Par Nicolas Bonnal – Mai 2017
On peut toujours tout reprocher à Badinguet-Napoléon III, mais, selon Maxime du Camp, on ne peut lui reprocher sa diplomatie. Derrière les aberrations de l’Italie (puissance aigrie, impuissante plutôt, qui finit par nous déclarer la guerre et nous confisquer des terres), de la Crimée et du Mexique, derrière la débâcle de 1870, il y avait une vision. C’est ce que rappelle notre immense et méconnu auteur au tome II de ses Souvenirs, chapitre sur 1870 (trouvez tout sur archive.org).
On laisse écrire ce bon mémorialiste, parce qu’on se rappelle que le Louis-Napoléon avait créé cette union latine, précurseur de notre Union européenne, et qui nous conviendrait peut-être mieux ces jours-ci :
« J’ai entendu dire souvent que la politique de Napoléon III avait été une politique d’aventure, incohérente, sans but déterminé, s’inspirant de la mauvaise devise Carpe diem. »
Et du Camp lâche le morceau. La politique impériale, ce ne fut pas le carbonarisme de Badinguet, mais l’exaltation de la race latine :
« Quant à la politique extérieure, il me paraît que l’on s’abuse; les démonstrations ont été trop éclatantes pour ne pas frapper les yeux, et cette politique me semble n’avoir jamais poursuivi qu’un seul résultat, la grandeur et la sécurité de la race latine. »
Et du Camp de le démontrer :
« La question d’Orient se réveille à Bethléem par un fait qui intéresse exclusivement la religion latine, toujours menacée, toujours dominée dans ces pays-là par la religion grecque; il en advint la guerre de Crimée, une des plus glorieuses par ses difficultés mêmes pour les armées françaises. Napoléon III profite immédiatement de la prépondérance que lui mérite le traité de Paris signé après la prise de Sébastopol, pour faire défoncer le lac latin, la Méditerranée, percer l’isthme de Suez et ouvrir aux marines latines la route directe de l’océan Indien. En Italie, il repousse l’élément germain qui opprime une famille de la race latine, et prépare la libération définitive qui rejettera l’étranger dans ses limites. En Cochinchine, il essaye de fonder une colonie où le latinisme pourra se développer à côté des possessions anglaises. Au Mexique, il cherche à rétablir l’empire latin que l’Espagne a perdu et qui pourrait servir de contrepoids à l’agglomération anglo-saxonne de l’Amérique du Nord. Enfin, où tombe-t-il? Où vient-il briser sa couronne et détrôner sa dynastie? Au Rhin, au fossé même de la race latine. »
Napoléon écrivit d’ailleurs un livre sur César.
Après tout cela, les résultats !
« Pendant qu’il succombe pour assurer la pérennité de la grande tribu, l’Espagne le raille, l’Italie profite de l’occurrence pour se compléter, comme un écolier qui profite de l’absence du maître pour faire une sottise; elle arme en hâte et va dépouiller le vieillard des sept collines. Il me semble que Napoléon III s’est regardé comme le chef, comme le porte-glaive de la race latine et que toute sa politique extérieure a été mue par cette pensée. »
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