du 25 décembre, de fortes explosions ont été entendues à seulement dix kilomètres du centre-ville de Damas. Le ministère russe de la Défense a expliqué que les frappes aériennes israéliennes le jour de Noël ont mis en danger deux vols civils, et ont blessé trois employés du complexe qui était visé.

Quelle que soit votre opinion sur les affaires du Moyen-Orient, et sans même mentionner l’illégalité de ce type d’opération, quel que soit le jour où elle est menée, la question est : Israël avait-il réellement besoin de bombarder la Syrie le jour de Noël ?

La « sécurité » d’Israël aurait-elle été compromise si le raid aérien avait eu lieu le 28 décembre au lieu du 25 ? Le Premier ministre israélien Netanyahou a présenté le 24 décembre sur Twitter ses vœux de Noël aux « amis chrétiens » en Israël et de par le monde, mais pourquoi ses forces armées ont-elles attaqué un pays où les chrétiens célèbrent Noël le jour suivant ?

On Christmas, a national holiday for Syria, Israel is bombing Damascus and inflicting terror on tens of thousands of Syrian families in the midst of celebrating. Horrifying.

(À Noël, fête nationale syrienne, Israël bombarde Damas et terrorise des dizaines de milliers de familles syriennes en pleine fête. Horrifiant). https://t.co/IUW7ESzQWb
– Sarah Abdallah (@sahouraxo) December 25, 2018

Imaginez l’énorme scandale si la Russie avait mené des frappes aériennes sur des cibles ukrainiennes le 25 décembre au soir. En effet, le magazine américain Newsweek, qui fait de son mieux pour attiser encore plus les tensions Est-Ouest, a « prédit » un tel événement pas plus tard que la semaine dernière. Un article a été publié le soir du réveillon commençant ainsi : « Selon les experts, alors que les Occidentaux se préparent à de douillettes vacances, les chances que la Russie profite de la distraction pour attaquer l’Ukraine augmentent ».

Je vous entends d’ici demander qui sont ces « experts ». Vous savez quoi? Ils sont tous membres de l’Atlantic Council [think-tank américain basé à Washington D.C., membre de la nébuleuse de l’OTAN, présidé par l’actuel ambassadeur des États-Unis en Russie, et qui compte le Congrès mondial ukrainien dans la liste de ses sponsors, NdT].

How West’s ‘objective’ media works: Newsweek republishes Atlantic Council that is funded by Ukrainian World Congress.

(Comment fonctionnent les médias « objectifs » de l’Ouest : Newsweek republie le Conseil de l’Atlantique financé par le Congrès mondial ukrainien). pic.twitter.com/Qwia9I4jFL
– Nina ☦️ Byzantina (@NinaByzantina) January 10, 2016

Oh surprise, les « experts » ont eu tout faux. Le « monstre » russe n’a lancé aucune attaque sur l’Ukraine pendant Noël. Mais Israël a bien attaqué la Syrie, et on n’a entendu que le silence de ceux qui auraient hurlé (et demandé l’interdiction immédiate du média RussiaToday) si le Kremlin avait ordonné un acte aussi sacrilège.

Yes – I have an agenda. It’s called humanity. Two civilian flights were threatened by the attacks on Christmas night.

(Oui, j’ai un programme. Ça s’appelle l’humanité. Deux vols civils ont été menacés par les attaques de la nuit de Noël). https://t.co/B1R08MZ7Fy
– Neil Clark (@NeilClark66) December 26, 2018

L’État islamique (auparavant appelé Daesh) était aussi très occupé à bombarder en ce jour de Noël. Ce ramassis d’assassins a lancé mardi matin des attaques-suicides sur le ministère des Affaires étrangères de Libye à Tripoli, tuant trois personnes et en blessant une demie-douzaine.

Personne ne s’attend à ce que l’État islamique respecte Noël, mais on pourrait s’attendre à ce que les dirigeants des pays occidentaux, majoritairement chrétiens, considèrent ce groupe comme étant l’ennemi public numéro un. Or, en Syrie, les États-Unis et leurs alliés ont accueilli favorablement la croissance de ce groupe terroriste justement parce qu’il menaçait le régime laïque du président Assad, protecteur des Chrétiens d’Orient. Un rapport du Ministère américain de la Défense daté d’août 2012, sorti depuis du secret-défense, prédisait « l’établissement d’une principauté salafiste dans l’Est de la Syrie », soulignant que c’est « exactement ce que les pays soutenant les forces d’opposition souhaitaient dans le but d’isoler le régime syrien ».

De plus, dans un enregistrement divulgué de l’ancien ministre des Affaires étrangères John Kerry, celui-ci admettait que les États-Unis permettaient à l’État islamique d’étendre son territoire dans l’objectif de mettre en danger Damas.
En même temps, ceux qui combattent l’État islamique et autres escadrons de la mort liés à al-Qaïda en Syrie, à savoir l’Armée arabe syrienne, la Russie, l’Iran et le Hezbollah ont été diabolisés par l’Occident et les machines de propagande de ses alliés régionaux.

À méditer: ce ne sont ni la Syrie, la Russie, l’Iran ou les forces du Hezbollah, ni leur affidés qui ont massacré les touristes britanniques et d’autres occidentaux sur les plages de Tunisie en 2015, mais un terroriste de l’État islamique qui aurait été entraîné dans un camp de djihadistes en Libye voisine, dont le gouvernement avait été renversé quatre ans auparavant par les puissances de l’OTAN. De la même manière, ce ne sont pas des combattants syriens, russes, iraniens ou du Hezbollah ni leurs affidés qui ont mis à exécution des opérations de meurtres de masse contre des civils à Paris, Nice, Bruxelles ou Londres, ou lors de marchés de Noël à Berlin et Strasbourg.

Le respect de Noël et de ses valeurs est un révélateur important, dans le sens où cela nous renseigne sur la nature profonde des acteurs impliqués, surtout si ceux-ci ne sont pas eux-mêmes Chrétiens.

La diabolisation de ceux qui respectent l’esprit de Noël, tout en faisant mine de ne pas voir ceux qui ne le respectent pas, ne fait que souligner la spectaculaire hypocrisie des dirigeants occidentaux qui prêchent le soutient des « valeurs chrétiennes » mais en fait font tout ce qui est en leur pouvoir pour les saper.
Si quelqu’un a bien besoin d’une illumination pour Noël, ce sont ceux qui se sont auto-proclamé « combattants du Mal ».

Neil Clark

Neil Clark est journaliste, écrivain et blogueur. Il a collaboré à plusieurs journaux et magazines en Angleterre et d’autres pays. Il intervient régulièrement comme commentateur sur RT. Il est co-fondateur de la Campaign For Public Ownership @PublicOwnership. Son blog reconnu peut être consulté sur neilclark66.blogspot.com.

Article original paru sur RT

Traduit par Laurent Schiaparelli, relu par Cat pour Le Saker Francophone

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